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Cambodge - Une question de regard

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Cambodge - Une question de regard Empty Cambodge - Une question de regard

Message  Admin Jeu 29 Juil 2010 - 6:11

Boulevard Sothearos, ce vendredi soir un nouveau bar branché ouvre ses portes. La jeunesse dorée de la ville est invitée.

Face à la devanture de verre dépoli et de métal chromé, le parking rassemble voitures et motos de luxe, dont une Ferrari F60 Modena à un demi-million de dollars.

Tout autour de ces véhicules de rêve se forme rapidement un attroupement de badauds, fascinés par cet étalage de belles courbes rugissantes. Le fait que le Cambodge soit le pays le plus pauvre de la région où se concentrent le plus grand nombre de voitures hors de prix n’est, en soi, pas une nouveauté. Le grand écart entre le niveau de vie moyen des habitants et la multitude de ces véhicules en circulation n’étonne plus grand monde, hormis certains Barangs.

Il est intéressant de constater que, d’une manière générale et face à de nombreuses situations, les réactions des spectateurs varient suivant leur culture. Ce qui passe pour un manque de politesse, une certaine arrogance, du mépris ou un abus de pouvoir pour les uns, semble au contraire naturel pour les autres. Ainsi, la vision de trois policiers en moto, sans casque, roulant en sens interdit dans la rue 63 choquera forcément le Barang, alors qu’il est peu probable qu’elle heurte la sensibilité de quelqu’un d’autre. Question de culture ? Habitude ? Fatalité ? Qu’importe les raisons ; ce décalage dans l’appréciation des situations diverses est une constante entre deux groupes de personnes qui, bien que regardant l’identique écran de cinéma, n’y voient pas toujours le même film qui y est projeté.

Ainsi, un Barang poussant sa Vespa dans une épuisante tentative pour la faire démarrer déclenchera immanquablement l’hilarité des Cambodgiens qui le regardent, alors même qu’il estime cette scène dépourvue de comique. Au fur et à mesure que ces minuscules électrochocs culturels se répètent, ils agacent et créent une situation de rejet chez celui qui en est victime. Dans le même registre, ce Barang- là ne comprendra jamais pourquoi les mendiants, à la station-service, au lieu de quémander quelques riels aux propriétaires de grosses voitures, préfèrent immanquablement se poster devant sa Vespa ?

Tout est question de point de vue. Un Barang trouve inconvenant qu’on lui demande le montant de son salaire et il ne sait jamais trop quoi répondre à cette fréquente question ; surtout si elle est posée par le réparateur de pneus, sur un bout de trottoir, et dont les revenus sont sans commune mesure. Les questions directes ou les remarques concernant le physique choquent également. Les personnes fortes le savent ; les Asiatiques aiment à flatter celui qui porte quelques kilos en trop. Dans la région, un gros est quelqu’un de riche qui a les moyens de manger à sa faim ; le lui faire remarquer est une flatterie et non une moquerie. Une Française, expatriée âgée de plus de soixante ans se faisait tranquillement masser dans un spa. Cette dame se portait bien et la masseuse, durant le traitement, lui avait gentiment tapoté le ventre en lui demandant si elle avait « baby » à l’intérieur. La remarque était certes maladroite au vu de l’âge de la dame, voire déplacée dans ce genre d’établissement, mais elle n’était pas méchante. La Française avait vu rouge. Il s’agissait de la réflexion de trop venue faire déborder le vase déjà plein de ces minuscules courtscircuits du quotidien.

Dans le même registre, il n’est pas rare que les Barangs se voient affubler de surnoms par leurs employés ou amis khmers. Untel au menton fuyant ou au ventre rond sera dénommé Kon Yin par son entourage ; une sorte de petite grenouille sans cou qui a la particularité de se gonfler lorsqu’on appuie dessus.

Pour différencier plusieurs personnes d’un même groupe qui portent le même prénom, on n’hésitera pas à rajouter des adjectifs qualificatifs ayant trait au physique. Si trois Jean doivent être interpellés, le Jean le plus mince deviendra « Swat » alors que le Jean plus grand sera appelé « Jean Thom » et le plus gros deviendra « Map ».

L’évocation de ces chocs culturels est récurrente entre expatriés. Certains s’en accommodent et en jouent. D’autres se ferment à jamais et finissent comme un cornichon au soleil, le moral rabougri, et totalement aigris…


source http://www.cambodgesoir.info/index.php?option=com_content&view=article&id=37147:une-question-de-regard&catid=937:la-chronique-du-barang&Itemid=146
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