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La Birmanie subit un veritable tsunami économique

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Message  Admin Mer 18 Juil 2012 - 4:33

Le potentiel de l’économie birmane aimante les investissements. Mais prudence ! Car le développement doit créer des emplois et non pas enrichir les caciques du régime.


«Nous sommes confrontés à une véritable effervescence », a déclaré Maung Maung Lay, le vice-président de la Fédération des chambres de commerce et d’industrie du Myanmar, récemment à Bangkok. Le « tsunami des investissements potentiels » est si grand que M. Maung ne parvient pas à faire renouveler ses cartes de visite assez vite pour répondre à la demande.

Cette ébullition fait peser une pression énorme sur le pays, qui doit lancer de vastes chantiers de réformes pour que son économie suive le rythme du changement politique. Comme l’a souligné M. Maung, Rangoon, la plus grande ville birmane, se trouve à une heure et demie de Singapour, mais en termes de développement économique 30 ans d’écart sépare les deux métropoles.

Face à ce soudain afflux d’investisseurs, la population commence à protester contre la formation d’une bulle immobilière à Rangoon et dans la capitale, Naypyidaw. La simple idée de voir ce pays devenir trop cher avant même que son économie ne soit officiellement ouverte au monde (les sanctions imposées par les pays occidentaux contre le régime birman ne sont suspendues que pour un an) est préoccupante.

L’urgence d’une réforme bancaire et juridique
L’essor du Myanmar ne sera durable que si le pays met en œuvre une politique judicieuse. La question est de savoir si les étrangers savent qu’ils jouent eux-mêmes un rôle essentiel à cet égard. Il est difficile de se souvenir d’investisseurs aussi optimistes sur des marchés vierges. Les étrangers doivent être patients et donner au pays le temps nécessaire pour se reconstruire, c’est-à-dire moderniser son système bancaire, rudimentaire, mettre en place un appareil judiciaire crédible et améliorer ses infrastructures.

Than Nyein, le gouverneur de la Banque centrale, a une longue liste de tâches à remplir : créer un système juridique, des structures de réglementation et de surveillance susceptibles d’obtenir la reconnaissance internationale. « Nous devons réformer nos marchés et notre système de change », a-t-il affirmé à Bangkok. Cette nécessité est d’autant plus urgente que le pays devra manier d’énormes sommes d’argent qui aujourd’hui patientent à sa frontière.

Des lois doivent être adoptées – et respectées – pour éviter que les matières premières ne connaissent le même sort que dans beaucoup de nations en développement. De nombreux pays asiatiques s’efforcent de tirer profit de leurs abondantes ressources naturelles, mais souvent les bénéfices ne font qu’enrichir des officiels corrompus et leurs proches, pas le peuple.

Redoutant une situation similaire, Aung San Suu Kyi préconise des investissements qui agissent en faveur de la démocratie, de la transparence et du développement d’un secteur privé dynamique au lieu de renforcer le pouvoir du gouvernement.

« Notre pays est régi par une économie planifiée depuis trop longtemps et nous n’avons jamais prospéré avec un tel régime. Aussi, maintenant que nous nous ouvrons, nous voulons être sûrs que nous le faisons dans le bon sens », a-t-elle déclaré (lors de sa tournée en Europe).

Au fond, la Dame de Rangoon défie un monde capitaliste enclin aux excès en lui disant : « Si vous voulez venir dans mon pays, faites-le correctement ». Ce à quoi les investisseurs vont s’empresser de rétorquer : « Hum, ce n’est pas vraiment notre vision des choses. Nous sommes ici pour gagner de l’argent ». Mais le fait qu’ils agissent en partenaires et non en simples actionnaires permettrait d’éviter la bombe à retardement du chômage des jeunes tant redouté par Aung San Suu Kyi. Cela peut aussi garantir que les investissements d’aujourd’hui porteront leurs fruits dans dix ans.


http://www.lejsl.com/actualite/2012/07/18/investisseurs-attention-pays-en-reconstruction
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Message  Blue Sky Ven 20 Juil 2012 - 15:31

ca , c'est super interessant comme sujet .
On peut voir l'ouverture du pays comme une chance , on peut redouter ses conséquences , aussi .
Mais bon , faut pas être naif , ceux qui vont investir las bas ne le feront pas pour la Birmanie ... et encore moins pour le boudhisme ...

