En Birmanie, les jeunes militants ne se cachent plus
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En Birmanie, les jeunes militants ne se cachent plus
RANGOUN (AFP) - Beaucoup des soubresauts politiques qui ont secoué la Birmanie par le passé ont été le fait des jeunes générations, souvent prêtes à s'investir malgré les dangers. Alors à l'heure où l'espace s'ouvre et les langues se délient, les militants ne se cachent plus.
Au fur et à mesure que le gouvernement, qui a succédé à une junte en mars dernier, confirme sa volonté d'ouverture et que la crainte de la répression s'atténue, les jeunes Birmans goûtent aux plaisir de l'engagement. Avec d'autant plus de ferveur que se rapprochent les élections partielles du 1er avril.
C'est le cas de Thuzar Lwin, 25 ans, membre depuis 2007 de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de l'opposante Aung San Suu Kyi. Comme beaucoup d'autres, elle donne de son temps au siège de la LND, dont les cadres, surnommés les "oncles", ont tous plus de 80 ans.
"J'ai adhéré parce que je voulais me battre pour la vérité", explique cette diplômée de zoologie en mettant à jour les listes de membres avec les militants détenus récemment amnistiés.
"C'est bon signe, ce qui se passe. Il faut continuer dans cette voie".
En 1988, les étudiants de Rangoun avaient déclenché ce qui était devenue la plus grande révolte de l'histoire du régime militaire. La répression avait fait jusqu'à 3.000 morts, et les universités avaient été placées sous haute surveillance.
En 2007, la "révolte Safran" avait été cette fois initiée par les moines bouddhistes. Mais les militants de 1988 ne s'étaient pas fait prier pour les rejoindre. Et beaucoup ne sont sortis que tout récemment de prison.
Mais Min Ko Naing, 49 ans, considéré comme le grand leader de 1988, a constaté que sa popularité n'en avait pas souffert. Il a été accueilli par une foule en liesse à sa sortie mi-janvier, et a promis à ses partisans de continuer à se battre.
Dans ce contexte, le renouvellement des générations semble une évidence. "Nous, les anciens étudiants du mouvement de 1988, nous ne sommes plus tout jeunes. Alors nous essayons de travailler avec la jeune génération", explique Myo Nyunt, 46 ans, un des porte-parole des Jeunes de la LND.
Beaucoup, instinctivement, se tournent vers la Ligue, dont la fer de lance et lauréate du prix Nobel de la paix se présente aux élections d'avril, et a mobilisé dimanche des dizaines de milliers de personnes lors d'un voyage dans la ville côtière de Dawei (sud).
Mais d'autres tentent l'aventure en toute indépendance, comme Generation Wave, un mouvement clandestin créé après la révolte Safran et qui s'est fait connaître à travers la musique et la poésie.
Bo Bo, un étudiant en anglais de 23 ans, a quitté l'université en 2008 en rejoignant le mouvement, par peur des représailles.
"Je voulais agir pour mon pays", explique-t-il. En 2007, les militaires "s'en sont pris aux moines qui protestaient pacifiquement, ça m'a vraiment révolté et cela m'a encouragé à m'engager".
Avec ses compagnons de lutte, il organise désormais conférences et campagnes. "Nous ne voulons pas former un parti", explique-t-il, tout en affirmant "essayer de travailler avec certains partis politiques et leur soumettre des suggestions".
Prudent, il veut attendre un peu de voir comment son pays va tourner pour "décider de la direction" que prendra le mouvement.
En attendant, les élections d'avril offrent une nouvelle occasion d'exprimer un choix politique. Le régime a promis qu'elles seraient "libres et justes" après le scrutin de novembre 2010, marqué par de multiples contestations et qualifié de "mascarade" par l'Occident.
"C'est la 2e fois que je vote", jubile Zar Yar Phyo, 21 ans, étudiant ingénieur, qui n'en espérait pas tant il y a deux ans, lorsque le seul scrutin connu était celui de 1990, au terme duquel la junte avait dénié sa victoire à la LND.
"Ca change plus que jamais en ce moment", se réjouit-il. "Aujourd'hui, je me dis que tout est possible dans mon pays".
Le pouvoir n'est même plus synonyme de peur. "Ils nous soupçonnaient tout le temps. Plus maintenant. Aujourd'hui, nous sommes de nouveau libres".
AFP
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