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Jakarta, une capitale au bord de l’apoplexie

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Jakarta, une capitale au bord de l’apoplexie Empty Jakarta, une capitale au bord de l’apoplexie

Message  Admin Jeu 23 Sep 2010 - 8:56

Avec ses trente millions d’habitants, la capitale indonésienne et sa périphérie constituent un monstre urbain engorgé de véhicules. A tel point que les citadins passent la plus grande partie de leur journée dans la circulation

Tous les spécialistes de l’aménagement urbain le disent : en 2014, Jakarta sera complètement congestionnée. On ne circulera plus qu’à la vitesse d’un piéton. D’autant qu’avec l’incompétence des décideurs, l’indécision des dirigeants, la course au profit et l’économie souterraine, il est improbable que le métro, le monorail, les voies express aériennes et le “double track” (circulation à double voie, dont une réservée aux bus et aux taxis) à l’état de projet fonctionnent en 2014. Actuellement, on circule à une vitesse moyenne de 20 kilomètres à l’heure, pour huit à dix heures d’embouteillages quotidiens, si bien que les habitants de la capitale passent 60 % de leur temps éveillé dans la circulation. Jakarta n’est plus une ville où il fait bon habiter, travailler, faire des affaires, se divertir ni tisser des réseaux sociaux et culturels.

Il existe plusieurs causes à ces embouteillages. Premièrement, l’augmentation du nombre de véhicules, bien plus rapide que la croissance du réseau routier. Le centre de management de la circulation de la police municipale a enregistré en 2009 plus de 2 millions de voitures individuelles, 859 692 bus publics et 7,5 millions de motos. Deuxièmement, l’état déplorable des transports en commun. Au-delà du fait qu’ils ne sont ni sûrs ni confortables, ils sont incapables d’absorber le flot croissant de passagers. La moto est devenue par la force des choses le moyen de transport alternatif des citadins, alors que les rues de Jakarta ne sont pas aménagées pour les deux-roues. Troisièmement, une planification urbaine complètement chaotique. Quatrièmement, une absence totale de système de régulation de la circulation. Cinquièmement, l’apparition de dictateurs du volant qui, avec insolence, coupent la voie à tout le monde. Tant et si bien que les rues de Jakarta deviennent de plus en plus un terrain d’affrontements et de conflits.

On est certes en train de construire des voies express aériennes au-dessus de plusieurs grands axes de circulation de la capitale ainsi qu’une autoroute qui va relier Jakarta et “Bodetabek” (diminutif des quatre villes satellites : Bogor, Depok, Tangerang et Bekasi). Mais aucun réseau routier urbain, aussi vaste soit-il, ne peut absorber le trafic des citadins qui circulent avec leur véhicule. Plus on construit de routes, plus le flot augmente, car la ville, avec son énorme potentiel économique, est un immense réservoir de voitures. A la vue de toutes ces analyses, il semble qu’il n’y ait aucune solution aux embouteillages monstres de Jakarta. En réalité, la vraie cause du problème est ailleurs.

La faute n’est ni au système de transport, ni à la police, ni aux agents de la circulation. Ni même aux usagers. La faute est à notre incapacité persistante à surmonter le fossé entre villes et villages ainsi que le déséquilibre du développement économique entre l’ouest et l’est de l’Indonésie, en particulier entre Java et les autres îles. Ce déséquilibre n’est pas nouveau. En 1975, les provinces de l’ouest de l’Indonésie (KBI) concentraient 84,6 % du PIB, dont 46,7 % sur l’île de Java, qui représente seulement 9 % de la superficie de l’archipel mais où vit 63,2 % de la population. Plus de trente ans plus tard, la suprématie de Java est encore plus évidente, avec 57,9 % du PIB concentrés essentiellement à Jakarta, à Java-Est et à Java-Ouest. En 2008, le secteur agricole a connu une croissance de seulement 4,8 %, bien inférieure à celle du secteur des transports et des communications, de celui des énergies et de l’eau, ou du secteur financier. Le secteur agricole ne contribue qu’à hauteur de 14,4 % au PIB, alors qu’il emploie 43 % de la population active du pays. En conséquence, les campagnes abritent de plus en plus de pauvres. En 2010, 64,23 % des Indonésiens pauvres vivent dans les villages, contre 63,35 % en 2009. Les régions urbaines prospères attirent des millions de gens éduqués originaires de ces zones rurales qui en deviennent encore plus désaffectées. La course au progrès économique des régions développées ne provoque aucun effet de diffusion des richesses. Elle ne fait au contraire que pomper les ressources économiques des zones pauvres et concentrer les richesses. Tel est le véritable visage des embouteillages de Jakarta.

source http://www.courrierinternational.com/article/2010/09/17/jakarta-une-capitale-au-bord-de-l-apoplexie

Repère
Le problème des embouteillages à Jakarta est devenu une priorité nationale, a déclaré le président d’Indonésie. Il a annoncé qu’il travaillait depuis plusieurs mois avec une équipe d’experts qui proposeraient aux citoyens trois options. 1) Le statu quo avec un développement massif des transports en commun. 2) La création d’une nouvelle capitale administrative comme Brasília, Canberra ou La Haye. 3) Le déplacement du gouvernement et de ses institutions dans cette ville nouvelle tout en conservant Jakarta comme capitale, comme l’a fait la Malaisie en 1995 en construisant Putrajaya. Le président d’Indonésie a précisé qu’il s’agissait là d’un choix “historique” à prendre sans tarder, car une bonne décennie sera nécessaire pour la construction d’une cité dont l’emplacement n’a pas encore été fixé.
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