Tout le monde va se ruer pour construire des grosses merdes polluantes à souhait et proposer du boulot de merde à deux sous sans qualifications aux birmans ....
un bel apprentissage de la vie ...
Il leur faudrait un sacré coup de main aux pouvoirs politiques birmans ( ceux de bonnes volonté ) pour se préserver des rapaces .
oooooohh putain , ca donne de moins en moins envie , tout ca ...

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Message  asiaonly Sam 21 Juil 2012 - 0:43

Blue Sky a écrit:ca , c'est super interessant comme sujet .
On peut voir l'ouverture du pays comme une chance , on peut redouter ses conséquences , aussi .
Mais bon , faut pas être naif , ceux qui vont investir las bas ne le feront pas pour la Birmanie ... et encore moins pour le boudhisme ...

Tout le monde va se ruer pour construire des grosses merdes polluantes à souhait et proposer du boulot de merde à deux sous sans qualifications aux birmans ....
un bel apprentissage de la vie ...
Il leur faudrait un sacré coup de main aux pouvoirs politiques birmans ( ceux de bonnes volonté ) pour se préserver des rapaces .
oooooohh putain , ca donne de moins en moins envie , tout ca ...
T'as raison... ca pue de plus en plus la mega magouille en Birmanie, le tout sur fond de pseudo ouverture, manoeuvre n'ayant pour seul but que d'amadouer les investisseurs étrangers et fermer le bec aux SuuKyistes.

Les généraux ont appliqués une bonne stratégie en...
- troquant l'uniforme contre le costard 3 pièces
- relâchant le martyr charismatique qui leurs valait une si mauvaise réputation
- ouvrant les frontières a un tourisme drivé aux bons endroits et qui une fois rentrés chez eux sans avoir lâchés leurs dollars tout neufs, n'auront de cesse de chanter les louanges des ce pays si merveilleux et accueillant.

Ils vont pouvoir magouiller touts azimuts et se remplir les poches avec la bénédiction de la communauté internationale...

Moi, ce que j'en dit, c'est que la plus grande partie du peuple est opprimée, juntée, fliquée, torturée et asservie. VDM jocolor
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Message  Blue Sky Mar 24 Juil 2012 - 16:21

Je le pense aussi , et ca fait tres tres mal ...
reste plus qu'a espérer que le tout engendrera quand même un vrai espace de liberté civique neuf , grâce à un nouveau gouvernement issu des Suukyistes . ( pas mal comme appelation , on dirait le nom d'une piste de ski chouisse allemanteu .. Laughing
Quant à l'asservissement économique redouté , espérons que ces salaires , même bas , cumulés à une vraie instruction civique et scolaire , améne le Birman moyen à la possibilité de plus de choix dans sa vie et dans celle de sa société , plus de possibilités dans sa manière de subvenir à ses besoins aussi .
Que cela amène ainsi de la richesse et de l'indépendance intellectuelle et pécunière , l'émergence d'une vraie catégorie sociale moyenne , comme en Chine .
Le pb , c'est que cela va aller encore plus vite qu'en Chine et que les Birmans et leurs sociétés n'auront pas le temps et ne vont surtout rien comprendre au film ...

Je vais te faire rire jaune : la solution , c'est un vrai état totalitaire juste .
C'est pas une blague : Totalitaire en terme économique , cad qu'il faut freiner l'enthousiasme intéressé des rapaces souhaitant investir en Birmanie .
C'est là qu'est le vrai pouvoir , et on va bien voir si Me Suu Kyi le détient : car je pense qu'Elle à dèjà percuté le danger et la manoeuvre des juntistes .
Régir le dévelopement du pays , tout est là .
y a du Taf .

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La Birmanie subit un veritable tsunami économique Empty La Birmanie sur la voie de la croissance

Message  Admin Lun 20 Aoû 2012 - 22:01

Une forte croissance économique pourrait conduire la Birmanie à sortir du sous-développement et à devenir une nation à revenu moyen d'ici à 2030 si le pouvoir poursuit et réussit la série de réformes en cours, a indiqué lundi la Banque asiatique de développement (BAD). Le PIB du pays asiatique peut croître de 7 à 8% par an en moyenne, avec un revenu par habitant susceptible de tripler dans les 18 ans à venir, estime la Banque, qui appelle à des investissements lourds dans les infrastructures, l'éducation, la santé et les services sociaux.

