Thai ou Siam ?
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Thai ou Siam ?
Un nom qui pourrait tout changer
Suppriméeil y a soixante-dix ans au profit de la nation thaïe, l’appellation royaume de Siam revient au goût du jour. Sur fond de violences ethniques et religieuses, elle symbolise mieux la diversité du pays.
La campagne en cours qui vise à redonner à la Thaïlande son ancien nom de Siam a dernièrement bénéficié d’un regain d’attention en raison de la détérioration de la situation dans le Sud profond. En juin, Charnvit Kasetsiri, éminent professeur d’histoire à l’université Thammasat de Bangkok, a relancé sa campagne en faveur du nom Siam, qui reflète mieux la diversité ethnique du pays. Pour lui, l’adoption de l’appellation Thaïlande avait un objectif évident, celui de faire référence à un peuple particulier, censé descendre des Tais, habitant la Chine, et exclure les autres.
En 1939, le gouvernement militaire du maréchal Pibul Songgram a changé le nom du pays, au motif qu’il convenait de lui donner un nom représentatif du plus grand nombre et apprécié de la population. Depuis près de huit siècles, le royaume portait pourtant le nom de Siam. Dans des archives du XIIIe siècle de la cour mongole, figurait l’appellation Hsien, qui s’est transformée progressivement en Siam. Ce changement de nom avait clairement des raisons politiques. Si le Siam est devenu la Thaïlande, c’est parce que Songgram entendait donner une légitimité à son régime despotique. Il souhaitait en particulier prendre ses distances avec la mo narchie absolue qui l’avait précédé. L’histoire a alors été réécrite pour “antidater” le nom de Thaïlande. Ce dernier a été utilisé pour désigner l’ensemble des royaumes passés, en dépit de son anachronisme.
Aujourd’hui, les partisans du retour à l’ancienne appellation assurent que Siam convient mieux tant du point de vue politique qu’ethnique, en raison de la grande diversité ethnique, linguistique et culturelle d’une population riche de plus de cinquante langues et ethnies. Plus important encore, les tenants de cette campagne estiment que le changement de nom pourrait contribuer à apaiser le conflit dans le Sud, une région minée par les affrontements ethniques entre l’Etat central bouddhiste et la minorité musulmane. A ce jour, les violences y ont fait plus de 3 000 morts. En juin, une attaque dans une mosquée s’est soldée par la mort de onze musulmans en pleine prière et une dizaine de blessés [voir CI n° 973 du 25 juin 2009]. Ce massacre rend plus précaire encore un contexte déjà très instable.
Le sud n’a jamais été vraiment intégré à l’état
Selon le professeur Charnvit, le nom de Siam englobe plus largement les différents groupes ethniques qui cohabitent dans le pays. Il pourrait contribuer à l’unité, à l’harmonie et à la réconciliation qui font si cruellement défaut ces derniers temps. Le fait est que les musulmans, majoritaires dans les provinces méridionales, ne se sont jamais sentis thaïs. Cette identité ethnique est depuis longtemps étroitement liée au bouddhisme, la religion nationale [95 % de la population]. En étant thaï, on s’affirme aussi bouddhiste. Depuis l’annexion du royaume [ou sultanat] de Pattani en 1902, les différents gouvernements ont négligé cette région, qui, pour cette raison, est restée la plus pauvre et la moins développée du pays. Au bout du compte, c’est comme si le Sud n’avait jamais été intégré à l’Etat.
Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a récemment annoncé au Parlement que son gouvernement s’apprêtait à allouer au Sud des fonds proportionnels aux besoins réels des habitants. Mais ses détracteurs doutent que des efforts financiers suffisent à résoudre l’incompréhension qui depuis longtemps règne entre l’Etat et les musulmans. En revanche, le changement de nom constituerait une avancée plus marquante vers la reconnaissance de la diversité ethnique et culturelle qui prévaut dans le pays. Il est grand temps que l’Etat reconnaisse la minorité musulmane comme partie intégrante de la population thaïlandaise.
