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Malaisie - Le juteux commerce du nid d’hirondelle

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Malaisie - Le juteux commerce du nid d’hirondelle Empty Malaisie - Le juteux commerce du nid d’hirondelle

Message  Admin Ven 29 Oct 2010 - 23:24

L’élevage de nids d’hirondelle, destiné à produire la substance nécessaire pour cuisiner un mets recherché, suscite bien des convoitises. Malgré les protestations des écologistes, la Malaisie voudrait bien en faire un véritable secteur industriel, relate The Straits Times.


Reconnu par le gouvernement comme une industrie majeure pour stimuler la croissance économique de la Malaisie, l’élevage d’hirondelles [il s’agit en fait de martinets] est appelé à connaître un essor important, mais cette évolution suscite des inquiétudes au sein de la population, qui redoute ses effets sur l’environnement.

La multiplication de “maisons à hirondelles” au cours des dix dernières années a été très controversée. Le bruit et les excréments des oiseaux ainsi que la laideur des bâtiments ont provoqué la colère des habitants vivant dans le voisinage.

A la fin du mois de septembre dernier, l’élevage d’hirondelles a été classé parmi les 131 secteurs à inclure dans le Programme de transformation économique de la Malaisie, en vue d’orienter vers le secteur privé une économie axée jusqu’ici sur le secteur public.

Selon le président de la Fédération malaisienne des Associations de marchands de nids d’hirondelle, Beh Heng Seong, le chiffre d’affaires annuel de ce secteur avec l’étranger est estimé à 1 milliard de ringgits [233 millions d’euros]. La Malaisie compte, dit-il, entre 40 000 et 50 000 maisons à hirondelles, qui produisent chacune une moyenne de 500 grammes de nids par mois. “Environ 90 % de la production est exportée”, précise le président, et la quasi-totalité est vendue à Hong Kong et à la Chine, où les nids d’hirondelle sont un mets très recherché.

Selon un rapport de 2007 de l’Association des petites et moyennes industries de Penang, la Malaisie est le troisième producteur mondial de nids d’hirondelle après l’Indonésie et la Thaïlande. Son volume de production “est susceptible d’augmenter grâce à un ratio risque/rentabilité relativement favorable et à la demande sans cesse croissante en provenance de pays riches”.

Auparavant, les nids d’hirondelle étaient ramassés dans les grottes où nichaient les oiseaux. Mais, ces dix dernières années, des maisons marchandes inoccupées ont été aménagées en maisons à hirondelles dans de nombreuses petites villes du pays. Face à la croissance rapide de cette activité, les autorités ont publié il y a deux mois des normes visant à limiter la pollution et à maintenir une certaine distance entre les maisons à hirondelles et les autres habitations. Elles ont interdit la création de nouveaux élevages dans les secteurs classés de Penang [île de la côte nord-ouest de la péninsule malaise] et de Malacca [sud-ouest de la Malaisie] et exigé que les élevages existants déménagent dans un délai de trois ans.

Pourtant, certains Malaisiens demeurent inquiets. L’artiste malaisienne Rebecca Duckett-Wilkinson, qui mène une campagne contre l’élevage d’hirondelles à Georgetown [capitale de l’île de Penang], craint que les milliers de maisons à hirondelles qui existent en Malaisie ne nuisent à la santé publique. Il y a trois ans, quand elle a emménagé dans une maison marchande d’avant-guerre située dans l’enclave classée de Georgetown, elle a eu des démêlés avec le propriétaire d’une maison à hirondelles. Ce dernier occupait illégalement le dernier étage de l’édifice et elle a mis deux ans à l’en déloger. Les poutres métalliques de la maison ont dû être remplacées et tout l’étage désinfecté par fumigation. Il a fallu un mois pour que les martinets, qui retournent toujours à leur habitat d’origine, cessent d’y revenir.

“Nous restons entourés de maisons à hirondelles sur trois côtés et il y en a vingt dans le voisinage. Le bruit et les excréments des oiseaux sont un cauchemar”, déplore Mme Duckett-Wilkinson. En tant que membre du Fonds de préservation du patrimoine de Penang, elle a rencontré des experts en agriculture, qui lui ont fait part de leurs craintes que les oiseaux ne mangent tous les insectes pollinisateurs des zones agricoles. “Nous ne connaissons pas le véritable impact de ces élevages sur l’écosystème et ils peuvent représenter un grave risque sanitaire”, explique-t-elle.

La profession souhaite trouver un compromis. La fédération des marchands de nids d’hirondelle a demandé à ses membres d’aménager de nouvelles maisons à hirondelles en dehors des villes. “Si nos recommandations sont suivies, il n’y aura pas de nuisances”, assure M. Beh. Avec un gouvernement qui mise sur la rentabilité rapide du secteur, il faudra attendre les prochains mois pour voir si cette affirmation est fondée.