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Cambodge - Les enfants du cirque

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Cambodge - Les enfants du cirque Empty Cambodge - Les enfants du cirque

Message  Admin Mar 7 Sep 2010 - 6:41

Des camps de réfugiés de Thaïlande aux temples d’Angkor, l’itinéraire des jeunes du cirque Phare représente plus qu’un symbole: la métaphore d’un Cambodge qui renaît de ses cendres.

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C’est intéressant parce que dans le minibus qui les conduit sur le lieu du spectacle de ce soir, les jeunes se moquent magistralement du paysage. C’est intéressant parce qu’en l’occurrence, le paysage se compose d’un temple à trois tours que frappe un soleil bas, de biais, de douves où s’ébattent joyeusement de jeunes enfants à peu près nus comme des vers, et de quelques beaux morceaux d’une jungle manifestement hermétique, pour ne pas dire hostile. Bref, on arrive à Angkor, on est en vue d’Angkor Wat – l’un des sites les plus somptueux de la planète –, et ces jeunes n’en ont strictement rien à faire.

C’est intéressant parce qu’assez emblématique de la mentalité d’une certaine frange de la jeunesse cambodgienne qui ne semble s’intéresser ni au glorieux passé des rois d’Angkor, ni aux Khmers rouges. Pour couronner le tout, la perspective de jouer ce soir au pied du Bayon – le temple aux têtes de Buddhas – ne les émeut pas plus.

Des orphelins devenus des rock stars

Ils sont habillés à l’européenne, dans le style skateur, jeunes cools nonchalants, avec grosses baskets, chaîne en or qui brille, pantalon large et même bonnet. La musique que crachouillent les haut-parleurs du minibus et qu’ils reprennent à tue-tête, mimiques et gestuelles comprises, a tout, d’ailleurs, du tube commercialo-branché de supermarché. On voit très peu de jeunes Khmers attifés ainsi, mais peu importe.

Ce distinguo raconte aussi leur histoire à sa manière. Soit l’histoire de jeunes orphelins recueillis par Phare et devenus acrobates, danseurs, clowns, en somme "circassiens", à la force du poignet. Et, de là, des espèces de micro rock stars qui tournent un peu partout au Cambodge – parfois même en dehors – pour leurs représentations, ce qui les place d’emblée dans un état d’esprit bien différent de celui de leurs contemporains.

Il serait hasardeux de tenter d’imaginer leur vie s’ils n’avaient pas croisé la route de Phare. "Beaucoup, explique Xavier, ancien volontaire Bambou aujourd’hui employé de l’association, ont derrière eux des histoires familiales d’une extrême violence." La rue, la misère, surtout celle qu’a connue le Cambodge au cours des trente dernières années, ne font pas de cadeau, inutile d’insister sur ce point.

"Ret, pour ne citer qu’un seul exemple, a été vendu par ses parents avant d’être trimballé d’ONG en ONG et d’atterrir à Phare." Quant aux autres, ces jeunes ados qui aiment faire des blagues et ironiser sur les Khmers rouges, beaucoup sont nés dans les camps de réfugiés de Thaïlande, là où Phare – ou plutôt son idée – a vu le jour à la fin des années 80.

Dans le camp de Site 2, des ateliers de dessins sont organisés à partir de 1986 pour redonner aux enfants privés de parents, mais surtout privés d’enfance, le goût de vivre.

La lumière de l’art

L’expérience est si concluante qu’en rentrant au Cambodge, un petit groupe de jeunes décide de monter une "organisation artistique à vocation socio-éducative", ainsi que Phare se définit dans ses statuts. Depuis 1994, Phare Ponleu Selpak, littéralement "la lumière de l’art", recueille donc les enfants de la rue dans son centre de Battambang et les aide à se construire ou à se reconstruire grâce à l’art sous différentes formes: dessin, peinture, sculpture, design, art de la scène (cirque ou théâtre), musique, etc.

Ce soir, en partenariat avec un tour opérateur et un grand hôtel de Siem Reap, l’une des troupes de Phare va jouer un spectacle pour un groupe de touristes. Le lieu est exceptionnel et les clients manifestement exigeants. Aucune pression palpable, pourtant, parmi les jeunes – qui déchargent les décors du camion, installent ceux-ci, puis entament une ultime répétition avec une sérénité toute professionnelle.

Comme souvent alors, le spectacle est dans la salle. Les enfants du coin se sont approchés. Mais encore les employés qui ont la tâche très théorique de vérifier les tickets des visiteurs à leur entrée sur les différents sites, les vendeurs de fruits, légumes, boissons fraîches, souvenirs et tutti quanti, à quoi l’on pourrait ajouter quelques touristes encore présents, tous ont délaissé leurs activités et formé une ronde intriguée au pied des immenses statues de Bouddhas, qui toisent tout cela avec leur inexpressivité légendaire.

Les jeunes enfilent leurs tenues de scène et entament une série de cabrioles. Éclats de rires et applaudissements à répétition leurs répondent, la démonstration semble plaire. Ils courent en tous sens, se posent un instant un genou à terre et les mains jointes, puis repartent de plus belle.

Se regroupent, forment une pyramide, puis une espèce de trampoline avec leurs bras. L’un d’eux est projeté en l’air puis retombe sur ses pieds. Le problème, c’est le plancher de la scène, dur, mal riveté et… douloureux. Tant pis, pas moyen d’en changer avant la représentation, il faudra faire avec.

Retour aux sources

Plus tard, tout change quand le spectacle est donné pour un groupe d’hommes d’affaires occidentaux partiellement ivres et désintéressés. Les jeunes le sentent et cela se voit. Ils ne jouent pas avec la même légèreté qu’un peu plus tôt dans l’après-midi. À la toute fin, il est minuit passé et c’est l’heure de ranger. Houn Bonthoeun, l’un des jeunes circassiens, conclut philosophiquement que cela arrive, que c’est sans importance, que ce n’est pas pour ces publics-là qu’ils ont le plus de plaisir à jouer. Et tandis que le groupe d’hommes d’affaires reprend le chemin de son hôtel, les jeunes circassiens commencent à ranger leur matériel. La même musique qu’à leur arrivée mugit de l’intérieur du minibus et les jeunes s’empressent de la reprendre à tue-tête.

source Les Enfants du Mékong Magazine
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