Il y a un "potentiel vraiment important pour la croissance", a estimé à Bangkok le vice-président de la BAD Stephen Groff. "La localisation stratégique de la Birmanie, ses riches ressources naturelles et sa force de travail abondante la positionnent idéalement pour bénéficier de dynamique croissance économique de l'Asie", a-t-il ajouté.
"La Birmanie peut devenir la prochaine étoile montante d'Asie mais pour se faire, il doit y avoir un engagement ferme et durable pour les réformes".

Des décennies de gestion militaire ont plongé le pays dans la gabegie et la banqueroute, et celui qui était il y a quelques décennies le grenier à riz de la région est désormais l'une de ses nations les plus pauvres, avec l'Afghanistan, le Bangladesh, le Cambodge et le Népal.
"Cette croissance doit profiter à tous, elle doit atteindre tout le monde, des classes moyennes jusqu'aux très pauvres", a estimé le banquier. La BAD et la Banque mondiale ont récemment ouvert des bureaux en Birmanie, qui s'ouvre à un rythme vertigineux depuis l'autodissolution de la junte en mars 2011 et l'avènement d'un régime réformateur dit "civil".

http://www.lefigaro.fr/
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La Birmanie subit un veritable tsunami économique Empty Le marché américain, bouffée d'espoir pour l'industrie birmane

Message  Admin Sam 29 Sep 2012 - 6:29

La Birmanie subit un veritable tsunami économique Articl10
Une usine textile en Birmanie le 27 septembre 2012 YE AUNG THU AFP.COM

Après des années de marasme, l'industrie birmane se redécouvre des ambitions grâce à l'ouverture prochaine du marché américain même si, à l'image de toute l'économie du pays asiatique, les changements concrets ne pourront intervenir à très courte échéance.

Un demi-siècle de dictature militaire a laissé l'appareil productif en ruine. Mais après l'avènement d'un régime d'anciens militaires réformateurs en mars 2011, l'Occident a décidé d'aider la Birmanie et de lever progressivement ses sanctions, jusqu'à l'annonce mercredi que Washington allait autoriser l'importation de produits birmans.

"On pourrait assister à de très fortes hausses des exportations birmanes pour certains secteurs qui vont irriguer toute l'économie locale et créer des emplois", explique Jan Zalewski, de la société de consultants IHS Global Insight.

L'administration Obama et le Congrès américain vont devoir examiner secteur par secteur les détails de cette mesure, ce qui prendra du temps. Mais la lumière semble se dessiner au bout du tunnel de la stagnation économique.

"Les secteurs qui vont probablement profiter le plus de l'accès au marché américain sont l'agriculture, le bois et le textile", relève Arvind Ramakrishnan, analyste chez Maplecroft.

Mais le pays va faire face "à des difficultés pratiques pour gagner des contrats" et les infrastructures physiques, légales et bancaires vont devoir être "très sérieusement améliorées".

La production de textile a ainsi subi un coup fatal avec l'embargo américain sur les importations en 2003, destiné à sanctionner la répression de l'opposition birmane par la junte alors au pouvoir.

Beaucoup de fabricants se sont tournés vers le marché japonais, mais sans jamais retrouver les volumes perdus. D'où le vent d'optimisme qu'a généré l'annonce américaine dans l'usine Maple Trading de la banlieue de Rangoun.

Conney, 40 ans, y travaille depuis 12 ans et se souvient des fermetures consécutives à l'embargo, et de ces femmes qui se sont tournées vers la prostitution pour pouvoir manger.

"Ce serait vraiment bien de faire de bonnes affaires pour que les ouvrières puissent vivre en sécurité. Elles travaillent de l'aube jusqu'au crépuscule et font vivre leurs familles", explique-t-elle à l'AFP.

Derrière elle, des femmes alignées les unes derrière les autres sous une lumière blafarde cousent à la machine des vestes et des pantalons pour femmes, qui seront vendues au Japon et en Corée du sud.

Compétition mondiale

Aung Win, le patron de cette usine de 700 personnes, est ravi. "Les sanctions nous ont fait très mal. Il y avait 400.000 employés dans les usines de textile et maintenant ils ne sont plus que 100.000", dit-il. "Il va y avoir plus d'usines, le chômage va descendre et le pouvoir d'achat augmenter".

Mais la Birmanie va désormais intégrer la compétition mondiale. Si ses coûts de production sont encore inférieurs à ceux du Cambodge ou du Bangladesh, elle va devoir investir lourdement et se plier à une série de réglementations complexes.

"Les coupures d'électricité et les niveaux extrêmes de violations du droit du travail vont être considérés comme des risques importants à moyen terme", relève l'analyste de Maplecroft.

