Dans l'est Thaïlandais, un peu de far-west américain
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Dans l'est Thaïlandais, un peu de far-west américain
photo AFP
Ils dansent sur de la country, portent le lasso à la ceinture et arborent des sur-pantalons de cuir épais avec le légendaire chapeau à larges bords des cow-boys du grand Ouest des Etats-Unis. Mais ils sont en Isan, dans le nord-est thaïlandais.
Aux antipodes des grandes plaines américaines, la légende de la conquête de l'Ouest a pris racine dans ces terres plutôt pauvres du sud-est asiatique, où un festival rassemble chaque année des milliers de familles. Il y a quarante ans, en pleine guerre du Vietnam, des troupes américaines étaient installées en Thaïlande et surveillaient la frontière avec le Laos, où une guérilla communiste prenait peu à peu le pouvoir. La force de pénétration de la culture américaine a fait le reste. "On peut dire que ça vient de la guerre du Vietnam, mais la plupart des gens découvrent les cow-boys dans les films", explique Surasak Sitawanamas, propriétaire de l'hôtel Cow-boy City, où le festival s'est tenu au début de l'année. Vêtu d'une veste en peau de mouton avec une fourrure sur l'épaule gauche, Surasak explique que son hôtel de 65 chambres, entièrement dédié à la culture cow-boy, est un rêve de gosse. "J'aime les cow-boys depuis que je suis tout petit. Mes copains d'école et moi, on regardait les westerns et j'ai décidé qu'un jour, j'ouvrirais mon propre hôtel", dit-il sans oublier de citer John Wayne au panthéon de ses icônes personnelles. Beaucoup viennent au festival pour apprécier l'ambiance et arborer un déguisement soigné. D'autres n'hésitent pas à parler de choix de vie, et défendent l'élevage de bétail comme une profession de foi. Wilai Chomchono a choisi une chemise violette surimprimée de crânes de vache avec foulard réglementaire. Il porte pas moins de trois revolvers à la ceinture. "J'étais l'un des premiers cow-boys de la région. J'ai vécu avec des chevaux toute ma vie, c'est pour ça que suis un cow-boy. Je m'habille tous les jours comme ça", dit-il. La sono crache du John Denver, un chanteur américain détenteur d'une certaine tradition de la country, et qui a largement essaimé dans les karaokés d'Asie du sud-est depuis quarante ans. Wilai regarde ses deux fils s'exercer au lasso et propose des promenades à cheval. Partout autour, on discute autour de feux de bois dans les effluves de cochon à la broche. Seule la chaleur, l'extrême humidité et les faciès asiatiques rappellent qu'on est bien quelque part en Asie du sud-est. A quelques kilomètres de là, de petits restaurants de rues proposent des soupes thaïlandaises solidement épicées à des clients captivés par un rodéo au texas, retransmis par une chaîne de télévision satellitaire. "La région se prête bien aux cow-boys car nous sommes sur un plateau", explique le promoteur du festival Boonsong Singha, qui publie aussi une revue consacrée à la culture du far-west. "La région est propice à l'élevage", ajoute-t-il. "Le chapeau protège du soleil, les bottes et le jean sont parfaits dans les champs". Tout est permis au festival, y compris de venir déguisé en Apache ou en Comanche. Un cadre gouvernemental qui se fait appeler M. Oh arbore une splendide coiffe de chef indien, une tunique en daim et une série de colliers. C'est la dixième fois qu'il vient au festival, où il vend quelques souvenirs. "Dès la première fois, j'ai réalisé que j'aimais vraiment ça. C'est la liberté qui m'attire. Les cow-boys et les Indiens ont une vie d'hommes libres"
source http://u.nu/5awr7
Ils dansent sur de la country, portent le lasso à la ceinture et arborent des sur-pantalons de cuir épais avec le légendaire chapeau à larges bords des cow-boys du grand Ouest des Etats-Unis. Mais ils sont en Isan, dans le nord-est thaïlandais.
