Au Cambodge, mais 700 000 kms autour du monde

Leur voiture a un parfum de safari, et on regrette presque de la trouver aussi propre, lavée de la poussière du désert, de la boue des routes, dans la vitrine du showroom Mercedes de Phnom Penh. Difficile de croire que depuis 1990, cette voiture sillonne les routes du globe et vogue sur ses eaux. On s’approche pour regarder de plus près, à la recherche des marques du voyage. Ici, un peu de peinture écaillée, là une bosse, et puis le miroir fendu d’un des rétroviseurs. Tout de suite, on s’imagine les aventures trépidantes que le couple a vécues avec cet engin.

Gunther nous raconte la fois où il dormait dans le hamac tendu entre le toit de la voiture et un arbre. Comme un bruit le réveille, il sort un peu la tête de la toile pour comprendre d’où il vient. Ses yeux croisent alors ceux d’une hyène, à 50 cm tout juste de lui. Des histoires comme celle-ci, il en a des tonnes. Certaines sont drôles, d’autres moins, mais toutes son authentiques, vraies, reflets du quotidien de cet aventurier, de cet amoureux du voyage. Quand on le questionne sur ce qui l’a poussé à entreprendre un tel périple, il nous répond simplement qu’il voulait voir du pays, voir des pays. Les voir vraiment, les sentir, les connaître. Cet ancien pilote de ligne ne se satisfaisait pas d’une vie à ‘survoler’. Il avait besoin d’aller chercher l’essence des terres, d’être en contact, loin des places touristiques, seul, livré à lui-même. Au Cambodge, il est venu trois fois. "C’est un pays agréable, amical. On s’y sent en sécurité." , raconte Gunther, le sourire aux lèvres. Il y reviendra encore, l’année prochaine. Après son voyage en Chine et au Vietnam, les seuls pays qu’il n’a pas encore visités en Asie.

Voyages à quatre mains
On lui demande comment la vie à deux s’organise dans un espace aussi petit. Avec émotion, Gunther nous parle alors de sa femme, absente lors de notre rencontre pour des raisons de santé. "Je fais quelque chose pendant qu’elle en fait une autre. Sa main finit le geste de la mienne On avance comme ça. Je ne suis que les 50% de ce projet. Elle coupe les oignons, et je les fais cuire. Elle range certaines choses, j’en range d’autres. A deux, c’est facile.". Sous nos yeux, il déploie les trésors cachés de sa voiture. Les caisses de rangement, les lits, les ustensiles de cuisine. Chaque chose a sa place. Tout a été aménagé avec minutie. Pendant 6 mois, Gunther a pensé et bricolé son 'Otto' pour réussir à traverser l’Europe, puis l’Afrique, sans manquer de rien. Il en a fait une vraie voiture ‘faite main’ bien que l’aspect extérieur soit le même que le reste des modèles G-Wagon de 1998.

D’un voyage qui ne devait durer que quelques mois sur le continent africain, le couple y resta finalement 5 ans. Et puis de cette aventure en naquit une autre, en Amérique, en Europe, en Asie. De fil en aiguille, 686 000 kms parcourus. Un record ! Gunther, aujourd’hui âgé de 72 ans, nous confie son histoire avec humilité et passion. Tout ce qu’ils ont accompli, sa femme et lui, ils l’ont accompli seuls. Ils refusent les aides, les sponsors, ils ne veulent pas voir le bleu de leur voiture disparaître sous les stickers. "Dans certains pays, c’est mieux de passer inaperçu, de faire profil bas. Je refuse tout ça pour des raisons de sécurité.' avoue Gunther. On sent aussi que cet homme-là aime son indépendance, sa liberté. C’est un aventurier, un vrai. Pas un touriste.

Une retraite au Musée Mercedes-Benz de Stuttgart
Pour le couple, cette voiture a pris vie. Ils la surnomment 'Otto'. Gunther nous confie qu’il ne réalise pas toujours le chemin parcouru. Parfois, il nous dit se tourner vers sa femme pour lui souffler "tu te rends compte que cette voiture a été à Buenos Aires, à Moscou, en Angola. Elle a été dans la boue, dans l’eau... C’est incroyable !" . Si incroyable, que dès son tour du monde terminé, en 2011, 21 ans après le début de son épopée, 'Otto' ira prendre sa retraite au musée Mercedes-Benz à Stuttgart (Allemagne), devant une carte de 7 m retraçant dans le détail son parcours. "Là-bas, elle continuera de vivre. Elle gardera son histoire.", explique Gunther, fier et soulagé de la place qu’il lui a trouvée. Quant à lui, il ne connait pas encore la suite de ses projets. Il épousera peut- être sa femme, enfin. Quoique l’on peut considérer qu’à braver tous les dangers depuis 20 ans dans un but commun, c’est déjà s’être engagés pour le meilleur et pour le pire !

Aurions-nous su abandonner nos économies dans cette folle entreprise, et tout quitter pour une vie sur les routes ? Il est bien temps de saluer leur courage.

source www.lepetitjournal.com/

J'ai eu le plaisir de rencontrer Günther au Laos, sur l'île de Khone (Si Pan Don), juste avant qu'il ne passe la frontière pour le Cambodge. C'était le 7 mars. Très sympa !

Sur la première photo, il sortait du ferry :

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et sur la seconde, il m'a accordé une interview :

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souhaitons-lui un bon retour en Germanie !

claude