Et il semble improbable que la Birmanie "devienne un concurrent sérieux des autres producteurs de textile de la région dans un avenir proche".

D'autant que les groupes étrangers attendent l'adoption d'une loi sur les investissements qui vient d'être renvoyée au parlement par le président.

Une fois encore, un certain attentisme prévaut en Birmanie. Le potentiel est grand mais la tâche l'est tout autant. Et les débats seront compliqués au Congrès américain sur certains secteurs comme les pierres précieuses, dominés par des hommes d'affaires proches de l'ancienne junte, donc qui inspirent une vraie méfiance.

"Les militaires birmans ont conservé une empreinte très forte sur l'économie et les Etats-Unis vont être prudents, pour ne pas amplifier le pouvoir de l'armée à travers la libéralisation du commerce", souligne Jan Zalewski.



http://www.20minutes.fr/economie/1012605-marche-americain-bouffee-espoir-industrie-birmane
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Message  Admin Mar 9 Oct 2012 - 5:31

La Birmanie est-elle le nouvel eldorado des investisseurs étrangers ? Notre envoyé spécial Cyril Payen a mené l'enquête dans ce pays en pleine transition


Reportage http://www.france24.com/fr/20121005-semaine-asie-birmanie-finance-chine-vin-coree-du-sud-musique
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Message  Admin Mar 18 Déc 2012 - 22:13

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Message  Admin Sam 16 Mar 2013 - 7:20





Située entre les deux grandes puissances émergentes que sont la Chine et l'’Inde, la Birmanie se trouve aujourd’hui au coeœur d'’enjeux régionaux de plus en plus stratégiques. Entre rivalités maritimes, course aux ressources énergétiques, lutte d’'influence en Asie du Sud-Est,
le "Dessous des Cartes" tente de comprendre en quoi la Birmanie est appelée à jouer un rôle central dans l’'océan Indien
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La Birmanie subit un veritable tsunami économique Empty La Birmanie, nouvel eldorado des investisseurs

Message  Admin Mar 2 Avr 2013 - 9:07

La dissolution de la junte au pouvoir et le processus de démocratisation en cours ont rendu la Birmanie à nouveau fréquentable. Depuis quelques mois, les hommes d'affaires étrangers se bousculent à Rangoun, attirés par les promesses de cette terre vierge au potentiel considérable

Au bas de Pyay Road, au milieu des embouteillages monstres, des enfants circulent par une canicule poisseuse entre les vieilles voitures de marques japonaise. Comme dans les autres villes des pays émergents d'Asie, ils proposent des canettes de coca et des couronnes de jasmin censées rafraîchir l'intérieur non climatisé des véhicules. Mais beaucoup désormais agitent aussi aux fenêtres baissées des passagers un petit livret jaune intitulé « Foreign Investment Rules in the Republic of the Union of Myanmar ». Mille kyats (1 euro) sans négocier. Succès garanti.

Depuis le printemps dernier, les hommes d'affaires étrangers, particulièrement japonais, singapouriens, américains et thaïlandais, se bousculent à Rangoun, attirés par les promesses d'une terre vierge. En dix mois, les prix des chambres d'hôtel ont été multipliés par trois. Compter 300 dollars pour une nuit au Strand, où Rudyard Kipling prit des notes pour ses « Lettres d'Orient ». Dans les rares immeubles de bureaux aux standards internationaux, le mètre carré prend 5 dollars par mois au minimum. Et les listes d'attente s'allongent dans les résidences pour étrangers. « Je paie déjà 5.000 dollars par mois pour 60 mètres carrés. C'est plus que New York », souffle un diplomate, qui ne peut toutefois pas faire le difficile de peur d'être « exproprié » par un plus offrant. « De la folie furieuse », s'exclame Patrick Robert, un designer français résidant dans le pays depuis vingt-cinq ans.
Tout est à faire dans le pays le plus pauvre d'Asie du Sud-Est

Cette ruée vers l'or a été enclenchée l'an dernier lorsque l'Occident a adoubé le processus d'ouverture de la Birmanie, longtemps jugée infréquentable par les grandes démocraties. Depuis la dissolution de la junte, il y a tout juste deux ans, le 30 mars 2011, le nouveau gouvernement a remisé les uniformes pour se déclarer « civil » et a engagé les réformes. Il a libéré des centaines de prisonniers politiques et permis l'élection, en avril 2012, comme députée d'Aung San Suu Kyi. Le même mois, l'Union européenne a salué le processus et suspendu ses sanctions contre le pays. En mai, ce sont les États-Unis qui ont levé certaines restrictions aux investissements en Birmanie. Puis Barack Obama a définitivement libéré les investisseurs en venant s'afficher en novembre dernier au côté du président, Thein Sein, un ancien général.