Aux antipodes des grandes plaines américaines, la légende de la conquête de l'Ouest a pris racine dans ces terres plutôt pauvres du sud-est asiatique, où un festival rassemble chaque année des milliers de familles. Il y a quarante ans, en pleine guerre du Vietnam, des troupes américaines étaient installées en Thaïlande et surveillaient la frontière avec le Laos, où une guérilla communiste prenait peu à peu le pouvoir. La force de pénétration de la culture américaine a fait le reste. "On peut dire que ça vient de la guerre du Vietnam, mais la plupart des gens découvrent les cow-boys dans les films", explique Surasak Sitawanamas, propriétaire de l'hôtel Cow-boy City, où le festival s'est tenu au début de l'année. Vêtu d'une veste en peau de mouton avec une fourrure sur l'épaule gauche, Surasak explique que son hôtel de 65 chambres, entièrement dédié à la culture cow-boy, est un rêve de gosse. "J'aime les cow-boys depuis que je suis tout petit. Mes copains d'école et moi, on regardait les westerns et j'ai décidé qu'un jour, j'ouvrirais mon propre hôtel", dit-il sans oublier de citer John Wayne au panthéon de ses icônes personnelles. Beaucoup viennent au festival pour apprécier l'ambiance et arborer un déguisement soigné. D'autres n'hésitent pas à parler de choix de vie, et défendent l'élevage de bétail comme une profession de foi. Wilai Chomchono a choisi une chemise violette surimprimée de crânes de vache avec foulard réglementaire. Il porte pas moins de trois revolvers à la ceinture. "J'étais l'un des premiers cow-boys de la région. J'ai vécu avec des chevaux toute ma vie, c'est pour ça que suis un cow-boy. Je m'habille tous les jours comme ça", dit-il. La sono crache du John Denver, un chanteur américain détenteur d'une certaine tradition de la country, et qui a largement essaimé dans les karaokés d'Asie du sud-est depuis quarante ans. Wilai regarde ses deux fils s'exercer au lasso et propose des promenades à cheval. Partout autour, on discute autour de feux de bois dans les effluves de cochon à la broche. Seule la chaleur, l'extrême humidité et les faciès asiatiques rappellent qu'on est bien quelque part en Asie du sud-est. A quelques kilomètres de là, de petits restaurants de rues proposent des soupes thaïlandaises solidement épicées à des clients captivés par un rodéo au texas, retransmis par une chaîne de télévision satellitaire. "La région se prête bien aux cow-boys car nous sommes sur un plateau", explique le promoteur du festival Boonsong Singha, qui publie aussi une revue consacrée à la culture du far-west. "La région est propice à l'élevage", ajoute-t-il. "Le chapeau protège du soleil, les bottes et le jean sont parfaits dans les champs". Tout est permis au festival, y compris de venir déguisé en Apache ou en Comanche. Un cadre gouvernemental qui se fait appeler M. Oh arbore une splendide coiffe de chef indien, une tunique en daim et une série de colliers. C'est la dixième fois qu'il vient au festival, où il vend quelques souvenirs. "Dès la première fois, j'ai réalisé que j'aimais vraiment ça. C'est la liberté qui m'attire. Les cow-boys et les Indiens ont une vie d'hommes libres"
source http://u.nu/5awr7
Dernière édition par flipflop le Lun 15 Mar 2010 - 7:41, édité 1 fois
thanaka- Admin
- Localisation : il existe une application pour ça
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Date d'inscription : 31/05/2009
Cow-boys et quadrilles au pays des éléphants
Dans l’Isan thaïlandais, on aime de plus en plus la culture western depuis la guerre du Vietnam. Des opérateurs touristiques en ont même fait leur fonds de commerce
province de Nakhon Ratchasima
Il est 19 h 30 en cette soirée humide d’avril et la danse en ligne commence. Sur scène, des femmes habillées en cow-girls se balancent au rythme de la musique, chantonnant les paroles à mesure qu’elles avancent et reculent à l’unisson. Au moment où elles retournent s’asseoir, j’entends des chevaux hennir au loin. Un groupe de cavaliers en chapeau et veste de daim passent au galop sur leurs montures noires et blanches. J’observe la scène, fasciné, au milieu de clients portant des cravates lacets. C’est ma première soirée au Pensuk Great Western Resort, un complexe de vacances d’une quinzaine d’hectares situé au cœur de l’Asie du Sud-Est. Les “cow-girls” sont de gracieuses Thaïlandaises et les “cow-boys”, de frêles et agiles Thaïlandais.
S’approchant de la scène, les hommes jouent leur version d’une bataille rangée de western, feignant de cogner comme des ivrognes sur leurs copains avant de se gratifier mutuellement d’un wai, courbette respectueuse effectuée les mains jointes. Au lieu de s’achever par une fusillade, la rixe se finit à la manière consensuelle thaïe : tout le monde danse sur la scène, cow-girls et cow-boys, femmes de la haute société thaïe et touristes étrangers.
