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Rencontre avec les Karens

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Rencontre avec les Karens Empty Rencontre avec les Karens

Message  thanaka Jeu 24 Fév 2011 - 5:31

Auteur : Marion Le Coz

Cela fait maintenant près de quatre mois que je vis chez les Karens. Vous vous posez peut-être des questions sur ce peuple et ses particularités. Je vais essayer de vous apportez quelques réponses.

D’où viennent les Karens ?

Le peuple karen est originaire des hauts plateaux tibéto-birmans du Yunnan. De tradition nomade, les Karens se sont fixés au Nord de la Birmanie vers le VIIIème siècle avant Jésus-Christ. Au cours du XVIIème siècle, ce peuple doit fuir ses habitations suite aux conflits entre Birmans et Thaïs. Certains Karens s’installent alors dans les montagnes du Sud de Chiang Mai, près de la frontière, c’est notamment le cas de l’ethnie des Sgaws. La dynastie des Rama en Thaïlande se déclare en faveur de l’intégration des Karens. De très nombreux Karens vivant en Thaïlande acquièrent ainsi la nationalité thaïe vers la fin du XIXème siècle.

Cependant, la situation de ce peuple se détériore au XXème siècle. Le roi Rama V recentre le pouvoir à Bangkok et des fonctionnaires thaïs sont alors nommés pour administrer les villages karens. Face à une politique nationaliste visant à déclarer la supériorité de l’ethnie thaï sur les autres groupes ethniques, les Karens sont contraints de se réfugier dans les montagnes du Nord-Ouest du pays.

Plus récemment, l’arrivée massive de réfugiés karens en provenance de Birmanie a concentré l’attention de la communauté internationale sur les camps de réfugiés à partir du milieu des années 90. La situation des Karens birmans et celle des Karens thaïs est très différente. Certains sont des réfugiés alors que d’autres sont des citoyens thaïs en manque de reconnaissance. La confusion est souvent faite et répandue par les médias.

Pour ma part, je suis en contact avec des Karens de nationalité thaïe vivant en Thaïlande depuis de nombreuses générations.


Comment est organisée la société Karen ?

Aujourd’hui, la majorité des Karens vit encore dans des villages isolés des montagnes proches de la frontière birmane. Le sentiment communautaire est pour eux très important. Il s’agit d’une société matriarcale, ce sont les femmes qui prennent les décisions au sein d’une famille. Dans un village (en général une cinquantaine de familles), les anciens se réunissent et prennent des décisions pour le village. Ils sont encadrés par des fonctionnaires thaïs.

Le sentiment communautaire est très important et tout se fait en groupe. Tous les habitants d’un même village se connaissent. Les habits traditionnels renseignent sur la provenance des personnes. En effet, les motifs tissés sont en général différents d’un village à l’autre. Les relations entre villages sont aussi très développées. La majorité des mariages se fait entre habitants de villages différents. La société étant matriarcale, la cérémonie a lieu dans le village de la mariée, où le couple s’installera ensuite.

Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes Karens partent vivre en ville. Cette migration massive est due au manque d’opportunités professionnelles dans les villages. Les jeunes s’installant en ville sont bien souvent non qualifiés et n’ont donc accès qu’à des postes précaires. Cependant cela leur permet tout de même d’aider financièrement leur famille restée dans les villages.

Les Karens sont encore considérés comme un peuple inférieur, ce qui rend leur intégration difficile. Les Karens thaïlandais cherchent pour la plupart à préserver leur culture et leurs traditions, mais contrairement à leurs voisins birmans, ils ne revendiquent pas de pouvoir politique.



Quelles sont les activités des Karens ?

Les Karens vivent dans des petits villages isolés dans les montagnes près de la frontière birmane. Un grand nombre de ces villages est encore très difficile d’accès. Les villages ne sont souvent reliés à la grande route que par plusieurs heures de piste en 4*4 ou en moto. Pendant la saison des pluies, il est même souvent nécessaire de marcher. La situation s’améliore peu à peu car de plus en plus d’endroits sont maintenant bétonnés.

Deux activités sont principalement pratiquées dans ces villages. Il s’agit de l’agriculture, et notamment la culture du riz, et du tissage traditionnel. La culture du riz permet de nourrir les habitants du village alors que le tissage permet de les vêtir. Les villages s’ouvrent peu à peu au monde extérieur, mais de nombreux karens vivent encore en quasi-autarcie.



