Variétés macabres
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Variétés macabres
Vous n’êtes pas sans avoir remarqué que les catastrophes naturelles et humanitaires drainent par la suite toutes sortes d’actions pouvant aller des meilleures aux pires. Parmi elles, nous retiendrons ici les chansons de variétés, souvent interprétées par des collectifs d’artistes, dont les bénéfices sont généralement reversés pour l’aide aux victimes.
Lors du dramatique séisme survenue en Haiti en 2010, le jour de l’annonce de la catastrophe dans les médias, j’ai macabrement surveillé la sortie de la prochaine chanson de soutien de la part des artistes de variétés Française tant il était prévisible qu’elle fasse son apparition. Il n’y a effectivement pas eu à attendre longtemps, le tout étant d’essayer de comprendre sur quels critères les artistes décident de donner de la voix tant de nombreuses autres catastrophes planétaires n’ont pas droit à autant de soutien. Il est parfaitement honorable que les artistes se mobilisent et agissent, l’apport financier de ce type de soutien est nécessaire et apporte une aide précieuse. Le tout étant de le faire avec cohérence.
Avec l’aide des données de l’observatoire des catastrophes naturelles et quelques recherches au sein de l’industrie musicale, voici ce qui en ressort:
On se souvient de la forte mobilisation pour la famine en Ethiopie en 1984 qui a provoqué la mort de pas moins d’un million de personnes. De nombreuses chansons avaient vu le jour aux quatre coins du monde et nous avions eu droit à SOS Ethopie par nos Chanteurs sans frontière.
En 1989, Charles Aznavour chante Pour toi Arménie alors que le séisme y a fait 25 000 morts.
En 2004, Patrick Bruel compose Et puis la terre, chanté par 60 artistes. Le Tsunami de l’Ocean Indien avait fait 220 000 morts.
En 2010, la terre tremble à Haiti faisant 230 000 morts et Shady sort le single Un geste pour Haiti chérie.
En 2005, au NIGER, la famine fait 100 000 morts. Pas de chanson.
En 2008, en CHINE, un séisme fait 87449 morts. Philippe Richard, un enseignant vivant en Chine écrit une chanson de soutien, mais sans la notoriété, elle passera quasi inaperçue.
En 2008, en BIRMANIE, un cyclones fait 138 373 morts. Pas de chanson.
En 1991, au BANGLADESH, un cyclones fait 138 000 morts. Pas de chanson.
En 1976, en CHINE, un séisme fait 255 000 morts. Pas de chanson.
En 1970, dans le Golf du Bengale, une innondation fait 300 000 morts. Pas de chanson.
En 2010, au CHILI, un séisme fait 711 morts. Pas de chanson.
En 2005, aux Etats-Unis, le cyclone Katrina fait 1836 morts. Gros buzz médiatique pourtant mais… pas de chanson.
Qui chante pour le génocide Tchétchène? pour le Darfour? pour la marée noire au Niger (plus importante que celle du Golf du Mexique!)? Qui décide de la surmédiatisation d’un évènement plutôt que d’un autre? A qui profite ce système bien ficelé de l’information sélective?
Ainsi, l’équation gagnante pour avoir sa chanson est la suivante:
Nombre de morts suffisant, au dessus de 25000 personnes.
+
Important buzz médiatique (en notant qu’un tapage médiatique sans un nombre de morts suffisant et vice-versa ne donne pas droit à la composition d’une chanson).
+
Artistes à forte notoriété (d’autant qu’il est toujours plus juste que ce soit eux qui bénéficient toujours des meilleurs coup de pouce publicitaire)
+
Qu’il s’agisse de séismes de préférence (car apparemment les cyclones et les inondations n’ont pas la côte).
Il est malsain de devoir inconsciemment attendre la prochaine catastrophe pour connaitre le nouveau tube qui fera vendre des millions de single. Il est injuste que certains évènements tout aussi graves soit ignorés des médias les plus influents, du soutien des artistes et des populations mondiales. Il est affligeant de constater comment toute l’attention peut se focaliser de façon obsessionnelle sur un seul évènement alors que d’autres se produisent aux mêmes moments mais n’ont malheureusement pas gagnés à la loterie de la couverture médiatique. Il est amèrement amusant que cette même obsession se dissipe généralement en quelques jours à peine jusqu’à ce que finalement plus personne n’en parle aux heures de grande écoute.
La famine tue toujours 25 000 personnes par jour, soit 9 125 000 personnes par an.
