Cambodge - Parasites & Paradis
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Cambodge - Parasites & Paradis
Témoignage de Claire, volontaire "bambou" pour l"association Enfants du Mekong
Il est un adage qui dit qu’au Cambodge, il y a deux sortes de parasites, les cafards et les flics. Des cafards j’en ai plein la cuisine, et je les chasse régulièrement, cela m’évite d’avoir le cafard. Quant aux flics qui m’arrêtent à Phnom Penh (une barang en moto, c’est le gros lot pour les amendes !) je les amadoue en parlant khmer. Mais je n’avais pas encore rencontré les autres parasites : les chauffeurs de camry et les douaniers.
Mon premier billet de la semaine aurait pu être très réjouissant, je reviens après tout d’un formidable week-end à Sihanoukville avec les 1ères années, le week-end « team building » qui constitue le lancement de cette nouvelle année et le début de la formation humaine. Seulement il a fallu que j’aille hier à la frontière pour obtenir un visa ONG provisoire avant d’obtenir un visa d’un an. Toutes ces procédures sont assez complexes et l’administration khmère n’est pas très coopérative.
Une fois n’est pas coutume j’avais été prévoyante en France, et étais allée me faire faire un visa business de 3 mois à l’ambassade du Cambodge à Paris, afin de me pas me retrouver coincée une fois sur le territoire. Après avoir payé rubis sur long pour ce dernier, je pensais être tranquille pendant quelques mois hélas, il me fallait sortir à nouveau du territoire pour ce visa provisoire, je décidais de profiter de ce week-end non loin de la frontière vietnamienne pour m’en occuper.
Lundi matin, le cœur léger, pleine des souvenirs de ce week-end de rires et de jeux avec nos jeunes, je me rends passeport, papier bleu officiel, et photos d’identité en main pour Ha Tien. Il me faut pour se faire trouver d’ores et déjà un bus pour Kep. Mais impossible ce matin, on ne me propose que des prix exorbitants et des horaires trop tardifs, je me décide pour un camry (taxi) en direction de Kampott j’essaierai de rejoindre la frontière par ce biai s. Arrivée à Kampott, je ne trouve qu’un motodop (sorte de moto taxi) pour m’emmener à la frontière et me ramener à Kampott, le prix est exagéré, mais je n’ai pas tellement le choix…
Arrivée à la frontière je suis confiante, je donne mon passeport aux policiers, et attend qu’on me le tamponne pour passer au Vietnam. Seulement rien ne se passe comme prévu. Le policier m’explique que je ne pouvais rester sur le territoire que jusqu’au 16 septembre et que je me trouve donc en situation de présence illégale (overstay), et je dois payer une pénalité. Pourtant mon visa indique bien que je peux rester sur le territoire jusqu’au 11 novembre. Mais le policier me montre le cachet de l’immigration à mon arrivée à l’aéroport il y a 2 mois, il indique 16 septembre comme date de sortie. J’appelle Martin (le directeur EDM Cambodge qui dirige le centre de Sisophon) afin qu’il explique clairement aux policiers en khmer que mon visa me met en situation légale. Martin discute avec le policier puis lui passe Sida une de ses travailleuses sociales dont la douceur peut débloquer n’importe quelle situation. Tous les douaniers me sentant excédée m’offrent un siège pour m’assoir. J’attends, la conversation en khmer dure presque une demi-heure. Sida propose au policier un bakchich pour me laisser sortir, mais rien n’y fait ! Le policier m’explique que je suis effectivement dans mon droit du fait de mon visa, mais à cause de l’erreur de cachet à l’immigration, je me retrouve malgré moi en situation illégale ! Si je ne paie pas l’amende je ne pourrais pas sortir du territoire ni y revenir, ni obtenir mon visa ONG… il me faut donc débourser 5 dollars par jour supplémentaire, je suis désespérée, voilà que je me retrouve à devoir payer 160 dollars (plus de la moitié de mon indemnité), à cause d’une erreur à l’immigration ! Bien entendu je n’ai pas la somme dans mon argent personnel, heureusement j’avais emmené avec moi de l’argent dans la caisse des activités extrascolaires, et j’ai juste de quoi payer l’amende… je traverse désemparée le triste no man’s land bourré de casinos plus glauques les uns que les autres qui sépare le Cambodge du Vietnam. Au Vietnam pas de difficulté majeure, seuls les rires des policiers viet qui me voient passer la frontière puis la repasser 2 minutes plus tard… on m’avait dit que les viet étaient moins accueillants que les khmers pourtant ces derniers se montrent des plus chaleureux à mon égard. Ma mine de chienne battue, mes sourires timides viennent à bout de ces gardiens des frontières