L’agriculture

La culture du riz se fait traditionnellement selon la technique de l’abbatis-brûlis, qui est l’héritage des ancêtres nomades. Les principales étapes de mise en œuvre de cette technique sont les suivantes :

1. Défrichement d’un pan de forêt : la broussaille est découpée en premier, puis les arbustes, et enfin les plus gros arbres.

2. Isolation du champ du reste de la jungle, par l’établissement d’un pourtour et d’une barrière.

3. Abandon de la parcelle pendant une grande partie de la saison chaude, le plus souvent pendant les mois de février et de mars. La terre sèche.

4. Brûlis, pendant la fin du mois de mars : le feu est mis à la parcelle, et la cendre permet de fertiliser la terre.

5. Plantation, en général vers le mois de juin : les femmes creusent des trous dans la terre à l’aide de bâtons pointus, et l’on dépose une graine dans chaque trou.

6. Protection de la culture pendant la montaison, le plus souvent en faisant la chasse aux oiseaux à l’aide de frondes.

7. Récolte du riz mûr, après la saison des pluies (à partir de mi-octobre) : les plants sont réunis en bouquets puis foulé.

Cette technique est en théorie interdite par le gouvernement afin de préserver les forêts, mais elle est en réalité tolérée car elle constitue la seule source d’alimentation des Karens. Les rendements sont en général très faibles et la quantité de travail à fournir très importante. Après chaque récolte, une période de jachère de 6 à 7 ans doit être respectée avant de pouvoir recultiver sur la même parcelle. Les cultures sont donc chaque année plus éloignées des villages. Pendant la récolte, les Karens restent toute la semaine dans leurs champs et ne rentrent au village que le dimanche.

La technique de culture en terrasses irriguées apparaît peu à peu mais est encore minoritaire. Les récoltes ne servent bien souvent seulement à nourrir la famille, les excédents sont très faibles et les marchés trop éloignés pour pouvoir constituer une source de revenus. Chaque famille cultive aussi du piment et possède quelques animaux (poules, cochons, buffles).

L’alimentation dans les villages est très peu variée. Les repas sont à base de riz et de piments, parfois accompagnés d’herbes ou de fruits cueillis dans la jungle. La viande reste très rare.



Le tissage traditionnel

Traditionnellement, toutes les tenues portées par les Karens proviennent du tissage. Chaque femme sait tisser et cet art se transmet de génération en génération. Certains motifs complexes ne sont réalisables que par quelques femmes. Ces tenues traditionnelles sont de plus en plus souvent remplacées par des vêtements de « type moderne », car meilleur marché. Cependant les vêtements traditionnels sont toujours portés lors des fêtes.

Le code vestimentaire karen permet d'exprimer de nombreuses choses : la situation affective, la provenance, les traits de caractères... Ainsi les jeunes filles non mariées portent une robe blanche alors que les femmes mariées portent une jupe et une chemise de couleur. Les couleurs choisies représentent le caractère de ceux qui les portent : le rouge est symbole de courage, le bleu de pureté.



Une jeune fille non mariée en robe blanche - Trois femmes mariées et une Soeur



Mes rencontres personnelles

Depuis quatre mois, j’ai pu faire de nombreuses rencontres avec des Karens. Je me suis principalement rendue dans deux villages : Maewe et Poblaki. Ces Karens sont principalement catholiques. Voici quelques anecdotes :

La pudeur karen

Les Karens sont en général très pudiques. Ils n’expriment que difficilement leurs sentiments. Les relations entre jeunes hommes et jeunes femmes non mariés ne sont pas toujours très simples. Les couples ne se montrent jamais en public et les relations ne sont officialisées que quelques semaines avant le mariage. Il est important d’éviter toute relation d’intimité entre un homme et une femme non mariés. Des amis ne peuvent donc pas dormir seuls dans une même maison, ni même monter sur une même moto pour effectuer un trajet dans les montagnes. Tous ces « tabous » ne sont parfois pas évidents à maîtriser et à comprendre pour des occidentaux.

L’alcool de riz

L’alcool est souvent très présent dans ces villages. Les Karens font eux-mêmes leur alcool en distillant du riz après la récolte. Il existe toute une tradition autour de cet alcool. Le soir des groupes de personnes se retrouvent autour d’une bouteille d’alcool, et un rituel très précis commence alors. Tout le monde est assis par terre en cercle. Il n’y a en général qu’un seul verre, que le « maître » de la bouteille fait passer de mains en mains, c’est lui qui décide de l’ordre dans lequel les convives boiront. Le premier verre doit être bu « cul sec » par chacun des convives. Les verres suivants peuvent être partagés, mais attention, pas de n’importe quelle façon ! La personne, dont c’est le tour de boire, doit commencer et terminer le verre, et peut au milieu proposer aux autres personnes de l’aider. Lorsque l’on est entré dans le cercle, on est obligé de boire jusqu’à la fin de la bouteille. Le dernier verre de la bouteille doit être partagé entre tous les convives.