Redoutant des années de stagnation en Occident, inquiètes du ralentissement chinois de 2012, les grandes multinationales projettent tous leurs espoirs de croissance sur la Birmanie, le pays le plus pauvre d'Asie du Sud-Est. Un territoire plus grand que la France, riche en ressources minières, pétrolières et gazières, et stratégiquement placé entre la Chine, l'Inde, la Thaïlande et le Bangladesh. Plus de 62 millions de consommateurs. Sur le papier, le potentiel est considérable. « Il y a tout à faire », résume Yasuhide Fujii, le « partner » sur place de KPMG. Seuls 5 % des Birmans ont un téléphone portable et les trois quarts d'entre eux n'ont qu'un accès limité à l'électricité. « Il faut des routes, des voies ferrées, un port en eaux profondes, des aéroports, de l'électricité et des réseaux d'eau », liste le consultant japonais, arrivé en octobre dernier, à la demande de ses grands clients.
La France est en lice pour construire le pays, le Japon a pris de l'avance

Déjà, les chantiers de deux zones économiques spéciales prennent forment à Thilawa, près de Rangoun, ainsi qu'à Dawei, sur la côte plus au sud, où un gigantesque complexe pétrochimique est aussi programmé. Un plan de rénovation et de réaménagement de la ville de Rangoun a été lancé. L'actuel aéroport de Mandalay doit être agrandi, tout comme celui de Rangoun. Un peu plus au nord, c'est un autre aéroport qui va sortir de terre pour désengorger la capitale économique du pays. Les français Vinci et Bouygues sont en lice, séparément, pour plusieurs de ces marchés. Tout comme leurs concurrents japonais, arrivés en masse dans le pays, poussés par Tokyo, qui vient d'effacer un quart des 6 milliards de dollars de dette que lui doit le pays, avant de débloquer de nouveaux prêts pour notamment financer l'une des nouvelles zones économiques spéciales. Au total, l'archipel prévoit 18 milliards de dollars d'aides.

Contrairement aux États-Unis et à l'Union européenne, le Japon n'a jamais coupé les ponts avec le pouvoir birman. De peur de voir la Chine, contre laquelle il mène une guerre d'influence dans la région, rester le seul partenaire du pays - les groupes chinois exploitent déjà plusieurs mines et barrages dans le pays. Quelques entreprises nippones, et notamment les puissantes maisons de négoce, ont continué de commercer avec le pays. En 2011, le Japon était ainsi le plus gros importateur de textile birman avec 348 millions de dollars de commandes. L'archipel achète aussi toujours 90 % de son sésame noir dans le pays et une partie de ses germes de soja.
La Birmanie, de nouveau un grand acteur du textile ?

Pendant des années, Toru Hiroe a surveillé seul à Rangoun ces échanges pour son groupe, Itochu. Il se souvient des contrôles militaires de nuit, des téléphones portables à 3.000 dollars et du laborieux accès à internet. « Tout vient de changer. Nous sommes maintenant six expatriés japonais et nous avons une quinzaine d'employés birmans », explique le cadre, installé dans l'une des rares tours de bureaux de la cité. Un projet qui avait été gelé pendant des années après l'application des sanctions américaines et la crise financière asiatique. Aujourd'hui, les ouvriers s'activent pour finir la maçonnerie de locaux qui sont loués à 80 dollars par mètre carré et par mois.

Comme dans tous les eldorados, les géants du textile sont les premiers à débarquer pour étudier les possibilités de production pour leur industrie, très gourmande en main-d'œuvre bon marché. Jusqu'à la fin des années 1990, la Birmanie était l'un des grands acteurs de la confection mondiale. On recensait alors près de 400 usines spécialisées qui livraient l'Europe ou l'Amérique et assuraient 39,5 % des exportations du pays en 2000. Après la mise en place de sanctions commerciales, plus de la moitié ont fermé, faute de débouchés.