“Construire ici notre complexe de loisirs nous a paru évident”, m’expliquent le lendemain les directeurs du Pensuk, alors que j’essaie de comprendre comment le Texas s’est retrouvé en pleine campagne thaïlandaise. “Car c’est ici qu’il y a des cow-boys.” Les habitants du nord-est de la Thaïlande, grande région d’élevage bovin du royaume, sont depuis longtemps fans de l’Ouest sauvage. Lors de la guerre du Vietnam, les GI cantonnés en Thaïlande (où les Etats-Unis avaient installé d’immenses bases aériennes [elles ont compté jusqu’à 50 000 hommes en 1969]) ont apporté dans la région leurs photos de Clint Eastwood, leurs albums d’Ennio Morricone et leur goût pour les steaks et les hamburgers. La culture cow-boy a ainsi pris racine. Pour les habitants de la région, les champs de maïs brûlés par le soleil du Nord-Est rappellent les plaines et les mesas qui forment le décor typique des westerns, et leur musique traditionnelle – cordes grinçantes et complaintes mélancoliques – ne détonnerait pas dans un bar de Tucson [Arizona]. Les habitants du Nord-Est se reconnaissent aisément dans l’esprit indépendant des cow-boys – la région a tenté de faire sécession et était, il y a quelques décennies encore, un foyer d’insurrection. Aussi, depuis une dizaine d’années, des entrepreneurs thaïs enrichis par le développement économique du pays ont ouvert un peu partout dans la région des ranches-hôtels et autres reconstitutions de western. Yuttana Pensuk, un homme d’affaires prospère, a ouvert son ranch en 1995 par amour de l’Ouest américain, avant de le transformer en entreprise commerciale. Il accueille désormais chaque année des centaines de clients, dont beaucoup d’étrangers.
J’avais déjà entendu parler de Pensuk à l’époque où je vivais à Bangkok. Profitant d’une récente visite dans la capitale, j’ai décidé d’aller voir ce qu’il en était. Une fois sortis de la ville, nous laissons rapidement, mon amie et moi, les centres commerciaux derrière nous, pour rouler à travers un paysage désert de garrigue ponctuée de plateaux et de falaises calcaires en dents de scie. Au loin, parfois, quelques rizières en terrasses pareilles à d’énormes gâteaux de mariage. A deux heures de route de Bangkok, bars de style western, restaurants de grillades et étals de fruits frais et de maïs doux se succèdent le long de la route. Nous nous engageons dans une route secondaire bordée de petits élevages de bovins et de vaches laitières. Des cow-boys au visage buriné, les yeux perpétuellement plissés et mâchant du bétel (au lieu de tabac) conduisent leurs troupeaux à travers routes et pâturages. De temps à autre, le spectacle incongru d’une pagode bouddhiste surgit à l’horizon, ses toits pointus couverts de morceaux de verre coloré scintillant tels des joyaux sous le soleil de la mi-journée. Il s’agit là pratiquement du seul signe visible nous rappelant que nous nous trouvons en Extrême-Orient et non dans l’Ouest sauvage.
Les touristes thaïlandais aiment à suivre ces routes, allant d’une exploitation agricole à l’autre pour y goûter yaourts et lait frais, faire une promenade à cheval ou passer la nuit dans une chambre d’hôtes. La région est renommée pour son hospitalité. Partout où nous faisons halte, il est aisé d’engager la conversation. Sur le conseil d’amis, nous nous rendons à la ferme Yana, qui vend du lait de chèvre mais aussi un large éventail de produits dérivés (du fromage, de la crème glacée et même du shampooing) ainsi que des fruits bio – papayes et melons charnus coupés en gros morceaux, si sucrés qu’ils vous laissent un goût de bonbon.
