Vietnam, Saigon
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Sam_Sallung
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thiof
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l'esprit voyageur en asie du sud-est :: voyages en asie du sud-est :: Hotels, guesthouses, balades, transports
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Re: Vietnam, Saigon
Je pose ma question ici car je ne vois pas un autre endrioit pour la mettre.
Question un peu naïve mais qui titille ma curiosité.
En prenant dernièrement le vol Air France Paris Bangkok, j'ai vu qu'il continuait jusque Saïgon. Idem au retour, il venait de Saïgon avant de repartir sur Paris.
Air France ne devrait pas mettre Ho Chi Min ?
Question un peu naïve mais qui titille ma curiosité.
En prenant dernièrement le vol Air France Paris Bangkok, j'ai vu qu'il continuait jusque Saïgon. Idem au retour, il venait de Saïgon avant de repartir sur Paris.
Air France ne devrait pas mettre Ho Chi Min ?
thiof- Localisation : belgique
Messages : 103
Date d'inscription : 06/10/2009
Re: Vietnam, Saigon
Oui, je suis aussi allé voir le site d'Air France mais à Charles de Gaulle ainsi qu' à Bangkok il y a de grands panneaux devant les comptoirs et il fait indiqué Saïgon. Je crois que sur les écrans TV qui renseignent les départs et arrivées des avions, il fait aussi écrit Saïgon.
thiof- Localisation : belgique
Messages : 103
Date d'inscription : 06/10/2009
Re: Vietnam, Saigon
La transformation du nom de Saigon en TP HCM ou Ho Chi Minh ville (en francais) a ete un truc qui a dure quelques annees.
Lorsque je suis alle pour la premiere fois au Vietnam en janvier 1991, il valait encore mieux prononcer HCM ville,les autorites n'aimaient pas trop qu'on utilise l'ancien nom ;d'ailleurs les bornes kilometriques sur la route Mandarine sur lesquelles le nom de Saigon etait marque avaient toutes ete couchees et remplacees.
Puis au fil des annees, je remarquais que ces bornes "Saigon" reapparaissaient. Et les vietnamiens n'avaient plus peur de prononcer le nom de la ville d'avant le 1* mai 1975 .
En fait Saigon, c'est le nom du fleuve qui traverse la ville.
Lorsque je suis alle pour la premiere fois au Vietnam en janvier 1991, il valait encore mieux prononcer HCM ville,les autorites n'aimaient pas trop qu'on utilise l'ancien nom ;d'ailleurs les bornes kilometriques sur la route Mandarine sur lesquelles le nom de Saigon etait marque avaient toutes ete couchees et remplacees.
Puis au fil des annees, je remarquais que ces bornes "Saigon" reapparaissaient. Et les vietnamiens n'avaient plus peur de prononcer le nom de la ville d'avant le 1* mai 1975 .
En fait Saigon, c'est le nom du fleuve qui traverse la ville.
Sam_Sallung- Localisation : Ban Kok Sam Ran - Thailande
Messages : 419
Date d'inscription : 13/11/2009
Re: Vietnam, Saigon
Merci pour ces réponses.
Personnellement, je trouve le nom de Saïgon plus joli que Ho Chi Minh. En tout cas, dans ma tête il évoque une série d'images (bien que je n'y suis jamais allé) , tandis qu'Ho chi Minh fait plus austère. Mais c'est une impression toute personnelle que j'aurai bien du mal à expliquer de façon cartésienne. Mais bon, les goûts et les couleurs...
Les représentants d'AF ont peut-être les mêmes images en tête que moi
Personnellement, je trouve le nom de Saïgon plus joli que Ho Chi Minh. En tout cas, dans ma tête il évoque une série d'images (bien que je n'y suis jamais allé) , tandis qu'Ho chi Minh fait plus austère. Mais c'est une impression toute personnelle que j'aurai bien du mal à expliquer de façon cartésienne. Mais bon, les goûts et les couleurs...
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thiof- Localisation : belgique
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Date d'inscription : 06/10/2009
thanaka- Admin
- Localisation : il existe une application pour ça
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Date d'inscription : 31/05/2009
Saïgon/HCM
Qu'importe le nom, pourvu que la magie soit là !
P19- Localisation : TULLE
Messages : 21
Date d'inscription : 09/06/2009
thanaka- Admin
- Localisation : il existe une application pour ça
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Date d'inscription : 31/05/2009
Re: Vietnam, Saigon
Ho Chi Minh City formerly known as Saigon.
A bustling capitalist mega-town in a socialist country.
I was also there last year but this time aroud; man has the city changed! High rises everywhere (the latest addition was a 77 stories office building!!), bright neon signs, luxury European cars on every intersection (although the streets are still dominated motorcycles) - you can really feel that the country is exploding economically.
The food is just wonderful and the best part is that you can find excellent coffee on every street corner (something that is very rare in my travels around Asia).
A bustling capitalist mega-town in a socialist country.
I was also there last year but this time aroud; man has the city changed! High rises everywhere (the latest addition was a 77 stories office building!!), bright neon signs, luxury European cars on every intersection (although the streets are still dominated motorcycles) - you can really feel that the country is exploding economically.
