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Birmanie - L’Ayeyarwady, la voie sacrée du Bouddha

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Birmanie - L’Ayeyarwady, la voie sacrée du Bouddha Empty Birmanie - L’Ayeyarwady, la voie sacrée du Bouddha

Message  Admin Mer 27 Juil 2011 - 6:31

Pagodes, sanctuaires, monastères... La religion est omniprésente le long des rives du grand fleuve birman. Navigation sur les pas du «Grand Sage»


Le long des berges, une kyrielle de bateaux à l’accostage. Les uns chargés de pastèques, les autres de jarres en provenance des villages alentour. Des camions hors d’âge tentent de se frayer un chemin entre des citernes de mélasse et des bataillons de porteurs. Un peu plus loin, les lavandières tapissent le dallage de la rive de linge bigarré. Il est 8 heures du matin et l’activité déjà frénétique dans le port de Mandalay, la deuxième ville du pays, qui s’étale sur près de deux kilomètres le long de l’Ayeyarwady. L’Ayeyarwady, le fleuve sacré que les Anglais avaient appelé Irrawady parce qu’ils n’arrivaient pas à prononcer le mot birman. Navigable sur près de 1 400 kilomètres, des contreforts de l’Himalaya jusqu’à la mer d’Andaman dans l’océan Indien, il est à la Birmanie ce que le Nil est à l’Egypte : la principale voie de communication, le creuset de la civilisation. Surtout, il témoigne de l’omniprésence de la religion. Ici, le bouddhisme modèle le paysage et rythme le temps des villes et des campagnes. La junte au pouvoir l’a d’ailleurs compris, qui laisse une totale liberté de culte aux Birmans – la seule sans doute dans ce pays cadenassé. Cela n’a pas empêché, le 26 septembre 2007, 10 000 bonzes de défiler pacifiquement contre la dictature. Les autorités ont réprimé la manifestation. Bilan : une dizaine de morts.