Puis nous quittons de nouveau la route principale et prenons un chemin bordé de boutiques et de bars de style western. Au Texas Saloon, nous nous installons dans une réplique de chariot couvert et écoutons la conversation de trois Américains attablés à côté de nous, en attendant notre repas – une soupe épicée tom yam et des hamburgers relevés de fines herbes locales. Puis nous nous risquons, à deux pas de là, chez Buffalo Bill’s – le plus gros distributeur de produits western en Thaïlande. De fait, on y trouve paniers-repas style cow-boy des années 1950, têtes de bison à longs poils et derniers numéros de Western Horseman [magazine équestre américain publié depuis 1936]. “J’adore le mode de vie décontracté de l’Ouest américain”, nous confie l’une des propriétaires, une femme prénommée Ing. “C’est la liberté, et le Nord-Est [thaïlandais] est pareil.” Ing, qui dirige le magasin avec son mari, ne vit que pour se rendre chaque année à Denver, dans le Colorado, à un rassemblement cow-boy.
Nous débarquons au Pensuk en fin d’après-midi. La grande rue, bordée de saloons des deux côtés, semble tout droit sortie d’un plateau de tournage pour westerns-spaghettis. Dans notre chambre, nichée derrière une fausse façade de boutique – les chambres de l’hôtel sont aménagées en répliques de saloons, de tipis et même de cellules de prison –, toutes les surfaces ou presque sont couvertes de reproductions murales kaléidoscopiques de mesas aux couleurs psychédéliques et aux formes étranges. On dirait un mélange de Robert Crumb et de Georgia O’Keeffe [deux artistes américains, le premier connu pour ses bandes dessinées critiques, voire subversives, la seconde pour ses paysages synthétisant abstraction et figuration]. Même la salle de bains est dotée d’une touche western déconcertante : sur le siège des WC, le dessin d’une tête de cheval ne me quitte pas des yeux.
Je passe une heure ou deux à flâner, traversant des vallons herbeux et des terrains arides parsemés de cocotiers, de fougères tropi c ales géantes et de buissons isolés. Des chevaux se blottissent à l’ombre des cocotiers, cherchant à échapper à la chaleur accablante. Des enfants courent autour d’un tipi en poussant des cris, tandis que leurs parents examinent l’intérieur et prennent des photos. Des clients s’essaient au tir à l’arc, des cuisiniers font cuire à la broche un cochon entier. Des musiciens en chapeau de cow-boy et en jupe de flanelle jouent une curieuse version country-thaïe d’Imagine. Un paon solitaire se pavane dans un coin, exhibant sa roue, tandis que, dans un champ, un employé mène à un trot modeste un cheval portant sur son dos un garçonnet coiffé d’un 10 gallon hat (haut chapeau). Le Pensuk loue en effet aux visiteurs des couvre-chefs de style western.
Tôt le lendemain, la lumière rose du soleil me réveille. Alors que les autres clients dorment encore, je marche jusqu’à la limite de la propriété. Dans les champs voisins, je découvre des sanctuaires décrépits au pied desquels s’amoncellent des offrandes de fruits. J’avais presque oublié que j’étais dans une région profondément bouddhiste. L’image de temples récemment visités me revient. Dans certaines parties de l’Asie du Sud-Est, certains monuments bouddhistes ont été restaurés à la Disney. Mais pas dans le nord-est de la Thaïlande. Comme les paysages rudes et les traits creusés des cow-boys, les ruines sont patinées par le temps. Leurs pierres grossièrement taillées et blanchies au soleil sont polies par les moussons et les pas des moines des siècles passés.
Une fois mon amie levée, nous nous attablons pour un petit-déjeuner à la mode du Pensuk – une orgie de viande –, puis nous nous dirigeons vers Chokchai, situé non loin de là. S’étendant sur plus de 3 000 hectares de prairies naturelles et de champs de tournesols, Chokchai est le plus grand élevage laitier d’Asie du Sud-Est. Nous optons pour une visite complète des lieux, qui commence avec un vieux film en noir et blanc du début des années 1960 décrivant le rassemblement des troupeaux. Une guide en jeans et chemise à carreaux nous conduit ensuite de la station de traite jusqu’à un enclos, où elle se lance dans la description détaillée d’une insémination artificielle. Nous finissons par la visite des étables, où des ouvriers agricoles déploient leurs talents pour la capture de veaux au lasso, le marquage au fer et l’équitation. “On peut observer le mode de vie cow-boy partout en Thaïlande”, m’assure Choak Bulakul, qui dirige la société Chokchai. “Nous le rendons accessible à tous.”