Mais les ateliers se relancent. « Il n'y a pour l'instant pas assez d'électricité pour faire de la production de textile, qui demande beaucoup d'énergie, mais la fabrication de vêtements est possible car les salaires sont toujours inférieurs à ceux du Cambodge », explique Yoshihiro Kunii, le vice-président responsable de la production chez le géant japonais Fast Retailing, qui contrôle notamment la marque Uniqlo. Lui n'envisage de sous-traiter de la fabrication dans le pays que d'ici à trois ans, lorsque les grandes infrastructures auront été modernisées. « Pour la manufacture, c'est encore un peu compliqué », confirme Yasuhide Fujii, chez KPMG. « Il y a le problème des infrastructures, mais aussi celui du système bancaire, qui est à réorganiser. Les procédures de change et des transferts avec l'étranger sont complexes », détaille-t-il. Les investissements lourds peuvent être difficiles. « Par contre, pour les sociétés qui veulent, elles, viser le marché domestique, il faut se presser. »

Encore peu de partenaires locaux de confiance...
La Birmanie subit un veritable tsunami économique 5875_110

Si le système réglementaire évolue rapidement pour attirer des capitaux étrangers, beaucoup de secteurs vont nécessiter une implantation en joint-venture avec des groupes locaux. « Et il n'y a pas beaucoup de grands partenaires domestiques potentiels », souffle l'expert. Les nouveaux arrivants doivent notamment prendre soin de ne pas s'allier avec les nombreux conglomérats et hommes d'affaires encore placés sur une liste noire du Trésor américain, qui interdit les transactions avec des sociétés soupçonnées d'avoir eu des activités illégales à l'époque de la junte. Dans les locaux de KPMG, des cadres du brasseur singapourien Fraser and Neave, qui produit localement en coentreprise la Myanmar Beer, la marque leader du pays, se préparent à l'arrivée de cette concurrence mondiale. « Carlsberg ne va pas tarder », confient-ils. Le PDG de Coca-Cola est, lui, déjà passé pour réimplanter ses marques, qui avaient quitté le pays après les violentes répressions de manifestations démocratiques. Pepsi suit.

Le marché automobile bouillonne tout autant. Si pour l'essentiel les véhicules restent des occasions venues du Japon, les importateurs de voitures neuves voient leurs ventes s'envoler. Quelques taxis ont opté pour des QQ du chinois Chery. Et pour prendre de l'avance sur ses compétiteurs, Suzuki vient d'annoncer qu'il allait relancer sa production de petits modèles dans le pays le mois prochain. « Je n'avais pas vécu une telle effervescence depuis le Vietnam des années 1990 », se régale un consultant américain, dans l'avion qui l'amène de Bangkok.
Un pays encore déchiré par les conflits ethniques

Tout à leur excitation, les groupes ont tendance à oublier que le pays fait encore face à de complexes défis politiques et sociaux. Il est encore déchiré sur d'immenses pans de son territoire par plusieurs conflits ethniques. La semaine passée, de très violents affrontements ont aussi opposé des musulmans et des bouddhistes dans le centre du pays. Au moins 40 personnes ont été tuées et 9.000 déplacées. Et la transition démocratique est loin d'être achevée. Les militaires ont conservé d'énormes intérêts dans la vie économique.

« Tout le processus a été dessiné, décidé et enclenché par l'armée. Un retour en arrière n'aura pas lieu. Il ne profiterait à personne », modère Romain Caillaud, un expert de Vriens & Partners, installé depuis longtemps dans le pays. Quelques frictions pourraient toutefois être ressenties en 2015 lors de la prochaine élection présidentielle, qu'Aung San Suu Kyi devrait remporter. « Certains de ses proches pourraient être tentés de déterrer des cadavres », pointe un diplomate, qui estime toutefois que l'ancienne icône semble désormais prête à faire beaucoup de compromis avec ses anciens geôliers pour s'assurer un accès au pouvoir. « Ca devrait bien se passer. »

Par Yann Rousseau, journaliste, envoyé spécial à Rangoun

Les points à retenir
Riche en ressources minières, pétrolières et gazières, stratégiquement placée entre la Chine, l'Inde et la Thaïlande, la Birmanie excite l'appétit des grandes multinationales.
Les investisseurs japonais, soucieux de contre-balancer l'influence chinoise dans la région, y sont particulièrement actifs.
Le pays fait encore face à de complexes défis politiques et sociaux, comme l'illustrent ces jours-ci les violents affrontements entre bouddhistes et musulmans.

http://business.lesechos.fr/directions-generales/international/0202670713278-la-birmanie-nouvel-eldorado-des-investisseurs-5875.php
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