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Des Birmans évacués de force pour la construction d'un barrage... chinois

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Des Birmans évacués de force pour la construction d'un barrage... chinois Empty Des Birmans évacués de force pour la construction d'un barrage... chinois

Message  Admin Ven 12 Fév 2010 - 11:16

sujet à lire plus facilement (nombreuses photos) ici http://u.nu/47j85

La junte birmane a autorisé l'une des plus grandes entreprises d'électricité chinoise à construire sept barrages hydro-électriques dans la région de Kachin, dans le nord du pays. Le plus important, celui de Myitsone, nécessite l'évacuation forcée des 15 000 habitants des villages alentours.

Après sept ans de négociations et d'expertises, la construction du barrage de Myitsone a officiellement commencé le 21 décembre 2009. Haut et large de 150 mètres, il sera capable de produire entre 3 600 et 6 000 mégawatts d'électricité [le plus grand barrage au monde, celui des Trois Gorges en Chine, produit 18 200 mégawatts]. Le barrage de Myitsone pourrait rapporter près de 500 millions de dollars par an à la junte birmane.

Selon l'organisation Kachin development networking group, un mouvement politique qui se bat pour l'autodétermination de la province de Kachin, 47 villages seront inondés par la construction de ce barrage, dans une zone qui contient la huitième plus grande biodiversité au monde.

"Quand on pense que cette électricité ne servira qu'à fournir la Chine ! "

Hkanhpa Sadan est secrétaire général de l'organisation Kachin development networking group. Il vit à Londres et est régulièrement en contact avec les militants anti-barrage sur place.

Les habitants, dont la grande majorité sont des fermiers, ont été déplacés de force par l'armée et réinstallés dans des campements de fortune à un endroit où ils ne peuvent ni cultiver ni pêcher. Autant dire que leur vie est complètement détruite. Ils sont à 13 kilomètres de l'endroit où ils vivaient, à deux pas d'une base de l'armée birmane. C'est aussi un moyen pour les soldats de les contrôler plus facilement.

Ce barrage ne sera d'aucun bénéfice pour les habitants de la région. Ce sont les Chinois qui viennent y travailler, il n'y aura donc pas de créations d'emplois. Quand on pense que cette électricité ne servira qu'à fournir la Chine ! Et l'installation des Chinois dans la région - qui ne parlent pas le birman - risque de créer un véritable choc culturel entre les deux communautés.

Par ailleurs, l'impact sur l'environnement sera énorme. L'Irrawaddy est une source de vie pour toute la région, mais ce barrage va limiter la biodiversité du fleuve.

Il faut aussi préciser que le barrage se situe sur une faille sismique, s'il devait y avoir un tremblement de terre, une très vaste partie de la région pourrait être inondée et les répercussions pourraient se ressentir jusqu'à des villes comme Mandalay [située en bordure de l'Irrawaddy au centre du pays].

Tout notre héritage culturel est basée sur ce confluent. Quand on célèbre un mariage dans le région, les anciens racontent l'histoire des deux rivières qui se rejoignent pour ne faire qu'un. Comment expliquer une chose pareille maintenant aux plus jeunes.

Enfin, il faut préciser que la construction du barrage du Myitsone représente un enjeu dans le contexte de notre lutte pour l'autonomie de la province de Kachin. Depuis maintenant 15 ans, l'armée indépendante du Kachin respecte un cessez-le-feu établi avec l'armée birmane, mais le conflit est larvé. Ce barrage devient un prétexte pour la junte de renforcer son contingent sur place et de sécuriser la zone."

"Cette relocalisation amènera de nouveaux problèmes sociaux "

Ah Nan est membre du Kachin Development Networking Group. Elle se bat contre la construction du barrage.

L' entreprise chinoise et la junte birmane qui construisent le barrage se fichent pas mal de ce qu'il adviendra des habitants de la zone. Notre organisation a envoyé une lettre ouverte à la China Power Investment Coopération (CPI) le 27 octobre dernier. La lettre incluait toutes les inquiétudes que nous avons vis-à-vis de la violation des droits de l'homme dans la région et des problèmes environnementaux que soulèvent la construction de ce barrage. Par ailleurs, fin janvier, une lettre signée par plusieurs expatriés originaires de la province de Kachin a été envoyée à Wen Jiabao, mais ni la CPI ni le gouvernement chinois n'ont réagit. Et le projet suit son cours.
Les habitants ont recouru à différents modes d'actions comme l'envoi de lettres aux représentants officiels, une campagne d'affichage anti-barrage, des prières groupées sur le site du chantier pendant 24 heures. Les villageois ont même organisé une rencontre avec un général birman pour lui dire qu'ils ne souhaitent pas quitter leurs villages, mais le gouvernement n'a donné aucun réponse.

Le confluent Myitsone fait partie intégrante de l'identité et de l'histoire du Kachin, et constitue un trésor naturel et culturel pour le pays entier. Mais ce barrage fera disparaitre cet endroit pour toujours.

Près de 60 villages sont sur le point d'être relocalisés de force, et ceci sans aucun programme de réinstallation. Quinze mille personnes perdront leurs moyens de subsistance et cette relocalisation amènera de nouveaux problèmes sociaux. Les gens vont devoir se battre pour trouver un travail ou une terre, d'autres devront migrer vers les pays voisins."

Le 10 octobre, le commandant de l'armée birmane Soe Win a rencontré des villageois du confluent Myitsone. Une représentante du village de Tangphre exprime ses inquiétudes au commandant.

Ses doléances n'ont pas été écoutées. Lisez la transcription française :

"Je parle au nom des femmes du village de Tanghpre. Nous vivons sur le confluent depuis près de 100 ans et nous y avons installé des fermes productives. La zone est très bonne pour l'agriculture, et nous cultivons différentes céréales. Ces fermes ne sont pas seulement utiles aujourd'hui, mais aussi pour les générations futures. Si nous sommes déplacées vers un autre endroit, nous risquons d'en pâtir. Nous ne pourrons amener nos fermes avec nous. Cela nous prendra des années avant de reconstruire d'autres fermes, et elle ne seront jamais comme aujourd'hui. Nous devrons acheter notre nourriture et nos enfants se nourriront mal dans les magasins. Nous sommes inquiètes pour leur santé et leur éducation. Nous ne voulons pas bouger et nous faisons appel à vous pour que fassiez part de notre demande à Nay Pyi Taw (capitale administrative de la Birmanie)."