De fait, une semaine plus tard, de retour à Bangkok, je remarque partout des signes de ce “mode de vie cow-boy”. De jeunes loups armés de leur téléphone portable engloutissent des portions de viande gargantuesques dans des grils Chokchai. Les cinémas projettent un western gay version thaïe parodiant Brokeback Mountain. Ici et là, au pied de tours, des bars western accueillent des crooners chantant une ode à la gloire de leurs bien-aimées – et de leurs buffles d’eau.
Un soir, j’entre au Tawan Daeng, un bar cow-boy dans la banlieue nord de la capitale. De jeunes gens en pantalon tape-à-l’œil et en robe moulante sont installés à de longues tables enserrant la piste de danse et descendent de colossales quantités de whisky bon marché. Les murs sont tapissés de portraits des plus grands chanteurs de country, dont certains, à l’image de leurs homologues américains, sont morts tragiquement jeunes. Un groupe de dix musiciens entre en scène, hurlant du mor lam, de la country électrique thaïe aux changements de tonalité surprenants. Flanqué de danseuses en tenue de pom-pom girls américaines, le chanteur se penche et entonne une interminable ballade sur l’élue de son cœur qui, dans la plus pure tradition country-western, l’a quitté pour un autre. Les couples envahissent la piste, mêlant quadrilles américains et danses lentes traditionnelles thaïes. La chanson se conclut par un solo d’harmonica plaintif. Pendant que le chanteur s’empare à nouveau du micro, les serveurs remplissent une fois de plus les verres de whisky.
source www.courrierinternational.com/
Carnet de route
Y ALLER
De nombreuses compagnies aériennes européennes, asiatiques et moyen-orientales proposent des vols entre Paris et Bangkok (les premiers prix se situent autour de 600 euros). Seules Air France et Thai Airways assurent des vols directs (environ douze heures). Le Pensuk Great Western Resort est situé aux abords de Nakhon Ratchasima, plus communément connue sous le nom de Khorat. Cet important centre industriel et administratif, à 260 kilomètres de Bangkok, est accessible depuis la capitale en bus (quatre heures), en train (six heures) ou en avion.
OÙ DORMIR
Le Pensuk Great Western Resort www.pensuk.com propose des chambres à partir de 1 200 bahts (25 euros) par personne, comprenant dîner avec spectacle de cow-boys, prêt d’un VTT et accès à la piscine. La ville de Khorat offre une large palette de logements, de la guest house pour routard désargenté aux hôtels grand luxe, dont le Dusit Princess
http://www.dusit.com/hotels/thailand/korat/dusit_princess/index.html
SE RESTAURER
La cuisine de l’Isan (nord-est de la Thaïlande) est réputée pour ses épices et ses piments. Comme partout dans le pays, Khorat regorge de restaurants et de simples étals de rue. Essayez le kai yaang (poulet grillé épicé), le som tam (salade de papaye, citron vert et piment frais), le lab (viande émincée accompagnée d’échalotes et de feuilles de menthe) ou encore les insectes grillés.
A VOIR
La région de l’Isan, souvent boudée par les touristes, abrite une multitude de parcs nationaux et de vestiges khmers. Accessible depuis Khorat, le parc de Khao Yai www.khaoyai.com héberge sur ses 2 000 km2 une faune impressionnante, dont 200 à 300 éléphants sauvages. A une soixantaine de kilomètres au nord-est de Khorat, Phimai est connue pour son merveilleux temple khmer, qui, disent certains, a servi de modèle à Angkor Vat. Plus au sud, dans la province de Buriram, à proximité de la frontière cambodgienne, s’élève le Prasat Phanom Rung. Il s’agit là de l’ensemble de temples khmers le mieux restauré de toute la Thaïlande. La province est également réputée pour sa soie. Pak Thong Chai, à une trentaine de kilomètres au sud de Khorat, est l’un des plus célèbres centres de tissage du pays.
province de Nakhon Ratchasima
Il est 19 h 30 en cette soirée humide d’avril et la danse en ligne commence. Sur scène, des femmes habillées en cow-girls se balancent au rythme de la musique, chantonnant les paroles à mesure qu’elles avancent et reculent à l’unisson. Au moment où elles retournent s’asseoir, j’entends des chevaux hennir au loin. Un groupe de cavaliers en chapeau et veste de daim passent au galop sur leurs montures noires et blanches. J’observe la scène, fasciné, au milieu de clients portant des cravates lacets. C’est ma première soirée au Pensuk Great Western Resort, un complexe de vacances d’une quinzaine d’hectares situé au cœur de l’Asie du Sud-Est. Les “cow-girls” sont de gracieuses Thaïlandaises et les “cow-boys”, de frêles et agiles Thaïlandais.
