Réflexion sur le riz, en attendant la pluie
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Réflexion sur le riz, en attendant la pluie
A cause de la déforestation, les petits producteurs de riz de Thaïlande sont à sec.
La culture du riz est fortement dépendante des pluies en Thaïlande, surtout dans les zones non irriguées comme c'est le cas pour la plupart des petits producteurs du plateau d'Isan, la principale région de production de riz en Thaïlande.
On plante à partir de juin ou juillet en général, suivant l'arrivée des pluies dans les montagnes et les vallées ou on cultive le riz. Cette année, comme de plus en plus fréquemment, l'arrivée des pluies se fait attendre. En Isan, la situation est particulièrement préoccupante. Les cours d'eau sont a sec et les précipitations quasi nulles, alors qu'elles auraient du démarrer, normalement. Dans certaines zones, la saison avait été tellement sèche l'an dernier que les petits producteurs n'avaient rien pu récolter, les épis de riz avaient grillé sur place. C'est un drame écologique mais aussi social car ces petits producteurs dépendent de ces récoltes en premier lieu pour nourrir leurs familles. Ces cas sont de plus en plus fréquents jusqu'à devenir structurels, certaines zones sont a présent considérées comme trop sèches pour pouvoir cultiver le riz, elles ont perdu toute valeur foncière et sont désertées à tout point de vue.
Une des causes majeures de ce dérèglement climatique est très certainement la déforestation massive qui a eu lieu depuis le milieu des années 1960 pour engager le pays dans la production et l'exportation massive de riz. La Thaïlande est ainsi devenue le premier exportateur mondial de riz, mais au prix de la dégradation de régions entières pour planter uniquement du riz. Ce genre de pratique n'a rien de durable et a engendré une modification du climat sur ces régions, elle-même entraînant la baisse généralisée des rendements agricoles. Non seulement les pluies sont moins fréquentes, mais les sols sont moins bien tenus, l'érosion est forte, et la végétation ne retient plus l'humidité suffisante pour sécuriser de bons rendements. Les sols s'appauvrissent d'année en année par la surexploitation intensive des ressources: on dope les cultures d'engrais chimiques et de pesticides qui saturent l'ecosystème et les nappes phréatiques et ne remplacent pas la régénération naturelle du sol par les végétaux et les micro-organismes.
Il n'y a pas d'issue via ce système intensif de production. Une solution durable passe par la reforestation, en priorité des montagnes et le long des cours d'eau, pour une meilleure gestion de l'eau en amont des rizières. Une reforestation aussi des forets communautaires qui ont besoin d'entretien, et le développement de système agro-forestiers, le long des rizières par exemple, afin de recréer de l'ombre et un microclimat plus favorable aux précipitations. Les pratiques agro-écologiques, dont la culture du riz avec des quantités d'eau plus limitées, sont aussi un élément de la solution.
Un ensemble de dispositions dont le gouvernement thaïlandais a pris conscience et qu'il a commencé a encourager, en protégeant les forêts en zone de montagne et en distribuant des millions de plantons d'arbres aux paysans qui souhaitaient replanter leurs parcelles. Mais cet effort reste encore trop limité au vu des enjeux et ces pratiques sont presque anecdotiques. Il faut ici aussi que s'opère un changement radical de vision de l'agriculture. Une agriculture qui comprend qu'elle dépend de la bonne santé de son écosystème pour donner de bons rendements et que les solutions chimiques et intensives ne sont pas la solution mais juste de l'acharnement thérapeutique. La vraie solution passe par le réinvestissement dans des pratiques agro-écologiques saines et durables. Espérons que ce changement de mentalité interviendra assez tôt pour sauver les centaines de milliers de petits producteurs de riz qui dépendent de cette culture pour vivre et nourrir le pays. D'ici là, attendons la pluie.
source http://www.lexpress.fr/actualite/environnement/reflexion-sur-le-riz-en-attendant-la-pluie_904102.html
La culture du riz est fortement dépendante des pluies en Thaïlande, surtout dans les zones non irriguées comme c'est le cas pour la plupart des petits producteurs du plateau d'Isan, la principale région de production de riz en Thaïlande.
