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Birmanie - le cercle vicieux d'une paranoîa d'état

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Birmanie - le cercle vicieux d'une paranoîa d'état Empty Birmanie - le cercle vicieux d'une paranoîa d'état

Message  Admin Dim 20 Juin 2010 - 22:00

Depuis presque un demi-siècle, la junte au pouvoir en Birmanie a instauré un climat de peur dans le pays. Il se retourne contre elle aujourd'hui.

La célèbre phrase de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, « la peur est une habitude », se révèle être plus vraie que jamais en Birmanie. Mais cette fois, la peur que la junte a engendré auprès de sa propre population se retourne contre les militaires eux-mêmes.

Comme l’explique celle qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1991, les Birmans sont « conditionnée à vivre dans la peur : ils ont peur de perdre leurs amis, leur liberté, leur moyens de subsistance. Au fond, ils ont peur de perdre ce qu’ils ont ou de perdre la possibilité d’acquérir ce dont ils ont besoin pour vivre des vies décentes». Cette suspicion généralisée et ce manque de confiance de la population ont été intériorisé par les militaires, qui l'ont transformé en une peur maladive de perdre le pouvoir et ses prérogatives.

Autoritarisme militaire et isolationnisme paranoïaque
Depuis l’ère Ne Win, les généraux ont fait preuve d’une méfiance et d’une peur pathologiques de tout ce qui vient de l’extérieur. Cette paranoïa n’est pas seulement due à leur désir saugrenu de s’agripper au pouvoir. Submergés par le sentiment d’être entourés de forces hostiles, ils mènent une politique isolationniste supposée leur apporter une certaine sécurité.

Le transfert de la capitale à Naypitaw, une ville créée de toutes pièces dans la jungle en 2002, constitue le premier signe montrant le sentiment d’insécurité qui a émergé au sein de la junte. Des experts tentent d’expliquer les raisons de ce changement de capitale par une combinaison d’éléments : une volonté de retour à la tradition royale ; un moyen de s’isoler en cas de soulèvement populaire ; une réponse à un sentiment d’insécurité né après l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis, en 2003. Il est en effet toujours fortement probable que la junte considère une invasion étrangère possible, notamment commandée par la CIA.

Des tunnels « made in » Corée du Nord
Les généraux ont atteint un tel niveau de paranoïa et de peur des « autres » (ces « autres » venant aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur du pays) qu’ils en sont venus à construire un réseau de tunnels chargés de leur servir de refuge, en cas d’urgence.

Bertil Lintner, spécialiste de la Birmanie, en a révélé l’existence il y a un an. La Corée du Nord aurait aidé la junte à la construction de ces « bunkers », d’abord autour de Naypitaw. Les travaux auraient débuté en 2003 et les tunnels devraient être aujourd’hui prêts à l’utilisation. « Des techniciens nord-coréens les ont aidé a construire ces infrastructures souterraines où les généraux pourraient survivre à une quelconque menace provenant de la population ou de l’extérieur », affirme Bertil Lintner.

L'aide de Pyongyang à la Birmanie a été révélée en 2006, grâce à l’interception par des agences de renseignement d’un message venant de Naypitaw confirmant l’arrivée d’un groupe d’experts nord-coréens sur le site.

Ces tunnels, qui se trouvent à 40 mètres sous terre et offrent des installations comme l’électricité, la ventilation et l’eau courante, sont caractéristiques de l’expertise nord-coréenne en la matière.

La peur, un cercle vicieux

Parfait exemple d’un système dictatorial, le régime militaire birman repose sur l’instauration d’un « Etat de la peur » qui muselle les individus dans tous les aspects de leur vie quotidienne et fait taire les voix dissidentes. La peur et la paranoïa des leaders accentuent la pression et l’emprise du régime sur la population et sur les dirigeants de l’armée eux-mêmes.

Cette peur réciproque est enfin exacerbée par une population admettant facilement son insatisfaction face au pouvoir militaire. Les Birmans sont fatigués de la répression politique, de l’usage généralisée du travail forcé et de l’incapacité du régime à gérer l’économie du pays. Enfin, alors que les premières élections organisées en Birmanie depuis 20 ans sont prévues à la fin de l’année, les critiques internationales se font de plus en plus virulentes contre la junte.

Les militaires, qui craignent une chute vertigineuse et irrémédiable de leur pouvoir, s’y agrippent tant bien que mal. En construisant ces tunnels, les généraux ne font que souligner le degré d’insécurité qu’ils ressentent. Ils sont piégés, victimes du cercle vicieux de la peur qu'ils ont instaurée dans le pays.

source http://societemonde.suite101.fr/article.cfm/la-peur-est-une-habitude--pour-les-generaux-birmans-aussi?sms_ss=facebook
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