Le prix du pétrole contre celui du silence

La Chine vient de signer un contrat pour la construction d’un oléoduc et d’un gazoduc avec son voisin birman, et ce, par l’intermédiaire de la CNPC (China National Petroleum Corporation)qui assurera tant la construction que l’entretien de ces deux pipelines. L’oléoduc sera en mesure de transporter 22 millions de tonnes par an, tandis que le gazoduc construit en parallèle sera chargé d’acheminer 12 milliards de m3 sur les quelque 1100 km séparant Ruili et la province du Yunnan.
En dehors de l’intérêt technique et économique de ce projet, se pose la question du maintien au pouvoir de la junte militaire pesant de tout son poids sur son peuple, et ce, avec la bénédiction de Pékin qui comme à son habitude se refuse à toute ingérence dans les affaires d’un pays tiers.
Si ce mode de raisonnement est compréhensible, et sous certains aspects louables si on le compare à l’omniprésence américaine, elle a également pour effet de cautionner de nombreux agissements de cette junte militaire qui ne se maintient au pouvoir que par la force. La communauté internationale quant à elle se révèle comme souvent incapable de la moindre action, si ce ne sont quelques gesticulations de circonstance n’ayant aucun effet réel.
La seule voix qui serait efficace serait, comme dans le cas de la Corée du Nord, celle des autorités chinoises, ce dont elles se gardent bien pour des raisons tant économiques que politiques. Ce que certains appellent en effet le « chapelet de perles » est un élément essentiel du système d’influence chinois, visant à tisser des liens étroits dans divers domaines, et se rendre ainsi indispensable.
En contrepartie d’un certain nombre d’avantages en nature, les autorités chinoises apportent un soutien économique, mais également militaire à certains de ces pays comme c’est le cas pour la Birmanie, le Pakistan ou la Corée du Nord. La seule chose à espérer est qu’une fois cette zone d’influence assurée, la Chine se donnera les moyens d’intervenir diplomatiquement, faisant ainsi pression sur ses deux voisins dont les dirigeants sont aussi dépassés que leurs peuples ont soif de bien plus de liberté, mais également d’une vie bien plus conforme avec ce qu’est en droit de recevoir n’importe quel être humain.
En attendant cet hypothétique changement de politique du côté chinois, celui-ci échange son silence contre du pétrole, copiant ainsi une fois de plus ce qui s’est fait de la part de beaucoup de donneurs de leçons actuels, et qui a encore cours de nos jours de la part de ces mêmes pays.

source http://www.refletsdechine.com/le-prix-du-petrole-contre-celui-du-silence.html