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Cambodge - Sur la route

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Cambodge - Sur la route  Empty Cambodge - Sur la route

Message  Admin Jeu 9 Sep 2010 - 8:54

Sujet de discussion numéro un parmi les expatriés, la route cambodgienne est une hydre qui fascine tout autant qu’elle effraie.
Monter à l’arrière d’un mototaxi et sillonner la capitale revient, pour beaucoup, à jouer à la roulette russe avec un pistolet automatique. Mais, derrière ce qui peut passer au premier abord pour de l’anarchie, se cachent en réalité des règles bien précises selon la célèbre formule latine Ordo ab Chao : l’ordre naît du chaos. Ces règles offrent ainsi un semblant de fonctionnement « normal » à ces électrons libres sur roues qui semblent se projeter en tout sens, souvent à contresens et toujours en dépit du bon sens.

La route a donc ses lois occultes – souvent inconnues du Barang – et ce malgré les efforts considérables mis en place par les autorités pour tenter de les éradiquer. Faire prendre conscience aux conducteurs que la route n’est pas une piste de bowling n’est pas une mince affaire. Rien n’y fait, la première règle qui régit le bitume est universelle : c’est la loi du plus fort. Si elle domine toutes les relations entre individus, c’est sur la route qu’elle est le plus ostentatoire.

Si une moto dispose de la priorité sur un piéton, et une voiture a toujours priorité sur une moto et un camion sur une voiture, il existe malgré tout des subtilités bien plus complexes. Ainsi, un gros 4x4, même un ancien modèle, prévaut sur la berline lorsqu’il s’agit de forcer le passage, comme, par exemple, traverser le boulevard Norodom à une heure de pointe. C’est assez étonnant, mais il arrive que, dans une rue où deux véhicules ne peuvent se croiser parce que des voitures sont garées de chaque côté (un événement tout à fait normal), un antique Land Cruiser parvienne à faire reculer une berline Chrysler toute neuve. Une exception toutefois à cette règle : la « grosse automobile » peut être mise en échec devant une plus petite, si et seulement si le conducteur a recouvert le dossier de son siège de sa veste de général ou a innocemment laissé traîner sa casquette sur le tableau de bord. Ces dernières années, les militaires ont toutefois pris l’habitude de ne plus rouler dans de petites cylindrées, mais cela ne les empêche pas de laisser leur costume bien en évidence à l’intérieur. Au cas où…

De même, un piéton en uniforme l’emportera sur tout véhicule, sauf si ledit véhicule est conduit par un uniforme à grade supérieur. Mais là aussi, les piétons sont rarement en uniforme… Ou alors il s’agit de simples gardiens de société privés, facilement reconnaissables.

Toutefois, le camion de 38 tonnes qui débouche d’une rue sur une avenue ou qui surgit d’un chantier est immuablement prioritaire sur tout autre véhicule. D’ailleurs, son chauffeur ne marque aucun arrêt, n’attend surtout pas que la voie soit libre pour s’engager, regarde encore moins à droite ou à gauche et coupe donc littéralement la route aux autres conducteurs. Pourquoi ? Parce qu’il est le plus gros, évidemment. Le seul véhicule supérieur à un 38 tonnes et qui aurait, dans cet exemple, priorité sur le camion, serait le char d’assaut. Mais depuis les événements de 1997, ce genre de chenillette a tendance à se raréfier considérablement en ville, pour faire de cette hypothèse un simple cas d’école… En cas de collision entre le camion et une petite voiture appartenant à la voisine de la cousine d’un militaire, le camion sera naturellement en tort. À moins que le patron de la société de transport à qui appartient le camion ait, dans ses relations, un militaire plus puissant que celui dont la voisine est l’ami de sa cousine. Le cas est fréquent et le mot militaire de cet exemple peut être remplacé par autant de synonymes.

Pour tenter de supprimer cette insidieuse règle du plus fort, les autorités sont parvenues à exiger le retrait des plaques d’immatriculation militaires ou policières des véhicules civils. Ces plaques étaient autant de permis d’écraser et autant d’exceptions à la règle du plus fort, car même les plus petits véhicules pouvaient en être équipés. Peine perdue que cette interdiction, car ces plaques ont été remplacées par un autre sésame, les fameux laissez-passer en carton posés sur le tableau de bord. Difficile, pour le non-initié, de reconnaître tous les symboles imprimés ainsi sur ces affiches placées derrière les pare-brise, hormis celui des très nombreux employés du ministère de la Défense, visible de loin grâce à sa couleur rouge. Mais les agents de la circulation, eux, les connaissent tous…

Enfin, dernière règle et non des moindres : le bus de transport en public qui effectue les longs trajets dispose d’absolument tous les droits sur tous les autres véhicules, petits ou gros, transportant ou non des uniformes. Sa puissance est sans limites, tout comme sa vitesse, ses prises de risques et son irresponsabilité. Il est le seul et véritable Dieu des nationales, le Mad Max du bitume cambodgien, l’Attila de l’asphalte khmère

source http://www.cambodgesoir.info/index.php?option=com_content&view=article&id=37240:question-de-priorite&catid=937:la-chronique-du-barang&Itemid=146
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