Je repasse alors la frontière cambodgienne, au service des épidémies, un monsieur affable s’enquit de moi dans un français approximatif. Au service des visas, je brandis mon papier bleu, certaine que cette fois tout était en ordre. Mais je n’étais pas au bout de mes peines, le douanier m’explique que pour que ce papier soit valide il aurait fallu que je l’amène au ministère de l’immigration à Phnom Penh. Pourtant nous avions bien vérifié cela avec Sokhour (la secrétaire administrative) avant mon départ pour Sihanoukville, et le ministère nous avait donné le numéro du responsable à appeler en cas de problème à la frontière. Bien entendu, ce dernier ne répond pas au téléphone… je commence à paniquer. J’appelle Martin à nouveau, qui appelle Sida, qui appelle Sokhour, qui appelle le ministère, pendant que mon douanier appelle son responsable, et que je fais des appels des yeux, rougis et abattus à mon douanier pour qu’il cède à mon désespoir. Prendre le douanier par les sentiments, sentiments qui ne sont pas feints car la fatigue et le désespoir commencent à me gagner, est mon dernier recours. D’autant que l’heure tourne et que je sais parfaitement qu’il sera difficile ensuite de trouver un bus pour Phnom Penh. De guerre lasse, mon policier cède et m’octroie le dit visa avec un péremptoire « que je ne vous y reprenne plus vous et vos copains ». Mon motodop attend depuis deux heures et quand j’obtiens enfin le tant attendu « visa ONG » nous repartons sur une route bien mauvaise … rien ne me console de mes déconvenues ni le gentil policier qui m’offre une bouteille d’eau pour me consoler, ni même la beauté du paysage.
Arrivée à Kampott, les chauffeurs de camry se ruent sur moi et m’arrachent mon sac, je récupère mon sac et je leur lâche amère « cham pram nitty, khniom o komlaing » (attendez 5 minutes, je suis fatiguée). Après avoir repris mes esprits, je trouve un camry qui me propose de me ramener à PP pour 5 dollars, nous sommes déjà 5 passagers dans la voiture. J’accepte et attends patiemment que sonne l’heure du départ. Une heure plus tard nous partons, je monte sur le siège avant, et pass e un voyage épouvantable jusqu’à Phnom Penh, car les khmers sont malades en voiture, et il me faut survivre dans les odeurs de vomissure de ces autochtones à l’estomac fragile. Enfin arrivée à Phnom Penh après 4h d’un voyage harrassant. Je tends 10 dollars à mon chauffeur attendant qu’il me rende les 5 dollars convenus. Mais celui-ci refuse ! Il m’explique que c’était 5 dollars si nous étions deux sur le siège mais 10 dollars si j’étais seule sur mon siège. Ce dernier ne m’avait jamais parlé de cette règle à Kampott. Et comme d’habitude une armée de motodop se presse autour de moi pour renchérir, et interférer dans cette discussion houleuse. Harassée, excédée et désemparée, le ton monte, je commence à m’énerver, ce qui ne m’était jamais arrivée au Cambodge. « Nea banh pram khiom pram dollar » (« vous m’aviez dit 5 dollars ») je reste intransigeante, et tends une main quémandeuse à mon camry. Un flot d’émotions m’envahit, je suis épuisée, j’ai envie de pleurer et de leur crier « je suis volontaire, je viens ici pour aider vos jeunes, et le Cambodge et vous me méprisez et me traitez comme un sac de billet ». Mon chauffeur me dit « je vais chercher quelqu’un qui parle anglais », je lui réponds « Khiom yeul pirsa khmer, khniom aöt treuw ka manou niryeye pirsa anglais… nea pram khniom pram dollars, nea chao » (je comprends parfaitement le khmer, et je n’ai pas besoin de quelqu’un qui parle anglais, vous m’avez dit 5 dollars, vous êtes un voleur) les mots sortent avec violence, j’en suis moi-même surprise, alors toutes les larmes me montent aux yeux et j’éclate en sanglot devant tous les motodops khmers, penauds. J’appelle Sokmean qui négocie avec le camry qui me rend seulement 2,50 dollars, ce qui lui évite d’être « kmaké » (de perdre la face). Les motodops sont tellement désolés pour moi qu’ils me proposent des prix plus que raisonnables pour me ramener au centre.
