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Quel espace pour la société civile en Birmanie ?

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Quel espace pour la société civile en Birmanie ? Empty Quel espace pour la société civile en Birmanie ?

Message  Admin Jeu 9 Déc 2010 - 10:30

Quel espace pour la société civile en Birmanie ? Thsiit10

La libération d’Aung San Suu Kyi et l’action des milliers d’ONG du pays augurent-elles un nouveau dialogue avec les autorités? Une tribune d’Olivier Bernard et Françoise Sivignon de Médecins du Monde.

Le 7 novembre dernier, la junte au pouvoir en Birmanie depuis 1962 a donc cherché une légitimité dans les urnes. Avec un scrutin parfaitement contrôlé, ces élections n’ont été ni libres ni équitables puisque le régime militaire a mis tout en place pour s’assurer la victoire.

La mainmise des forces armées sur le pouvoir exécutif et législatif devrait demeurer inchangée car la junte s’appuiera sur des élus issus du parti gouvernemental.

Cependant, la libération du Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi survenue le 13 novembre, après 15 ans de détention, vient d’ouvrir un espace attendu depuis longtemps. Grande gagnante des élections de 1990, ASSK s’était exclue du jeu électoral en appelant au boycott du scrutin du 7 novembre.

Mais ses premières déclarations de femme libre tendent à nuancer ses positions jusqu’alors inflexibles concernant un dialogue avec la junte et souligne la priorité d’une réconciliation nationale.

Un nouvel espace semble donc s’ouvrir. Coupée du monde par presque cinq décennies de répression militaire, la population birmane tente de trouver des issues alternatives à l’action politique, considérée comme dangereuse et très durement réprimée. La structuration de la société civile en ONG en est la preuve.

On dénombre aujourd’hui des milliers d’organisations locales ayant des mandats variés allant de services sociaux ou écologiques comme la reforestation des mangroves à des services médicaux comme l’acupuncture gratuite pour les plus démunis. Ce frémissement de la société civile date de la catastrophe humaine – 140.000 morts – engendrée par le cyclone Nargis en mai 2008. L’incapacité du gouvernement à s’occuper de la population sinistrée avait alors été mise à nu. La jeunesse s’est massivement mobilisée en convoyant provisions et équipements. La structuration de cette force et cette montée en puissance des ONG locales est donc un véritable tournant.

Difficile de mettre en œuvre la solidarité internationale

Dès lors, comment les ONG internationales vont-elles se positionner pour venir en soutien à cette société civile? Quelques organismes internationaux comme Médecins du Monde ont une présence ancienne dans le pays et savent que la solidarité internationale est difficile à mettre en œuvre malgré une crise humanitaire chronique.

Ces organismes travaillent dans le cadre d’une réglementation très stricte et sont soumis à des restrictions sur les déplacements et la délivrance de visas. Les activités se déploient en s’adaptant à ces contraintes. L’aide se concentre presque exclusivement dans certains territoires: le Delta de l’Irrawaddy affecté par le cyclone Nargis, les territoires des minorités ethniques ayant signé un accord de cessez-le -feu avec la junte et celles où le gouvernement tente d’éradiquer la production d’opium. Ainsi, le déploiement de l’aide internationale reste une question politique sensible.

A Médecins du Monde, nous avons toujours essayé, et ce grâce à des questionnements permanents, de fonctionner avec suffisamment d’indépendance mais aussi de franc-parler afin de rester en accord avec notre mandat, celui de soigner et de témoigner.

Présent depuis 17 ans sur des programmes de lutte contre le VIH auprès des usagers de drogue, des personnes se prostituant et de la population homosexuelle, MdM a étendu ses activités en 2008 à la zone affectée par le cyclone Nargis via un programme de santé communautaire. Si les activités de prévention et de soins restent le pivot de nos interventions, notre stratégie est tournée en permanence vers le renforcement des capacités locales, de nos équipes birmanes ou d’autres acteurs de la société civile.

La reprise à terme des activités de MdM par ces ONG est l’un des objectifs de nos actions. Ces ONG, devenues visibles après le cyclone Nargis auront cependant besoin de temps avant de pouvoir assumer la responsabilité des structures mises en place.

La délicate collaboration avec les autorités

Depuis peu se dessine également une timide collaboration avec les autorités sanitaires. Preuve en est une initiative de partenariat dans le domaine du sida entre hôpitaux et organisations internationales. Dans le même registre, MdM organise des formations dans des hôpitaux de la zone affectée par Nargis.

Nos équipes sont également encouragées à renforcer l’accès aux soins en zone rurale, notamment sur le volet de la santé materno-infantile. Nous facilitons ainsi la mise en place d’une politique nationale de santé par la formation de travailleurs communautaires, de sages-femmes et par la mobilisation de comités villageois.

Enfin, nous accentuons nos activités de plaidoyer auprès des autorités afin qu’elles diminuent la discrimination envers les plus faibles. A titre d’exemple, nous pouvons citer nos interventions dans des postes de police à Rangoon afin de sensibiliser à la problématique du VIH mais aussi aux droits des personnes que nous prenons en charge. Notre expertise reconnue nous donne un levier d’action auprès des décideurs locaux et ce grâce à l’implication déterminante des acteurs birmans de Médecins du Monde.

La question est désormais de savoir quel espace le nouveau pouvoir militaro-civil va accorder à cette société civile naissante.

Alors que la période post-électorale reste incertaine, le paysage birman pourrait aussi se structurer autour de ces milliers d’organisations, professionnels du système de santé et initiatives locales. Dans ce pays où le pouvoir est au centre et les infrastructures déficientes, les espaces périphériques existent donc. Loin des centres géographiques où se concentre le pouvoir, la société civile a bien entendu un fort potentiel politique.

Dr Françoise Sivignon, responsable de la mission Birmanie de Médecins du Monde et Dr Olivier Bernard, président de Médecins du Monde.

source http://www.youphil.com/fr/article/03196-quel-espace-pour-la-societe-civile-en-birmanie?ypcli=ano
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