Nous attendons la chanson! même si nous la connaissons d’avance…
source http://lahonte2.wordpress.com/2010/08/02/89/
l'auteur http://lahonte2.wordpress.com/about/
Lors du dramatique séisme survenue en Haiti en 2010, le jour de l’annonce de la catastrophe dans les médias, j’ai macabrement surveillé la sortie de la prochaine chanson de soutien de la part des artistes de variétés Française tant il était prévisible qu’elle fasse son apparition. Il n’y a effectivement pas eu à attendre longtemps, le tout étant d’essayer de comprendre sur quels critères les artistes décident de donner de la voix tant de nombreuses autres catastrophes planétaires n’ont pas droit à autant de soutien. Il est parfaitement honorable que les artistes se mobilisent et agissent, l’apport financier de ce type de soutien est nécessaire et apporte une aide précieuse. Le tout étant de le faire avec cohérence.
Avec l’aide des données de l’observatoire des catastrophes naturelles et quelques recherches au sein de l’industrie musicale, voici ce qui en ressort:
On se souvient de la forte mobilisation pour la famine en Ethiopie en 1984 qui a provoqué la mort de pas moins d’un million de personnes. De nombreuses chansons avaient vu le jour aux quatre coins du monde et nous avions eu droit à SOS Ethopie par nos Chanteurs sans frontière.
En 1989, Charles Aznavour chante Pour toi Arménie alors que le séisme y a fait 25 000 morts.
En 2004, Patrick Bruel compose Et puis la terre, chanté par 60 artistes. Le Tsunami de l’Ocean Indien avait fait 220 000 morts.
En 2010, la terre tremble à Haiti faisant 230 000 morts et Shady sort le single Un geste pour Haiti chérie.
En 2005, au NIGER, la famine fait 100 000 morts. Pas de chanson.
En 2008, en CHINE, un séisme fait 87449 morts. Philippe Richard, un enseignant vivant en Chine écrit une chanson de soutien, mais sans la notoriété, elle passera quasi inaperçue.
En 2008, en BIRMANIE, un cyclones fait 138 373 morts. Pas de chanson.
En 1991, au BANGLADESH, un cyclones fait 138 000 morts. Pas de chanson.
En 1976, en CHINE, un séisme fait 255 000 morts. Pas de chanson.
En 1970, dans le Golf du Bengale, une innondation fait 300 000 morts. Pas de chanson.
En 2010, au CHILI, un séisme fait 711 morts. Pas de chanson.
En 2005, aux Etats-Unis, le cyclone Katrina fait 1836 morts. Gros buzz médiatique pourtant mais… pas de chanson.
Qui chante pour le génocide Tchétchène? pour le Darfour? pour la marée noire au Niger (plus importante que celle du Golf du Mexique!)? Qui décide de la surmédiatisation d’un évènement plutôt que d’un autre? A qui profite ce système bien ficelé de l’information sélective?
Ainsi, l’équation gagnante pour avoir sa chanson est la suivante:
Nombre de morts suffisant, au dessus de 25000 personnes.
+
Important buzz médiatique (en notant qu’un tapage médiatique sans un nombre de morts suffisant et vice-versa ne donne pas droit à la composition d’une chanson).
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Artistes à forte notoriété (d’autant qu’il est toujours plus juste que ce soit eux qui bénéficient toujours des meilleurs coup de pouce publicitaire)
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Qu’il s’agisse de séismes de préférence (car apparemment les cyclones et les inondations n’ont pas la côte).
Il est malsain de devoir inconsciemment attendre la prochaine catastrophe pour connaitre le nouveau tube qui fera vendre des millions de single. Il est injuste que certains évènements tout aussi graves soit ignorés des médias les plus influents, du soutien des artistes et des populations mondiales. Il est affligeant de constater comment toute l’attention peut se focaliser de façon obsessionnelle sur un seul évènement alors que d’autres se produisent aux mêmes moments mais n’ont malheureusement pas gagnés à la loterie de la couverture médiatique. Il est amèrement amusant que cette même obsession se dissipe généralement en quelques jours à peine jusqu’à ce que finalement plus personne n’en parle aux heures de grande écoute.
La famine tue toujours 25 000 personnes par jour, soit 9 125 000 personnes par an.
Nous attendons la chanson! même si nous la connaissons d’avance…
source http://lahonte2.wordpress.com/2010/08/02/89/
l'auteur http://lahonte2.wordpress.com/about/
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