Radeaux de bambous
4 h 30 du matin. L’heure de la toilette du Bouddha à la pagode Mahamuni, le sanctuaire le plus sacré de Mandalay. Inlassablement, les desservants du temple passent et repassent un chiffon imbibé d’eau parfumée sur le visage poupin du «Grand Sage». Dès l’aube, les fidèles se succèdent dans la chapelle pour apposer sur la statue de minces feuilles d’or avec une fébrilité palpable. A force d’être ainsi choyé, le vénéré Bouddha présente d’ailleurs des formes disgracieuses. D’aucuns prétendent ici qu’en l’espace d’un siècle il aurait épaissi d’une quarantaine de centimètres… A l’extérieur de la chapelle, des pèlerins venus souvent des endroits les plus reculés du pays déposent déjà leurs offrandes. Ils ont revêtu leurs plus beaux habits pour la circonstance. Dans la cour, d’autres agenouillés prient pour que leurs maux se dissipent. Car à Mahamuni, le dieu a des dons de guérisseur…
Sagaing, à quelques encablures au sud de Mandalay sur la rive opposée. C’est une des anciennes capitales royales. Mais, aujourd’hui, seule la ferveur religieuse semble avoir résisté au temps. L’arrivée par le fleuve, au petit matin, a quelque chose de magique. Les coupoles dorées des stupas accrochés à flanc de collines surgissent au milieu d’une végétation dense de tamariniers, frangipaniers et autres manguiers. Perchée sur une crête, au sommet d’un interminable escalier, la pagode Sun U Ponya Shin monte la garde. Elle offre un panorama exceptionnel sur l’Ayeyarwady où dérivent des trains flottants de radeaux de bambous contraints de slalomer entre les bancs de sable. Sur la promenade qui longe la rive, des moines drapés de leur robe couleur pourpre, le bol à aumône laqué noir serré contre le ventre, s’en vont quérir le riz du déjeuner traditionnellement offert par leurs concitoyens. C’est le rituel du matin. Immuable. En pleine ville ou dans les villages, les moines, jeunes et moins jeunes, seuls ou en procession, partent nus pieds à la recherche de leur pitance. Ce déjeuner, unique repas de la journée, doit impérativement être pris avant midi. La coutume impose à tous les jeunes garçons birmans de passer au moins une semaine dans un monastère ; le temps de recevoir un minimum d’éducation religieuse. Généralement, ils y retournent vers l’âge de 20 ans pour une période plus longue, quand ce n’est pas pour y rester la vie entière…
Anciennes bâtisses coloniales
Le voyage se poursuit, et on a l’impression que le pays entier est accroché aux berges du fleuve. D’innombrables pagodes bâties de chaque côté de l’Ayeyarwady témoignent à chaque instant de la grande dévotion des Birmans. On approche désormais de Bagan, à une journée de bateau de Sagaing, au sud. Le soleil levant caresse la façade ocre du temple de Dhammayangyi, le plus grand édifice d’un site qui en compte plus de… 3 000. La plaine de Bagan, qualifiée à juste titre de 8e merveille du monde est inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité. Elle se découvre depuis la plateforme de la pagode Shwe San Daw : un océan de temples et de stupas construits entre le XIe et le XIIIe siècle qui dessinent un horizon improbable.
Quittant le fleuve, il faut une bonne dizaine d’heures pour avaler les 400 kilomètres d’une route chaotique et désertique qui relie Bagan à Pyay, dans la vallée de l’Ayeyarwady. Un voyage rythmé par de multiples scènes de donations. A l’entrée des agglomérations, des adolescentes enthousiastes brandissent un récipient argenté en direction des automobilistes. En cette fin de journée, le chef du village de Gwe Pin jubile. La quête du jour s’avère particulièrement fructueuse. Pas moins de 35 000 kyats – environ 20 euros. Alors qu’il s’évertue à rallumer son cheroot (le cigarillo birman), il explique que cet argent va permettre d’acheter des briques pour construire un petit pavillon à côté de la pagode. Ainsi, le bonze sera au calme pour converser avec Bouddha…
La ville de Pyay, blottie dans un coude du fleuve, est la porte d’entrée du delta, le grenier à riz du pays. En une journée, en longeant les rizières, on rallie le grouillant port fluvial de Pathein, réputé pour ses ombrelles. Sur la rivière éponyme, les embarcations ne semblent jamais s’arrêter. Pas plus que les rickshaws qui vont et viennent sur Strand Road croulant sous des charges démentielles. Du monastère coincé entre le bureau des douanes et le marché central parvient le bourdonnement des moines en prière. Sur les quais, dans la chaleur moite, des dockers au torse couvert de sueur font la navette entre les bateaux et d’anciennes bâtisses coloniales aux murs lépreux converties en entrepôts. Le ferry Balakyaw-Klaung, un trois-ponts de fabrication chinoise ne partira qu’à 17 heures pour Yangon, (ex-Rangoun). Mais beaucoup de passagers sont venus tôt pour pouvoir bénéficier d’un transat fatigué. Des tonnes de marchandises des plus hétéroclites vont être progressivement embarquées à bord. Bientôt, c’est une véritable ville flottante qui lèvera l’ancre. Une sorte d’autobus du delta avec pas moins de quatre arrêts programmés sur sa route.
Projecteur.
Depuis le poste de pilotage, des haut-parleurs au bord de l’asphyxie crachent le dernier tube du chanteur Lay Phyu repris en cœur par une grande partie des passagers. Dans la nuit d’encre, le Balakyaw-Klaung glisse sur les eaux du delta, silencieux, un projecteur braqué sur la rive pour éviter les innombrables pirogues de pêcheurs repérables à leur dérisoire lumière rouge. A 7 heures du matin, le puissant coup de corne à l’approche de Maubin aura raison du sommeil des derniers résistants. Quelque cinq heures plus tard, au milieu des buildings la pagode Shwedagon se dévoile enfin, impériale. Elle veille sur Yangon tel un génie tutélaire. Cet immense stupa qui scintille de tous ses ors est le sanctuaire bouddhique le plus sacré du pays. Au crépuscule, sur son parvis envahi par une noria de fidèles, il règne une atmosphère irréelle, indéfinissable. Partout des hommes et des femmes en prière, les mains jointes et les yeux fermés face à des statues de Bouddha. D’autres brûlent des cierges à l’entrée d’un pavillon ou déposent des offrandes sur l’autel d’un oratoire. Dans une débauche d’or qui magnétise le regard, des pèlerins passent et repassent, aériens, dans ce décor qui semble appartenir à un autre monde. Celui du Bouddha..

http://voyageorigine.liberation.fr/grandes-destinations/l-ayeyarwady-la-voie-sacree-du-bouddha
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