Mais la campagne n’est pas au bout de ses peines. Le chauvinisme des Thaïs a jusqu’à présent fait barrage au processus de réconciliation. De plus, les conservateurs bouddhistes s’opposent au changement de nom au motif que la reconnaissance de la diversité culturelle et ethnique du pays provoquerait l’effondrement d’une nation thaïe fondée sur l’homogénéité ethnique. Si l’on rend justice à l’Histoire, Siam s’impose comme le nom idoine pour le pays. Reste que la dénomination de Thaïlande, aussi controversée soit-elle, a rempli de nombreuses fonctions politiques, notamment celle, pour l’Etat, d’affirmer la suprématie thaïe sur les provinces du Sud.
* Chercheur à l’Institut des études du Sud-Est asiatique, à Singapour.
source http://www.courrierinternational.com/article/2009/07/16/un-nom-qui-pourrait-tout-changer
16.07.2009 Pavin Chachavalpongpun The Irrawaddy
Suppriméeil y a soixante-dix ans au profit de la nation thaïe, l’appellation royaume de Siam revient au goût du jour. Sur fond de violences ethniques et religieuses, elle symbolise mieux la diversité du pays.
La campagne en cours qui vise à redonner à la Thaïlande son ancien nom de Siam a dernièrement bénéficié d’un regain d’attention en raison de la détérioration de la situation dans le Sud profond. En juin, Charnvit Kasetsiri, éminent professeur d’histoire à l’université Thammasat de Bangkok, a relancé sa campagne en faveur du nom Siam, qui reflète mieux la diversité ethnique du pays. Pour lui, l’adoption de l’appellation Thaïlande avait un objectif évident, celui de faire référence à un peuple particulier, censé descendre des Tais, habitant la Chine, et exclure les autres.
En 1939, le gouvernement militaire du maréchal Pibul Songgram a changé le nom du pays, au motif qu’il convenait de lui donner un nom représentatif du plus grand nombre et apprécié de la population. Depuis près de huit siècles, le royaume portait pourtant le nom de Siam. Dans des archives du XIIIe siècle de la cour mongole, figurait l’appellation Hsien, qui s’est transformée progressivement en Siam. Ce changement de nom avait clairement des raisons politiques. Si le Siam est devenu la Thaïlande, c’est parce que Songgram entendait donner une légitimité à son régime despotique. Il souhaitait en particulier prendre ses distances avec la mo narchie absolue qui l’avait précédé. L’histoire a alors été réécrite pour “antidater” le nom de Thaïlande. Ce dernier a été utilisé pour désigner l’ensemble des royaumes passés, en dépit de son anachronisme.
Aujourd’hui, les partisans du retour à l’ancienne appellation assurent que Siam convient mieux tant du point de vue politique qu’ethnique, en raison de la grande diversité ethnique, linguistique et culturelle d’une population riche de plus de cinquante langues et ethnies. Plus important encore, les tenants de cette campagne estiment que le changement de nom pourrait contribuer à apaiser le conflit dans le Sud, une région minée par les affrontements ethniques entre l’Etat central bouddhiste et la minorité musulmane. A ce jour, les violences y ont fait plus de 3 000 morts. En juin, une attaque dans une mosquée s’est soldée par la mort de onze musulmans en pleine prière et une dizaine de blessés [voir CI n° 973 du 25 juin 2009]. Ce massacre rend plus précaire encore un contexte déjà très instable.
Le sud n’a jamais été vraiment intégré à l’état
Selon le professeur Charnvit, le nom de Siam englobe plus largement les différents groupes ethniques qui cohabitent dans le pays. Il pourrait contribuer à l’unité, à l’harmonie et à la réconciliation qui font si cruellement défaut ces derniers temps. Le fait est que les musulmans, majoritaires dans les provinces méridionales, ne se sont jamais sentis thaïs. Cette identité ethnique est depuis longtemps étroitement liée au bouddhisme, la religion nationale [95 % de la population]. En étant thaï, on s’affirme aussi bouddhiste. Depuis l’annexion du royaume [ou sultanat] de Pattani en 1902, les différents gouvernements ont négligé cette région, qui, pour cette raison, est restée la plus pauvre et la moins développée du pays. Au bout du compte, c’est comme si le Sud n’avait jamais été intégré à l’Etat.
Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a récemment annoncé au Parlement que son gouvernement s’apprêtait à allouer au Sud des fonds proportionnels aux besoins réels des habitants. Mais ses détracteurs doutent que des efforts financiers suffisent à résoudre l’incompréhension qui depuis longtemps règne entre l’Etat et les musulmans. En revanche, le changement de nom constituerait une avancée plus marquante vers la reconnaissance de la diversité ethnique et culturelle qui prévaut dans le pays. Il est grand temps que l’Etat reconnaisse la minorité musulmane comme partie intégrante de la population thaïlandaise.
Mais la campagne n’est pas au bout de ses peines. Le chauvinisme des Thaïs a jusqu’à présent fait barrage au processus de réconciliation. De plus, les conservateurs bouddhistes s’opposent au changement de nom au motif que la reconnaissance de la diversité culturelle et ethnique du pays provoquerait l’effondrement d’une nation thaïe fondée sur l’homogénéité ethnique. Si l’on rend justice à l’Histoire, Siam s’impose comme le nom idoine pour le pays. Reste que la dénomination de Thaïlande, aussi controversée soit-elle, a rempli de nombreuses fonctions politiques, notamment celle, pour l’Etat, d’affirmer la suprématie thaïe sur les provinces du Sud.
* Chercheur à l’Institut des études du Sud-Est asiatique, à Singapour.
source http://www.courrierinternational.com/article/2009/07/16/un-nom-qui-pourrait-tout-changer
16.07.2009 Pavin Chachavalpongpun The Irrawaddy
samesame- Localisation : ici et là
Messages : 257
Date d'inscription : 02/06/2009
Re: Thai ou Siam ?
Ce serait en effet une "bonne chose" que de revenir au nom "Siam", çà reviendrait à remettre philosophiquement le pays sur de "bons rails" ...
Mais ce n'est pas çà évidemment qui fera "avancer le train", il faudra rajouter du temps, beaucoup de temps !
NB:
1.Où diable les siamois étaient-ils allés chercher ce concept d'"Etat-Nation" qui, pour ceux qui y correspondent, permet la survie face aux aggressions étrangères ?
2."Reste que la dénomination de Thaïlande, aussi controversée soit-elle, a rempli de nombreuses fonctions politiques, notamment celle, pour l’Etat, d’affirmer la suprématie thaïe sur les provinces du Sud"
Le Sud, lors du changement de nom, n'était absolument pas une préoccupation, ni sur le terrain, ni dans l'esprit des dirigeants ...
3.Une fois de plus, l'auteur de l'article oublie "les chinois" (de Thaïlande), une analyse comparée de leur parfaite intégration au pays et de la non-intégration des "malais" serait intéressante à mon sens !
3bis.Une fois de plus on fait l'amalgame musulman=malais !
http://en.wikipedia.org/wiki/Islam_in_Thailand
Mais ce n'est pas çà évidemment qui fera "avancer le train", il faudra rajouter du temps, beaucoup de temps !
NB:
1.Où diable les siamois étaient-ils allés chercher ce concept d'"Etat-Nation" qui, pour ceux qui y correspondent, permet la survie face aux aggressions étrangères ?
2."Reste que la dénomination de Thaïlande, aussi controversée soit-elle, a rempli de nombreuses fonctions politiques, notamment celle, pour l’Etat, d’affirmer la suprématie thaïe sur les provinces du Sud"
Le Sud, lors du changement de nom, n'était absolument pas une préoccupation, ni sur le terrain, ni dans l'esprit des dirigeants ...
3.Une fois de plus, l'auteur de l'article oublie "les chinois" (de Thaïlande), une analyse comparée de leur parfaite intégration au pays et de la non-intégration des "malais" serait intéressante à mon sens !
3bis.Une fois de plus on fait l'amalgame musulman=malais !
http://en.wikipedia.org/wiki/Islam_in_Thailand
Invité- Invité
Re: Thai ou Siam ?
on coupe la pomme en 2 Siamland
thanaka- Admin
- Localisation : il existe une application pour ça
Messages : 2606
Date d'inscription : 31/05/2009
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