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Birmanie: Crimes de guerre contre des prisonniers utilisés comme porteurs

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Message  thanaka Mer 13 Juil 2011 - 6:13

Birmanie: Crimes de guerre contre des prisonniers utilisés comme porteurs 2005_Burma_ConvictPorters

Le recours abusif et systématique au travail des détenus doit faire l’objet d’une enquête des Nations Unies

diaporama http://www.hrw.org/en/features/burma-war-crimes-against-convict-porters

(Bangkok, le 13 juillet 2011) - Les abus commis par l'armée birmane envers des prisonniers contraints à servir de porteurs sur le front dans des conditions très dangereuses constituent des crimes de guerre, ont déclaré Human Rights Watch et l'association Karen Human Rights Group (Groupe Karen pour les droits humains) dans un rapport commun publié aujourd'hui.

Le rapport de 70 pages, intitulé « Dead Men Walking: Convict Porters on the Front Lines in Eastern Burma » (« Au péril de leur vie : Les détenus utilisés comme porteurs sur les lignes de front de l'est birman »), expose en détails les exactions dont les porteurs sont victimes : exécutions sommaires, torture, et l'utilisation des détenus comme « boucliers humains ». L'armée devrait cesser de recruter de force des prisonniers comme porteurs et de les maltraiter, et les responsables qui ordonnent de telles pratiques ou y participent devraient être poursuivis en justice, ont souligné les deux associations.

« Les prisonniers utilisés comme porteurs sont pour l'armée birmane des bêtes de somme remplaçables à volonté, qui transportent du matériel au travers de champs de bataille truffés de mines », a affirmé Elaine Pearson, directrice adjointe pour l'Asie chez Human Rights Watch. « Contraindre les prisonniers à servir en première ligne au péril de leur vie, c'est un cran supplémentaire franchi dans la cruauté de l'armée birmane. »

Compte tenu du refus de longue date du gouvernement birman d'enquêter sur les exactions commises par ses propres soldats, les gouvernements étrangers préoccupés par ces exactions devraient soutenir la création d'une commission d'enquête placée sous l'égide des Nations Unies, concernant les violations du droit international humanitaire et des droits humains en Birmanie.


Le rapport s'appuie sur 58 entretiens menés avec des prisonniers employés comme porteurs qui ont pu s'échapper, après avoir servi lors d'opération militaires dans l'État Karen et la région de Pegu de 2010 à 2011. Les prisonniers porteurs ont décrit les exécutions sommaires, les actes de torture et les passages à tabac dont ils ont été les témoins ou les victimes, ainsi que la façon dont ils ont été utilisés comme « boucliers humains » pour déclencher des mines ou protéger les soldats contre des tirs. Ils ont également raconté qu'on leur refusait tout traitement médical, de même qu'une nourriture suffisante et un logement adapté.

« Nous étions en train de transporter des provisions au camp, quand un porteur a marché sur une mine et perdu sa jambe », a raconté un porteur qui a pu s'échapper. « Les soldats l'ont laissé là, il hurlait, mais personne ne l'a aidé. Quand on est redescendu de la montagne, il était mort. J'ai levé les yeux et j'ai vu des lambeaux de ses habits dans les branches, et un morceau de sa jambe dans un arbre. »

Les porteurs interviewés étaient des hommes de 20 à 57 ans, condamnés pour des motifs allant du délit mineur au crime aggravé. Les autorités pénitentiaires ont sélectionné ces hommes parmi des groupes de 30 à 150 détenus par prison, choisis apparemment au hasard dans des centres de détention de tout le pays, y compris des camps de travail, des prisons de haute sécurité et des prisons locales. Les détenus ont été amenés dans des zones de transit où étaient rassemblés entre 500 et 700 prisonniers, qui ont ensuite été affectés à différentes unités de l'armée birmane. Une fois transférés sur le front, ils ont été maintenus en service pour une durée indéterminée, dans des conditions inhumaines et dangereuses, et sans percevoir de rémunération. Aucun des détenus interrogés ne s'était porté volontaire pour cette mission.

« La pratique barbare consistant à utiliser des détenus comme porteurs est un trait marquant du conflit armé en Birmanie depuis au moins 20 ans, exposant ces prisonniers aux risques du conflit armé au mépris total de leur sécurité », a déclaré Poe Shan, directeur de l'association Karen Human Rights Group. « L'armée force également d'autres civils à travailler comme porteurs, mais dans la mesure où ceux-ci fuient souvent les zones de conflit, le recours aux prisonniers reste de mise. »

Les deux associations ont souligné que l'utilisation de détenus comme porteurs n'est en aucun cas une pratique isolée, localisée, ou une dérive de quelques unités ou commandants : on dispose depuis 1992 d'informations crédibles attestant de sa persistance. Les autorités birmanes ont déjà reconnu par le passé l'existence de telles pratiques, mais ont prétendu que les prisonniers n'étaient pas exposés aux hostilités.

L'Organisation internationale du Travail (OIT) a interpelé le gouvernement birman à plusieurs reprises depuis 1998 sur la question des prisonniers utilisés comme porteurs, mais le problème persiste, tout particulièrement en période d'opérations militaires offensives de grande ampleur. Malgré le travail remarquable mené par l'OIT pour lutter contre le travail forcé dans le centre de la Birmanie, le recours par l'armée au travail forcé des civils et des détenus comme porteurs dans les zones de conflit ethniques ne montre aucun signe de diminution, selon les deux associations.