Bien entendu j’arrive au centre les yeux rougis alors que tous les étudiants sont là en train de dîner, et une panne de courant ne me laissant pas le loisir de lire mes mails, je me décide à aller discuter avec eux. C’est à Reaksa un 3ème année que je raconte mes malheurs, mais l’ingrat me répond que pour les cambodgiens c’est encore plus compliqué d’obtenir un visa pour la France. Modèle d’empathie ce jeune-homme ! Je lui préfère les 2ème années qui au moins me font rire et me disent que les yeux rouges me vont bien.
Quand je rentre enfin à la maison, mes filles ayant vu leur maman les yeux humides, sont ce soir-là aux petits soins. Srey Rath m’ouvre la porte « We miss you so much » et m’aide à ranger ma moto, Sophuong me monte mes bagages et m'interdit m’occuper des filles ce soir et m'ordonnant de me reposer dans ma chambre, Hinny et Pierom m’amènent un thé bien chaud… et sous ma porte je trouve un petit mot de Mala « Bonjour Maman Claire, je sais que vous n’es pas bien et moi j’ai triste quand je vous vois. Mais je sais c’est difficile la premier année dans le Cambodge. Je vous aime maman, please don’t be sad. You want me to sing a song for you? Je voudrais vous êtes contante avant dormir ! Bonne nuit maman Claire ! Somala». Ce tout petit mot est ma grande consolation c’est une bouffée d’amour dans cette journée. Je me couche, bien vite, les filles sont calmes, pas un bruit dans le foyer.
Ce matin, elles m’amènent mon café chaud et mon petit déjeuner, je trouve un petit mot sous ma porte à nouveau, cette fois c’est Leapy : « Good morning mum, I know today you’ll better than before. When you are happy or feeling good you can solve all the problems. Don’t be upset because all the girls worry about you. We love you and need you too. The god bless you happy all time. All girls love you. Leapy ”. Il fallait bien se confronter aux parasites pour savourer un petit coin d’amour et de paradis avec mes filles. Car ce sont elles, les khmères qui me font aimer le Cambodge.
source http://phnomenalemisspenh.blog.youphil.com/archive/2010/10/19/parasites-paradis1.html
Association Enfants du Mekong http://www.enfantsdumekong.com/index/index.php
Il est un adage qui dit qu’au Cambodge, il y a deux sortes de parasites, les cafards et les flics. Des cafards j’en ai plein la cuisine, et je les chasse régulièrement, cela m’évite d’avoir le cafard. Quant aux flics qui m’arrêtent à Phnom Penh (une barang en moto, c’est le gros lot pour les amendes !) je les amadoue en parlant khmer. Mais je n’avais pas encore rencontré les autres parasites : les chauffeurs de camry et les douaniers.
Mon premier billet de la semaine aurait pu être très réjouissant, je reviens après tout d’un formidable week-end à Sihanoukville avec les 1ères années, le week-end « team building » qui constitue le lancement de cette nouvelle année et le début de la formation humaine. Seulement il a fallu que j’aille hier à la frontière pour obtenir un visa ONG provisoire avant d’obtenir un visa d’un an. Toutes ces procédures sont assez complexes et l’administration khmère n’est pas très coopérative.
Une fois n’est pas coutume j’avais été prévoyante en France, et étais allée me faire faire un visa business de 3 mois à l’ambassade du Cambodge à Paris, afin de me pas me retrouver coincée une fois sur le territoire. Après avoir payé rubis sur long pour ce dernier, je pensais être tranquille pendant quelques mois hélas, il me fallait sortir à nouveau du territoire pour ce visa provisoire, je décidais de profiter de ce week-end non loin de la frontière vietnamienne pour m’en occuper.