S’approchant de la scène, les hommes jouent leur version d’une bataille rangée de western, feignant de cogner comme des ivrognes sur leurs copains avant de se gratifier mutuellement d’un wai, courbette respectueuse effectuée les mains jointes. Au lieu de s’achever par une fusillade, la rixe se finit à la manière consensuelle thaïe : tout le monde danse sur la scène, cow-girls et cow-boys, femmes de la haute société thaïe et touristes étrangers.
“Construire ici notre complexe de loisirs nous a paru évident”, m’expliquent le lendemain les directeurs du Pensuk, alors que j’essaie de comprendre comment le Texas s’est retrouvé en pleine campagne thaïlandaise. “Car c’est ici qu’il y a des cow-boys.” Les habitants du nord-est de la Thaïlande, grande région d’élevage bovin du royaume, sont depuis longtemps fans de l’Ouest sauvage. Lors de la guerre du Vietnam, les GI cantonnés en Thaïlande (où les Etats-Unis avaient installé d’immenses bases aériennes [elles ont compté jusqu’à 50 000 hommes en 1969]) ont apporté dans la région leurs photos de Clint Eastwood, leurs albums d’Ennio Morricone et leur goût pour les steaks et les hamburgers. La culture cow-boy a ainsi pris racine. Pour les habitants de la région, les champs de maïs brûlés par le soleil du Nord-Est rappellent les plaines et les mesas qui forment le décor typique des westerns, et leur musique traditionnelle – cordes grinçantes et complaintes mélancoliques – ne détonnerait pas dans un bar de Tucson [Arizona]. Les habitants du Nord-Est se reconnaissent aisément dans l’esprit indépendant des cow-boys – la région a tenté de faire sécession et était, il y a quelques décennies encore, un foyer d’insurrection. Aussi, depuis une dizaine d’années, des entrepreneurs thaïs enrichis par le développement économique du pays ont ouvert un peu partout dans la région des ranches-hôtels et autres reconstitutions de western. Yuttana Pensuk, un homme d’affaires prospère, a ouvert son ranch en 1995 par amour de l’Ouest américain, avant de le transformer en entreprise commerciale. Il accueille désormais chaque année des centaines de clients, dont beaucoup d’étrangers.
J’avais déjà entendu parler de Pensuk à l’époque où je vivais à Bangkok. Profitant d’une récente visite dans la capitale, j’ai décidé d’aller voir ce qu’il en était. Une fois sortis de la ville, nous laissons rapidement, mon amie et moi, les centres commerciaux derrière nous, pour rouler à travers un paysage désert de garrigue ponctuée de plateaux et de falaises calcaires en dents de scie. Au loin, parfois, quelques rizières en terrasses pareilles à d’énormes gâteaux de mariage. A deux heures de route de Bangkok, bars de style western, restaurants de grillades et étals de fruits frais et de maïs doux se succèdent le long de la route. Nous nous engageons dans une route secondaire bordée de petits élevages de bovins et de vaches laitières. Des cow-boys au visage buriné, les yeux perpétuellement plissés et mâchant du bétel (au lieu de tabac) conduisent leurs troupeaux à travers routes et pâturages. De temps à autre, le spectacle incongru d’une pagode bouddhiste surgit à l’horizon, ses toits pointus couverts de morceaux de verre coloré scintillant tels des joyaux sous le soleil de la mi-journée. Il s’agit là pratiquement du seul signe visible nous rappelant que nous nous trouvons en Extrême-Orient et non dans l’Ouest sauvage.
Les touristes thaïlandais aiment à suivre ces routes, allant d’une exploitation agricole à l’autre pour y goûter yaourts et lait frais, faire une promenade à cheval ou passer la nuit dans une chambre d’hôtes. La région est renommée pour son hospitalité. Partout où nous faisons halte, il est aisé d’engager la conversation. Sur le conseil d’amis, nous nous rendons à la ferme Yana, qui vend du lait de chèvre mais aussi un large éventail de produits dérivés (du fromage, de la crème glacée et même du shampooing) ainsi que des fruits bio – papayes et melons charnus coupés en gros morceaux, si sucrés qu’ils vous laissent un goût de bonbon.