On plante à partir de juin ou juillet en général, suivant l'arrivée des pluies dans les montagnes et les vallées ou on cultive le riz. Cette année, comme de plus en plus fréquemment, l'arrivée des pluies se fait attendre. En Isan, la situation est particulièrement préoccupante. Les cours d'eau sont a sec et les précipitations quasi nulles, alors qu'elles auraient du démarrer, normalement. Dans certaines zones, la saison avait été tellement sèche l'an dernier que les petits producteurs n'avaient rien pu récolter, les épis de riz avaient grillé sur place. C'est un drame écologique mais aussi social car ces petits producteurs dépendent de ces récoltes en premier lieu pour nourrir leurs familles. Ces cas sont de plus en plus fréquents jusqu'à devenir structurels, certaines zones sont a présent considérées comme trop sèches pour pouvoir cultiver le riz, elles ont perdu toute valeur foncière et sont désertées à tout point de vue.
Une des causes majeures de ce dérèglement climatique est très certainement la déforestation massive qui a eu lieu depuis le milieu des années 1960 pour engager le pays dans la production et l'exportation massive de riz. La Thaïlande est ainsi devenue le premier exportateur mondial de riz, mais au prix de la dégradation de régions entières pour planter uniquement du riz. Ce genre de pratique n'a rien de durable et a engendré une modification du climat sur ces régions, elle-même entraînant la baisse généralisée des rendements agricoles. Non seulement les pluies sont moins fréquentes, mais les sols sont moins bien tenus, l'érosion est forte, et la végétation ne retient plus l'humidité suffisante pour sécuriser de bons rendements. Les sols s'appauvrissent d'année en année par la surexploitation intensive des ressources: on dope les cultures d'engrais chimiques et de pesticides qui saturent l'ecosystème et les nappes phréatiques et ne remplacent pas la régénération naturelle du sol par les végétaux et les micro-organismes.
Il n'y a pas d'issue via ce système intensif de production. Une solution durable passe par la reforestation, en priorité des montagnes et le long des cours d'eau, pour une meilleure gestion de l'eau en amont des rizières. Une reforestation aussi des forets communautaires qui ont besoin d'entretien, et le développement de système agro-forestiers, le long des rizières par exemple, afin de recréer de l'ombre et un microclimat plus favorable aux précipitations. Les pratiques agro-écologiques, dont la culture du riz avec des quantités d'eau plus limitées, sont aussi un élément de la solution.
Un ensemble de dispositions dont le gouvernement thaïlandais a pris conscience et qu'il a commencé a encourager, en protégeant les forêts en zone de montagne et en distribuant des millions de plantons d'arbres aux paysans qui souhaitaient replanter leurs parcelles. Mais cet effort reste encore trop limité au vu des enjeux et ces pratiques sont presque anecdotiques. Il faut ici aussi que s'opère un changement radical de vision de l'agriculture. Une agriculture qui comprend qu'elle dépend de la bonne santé de son écosystème pour donner de bons rendements et que les solutions chimiques et intensives ne sont pas la solution mais juste de l'acharnement thérapeutique. La vraie solution passe par le réinvestissement dans des pratiques agro-écologiques saines et durables. Espérons que ce changement de mentalité interviendra assez tôt pour sauver les centaines de milliers de petits producteurs de riz qui dépendent de cette culture pour vivre et nourrir le pays. D'ici là, attendons la pluie.
source http://www.lexpress.fr/actualite/environnement/reflexion-sur-le-riz-en-attendant-la-pluie_904102.html
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Il y a 1 400 litres d’eau dans votre kilo de riz
Chronique - Les Français sont de « petits » consommateurs de riz. Environ 7 kilos par tête et par an. Mais au fait, savez-vous que cette céréale est très consommatrice d'eau ? La preuve : on trouve 1 400 litres d'eau (virtuelle) dans un seul kilo de riz.
Le riz est une culture qui nécessite beaucoup d’eau. Il implique aussi une bonne gestion des niveaux d’eau dans les rizières. Une fois la céréale plantée, le producteur va constamment contrôler le niveau d’eau dans ses rizières pour assurer une bonne récolte à terme. Dans le nord de la Thaïlande, les rizières sont situées à flanc de coteau ou dans les plaines où s’écoule l’eau des pluies qui se sont déversées dans les forêts de montagnes alentours. Les sommets sont constamment dans les nuages à partir de juin et ceci marque le début de la plantation du riz. Les précipitations deviennent quasiment ininterrompues sur les sommets et l’eau s’écoule le long des flancs de collines pour irriguer toutes les rizières où les petits producteurs régulent les arrivées. C’est quand l’eau arrive que l’on transplante le riz.
