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En Indonésie, l'islam a sa police et ses bourreaux

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En Indonésie, l'islam a sa police et ses bourreaux   Empty En Indonésie, l'islam a sa police et ses bourreaux

Message  Admin Jeu 22 Juil 2010 - 10:48

En Indonésie, l'islam a sa police et ses bourreaux   6d569510
Les « offenseurs de l'islam », comme cette femme accusée d'être restée seule avec son petit ami dans une maison de Bandah Aceh, en 2006, reçoivent leur châtiment en public. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS
Dans la région d'Aceh, islamisée depuis le XIIIe siècle, le châtiment de flagellation est appliqué en cas d'atteinte supposée aux règles du Coran.

Drapée de noir, coiffée d'une cagoule frangée d'orange, un loup blanc sur les yeux, une forme à peine humaine se hisse sur l'estrade avec une infinie lenteur. La foule frissonne. Dans la province indonésienne d'Aceh où l'imaginaire vagabonde, les bourreaux de la charia à l'étrange accoutrement ont rejoint le panthéon des croquemitaines, aux côtés de Geunteut et Burong Tujoh, deux génies malfaisants.

Le ciel est bas sur Jantoh. Des nuages lourds et épais écrasent les dômes de la mosquée. Par-delà les montagnes, tout au nord de l'île de Sumatra, ce bourg perdu dans les forêts d'acacias est en effervescence. C'est jour de flagellation publique. Après la grande prière, dans un grésillement épouvantable, un haut-parleur énonce l'identité des trois «offenseurs de l'islam», des joueurs de jundibuntut, une loterie locale où l'on mise moins de 5000 roupies (40 centimes d'euros) sur trois chiffres. Avec une violence et une précision inouïes, le bourreau cingle de sa canne de rotin le dos de ses victimes. À chacun des coups portés, les coupables vêtus de blanc grimacent sous la douleur.

Aceh, quatre millions d'habitants, dont 98% de musulmans, bénéficie depuis 2001 d'une autonomie spéciale et depuis 2003 de tribunaux chariatiques où 408 condamnations ont été prononcées. À la tête de cette administration judiciaire, Armia Ibrahim vante les mérites de la flagellation qui «n'est faite que pour humilier et non pour faire souffrir». Il ne comprend pas les réserves des organisations des droits de l'homme. «En dix minutes, l'affaire est réglée. Vous n'êtes pas privé de votre liberté. C'est une justice humaniste», explique-t-il.

Première région islamisée d'Indonésie au XIIIe siècle et peut-être même de toute l'Asie du Sud-Est, Aceh a toujours revendiqué un particularisme religieux. Mais depuis que certains préceptes du Coran font loi, un millier de «policiers de la charia» traquent la consommation d'alcool, les baisers volés, les jeux d'argent et les tenues occidentales.

Sur cette terre dévastée par le tsunami du 26 décembre 2004, où 190.000 personnes ont péri, la «Wilayatul Hisbah» utilise des arguments qui portent. «Tu sais pourquoi la vague géante nous a frappés, c'est à cause de filles comme toi qui ne recouvrent pas leur intimité», assène le chef de patrouille à une gamine en larmes qui ne porte pas de foulard sous son casque de moto.

Dans l'opération coup de poing menée sur une artère de Banda Aceh, la capitale provinciale, Iskandar et ses hommes arrêtent les mobylettes d'une centaine de «femmes négligentes», qui ont oublié leur voile ou portent un pantalon trop moulant. «Opération de socialisation de la loi chariatique», annonce le panneau posé en travers de la route. Traduire: sermons policiers. «Vous contrariez Dieu quand vous ne suivez pas les règles du Coran», répète Iskandar en boucle. La mine contrite, les femmes tendent leur carte d'identité, attendent la fin du couplet sur «une discipline religieuse plus stricte» - «Vous devez cacher votre corps. C'est la loi. Si on vous revoit comme ça, vous aurez des ennuis» - et repartent honteuses de leur flagrant délit d'indécence.