Puis nous quittons de nouveau la route principale et prenons un chemin bordé de boutiques et de bars de style western. Au Texas Saloon, nous nous installons dans une réplique de chariot couvert et écoutons la conversation de trois Américains attablés à côté de nous, en attendant notre repas – une soupe épicée tom yam et des hamburgers relevés de fines herbes locales. Puis nous nous risquons, à deux pas de là, chez Buffalo Bill’s – le plus gros distributeur de produits western en Thaïlande. De fait, on y trouve paniers-repas style cow-boy des années 1950, têtes de bison à longs poils et derniers numéros de Western Horseman [magazine équestre américain publié depuis 1936]. “J’adore le mode de vie décontracté de l’Ouest américain”, nous confie l’une des propriétaires, une femme prénommée Ing. “C’est la liberté, et le Nord-Est [thaïlandais] est pareil.” Ing, qui dirige le magasin avec son mari, ne vit que pour se rendre chaque année à Denver, dans le Colorado, à un rassemblement cow-boy.
Nous débarquons au Pensuk en fin d’après-midi. La grande rue, bordée de saloons des deux côtés, semble tout droit sortie d’un plateau de tournage pour westerns-spaghettis. Dans notre chambre, nichée derrière une fausse façade de boutique – les chambres de l’hôtel sont aménagées en répliques de saloons, de tipis et même de cellules de prison –, toutes les surfaces ou presque sont couvertes de reproductions murales kaléidoscopiques de mesas aux couleurs psychédéliques et aux formes étranges. On dirait un mélange de Robert Crumb et de Georgia O’Keeffe [deux artistes américains, le premier connu pour ses bandes dessinées critiques, voire subversives, la seconde pour ses paysages synthétisant abstraction et figuration]. Même la salle de bains est dotée d’une touche western déconcertante : sur le siège des WC, le dessin d’une tête de cheval ne me quitte pas des yeux.
Je passe une heure ou deux à flâner, traversant des vallons herbeux et des terrains arides parsemés de cocotiers, de fougères tropi c ales géantes et de buissons isolés. Des chevaux se blottissent à l’ombre des cocotiers, cherchant à échapper à la chaleur accablante. Des enfants courent autour d’un tipi en poussant des cris, tandis que leurs parents examinent l’intérieur et prennent des photos. Des clients s’essaient au tir à l’arc, des cuisiniers font cuire à la broche un cochon entier. Des musiciens en chapeau de cow-boy et en jupe de flanelle jouent une curieuse version country-thaïe d’Imagine. Un paon solitaire se pavane dans un coin, exhibant sa roue, tandis que, dans un champ, un employé mène à un trot modeste un cheval portant sur son dos un garçonnet coiffé d’un 10 gallon hat (haut chapeau). Le Pensuk loue en effet aux visiteurs des couvre-chefs de style western.
Tôt le lendemain, la lumière rose du soleil me réveille. Alors que les autres clients dorment encore, je marche jusqu’à la limite de la propriété. Dans les champs voisins, je découvre des sanctuaires décrépits au pied desquels s’amoncellent des offrandes de fruits. J’avais presque oublié que j’étais dans une région profondément bouddhiste. L’image de temples récemment visités me revient. Dans certaines parties de l’Asie du Sud-Est, certains monuments bouddhistes ont été restaurés à la Disney. Mais pas dans le nord-est de la Thaïlande. Comme les paysages rudes et les traits creusés des cow-boys, les ruines sont patinées par le temps. Leurs pierres grossièrement taillées et blanchies au soleil sont polies par les moussons et les pas des moines des siècles passés.
Une fois mon amie levée, nous nous attablons pour un petit-déjeuner à la mode du Pensuk – une orgie de viande –, puis nous nous dirigeons vers Chokchai, situé non loin de là. S’étendant sur plus de 3 000 hectares de prairies naturelles et de champs de tournesols, Chokchai est le plus grand élevage laitier d’Asie du Sud-Est. Nous optons pour une visite complète des lieux, qui commence avec un vieux film en noir et blanc du début des années 1960 décrivant le rassemblement des troupeaux. Une guide en jeans et chemise à carreaux nous conduit ensuite de la station de traite jusqu’à un enclos, où elle se lance dans la description détaillée d’une insémination artificielle. Nous finissons par la visite des étables, où des ouvriers agricoles déploient leurs talents pour la capture de veaux au lasso, le marquage au fer et l’équitation. “On peut observer le mode de vie cow-boy partout en Thaïlande”, m’assure Choak Bulakul, qui dirige la société Chokchai. “Nous le rendons accessible à tous.”