« De récents témoignages d'anciens détenus utilisés comme porteurs indiquent que les méthodes abusives de l'armée birmane n'ont pas évolué depuis le simulacre d'élections de l'année dernière », a affirmé Poe Shan. « Le traitement brutal réservé aux porteurs n'est qu'une des nombreuses facettes des atrocités commises par l'armée à l'encontre des civils dans les zones de conflit ethnique. »
Depuis l'obtention de l'indépendance en 1948, le gouvernement birman a eut recours à des tactiques anti-insurrectionnelles particulièrement brutales à l'encontre des minorités ethniques. Parmi ces tactiques figurent notamment l'attaque délibérée de villes et villages peuplés de civils, le déplacement et la réinstallation forcée des populations à très grande échelle, la torture, les exécutions extrajudiciaires, le viol et d'autres violences sexuelles contre les femmes et les jeunes filles, et le recours aux enfants soldats. Des groupes ethniques armés ont également été impliqué dans des exactions telles que l'utilisation aveugle des mines terrestres, le travail forcé des civils, et le recrutement d'enfants soldats. Ces abus ont suscité des appels de plus en plus pressants pour créer une commission d'enquête des Nations Unies afin d'examiner les allégations de longue date dénonçant des violations du droit international humanitaire et des droits humains en Birmanie.
Human Rights Watch et Karen Human Rights Group ont établi que de graves exactions équivalant à des crimes de guerres sont perpétrées avec la complicité, ou à la connaissance de responsables civils et militaires de haut-rang. Les officiers et les soldats commettent des atrocités en toute impunité. Des enquêtes crédibles, impartiales et indépendantes sont nécessaires pour faire la lumière sur les graves violations commises par toutes les parties aux conflits armés internes de la Birmanie, selon les deux organisations.

Les deux associations ont pressé les 16 pays qui se sont déjà prononcés en faveur d'une commission d'enquête placée sous l'égide des Nations Unies de faire figurer la création d'une telle commission dans la prochaine résolution de l'Assemblée Générale de l'ONU sur la Birmanie.

« L'ASEAN et les gouvernements de l'Union Européenne devraient arrêter d'espérer que les choses vont s'améliorer comme par magie en Birmanie, et feraient mieux de plaider avec fermeté pour une commission d'enquête de l'ONU », selon Elaine Pearson. « Chaque jour qui passe sans que la communauté internationale n'agisse, est un nouveau jour où l'armée birmane peut contraindre d'autres porteurs à servir au péril de leur vie. »

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Témoignages de détenus employés comme porteurs qui se sont échappés :
Tous les noms utilisés sont des pseudonymes.

« Le 20 décembre 2010, ils [les responsables de la prison] ont appelé des noms, les uns après les autres [à la prison de Pya, dans la région de Pegu]. Ils nous ont ordonné de nous mettre en ligne et nous ont dit qu'on allait faire porteurs. Je ne savais pas ce que ça voulait dire, 'porteur'. Je n'en avais jamais entendu parler. [La police] a emmené 25 personnes dans un camion. Ils ont bâché entièrement le camion. On ne voyait rien de ce qui se passait dehors. On avait parfois du mal à respirer. On devait porter des uniformes de prisonniers, et ils nous ont enchaîné les jambes, deux par deux."

- «Kyaw Min», ancien prisonnier porteur, janvier 2011

« Je me suis sauvé avec deux autres prisonniers vers 10 heures du soir. En chemin, on s'est fait attraper par des soldats d'une autre unité, vers 1 heure du matin. Ces quatre soldats nous ont frappés avec des grands bâtons, partout sur le corps. Les soldats m'ont attaché les mains dans le dos, et m'ont liés les chevilles en maintenant mes jambes étirées bien droites. L'un des soldats a pris un gros bambou et m'a violemment frotté les tibias avec pendant une heure. Il y avait cinq ou sept soldats, à ce moment-là, et ils étaient complètement saouls. Ils voulaient savoir pourquoi on étaient partis, et on leur a dit qu'on avait peur. Ils se sont fâchés, en disant ‘Tu n'aimes pas ton pays alors ?' Un sergent est arrivé et m'a hurlé dessus : ‘Si tu essaies encore de t'échapper, je te tues !' ».

- «Tun Mok», ancien prisonnier porteur, février 2011

« Le jeune garçon leur a dit [aux soldats birmans], ‘Si je me sauve vous allez me tirer dessus'. Ils ont répondu ‘Non, on ne va pas te tuer. Tu peux y aller'. Ils ont ordonné au type de se mettre à courir. Au moment même où il s'engageait dans la descente vers la gorge, ils lui ont tiré dans le dos. Et ils nous ont dit, ‘Vous voyez ce qui se passe les gars ? Si vous n'êtes pas capable de grimper, on vous tuera.' On avait très peur. »

- «Matthew», ancien prisonnier porteur, janvier 2011

« Les soldats nous ont dit le soir qu'il y avaient beaucoup de combats dans la montagne, et qu'on aurait de la chance si on était encore en vie la nuit suivante. On est tous mort, j'ai pensé. Vivant ou mort, ici ça revient au même. Alors 15 d'entre nous ont décidé de s'échapper. On a traversé la rivière vers la rive côté thaïlandais. On a entendu les sit-tha [les soldats birmans] qui criaient, ‘Ne vous sauvez pas ! Ne vous sauvez pas !' Je me suis retourné pour regarder et j'ai été touché par la première balle. Ils nous ont tirés dessus quatre fois, il me semble. La balle m'a atteint à l'épaule droite et m'a brisé le bras. Ça m'a projeté au sol. Sur le coup j'étais complètement étourdi, les autres, ils se sont simplement sauvés. »

- « Tun Tun Aung», ancien prisonnier porteur, février 2011

http://www.hrw.org/fr/news/2011/07/12/birmanie-crimes-de-guerre-contre-des-prisonniers-utilis-s-comme-porteurs
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