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Birmanie : les écologistes sortent du bois

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Birmanie : les écologistes sortent du bois Empty Birmanie : les écologistes sortent du bois

Message  Admin Jeu 10 Mai 2012 - 6:00

A mesure que le pays s’ouvre à la démocratie, les défenseurs de la nature commencent à se faire entendre. Face à une corruption rampante et à des écosystèmes dévastés, ils doivent relever des défis immenses.

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Peu à peu, les écologistes sont devenus une force de changement en Birmanie. Ils occupent depuis des années des bureaux dans de petites rues reculées et travaillent souvent seuls, comme si leur activité était clandestine, pour protéger le pays contre une vague de cupidité et de corruption alimentée, selon eux, par la Chine.

Tout au long de cette période, ils ont connu des succès, notamment avec l’interdiction des grands sacs en plastique qui encombraient les villes du pays. Mais aucun n’a été aussi important que celui de septembre dernier. Quand le nouveau président birman, Thein Sein, a annoncé, le 30 septembre, qu’il souhaitait “écouter le peuple” et suspendre le projet chinois de barrage sur l’Irrawaddy, ils ont accueilli la nouvelle comme la plus grande victoire de leur histoire.

Il est vrai qu’en cinquante ans de dictature militaire le gouvernement n’avait jamais cédé ainsi à des revendications. Les militants qui descendaient dans la rue finissaient souvent en prison, comme c’est encore le cas aujourd’hui. Mais parmi les opposants au barrage de Myitsone se trouvait Aung San Suu Kyi, la figure de proue du mouvement démocratique. Lorsqu’elle a rencontré le président pour la première fois, après la fin de son assignation à résidence, l’abandon de ce projet était inscrit sur sa liste de priorités.

Il est probable que la décision de Thein Sein représente plus une rebuffade envers la Chine qu’un véritable geste envers les écologistes et Aung San Suu Kyi. Mais elle a récompensé les efforts des militants et leur a donné l’espoir d’avoir enfin trouvé un allié haut placé. Win Myo Thu, un écologiste connu en Birmanie pour son franc-parler, a déclaré que la décision du président pouvait annoncer un tournant pour l’environnement dans le pays. “De plus, explique-t-il, au niveau du Parlement et d’autres hautes instances administratives, des démarches sérieuses sont entamées pour prendre ­l’écologie en considération d’un point de vue économique.” Ces avancées incluent l’élaboration de nouvelles lois sur l’environnement, avec la participation d’experts locaux et étrangers. Mais, toujours selon Win Myo Thu, ces lois ne seront appliquées que si la Birmanie parvient à éliminer la corruption qui a participé à la dégradation de l’environnement sous l’ancien régime militaire. Cela implique un véritable effort pour sensibiliser le public, et en particulier les fonctionnaires, ajoute-t-il. “Il y a aujourd’hui une ouverture pour une démocratie environnementale, observe Win Myo Thu. Notre mission est de développer notre action sur le plan local […] afin de sensibiliser les petits fonctionnaires et d’étendre notre mouvement à partir de là. Nous devons utiliser les médias – et être patients. Nous ne devons pas aller trop loin, car les partisans de la ligne dure réagiraient dans l’autre sens.”

Il se trouve que le gouvernement s’intéresse lui aussi à l’environnement. Durant mon récent séjour, The New Light of Myanmar, l’organe de presse du pouvoir en place, a publié deux éditoriaux plaidant pour une gestion environnementale responsable. Et les autorités ont coparrainé une conférence sur la croissance verte à laquelle Aung San Suu Kyi a assisté. Mais à quels problèmes environnementaux la Birmanie est-elle confrontée alors qu’elle entre dans la plus grande phase d’expansion économique de son histoire ? “On doit lutter contre la cupidité”, répond Win Myo Thu. Selon le Burma Environmental Working Group (BEWG) [ensemble d’associations birmanes travaillant sur l’écologie et le développement], l’équivalent de 75 terrains de football de forêt disparaît chaque heure, soit plus de 1 % de l’ensemble de la superficie forestière du pays par an. Pour le World Resources Institute [groupe de réflexion environnemental], la Birmanie est le quatrième pays, après l’Indonésie, le Brésil et la Malaisie, qui contribue le plus au réchauffement de la planète par la déforestation.

Le déboisement des forêts primaires de teck a laissé derrière lui des centaines de kilomètres carrés de terres dévastées dans le nord-est de la Birmanie. La majeure partie du bois a été transportée en Chine, en Inde et en Thaïlande. Désormais, selon les groupes environnementaux, les forêts de teck ont quasiment disparu et les plans de reforestation sont gangrenés par la corruption. Les exploitants de bois se tournent désormais vers des espèces plus petites. Dans le sud-est du pays, le long de la frontière thaïlandaise, près de 400 000 hectares de forêt humide très rare ont été rasés afin de planter des palmiers à huile. La plupart de ces plantations sont dirigées par des proches de l’ancien régime militaire ou par des investisseurs chinois.

Une autre cause de la déforestation est la croissance d’une population rurale qui a besoin de terres pour l’élevage et de bois pour l’habitation, le chauffage et l’alimentation. L’exploitation incontrôlée des ressources du pays en or, cuivre, étain et pierres précieuses menée par les entrepreneurs et les investisseurs chinois balafre le paysage et pollue les cours d’eau à cause des produits chimiques utilisés pour l’extraction des minerais. La biodiversité du pays est également menacée par le trafic de faune sauvage vers la Chine, pays avide d’animaux exotiques, vivants ou morts.

L’air à Rangoon, à Mandalay et dans les capitales régionales empeste les gaz d’échappement, la poussière et la fumée provenant notamment de l’incinération des déchets. Le plus souvent, l’eau est impropre à la consommation si elle n’est pas traitée, surtout dans les zones rurales où les fleuves, lacs et estuaires servent aussi bien de toilettes que de sources d’eau. Autant dire que la tâche qui attend les écologistes est immense. Mais la suspension du projet de Myitsone par le président est un signe encourageant. “Il ne faut pas sous-estimer cette légère avancée, affirme Win Myo Thu. Car elle peut entraîner un effet boule de neige.”


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