La bonne gestion des forets sur les montagnes est donc une condition nécessaire à la bonne irrigation des rizières en aval. Si l’on déforeste les sommets, on obtient moins de précipitations régulières, on aboutit aussi à une dégradation des sols, des glissements de terrain et coulées de boue et une dérégulation des cours d’eau. Ceci est non seulement dommageable à la biodiversité qui avait trouvé refuge dans la forêt mais aussi aux petits producteurs en aval qui n’ont plus accès a des ressources régulières et régulées en eau et en sédiments pour leurs productions agricoles.
L’écosystème se dégrade et avec lui les rendements agricoles. Ainsi le riz est-il comme toute culture agricole fortement dépendant de son écosystème global. On ne peut le considérer séparément et palier au manque uniquement avec des moyens chimiques ou des barrières artificielles. Il faut compter avec la nature et prendre en compte son écosystème globalement si l’on veut valoriser durablement sa culture. Il faut préserver les forêts dans les montagnes si l’on veut continuer à cultiver du riz dans les plaines. C’est un cas que l’on retrouve pour toutes les cultures agricoles, et qui résonne comme une évidence. Pourtant, on a souvent l’impression que l’on a voulu couper ce lien et s’émanciper de cette interdépendance par l’agriculture intensive « moderne ». « La technique peut mieux faire que la nature », « le chimique surpasse le naturel », nous dit-on... Mais ce mythe Prométhéen n’a rien de durable et trouve de plus en plus ses limites sur le terrain, il est urgent d’en prendre conscience pour la Terre et pour nos enfants.
source http://www.terra-economica.info/Il-y-a-1400-litres-d-eau-dans,11388.html
Le riz est une culture qui nécessite beaucoup d’eau. Il implique aussi une bonne gestion des niveaux d’eau dans les rizières. Une fois la céréale plantée, le producteur va constamment contrôler le niveau d’eau dans ses rizières pour assurer une bonne récolte à terme. Dans le nord de la Thaïlande, les rizières sont situées à flanc de coteau ou dans les plaines où s’écoule l’eau des pluies qui se sont déversées dans les forêts de montagnes alentours. Les sommets sont constamment dans les nuages à partir de juin et ceci marque le début de la plantation du riz. Les précipitations deviennent quasiment ininterrompues sur les sommets et l’eau s’écoule le long des flancs de collines pour irriguer toutes les rizières où les petits producteurs régulent les arrivées. C’est quand l’eau arrive que l’on transplante le riz.
La bonne gestion des forets sur les montagnes est donc une condition nécessaire à la bonne irrigation des rizières en aval. Si l’on déforeste les sommets, on obtient moins de précipitations régulières, on aboutit aussi à une dégradation des sols, des glissements de terrain et coulées de boue et une dérégulation des cours d’eau. Ceci est non seulement dommageable à la biodiversité qui avait trouvé refuge dans la forêt mais aussi aux petits producteurs en aval qui n’ont plus accès a des ressources régulières et régulées en eau et en sédiments pour leurs productions agricoles.
L’écosystème se dégrade et avec lui les rendements agricoles. Ainsi le riz est-il comme toute culture agricole fortement dépendant de son écosystème global. On ne peut le considérer séparément et palier au manque uniquement avec des moyens chimiques ou des barrières artificielles. Il faut compter avec la nature et prendre en compte son écosystème globalement si l’on veut valoriser durablement sa culture. Il faut préserver les forêts dans les montagnes si l’on veut continuer à cultiver du riz dans les plaines. C’est un cas que l’on retrouve pour toutes les cultures agricoles, et qui résonne comme une évidence. Pourtant, on a souvent l’impression que l’on a voulu couper ce lien et s’émanciper de cette interdépendance par l’agriculture intensive « moderne ». « La technique peut mieux faire que la nature », « le chimique surpasse le naturel », nous dit-on... Mais ce mythe Prométhéen n’a rien de durable et trouve de plus en plus ses limites sur le terrain, il est urgent d’en prendre conscience pour la Terre et pour nos enfants.
source http://www.terra-economica.info/Il-y-a-1400-litres-d-eau-dans,11388.html
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