Lundi matin, le cœur léger, pleine des souvenirs de ce week-end de rires et de jeux avec nos jeunes, je me rends passeport, papier bleu officiel, et photos d’identité en main pour Ha Tien. Il me faut pour se faire trouver d’ores et déjà un bus pour Kep. Mais impossible ce matin, on ne me propose que des prix exorbitants et des horaires trop tardifs, je me décide pour un camry (taxi) en direction de Kampott j’essaierai de rejoindre la frontière par ce biai s. Arrivée à Kampott, je ne trouve qu’un motodop (sorte de moto taxi) pour m’emmener à la frontière et me ramener à Kampott, le prix est exagéré, mais je n’ai pas tellement le choix…
Arrivée à la frontière je suis confiante, je donne mon passeport aux policiers, et attend qu’on me le tamponne pour passer au Vietnam. Seulement rien ne se passe comme prévu. Le policier m’explique que je ne pouvais rester sur le territoire que jusqu’au 16 septembre et que je me trouve donc en situation de présence illégale (overstay), et je dois payer une pénalité. Pourtant mon visa indique bien que je peux rester sur le territoire jusqu’au 11 novembre. Mais le policier me montre le cachet de l’immigration à mon arrivée à l’aéroport il y a 2 mois, il indique 16 septembre comme date de sortie. J’appelle Martin (le directeur EDM Cambodge qui dirige le centre de Sisophon) afin qu’il explique clairement aux policiers en khmer que mon visa me met en situation légale. Martin discute avec le policier puis lui passe Sida une de ses travailleuses sociales dont la douceur peut débloquer n’importe quelle situation. Tous les douaniers me sentant excédée m’offrent un siège pour m’assoir. J’attends, la conversation en khmer dure presque une demi-heure. Sida propose au policier un bakchich pour me laisser sortir, mais rien n’y fait ! Le policier m’explique que je suis effectivement dans mon droit du fait de mon visa, mais à cause de l’erreur de cachet à l’immigration, je me retrouve malgré moi en situation illégale ! Si je ne paie pas l’amende je ne pourrais pas sortir du territoire ni y revenir, ni obtenir mon visa ONG… il me faut donc débourser 5 dollars par jour supplémentaire, je suis désespérée, voilà que je me retrouve à devoir payer 160 dollars (plus de la moitié de mon indemnité), à cause d’une erreur à l’immigration ! Bien entendu je n’ai pas la somme dans mon argent personnel, heureusement j’avais emmené avec moi de l’argent dans la caisse des activités extrascolaires, et j’ai juste de quoi payer l’amende… je traverse désemparée le triste no man’s land bourré de casinos plus glauques les uns que les autres qui sépare le Cambodge du Vietnam. Au Vietnam pas de difficulté majeure, seuls les rires des policiers viet qui me voient passer la frontière puis la repasser 2 minutes plus tard… on m’avait dit que les viet étaient moins accueillants que les khmers pourtant ces derniers se montrent des plus chaleureux à mon égard. Ma mine de chienne battue, mes sourires timides viennent à bout de ces gardiens des frontières
Je repasse alors la frontière cambodgienne, au service des épidémies, un monsieur affable s’enquit de moi dans un français approximatif. Au service des visas, je brandis mon papier bleu, certaine que cette fois tout était en ordre. Mais je n’étais pas au bout de mes peines, le douanier m’explique que pour que ce papier soit valide il aurait fallu que je l’amène au ministère de l’immigration à Phnom Penh. Pourtant nous avions bien vérifié cela avec Sokhour (la secrétaire administrative) avant mon départ pour Sihanoukville, et le ministère nous avait donné le numéro du responsable à appeler en cas de problème à la frontière. Bien entendu, ce dernier ne répond pas au téléphone… je commence à paniquer. J’appelle Martin à nouveau, qui appelle Sida, qui appelle Sokhour, qui appelle le ministère, pendant que mon douanier appelle son responsable, et que je fais des appels des yeux, rougis et abattus à mon douanier pour qu’il cède à mon désespoir. Prendre le douanier par les sentiments, sentiments qui ne sont pas feints car la fatigue et le désespoir commencent à me gagner, est mon dernier recours. D’autant que l’heure tourne et que je sais parfaitement qu’il sera difficile ensuite de trouver un bus pour Phnom Penh. De guerre lasse, mon policier cède et m’octroie le dit visa avec un péremptoire « que je ne vous y reprenne plus vous et vos copains ». Mon motodop attend depuis deux heures et quand j’obtiens enfin le tant attendu « visa ONG » nous repartons sur une route bien mauvaise … rien ne me console de mes déconvenues ni le gentil policier qui m’offre une bouteille d’eau pour me consoler, ni même la beauté du paysage.