Cette tradition est très conviviale, mais comme toujours, attention aux abus !

Les repas de fêtes

Lorsqu’une fête ou un événement important est célébré, cela donne lieu à un repas particulier. En général, un cochon est tué pendant la nuit. Le lendemain, le repas est donc composé de riz et de porc. Ici, les parties les plus réputées et prisées, sont les parties que nous mangeons rarement en France. Si bien que l’on peut trouver un plat entier de gras de proc, ou de tripes, etc. On se demande souvent où est passée la viande en elle-même : les saucisses, les côtes de porc ne sont que rarement proposées ! D’un point de vue personnel, les repas de fêtes ne sont donc vraiment pas les meilleurs !

Mariage karen

J’ai eu la chance d’assister à un mariage karen dans le village de Maewe. La mariée était originaire de Maewe, et le marié de Maeramat (grand village situé dans la région). Contrairement à ce qui se fait en France, le mariage est fêté avant la cérémonie et non après. La veille donc, de nombreuses personnes se rassemblent dans la maison des parents de la mariée. Des chants traditionnels sont entonnés autour de plats de riz et d’alcool de riz. C’est alors l’occasion de se retrouver, de discuter librement et de boire. Un cochon est en général tué dans la nuit.

Le jour du mariage, les femmes se rassemblent chez les parents de la mariée et le cortège accompagne la mariée jusqu’à l’église. Un cortège similaire, constitué d’hommes, accompagne le marié. La mariée est vêtue de sa robe blanche traditionnelle à laquelle s’ajoute une coiffe blanche. La demoiselle d’honneur porte exactement la même tenue. Le marié est vêtu d’une chemise karen traditionnelle. Une messe est alors célébrée et les vœux échangés. Pudeur karen oblige, il n’est pas question de baiser entre les mariés. Les mariés sont raccompagnés chez la mariée qui met immédiatement sa tenue de femme mariée : jupe et chemise de couleur. Des dons sont alors faits aux mariés et tout le monde est invité à manger. Juste après le repas, tous les invités repartent chez eux, la fête est terminée !





La cérémonie à l'église (la mariée est en robe blanche) - Juste après la cérémonie (la mariée est en jupe rouge et chemise noire)



Toutes mes rencontres avec des Karens se sont bien passées et étaient très intéressantes. Ils sont en général curieux de notre vie et posent beaucoup de questions. Il n’est pas toujours évident de tout expliquer, mais c’est à chaque fois un échange culturel passionnant ! Les Karens sont des gens aimables, toujours prêts à aider et à nous accueillir.

J’aurais encore beaucoup de choses à raconter, mais je pense que mon post est assez long, et puis il faut quand même laisser quelques surprises à ceux qui viendront ensuite à la rencontre des Karens !

Pour plus d'informations sur les Karens : http://www.terres-karens.org/rubrique,qui-sont-les-karens,1107510.html


source http://unanalarencontredeskarens.blog.youphil.com/archive/2011/02/24/rencontre-avec-les-karens.html
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Message  Admin Dim 11 Nov 2012 - 8:17



Myanmar is home to one of the highest concentrations of landmines in the world.

The area along the country's border with Thailand has been home to an ethnic Karin rebel group for years, and the government has laid a number of mines there in response to the rebellion.

Many victims of the mines, however, are civilians. And, unable to get sufficient treatment in the area, they are forced to cross the border into Thailand seeking medical care.

Al Jazeera's Veronica Pedrosa reports from Mae Sot, on the Thai side of the border.
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Message  Admin Sam 23 Fév 2013 - 10:47



Thailand's Kaeng Krachan National Park has been home to members of the Karen ethnic group for generations - but in July 2011 park officials set one of the villages on fire and forced them to leave.

Park officials accused the Karen people of deforestation and of growing marijuana plants - accusations that are denied. The park director says that failed negotiations over two years left him little choice but to take drastic measures. Fearful of having their homes and farms destroyed, many Karen families moved into a park-sanctioned village - but they have less land and miss their traditional homes in the mountains.

Al Jazeera's Florence Looi reports from Kaeng Krachan National Park.
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