l'esprit voyageur en asie du sud-est
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L'esprit des lieux, projections vietnamiennes

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L'esprit des lieux, projections vietnamiennes Empty L'esprit des lieux, projections vietnamiennes

Message  Admin Ven 17 Déc 2010 - 10:07

L'esprit des lieux, projections vietnamiennes Vietnam-nord-rizieres-terrasses-montagnes_404
Dès que l'on quitte Sapa pour gagnerla passe de la Porte des nuages, on découvreles rizières en terrasses qui grignotent le flanc de la montagne.

Evoquer le Vietnam, c'est d'abord convoquer des images : Apocalypse Now, Good Morning Vietnam, Indochine... Mais derrière se cachent les livres de Graham Greene, Marguerite Duras ou Michael Herr.

Prenons le cas de Michael Herr. Ancien correspondant de guerre, il collabora aux scénarios d'Apocalypse Now et de Full Metal Jacket. Son roman Putain de mort fut salué par John le Carré comme "le meilleur livre contemporain sur la guerre et les hommes". Plonger dans ce brûlot éclatant comme une grenade quadrillée nous éclaire sur le passé du pays : "Il y avait une carte du Vietnam sur le mur de mon appartement à Saigon et certains soirs, quand je rentrais tard dans la ville, je restais sur mon lit à la regarder, trop fatigué pour faire autre chose qu'enlever mes bottes [...]. Le Vietnam avait les frontières de ses anciennes provinces, le Tonkin, l'Annam et la Cochinchine [...]. On était fin 67 et même les cartes les plus détaillées ne montraient pas grand-chose ; essayer de les lire c'était comme de lire les visages des Vietnamiens, comme de vouloir lire le vent." (Putain de mort, p. 13)
On doit l'un des premiers livres sur la guerre du Vietnam à Graham Greene. Dans Un Américain bien tranquille (transposé au cinéma par Joseph Mankiewicz), il décrit le Saigon des années cinquante, nid d'espions déguisés en humanitaires, de journalistes amoureux de jeunes Vietnamiennes. Les amants de Marguerite Duras s'ébattent eux aussi à Saigon : "Quand je rentre à Saigon, je suis en voyage", se souvient-elle, évoquant "la grande plaine de boue et de riz du sud de la Cochinchine, celle des Oiseaux. [...] Dans la platitude à perte de vue, ces fleuves, ils vont vite, ils versent comme si la terre penchait". (L'amant, p. 17)
A l'époque, ce ne sont pas encore les Américains les colons, mais nos compatriotes... Les paquebots qui relient la France à l'Indochine se nomment le Portos, le D'Artagnan et l'Aramis. "Du moment que les bateaux étaient à quai, la France était là." (id., p. 131) En 1925, un autre expatrié, l'écrivain antimilitariste Léon Werth, aime prendre l'autobus pour Cholon, entre Annamites et Chinois. L'auteur des Croix de bois, Roland Dorgelès, emprunte la "route mandarine" qui relie Saigon à Hanoi en passant par Hué : "Elle s'agriffe à la montagne, s'embourbe dans la rizière, escalade, dévale, se cache sous la paillote, puis en ressort un peu plus loin et va faire la belle entre deux files d'aréquiers." (p. 32)
En arrivant à Hanoi au printemps 1923, Somerset Maugham achève un périple indochinois de plusieurs mois. Avant de finir ses jours sur la Côte d'Azur, l'écrivain britannique s'amuse à la retrouver sous les tropiques : "Saigon ressemble tout à fait à une petite ville du sud de la France. Le tracé de la ville comporte des rues larges, ombragées de beaux arbres, et son animation est tout à fait différente de celle d'une petite ville coloniale anglaise d'Orient. C'est une petite cité gaie et plaisante." Quant aux Français, "ils portent la barbe, parlent avec les mains, consomment des Vermouth, des cassis, des Byrrh, des quinquinas Dubonnet, ces boissons sucrées et fades que l'on sert en France, et jacassent avec l'accent chantant du Midi". (Un gentleman en Asie, p. 238)
Au début des années 1990, le socialisme vietnamien s'ouvre timidement au tourisme. Jean-Luc Coatalem en profite pour chercher des traces de son grand-père, officier colonial. Il découvre Madame Saigon, "demoiselle de province", et Cholon, "quartier n° 5, ville de l'opium et des plaisirs". Il contemple le vol heurté des libellules, le glissement d'une jonque dans le delta... Et prédit : "Dans dix ans, des gogo's bars partout."
Il pourrait presque conclure, avec Roland Dorgelès : "Et tandis que, les yeux clos, je fais le noir dans la salle, le beau film que j'ai tourné là-bas se déroule pour moi seul." Une belle définition du rôle de l'écriture.

Carnet d'adresses
A Hanoi: Sofitel Legend Metropole 15 Ngo Quyen Street, Hoan Kiem District. Le repaire des écrivains depuis 1901.

A Hô Chi Minh Ville: Continental 132 - 134 Dong Khoi St., Dist 1 Le palace de l'ancienne Saigon a vu passer André Malraux, Lucien Bodard, Graham Greene, Jean Hougron...

source http://www.lexpress.fr/culture/livre/l-esprit-des-lieux-au-vietnam_946101.html


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