"Come baby" de Patrick Besson

Au bout du compte, que reste-t-il de nos histoires d'amour ?


Il y a quelque chose de bouleversant dans le livre que Patrick Besson vient de publier. Il n'a l'air de rien avec ses 80 pages autobiographiques imprimées en gros caractères. Pourtant, il pèse aussi lourd que tout ce que le romancier a écrit jusque-là, des dizaines de romans et des milliers de chroniques dans la presse, où toujours il tentait de noyer sa mélancolie dans la légèreté.

Pour être ému par Come Baby, il faut savoir que Patrick Besson est, était, un grand ricaneur devant l'Éternel. Communiste sincère et dandy. Toujours mal pensant, et disant beaucoup de mal. Mais sentimental.

Dans ce nouveau livre, c'en est fini des pirouettes-cacahouètes. Comme un enfant qui aurait l'audace de composer un seul puzzle avec des morceaux provenant de boîtes différentes, Patrick Besson ajuste des souvenirs qui semblent ne pas aller ensemble. Il met bord à bord des images de sa dernière histoire d'amour parisienne et des moments vécus pendant le voyage qu'il fit à Bangkok lorsque cette histoire se termina. Au centre du récit, dans un bref paragraphe qui passe presque inaperçu, on le voit passer un coup de fil à son épouse.

Une ado trentenaire
Celle dont il tombe amoureux à 50 ans passés est la plus jolie fille du milieu littéraire. Elle a de longs cheveux blonds et des épaules parfaites. De l'esprit, de l'élégance, de la force. Mais d'emblée quelque chose cloche entre eux. «Que faisais-je main dans la main avec une fausse ado ayant dépassé la trentaine? Elle droite comme un point d'exclamation, moi voûté comme un point d'interrogation.»

Il évoque leur première nuit au Crillon. Saute une ligne. Décrit la soirée qu'il passe à l'hôtel Shangri-La en Thaïlande, avec deux jeunes prostituées. Ici et là-bas, il boit du champagne.

Dès qu'il l'a vue au bar, il a eu un coup de foudre pour la petite Noï. «Il lui dit qu'elle est toute la beauté du monde et qu'il l'aime.» Il l'admire. Auprès d'elle, si innocente, si évidemment impatiente de le quitter après avoir empoché ses 200 euros, il retombe mystérieusement en enfance.

À Bangkok, il a emporté un volume de Voltaire. «Il se rend compte qu'il déteste ce paranoïaque sarcastique et athée, bien qu'il se reconnaisse en lui.» Il monte avec Noï dans sa chambre. «Il trouve enfin ce qu'il était venu chercher à Bangkok : la certitude que le plaisir sexuel est inepte. Il l'a pourtant cherché toute sa vie, par conséquent inepte aussi.»

Vu de près, ce tissu d'anecdotes personnelles paraît sans intérêt, trop anodin, même pas brillant. Il dit pourtant des choses graves. Patrick Besson a tombé les masques. Il a rédigé une espèce de testament spirituel.

Come baby de Patrick Besson Mille et une nuits, 88 p., 10 €.


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