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Reportage - Chez les Khmers "d’en bas"

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Message  thanaka Lun 4 Jan 2010 - 8:47

Reportage - Chez les Khmers "d’en bas" 900x6010
Terre d’eau où le Mékong a façonné une vie lacustre inédite, le delta est aussi la patrie des Khmers kroms. Et l’occasion de rencontres inattendues.

Propulsée par un moteur braillard, la petite barque sillonne l’entrelacs des canaux du Kieng Giang. Avec une dextérité de routine, notre guide vietnamien manœuvre d’une berge à l’autre, évitant les branchages emmêlés des palétuviers et les femmes qui s’affairent à la lessive selon un spectacle rituel dans tout le delta du Mékong. Mais dans cette province limitrophe du Cambodge, les kramas rouge et blanc se mêlent aux chapeaux coniques. Et partout dans les villages alentour, les Khmers kroms aux Vietnamiens.

Évalués à près d’un million, ces descendants des Khmers établis dans le delta du Mékong avant son occupation progressive par les Vietnamiens à partir du XVIIe siècle sont loin d’être bien vus de Hanoi, que les ONG de défense des droits de l’homme accusent de prendre leur nom au pied de la lettre (krom signifie "d’en bas", c’est-à-dire des basses terres du delta).

Méprisés, les Khmers kroms font l’objet d’une répression accrue depuis les manifestations, en 2007 et 2008, d’activistes pour les droits à la propriété terrienne. En février dernier, Human Rights Watch a produit un rapport documenté dénonçant les persécutions dont sont notamment victimes leurs bonzes, parmi lesquelles des emprisonnements arbitraires.

Des relations lointaines avec le Camboodge

Conséquence de cette assimilation forcée, ce qu’il reste du Cambodge chez cette minorité dont Phnom Penh se désintéresse au nom de l’amitié avec son voisin vietnamien, c’est au fond assez peu de chose. Ainsi, chez Sokpheak, journalier agricole de 33 ans, fils de deux Khmers kroms et époux d’une khméro-vietnamienne, tout le monde parle les deux langues. Mais lui ne sait pas écrire le khmer et, précise-t-il, "le khmer que nous parlons n’est plus compris par les Cambodgiens".

Sa voisine, Nhean, n’est pas une Khmer krom. Elle est née à Kampot, au Cambodge, et a fui ici en 1975 après avoir perdu son mari dans les camps des Khmers rouges. Un soldat vietnamien a eu pitié d’elle et l’a fait passer pour sa femme. Aujourd’hui mariée à un Khmer krom, elle affirme se sentir "en famille" ici et n’a jamais cherché à retourner au Cambodge.

Rencontre avec Po Lin, fruit d’une union franco-khmère

Plus loin, sur l’étroite bande de terre qui sépare deux canaux voisins, se dresse une autre maison, simple cabane de bois au toit de feuillage. À peine la barque a-t-elle accosté qu’une femme et ses trois enfants en sortent. Un coup d’œil suffit à distinguer cette famille de ses voisins. Plus grands, la peau plus claire. Presque diaphane pour la fille aînée.

La mère, 55 ans, déroule une histoire inattendue. Sa propre mère était khmère, son père français: "Il devait être officier car je me souviens de sa jeep". Après l’indépendance du Cambodge et leur mariage en France, ses parents sont arrivés au Vietnam.

Puis son père est reparti au pays avec son frère aîné en les laissant ici. De lui, elle ne sait rien et il ne lui reste rien, si ce n’est son prénom qu’elle prononce en s’appliquant: Robert. Et aussi le sien – Po Lin, vietnamisation de Pauline.
Dans cette cabane perdue, la surprise est à la mesure de celles que livrent les coins les plus ignorés d’Asie. La rencontre de ces cousins impromptus n’en finit pas de fasciner réciproquement. On se touche les mains. On rapproche ses bras en riant de leur carnation identique.

Po Lin explique qu’elle aurait pu profiter, dans les années 70, d’un rapatriement en France des enfants nés de couples mixtes. Mais en épousant un Khmer krom, elle avait choisi de faire sa vie ici. Plus question de partir pour un pays dont elle ne sait rien, comme les Khmers d’ici ignorent tout du Cambodge. Pourtant, lorsqu’on lui demande d’où elle est, la réponse fuse: "Je suis une personne avec deux âmes". L’une est liée à cette terre du delta. L’autre à la nostalgie tenace d’une patrie inconnue.

* Cet article est paru dans le numéro 158 d’Enfants du Mékong Magazine

en complément http://www.hrw.org/en/news/2009/01/21/vietnam-halt-abuses-ethnic-khmer-mekong-delta

source http://www.youphil.com/fr/article/01090-chez-les-khmers-d-en-bas?ypcli=ano
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