l'esprit voyageur en asie du sud-est
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Il était des milliers de fois !

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Message  Admin Lun 19 Oct 2009 - 9:16

Truyen a 13 ans et vit dans une paillotte dans un village du Mékong au Vietnam. Sa famille est très pauvre, aussi quand une femme de passage leur propose que Truyen aille travailler au Cambodge pour un salaire de 50 USD par mois, ses parents s’empressent d’accepter, c’est plus que ce qu’ils gagnent !

Truyen est triste, elle voulait être couturière et elle va se retrouver à s’occuper des travaux domestiques dans une famille aisée de Phnom Penh. Mais tant pis, c’est pour le bien de sa famille et grâce à elle, ses parents, ses deux petits frères et sa petite sœur vivront mieux. « Et puis la dame a l’air gentille et m’a dit que c’était une très belle maison pleine de lumières et que j’y serai très heureuse ».

Truyen part avec la dame après des adieux déchirants. Tout le monde est triste, mais elle n’a pas le choix. Et elle reviendra pour les fêtes du Têt. La route lui paraît longue, elle ne pensait pas que Phnom Penh était si loin. En plus elle est malade, elle n’a jamais fait un si grand voyage, et elle finit par s’endormir d’épuisement.

Elle se réveille dans une pièce sans fenêtre et sans lumière. Elle veut sortir, mais la porte est fermée à clé, toutes ses affaires ont disparu. Deux jours après, un homme entre dans la pièce et se jette sur elle. Il veut la déshabiller, elle se débat, il la frappe. Il lui dit qu’il la frappera tant qu’elle ne se laissera pas faire. Elle pleure, elle crie, elle a mal, il est trop fort, elle ne peut pas fuir. Et durant deux semaines, des hommes vont se succéder, Truyen ne résiste plus.

Enfin un jour elle sort de la pièce. Son cœur se réchauffe car dix autres filles sont là dont plusieurs Vietnamiennes. Elles sont gentilles et s’occupent tout de suite d’elle. Elle apprend alors qu’elle se trouve en Thaïlande. Il est impossible de s’enfuir, toutes les issues sont gardées. Il y fait toujours sombre.

Syna a 24 ans, elle est travailleur social à l’ONG AFESIP-Alliance Anti Trafic. Elle part faire sa tournée. Son métier est de rencontrer les prostituées, de parler avec elles, de leur venir en aide le cas échéant. Elle connaît bien le milieu, elle a été elle-même victime du trafic alors qu’elle n’avait que 9 ans jusqu’à ce qu’AFESIP la sauve à 16 ans et la forme à cette profession. C’est le métier qu’elle a choisi parmi les deux cents qu’on lui proposait car elle veut aider les filles à sortir de ce calvaire. En discutant, elle apprend qu’il y a un endroit où des jeunes femmes sont séquestrées, qu’il y a beaucoup de Vietnamiennes mais aussi des Laotiennes et des Birmanes. Et certaines seraient très jeunes. Elle remonte l’information à son directeur qui, depuis 10 ans, a tissé des liens étroits avec les autorités du pays. Grâce à ses relations, il pourra faire intervenir la police.

4 août, 8 heures du soir. Une équipe de la police défonce une porte et rentre dans une maison. Les hommes présents sont neutralisés. Onze jeunes filles sont tapies dans un coin, terrorisées. Sitôt le vacarme passé, Syna et une de ses collègues viennent les rassurer. « Ne vous inquiétez pas, votre cauchemar est fini, on va s’occuper de vous. On vous emmène chez nous ». Truyen n’en croit pas ses oreilles.

5 aout, 6h00 du matin, Truyen est réveillée par la lumière du soleil, la pièce en est inondée. C’est une grande maison, il y a même un jardin. Syna arrive et la prend dans ses bras. « Ce matin tu rencontreras un dame qui est psychologue et cet après-midi nous irons à l’hôpital pour faire des examens, entre-temps tu peux te détendre et faire connaissance avec les autres, elles sont soixante-trois. Ici tu es au centre de transit de AFESIP, il y a des gardiens, mais ils sont là pour te protéger le temps que l’on sache ce que tu veux faire ». Truyen répond « Je veux rentrer chez moi. »Alors Somaly qui vient d’arriver la prend aussi dans ses bras et lui dit « On va s’en occuper, mais il va falloir patienter car tu n’as plus de papiers. Mais en attendant, on va s’amuser, demain c’est journée piscine, après-demain on ira à la mer et il y a des jeux tout le temps ici. »

Ho Chi Minh City, Vietnam, le 15 août. Quyen, Directeur de projet de Alliance Anti Trafic Vietnam reçoit les éléments concernant Truyen ainsi que quatre autres Vietnamiennes qui sont hébergées au centre de transit. Lui et son équipe vont pouvoir faire refaire les papiers dans les provinces respectives et aux services de l’immigration. Pour l’une d’entre elles, ce sera plus difficile, car elle ne se rappelle plus où elle habitait. Elle a été enlevée très jeune et elle est séropositive. Mais il faut d’abord prévenir les familles.

