l'esprit voyageur en asie du sud-est
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -15%
(Adhérents) LEGO® Icons 10318 Le Concorde
Voir le deal
169.99 €

Sud de la Thaïlande: la mort d'un détenu relance le débat sur l'impunité

Aller en bas

Sud de la Thaïlande: la mort d'un détenu relance le débat sur l'impunité Empty Sud de la Thaïlande: la mort d'un détenu relance le débat sur l'impunité

Message  Admin Lun 5 Juil 2010 - 11:04

Sulaiman a été vu pour la dernière fois par ses parents lorsqu'il a été emmené en mai par des soldats qui l'accusaient de participer à la rébellion séparatiste musulmane dans l'extrême sud de la Thaïlande.

"Après une semaine de détention, il nous l'ont ramené mort", raconte sa mère, Maetsoh Naesa.

L'armée a affirmé que le jeune homme de 25 ans, ouvrier du bâtiment, s'était pendu le 30 mai dans sa cellule de la base militaire de Pattani, l'une des quatre provinces du royaume proches de la Malaisie, gangrenées depuis 2004 par un conflit oublié qui a fait plus de 4.100 morts.

Mais sa famille pense qu'il a été torturé, peut-être à mort. Et s'appuie sur des photos de l'Association des jeunes musulmans de Thaïlande, une ONG locale, montrant des blessures au dos et au cou, du sang coulant de ses parties génitales et des marques noires sur le corps.

C'est le premier décès en détention dans la région depuis 2008 lorsque l'imam Yapa Kaseng était décédé après avoir été battu pendant un interrogatoire, dans la province voisine de Narathiwat.

C'est aussi un nouveau signal d'alarme du cycle de violences qui prévaut dans une région soumise à l'état d'urgence depuis bientôt cinq ans, à quelques heures de plages idylliques.

La population de la région, rattachée à la Malaisie jusqu'au début du 20e siècle, est très majoritairement d'ethnie malaise et de confession musulmane, contrairement au reste de la Thaïlande, essentiellement bouddhiste.

Et une nébuleuse de groupes rebelles a entrepris de lutter, armes à la main, contre la domination de Bangkok. Ils attaquent sans distinction femmes et enfants, bouddhistes et musulmans modérés, civils et militaires, commettant les pires sévices tels que décapitations et crucifixions.

Dans leur lutte pour réprimer la rébellion, les autorités, dans le cadre de l'état d'urgence, autorisent l'armée à détenir des suspects sans mandat d'arrêt ni inculpation et laissent opérer des milices de volontaires bouddhistes. Inlassablement, les protagonistes se vengent des exactions de l'adversaire.

"Dans le sud prévaut un cycle de violence et d'impunité qui vient des deux côtés. Les insurgés comme les forces de sécurité alimentent ce cycle", estime Sunai Phasuk de l'organisation Human Rights Watch (HRW).

Les autorités ont affirmé aux parents de Sulaiman qu'il était impliqué dans une douzaine d'attentats et de fusillades. Le colonel Banphot Poopien, porte-parole de l'armée, a assuré qu'"aucune technique ni instrument de torture n'avait été utilisé pendant son interrogatoire".

Les parents de Sulaiman, eux, décrivent un "homme normal" qui ne s'absentait que pour travailler, voir des amis et pêcher. Ils n'ont pas touché aux sacs de riz offerts en compensation de son décès et n'utiliseront pas l'aller-retour gratuit pour un pèlerinage à la Mecque.

"Nous sommes démunis face au pouvoir et personne ne nous soutient. Bien sûr, nous avons besoin de justice, notre fils est mort à cause de l'armée", déplore sa mère.

HRW relève qu'aucun militaire n'a jamais été sanctionné dans cette région, pas plus dans l'affaire de l'imam que celle de la mort de 80 manifestants musulmans en 2004, la plupart étouffés après avoir été entassés pendant des heures dans des camions.

La semaine dernière, neuf personnes dont six soldats, ont été tuées en 24 heures dans plusieurs incidents. Les organisations de défense des droits de l'homme attribuent ce regain de violence à la possible volonté des insurgés de venger la mort de Sulaiman.

Ses parents, eux, veulent imaginer un autre avenir. "Nous espérons qu'il soit le dernier à connaître pareil sort", résume son père, Cheakwae Naesa.

source http://www.lepoint.fr/monde/sud-de-la-thailande-la-mort-d-un-detenu-relance-le-debat-sur-l-impunite-05-07-2010-1211145_24.php
Admin
Admin
Admin

Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum