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Un lac ensablé de Phnom Penh, symbole des expulsions galopantes au Cambodge

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Un lac ensablé de Phnom Penh, symbole des expulsions galopantes au Cambodge Empty Un lac ensablé de Phnom Penh, symbole des expulsions galopantes au Cambodge

Message  Admin Lun 20 Déc 2010 - 16:39

PHNOM PENH — Résigné, Men Chhoeuy démonte sa maison de bois sur les berges d'un lac ensablé de Phnom Penh. Il doit déménager sous la pression d'un projet immobilier, comme tant d'autres dans ce pays où les expulsions sont monnaie courante.
"Beaucoup de mes voisins sont déjà partis", raconte le sexagénaire, qui vivait avec quelques 4.000 autres familles sur les bords du lac Boeung Kak, un des derniers espaces libres de la capitale cambodgienne.
Il y a trois ans, la compagnie Shukaku Inc., dirigée par un homme politique du parti au pouvoir, a obtenu du gouvernement un bail de 99 ans sur un terrain de 130 hectares qui inclut la vaste étendue lacustre. Pour faire place à immeubles et centres commerciaux, elle a injecté des tonnes de sable.
Résultat: certaines habitations sont ensevelies sous les dunes, d'autres noyées. Après de vaines protestations, les riverains ne peuvent que partir, en acceptant pour certains des compensations financières jugées trop maigres, ou un relogement trop éloigné.
"L'accaparement des terres est un cancer qui dévore le Cambodge", s'emporte David Pred, directeur au Cambodge de l'ONG Bridges Across Borders.
Car le cas du lac Boeung Kak n'est qu'un exemple parmi d'autres dans un pays où le concept de propriété est en friche.
Entre 1975 et 1979, la propriété avait été abolie par le régime ultra-communiste des Khmers rouges et de nombreux titres ont été perdus, à cette période et pendant les années de guerre civile qui ont suivi.
Les choses ne se sont pas arrangées l'an dernier, lorsque le gouvernement a fait voter une loi permettant la saisie de propriétés privées pour des projets publics.
"Les expulsions forcées sont poussées par des investissements spéculatifs rapides dans le marché de l'immobilier, associés à une corruption endémique et à l'absence d'Etat de droit", dénonce David Pred.
"Les pauvres de la ville sont chassés de leurs maisons à Phnom Penh, qui est en train de devenir un domaine exclusif pour les riches".
Mais les campagnes ne sont pas épargnées. De nombreuses terres agricoles ont été confisquées et attribuées à de grands groupes, notamment dans les secteurs du sucre et du caoutchouc.
Rien qu'en 2009, quelque 27.000 personnes ont été déplacées dans le pays lors d'expulsions de masse, selon un rapport de l'ONU publié en septembre.
"La façon dont la terre est gérée et utilisée par le gouvernement pour des objectifs divers continue d'être un problème majeur. L'accaparement des terres par des personnes en situation de pouvoir semble être un phénomène courant", estimait le texte.
Selon David Pred, quelque 1.500 à 2.000 familles vivent encore sur les bords du lac Boeung Kak. Beaucoup étaient revenues y vivre dans les années 1980, après la chute des Khmers rouges, qui avaient vidé la capitale de ses habitants.
La loi stipule qu'une personne vivant depuis cinq ans quelque part sans conflit de propriété acquiert les droits sur cette terre. Mais "il y a des problèmes pour faire appliquer cette loi correctement", souligne l'ONU.
De son côté, Shukaku renvoie toute question au gouvernement. "Nous ne savons rien (...). Nous sommes autorisés par l'Etat à développer" la zone, a indiqué son porte-parole, Lao Vann, à l'AFP.
Quant à Sok Sambath, gouverneur du district de Daunh Penh qui inclut le lac, il assure que ce projet est "une bonne chose" pour le quartier.
Les hôtels installés sur ces berges autrefois touristiques sont pourtant contraints de fermer.
"Il y a cinq mois, c'était un quartier animé et prospère. Aujourd'hui, c'est d'un calme mortel", déplore Harry Bongers, un Néerlandais qui tient des chambres d'hôtes depuis sept ans. "Je ferme dans un mois".

AFP
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