12 octobre 4h00 de l’après midi, Truyen et ses quatre copines sont dans l’avion qui les ramène au Vietnam. C’est la première fois qu’elle prend l’avion, mais ce n’est pas pour ça qu’elle a l’estomac noué : elle a peur de rentrer au village, d’être considérée comme sale (souillée ?) et d’être rejetée !

12 octobre 6h00 de l’après midi. Aux services de l’immigration de l’aéroport, Quyen et Georges, Directeur d’AFESIP Vietnam et d’Alliance Anti Trafic, entourés de policiers, sont venus l’accueillir et régler son rapatriement. Georges lui dit tout de suite dans un Vietnamien parfait. « Ne t’inquiètes pas, ils ne sont pas là pour te mettre en prison, mais pour nous aider ». Truyen est rassurée, tout le monde est très gentil. Georges lui dit ensuite qu’une surprise l’attend dehors mais qu’il y aura aussi la télévision et les journalistes. Il lui promet que son visage ne sera pas visible dans les reportages et qu’ils serviront à mettre en garde les familles du Vietnam afin d’éviter que d’autres subissent son triste sort. Truyen accepte.

12 octobre 7h00, Truyen sort de l’aéroport et n’en croit pas ses yeux. Elle voit devant elle ses parents, ses deux frères et sa petite sœur qu’Alliance Anti Trafic a amenés. Elle se jette dans leurs bras, tout le monde fond en larmes !

13 octobre, centre de réinsertion d’Alliance-Anti Trafic Vietnam. Truyen est heureuse, elle a passé toute la nuit à parler avec sa famille. Quyen vient ensuite leur expliquer le programme de réinsertion du centre. S’ils le souhaitent, elle y sera hébergée, elle recevra une éducation et apprendra le métier qu’elle aura choisi parmi les deux cents qui lui sont proposés. Truyen n’hésite pas « J’ai toujours rêvé de fabriquer de beaux vêtements ». « Tu iras donc en apprentissage chez Fair Fashion Vietnam où l’on te formera à la couture de haute qualité. »

20 octobre, Truyen arrive à Fair Fashion. « C’est magique, il y a plein de lumières, c’est une grande maison et j’ai le droit d’aller partout. Il y a même une petite fontaine dans l’atelier. Nghi, ma responsable de formation est une grande professionnelle, mais toutes les autres couturières m’ont aussi promis de m’aider. Pendant deux ans, je ne travaillerai pas à la production : je ferai mon apprentissage en confectionnant des vêtements pour mes amies du centre ou pour ma famille. Mais j’ai hâte de réaliser de beaux habits ! »

Deux ans plus tard. Ça y est, Truyen a fini sa formation. Elle est maintenant capable de concevoir des vêtements. Elle est rentrée tous les week-ends dans sa famille. Elle a maintenant le choix. Ou rester à Fair Fashion ou aller travailler ailleurs ou monter son propre atelier au village. Fair Fashion financera son installation. Elle choisit de rester. « Le salaire est très intéressant et je me sens bien ici. Avec 200 USD par mois et 44 heures de travail par semaine, 1 mois de congés payés, une couverture sociale, c’est plus de trois fois ce qu’offrent les grandes entreprises étrangères de marques connues installées au Vietnam. Bien logée dans une grande belle maison pleine de lumière et de fenêtres, je pourrai vraiment aider ma famille. Et il me reste encore beaucoup à apprendre avant de pouvoir égaler Nghi, si j’y arrive un jour. J’irai peut-être m’installer plus tard au village car je sais que Fair Fashion m’aidera à le faire. Mais comme je rentre tous les week-ends et que j’ai des vacances, cela ne me dérange pas. »

« Mon rêve s’est réalisé, maintenant je peux vivre heureuse !



La fin est heureuse ! mais malheureusement il y a beaucoup plus de cas où ça ne se finit pas aussi bien...

Auteur - Marc Blanchard
son site http://www.fairfashionvn.org/

Depuis 1996, AFESIP, Alliance Anti Trafic a sauvé plus de 7000 femmes comme Truyen. Fair Fashion a déjà formé plus de 100 couturières et tailleurs de haut niveau.

source http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/tourisme-sexuel-en-asie-si-63398
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Message  Marco Mer 21 Oct 2009 - 15:42

Une histoire qui fini très bien pour la petite , touchant . Il était des milliers de fois ! 885944
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