Arrivée à Kampott, les chauffeurs de camry se ruent sur moi et m’arrachent mon sac, je récupère mon sac et je leur lâche amère « cham pram nitty, khniom o komlaing » (attendez 5 minutes, je suis fatiguée). Après avoir repris mes esprits, je trouve un camry qui me propose de me ramener à PP pour 5 dollars, nous sommes déjà 5 passagers dans la voiture. J’accepte et attends patiemment que sonne l’heure du départ. Une heure plus tard nous partons, je monte sur le siège avant, et pass e un voyage épouvantable jusqu’à Phnom Penh, car les khmers sont malades en voiture, et il me faut survivre dans les odeurs de vomissure de ces autochtones à l’estomac fragile. Enfin arrivée à Phnom Penh après 4h d’un voyage harrassant. Je tends 10 dollars à mon chauffeur attendant qu’il me rende les 5 dollars convenus. Mais celui-ci refuse ! Il m’explique que c’était 5 dollars si nous étions deux sur le siège mais 10 dollars si j’étais seule sur mon siège. Ce dernier ne m’avait jamais parlé de cette règle à Kampott. Et comme d’habitude une armée de motodop se presse autour de moi pour renchérir, et interférer dans cette discussion houleuse. Harassée, excédée et désemparée, le ton monte, je commence à m’énerver, ce qui ne m’était jamais arrivée au Cambodge. « Nea banh pram khiom pram dollar » (« vous m’aviez dit 5 dollars ») je reste intransigeante, et tends une main quémandeuse à mon camry. Un flot d’émotions m’envahit, je suis épuisée, j’ai envie de pleurer et de leur crier « je suis volontaire, je viens ici pour aider vos jeunes, et le Cambodge et vous me méprisez et me traitez comme un sac de billet ». Mon chauffeur me dit « je vais chercher quelqu’un qui parle anglais », je lui réponds « Khiom yeul pirsa khmer, khniom aöt treuw ka manou niryeye pirsa anglais… nea pram khniom pram dollars, nea chao » (je comprends parfaitement le khmer, et je n’ai pas besoin de quelqu’un qui parle anglais, vous m’avez dit 5 dollars, vous êtes un voleur) les mots sortent avec violence, j’en suis moi-même surprise, alors toutes les larmes me montent aux yeux et j’éclate en sanglot devant tous les motodops khmers, penauds. J’appelle Sokmean qui négocie avec le camry qui me rend seulement 2,50 dollars, ce qui lui évite d’être « kmaké » (de perdre la face). Les motodops sont tellement désolés pour moi qu’ils me proposent des prix plus que raisonnables pour me ramener au centre.
Bien entendu j’arrive au centre les yeux rougis alors que tous les étudiants sont là en train de dîner, et une panne de courant ne me laissant pas le loisir de lire mes mails, je me décide à aller discuter avec eux. C’est à Reaksa un 3ème année que je raconte mes malheurs, mais l’ingrat me répond que pour les cambodgiens c’est encore plus compliqué d’obtenir un visa pour la France. Modèle d’empathie ce jeune-homme ! Je lui préfère les 2ème années qui au moins me font rire et me disent que les yeux rouges me vont bien.
Quand je rentre enfin à la maison, mes filles ayant vu leur maman les yeux humides, sont ce soir-là aux petits soins. Srey Rath m’ouvre la porte « We miss you so much » et m’aide à ranger ma moto, Sophuong me monte mes bagages et m'interdit m’occuper des filles ce soir et m'ordonnant de me reposer dans ma chambre, Hinny et Pierom m’amènent un thé bien chaud… et sous ma porte je trouve un petit mot de Mala « Bonjour Maman Claire, je sais que vous n’es pas bien et moi j’ai triste quand je vous vois. Mais je sais c’est difficile la premier année dans le Cambodge. Je vous aime maman, please don’t be sad. You want me to sing a song for you? Je voudrais vous êtes contante avant dormir ! Bonne nuit maman Claire ! Somala». Ce tout petit mot est ma grande consolation c’est une bouffée d’amour dans cette journée. Je me couche, bien vite, les filles sont calmes, pas un bruit dans le foyer.
Ce matin, elles m’amènent mon café chaud et mon petit déjeuner, je trouve un petit mot sous ma porte à nouveau, cette fois c’est Leapy : « Good morning mum, I know today you’ll better than before. When you are happy or feeling good you can solve all the problems. Don’t be upset because all the girls worry about you. We love you and need you too. The god bless you happy all time. All girls love you. Leapy ”. Il fallait bien se confronter aux parasites pour savourer un petit coin d’amour et de paradis avec mes filles. Car ce sont elles, les khmères qui me font aimer le Cambodge.
source http://phnomenalemisspenh.blog.youphil.com/archive/2010/10/19/parasites-paradis1.html
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Date d'inscription : 31/05/2009
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