Hali Marzuki, commissaire religieux, est très satisfait des performances de son peloton habillé de vert. Il veut «remettre dans le droit chemin ceux qui ne respectent pas les règles du Coran. Informer les habitants des bienfaits de l'islam. Leur dire le bien et le mal.» Il affiche un beau sourire qui ne lui va pas. Pour faire chic, il truffe ses discours de termes arabes. Peu lui importe si personne ne les comprend.

«Cette police de la charia, c'est la plus grande blague d'Aceh. Les agents sont des incapables qui n'ont aucune conscience de ce qu'ils font», estime le sociologue Ahmad Humam Ali. «Des fous des ciseaux qui croient travailler à la gloire de l'islam», tranche l'ancienne députée Rosni Idham en dénonçant l'idiotie de la récente initiative de cette police religieuse, qui coupe en pleine rue les bas de pantalons trop moulants.

L'histoire d'un malentendu
Dans le palais du gouverneur aux couloirs enfumés, encombrés d'immenses bocaux de cacahouètes et d'une foule d'hommes attendant une faveur, on est loin des thèmes attendus, développés sur un ton mécanique. Il n'est pas question de l'impérieuse nécessité de la charia ou de l'indispensable islamisation de l'Indonésie. Pour Muhamad Nasar, la charia est ici l'histoire d'un malentendu. «Les Acehnais n'ont jamais demandé la charia. Mais une fois instaurée, personne n'a pu la contester. On ne s'oppose pas à la religion», estime le vice-gouverneur. «Le gouvernement central de Jakarta espérait troquer l'indépendance réclamée par les Acehnais contre l'offre d'une application de la loi islamique, explique Sydney Jones, spécialiste de l'islam indonésien. C'était alors une façon d'acheter la rébellion en conflit depuis 25 ans avec l'armée indonésienne.»

Aujourd'hui, beaucoup sont déçus par l'application de la charia. «Notre aspiration à l'ordre moral est renforcée par un orgueil historique, la réputation d'être la véranda de La Mecque», raconte le juriste al-Yasa Abubakar, le «père de la charia à Aceh». «Nous étions fiers d'être la première démocratie à appliquer la charia, mais aujourd'hui, je suis inquiet. Nous n'avons pas encore trouvé le modèle approprié. Les cas de délation et de vindicte villageoise se multiplient et les bupatis - chefs de district - utilisent la charia à des fins politiques.» Avec ces affaires d'amants surpris, traînés nus dans la rue et attachés à un poteau pour être frappés à coups de poing par les villageois, Yayan Zamzami, jeune journaliste, redoute une dérive de l'islam acehnais.

Entre mangroves et cocotiers, Meulaboh, chef-lieu du district ouest, a déjà instauré ses propres règles. Avec plus de cent mosquées dans la ville et la charia affichée comme une publicité à chaque coin de rue, «plus une femme n'ose sortir tête nue, remarque l'intellectuelle Rosni Idham. Et voilà que la police religieuse s'est mis en tête que les pantalons qui ont toujours fait partie de l'identité des Acehnaises ne cachaient pas les corps. Elle distribue de hideuses jupes noires à enfiler sur-le-champ. Une règle absurde sortie d'esprits simples.»

Il n'y a guère que Dasni Husin, heureuse propriétaire de la boutique Au chic islamique, qui se frotte les mains. Avec les nouvelles réglementations, ses ventes de jilbab, le voile qui couvre aussi la poitrine, ont augmenté de 25%.

source http://www.lefigaro.fr/international/2010/07/21/01003-20100721ARTFIG00578-en-indonesie-l-islam-a-sa-police-et-ses-bourreaux.php
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Message  breiz77 Jeu 22 Juil 2010 - 16:09

Alors là jocolor mais pas du tout En Indonésie, l'islam a sa police et ses bourreaux   992782 En Indonésie, l'islam a sa police et ses bourreaux   992782 En Indonésie, l'islam a sa police et ses bourreaux   992782
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