De fait, une semaine plus tard, de retour à Bangkok, je remarque partout des signes de ce “mode de vie cow-boy”. De jeunes loups armés de leur téléphone portable engloutissent des portions de viande gargantuesques dans des grils Chokchai. Les cinémas projettent un western gay version thaïe parodiant Brokeback Mountain. Ici et là, au pied de tours, des bars western accueillent des crooners chantant une ode à la gloire de leurs bien-aimées – et de leurs buffles d’eau.
Un soir, j’entre au Tawan Daeng, un bar cow-boy dans la banlieue nord de la capitale. De jeunes gens en pantalon tape-à-l’œil et en robe moulante sont installés à de longues tables enserrant la piste de danse et descendent de colossales quantités de whisky bon marché. Les murs sont tapissés de portraits des plus grands chanteurs de country, dont certains, à l’image de leurs homologues américains, sont morts tragiquement jeunes. Un groupe de dix musiciens entre en scène, hurlant du mor lam, de la country électrique thaïe aux changements de tonalité surprenants. Flanqué de danseuses en tenue de pom-pom girls américaines, le chanteur se penche et entonne une interminable ballade sur l’élue de son cœur qui, dans la plus pure tradition country-western, l’a quitté pour un autre. Les couples envahissent la piste, mêlant quadrilles américains et danses lentes traditionnelles thaïes. La chanson se conclut par un solo d’harmonica plaintif. Pendant que le chanteur s’empare à nouveau du micro, les serveurs remplissent une fois de plus les verres de whisky.
source www.courrierinternational.com/
Carnet de route
Y ALLER
De nombreuses compagnies aériennes européennes, asiatiques et moyen-orientales proposent des vols entre Paris et Bangkok (les premiers prix se situent autour de 600 euros). Seules Air France et Thai Airways assurent des vols directs (environ douze heures). Le Pensuk Great Western Resort est situé aux abords de Nakhon Ratchasima, plus communément connue sous le nom de Khorat. Cet important centre industriel et administratif, à 260 kilomètres de Bangkok, est accessible depuis la capitale en bus (quatre heures), en train (six heures) ou en avion.
OÙ DORMIR
Le Pensuk Great Western Resort www.pensuk.com propose des chambres à partir de 1 200 bahts (25 euros) par personne, comprenant dîner avec spectacle de cow-boys, prêt d’un VTT et accès à la piscine. La ville de Khorat offre une large palette de logements, de la guest house pour routard désargenté aux hôtels grand luxe, dont le Dusit Princess
http://www.dusit.com/hotels/thailand/korat/dusit_princess/index.html
SE RESTAURER
La cuisine de l’Isan (nord-est de la Thaïlande) est réputée pour ses épices et ses piments. Comme partout dans le pays, Khorat regorge de restaurants et de simples étals de rue. Essayez le kai yaang (poulet grillé épicé), le som tam (salade de papaye, citron vert et piment frais), le lab (viande émincée accompagnée d’échalotes et de feuilles de menthe) ou encore les insectes grillés.
A VOIR
La région de l’Isan, souvent boudée par les touristes, abrite une multitude de parcs nationaux et de vestiges khmers. Accessible depuis Khorat, le parc de Khao Yai www.khaoyai.com héberge sur ses 2 000 km2 une faune impressionnante, dont 200 à 300 éléphants sauvages. A une soixantaine de kilomètres au nord-est de Khorat, Phimai est connue pour son merveilleux temple khmer, qui, disent certains, a servi de modèle à Angkor Vat. Plus au sud, dans la province de Buriram, à proximité de la frontière cambodgienne, s’élève le Prasat Phanom Rung. Il s’agit là de l’ensemble de temples khmers le mieux restauré de toute la Thaïlande. La province est également réputée pour sa soie. Pak Thong Chai, à une trentaine de kilomètres au sud de Khorat, est l’un des plus célèbres centres de tissage du pays.
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Re: Dans l'est Thaïlandais, un peu de far-west américain
The film is about Thai those who love living like cowboy style go to the place called cowboy town located 159 km northeast of Bangkok in amphoe Pakchong in Nakhon Ratchasima.
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