La crise touche aussi l'action humanitaire

« Nous sommes mitigés ». Nicolas Bonnefoy, directeur administratif de Pharmaciens sans frontières (PSF), envisage l'avenir de l'ONG avec la plus grande prudence. Mardi, un repreneur a été désigné par le tribunal de grande instance de Bordeaux. Il s'agit d'une autre association, l'Agence d'aide à la coopération technique et au développement (Acted), créée en 1993 en Afghanistan. Les conditions proposées ne sont pas optimales : Acted ne reprend pas le passif de PSF, évalué à un million d'euros, et seulement une partie des actifs.

« Nous reprenons la mission au Cambodge, qui est la plus importante, avec 62 salariés sur 80 », précise Frédéric Roussel, cofondateur d'Acted. En revanche, l'autre mission en cours, au Tadjikistan, pourrait être abandonnée. Cinq autres missions ont été mises en sommeil par PSF en début d'année, difficultés financières obligent. « Nous nous efforcerons d'en réactiver deux ou trois », assure-t-il. Une délégation d'Acted est attendue aujourd'hui et demain dans les locaux de Pharmaciens sans frontières, dans le quartier des Chartrons, à Bordeaux, pour faire le point. Le siège social de l'ONG ne compte plus que dix personnes aujourd'hui, contre une vingtaine à sa création, en 2007. Toutes, sauf une, seront licenciées. « Nous sommes tristes mais résignés, car on sait que tout est fini », confie Ghislaine Soulier, l'une des salariés. Elle regarde avec nostalgie les photos prises sur le terrain, affichées sur les murs de la salle de réunion désormais déserte : Tchad, Haïti, Sud-Soudan, etc. « Espérons qu'Acted poursuivra notre action », soupire-t-elle. En redressement judiciaire depuis cet été, PSF a été frappé de plein fouet par la crise. La baisse des subventions gouvernementales, qui faisaient vivre l'ONG à 85 %, lui a été fatale. « Deux gros contrats avec des laboratoires sont tombés à l'eau en début d'année et les banques ne nous ont pas suivis », ajoute le directeur administratif. Chez Acted, on se dit « sereins » : « PSF a une très bonne réputation sur le terrain, c'est une partie du patrimoine humanitaire français et cela nous aidera à relancer une dynamique ».

source 20minutes