The food is just wonderful and the best part is that you can find excellent coffee on every street corner (something that is very rare in my travels around Asia).
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Re: Vietnam, Saigon
Saigon c'est plus joli Ho Chi Minh ville, mais bon....
Ma Poule- Localisation : Strasbourg
Messages : 87
Date d'inscription : 30/06/2011
Saigon, la ville aux mille visages
De la terrasse de l'hôtel Landmark, au bord de la Rivière de Saigon, les hommes d'affaires ont une vue magnifique sur Thu Thiem. Cette zone, destinée à devenir le centre d'affaires de Saigon, est encore à l'image de ce que fut longtemps la région. Des rizières bordées de cocotiers, de forêts résiduelles de mangrove, de palétuviers, de palmiers d'eau longent les multiples arroyos (1) et leurs guirlandes de baraques sur pilotis. Leur sort sera bientôt réglé par le remblai et le béton. Quelques centaines d'années ont suffi pour transformer en une cité moderne les marais que se partagèrent jadis pionniers et colons venus de toutes les terres, de toutes les rivières et de toutes les mers.
Les Vietnamiens (2), partis au début du XIe siècle du bassin du Fleuve Rouge devenu trop étroit, arrivèrent aux abords de Saigon au cours du XVIIe siècle, après ce que les historiens ont appellé la Nam Tien [la Marche vers le Sud]. Il s'agissait alors pour les Vietnamiens d'amplifier leur emprise sur le royaume Cham. Dans leur sillage, d'autres migrants, attirés par la richesse de ces sols limoneux ou animés par le goût de l'aventure, leur emboîtèrent le pas. Leurs descendants, qu'ils soient Chams, Khmers, Chinois ou Européens, ont tous contribué à faire de la Saigon actuelle une ville fortement métissée.
Devant l'imposante mosquée Jamiah Al Muslimin, bâtiment blanc et colonnes de stuc bleu, un vieil homme manie une hachette. Habillé d'un sarong à carreaux et d'un polo fatigué, Monsieur Yussof, accroupi, taille des bûchettes pour allumer le foyer. Devant lui, les motos poussées par leur conducteur vont et viennent, se rangent sagement comme des sardines. Dans le quartier des affaires, les places sont chères. Se profilant derrière les coupoles de la mosquée, les immenses tours de l'hôtel Sheraton, rose "crème au beurre" un peu écœurant, tranchent curieusement.
Yussof, l'imam octogénaire, "règne" depuis des années sur la mosquée de Saigon, celle de la rue Dong Du. "Je suis issu d'une famille cham établie depuis plusieurs générations à Châu Dôc. C'est une ville située le long d'un bras du Mékong, à quelques coups de rame du Cambodge. À la fin des années 1940, ça chauffait entre les communautés musulmanes indiennes de Saigon. En Inde, les combats et tractations politiques allaient bon train entre hindous et musulmans. Lors de la partition entre Inde et Pakistan, les fidèles, à Saigon, ont dû en prendre acte. Ils se sont partagé les mosquées. Non pour des raisons de culte, mais par ricochet politique : les pro-Indiens sont restés rue Dong Du avec les Chams et les Malais, alors que les Pakistanais s'en sont allés à quelques centaines de mètres, rue Công Ly (3). Des Indonésiens se sont joints à ces derniers plus tard." Ici aussi, à des milliers de kilomètres des combats et des drames de l'exode, les communautés ont payé le prix de l'histoire. "De ces époques de troubles, reprend Yussof, seuls sont restés avec nous les métis indiens."
Les métis indiens... D'après Yussof, leur Ca Ri est le meilleur de Saigon. La gargote, juste derrière la mosquée, appartient à l'un d'eux. L'installation est sobre : une quinzaine de tables pliantes et des marmites aux fumets qui font chavirer les papilles. Coriandre, moutarde, curcuma, fenugrec, piment, cumin, poivre, ail, fenouil : le matin, le chef cuisinier les broie au pilon et les mélange pour obtenir le curry. Amateurs de cuisine épicée et gourmets d'Asie, d'Occident et du Moyen Orient se retrouvent ici chaque jour. Sous les couvercles des marmites se côtoient l'agneau, le bœuf et le poulet, la pomme de terre et la courgette, le tout Hallal, pour le bonheur des fonctionnaires des représentations diplomatiques et des businessmen. Les cuisiniers font partie de la troisième génération de métis. Certains ont "manqué" leur rendez-vous avec la chance, arrivés trop tard pour prendre le dernier avion ou le dernier bateau, ayant perdu leurs papiers ou attendu en vain le visa libérateur avant la chute de Saigon. D'autres ont dû, par piété filiale, rester s'occuper des plus vieux qui ne voulaient pas partir, faute d'ailleurs.
Saigon compte une quinzaine de quartiers cham, regroupant plus d'un millier de familles. Si les chants traditionnels vietnamiens vantent la beauté des femmes cham, une femme cham épouse rarement un Kinh, l'ethnie dominante vietnamienne. À l'inverse, un homme d'origine cham se marie souvent avec une Kinh, à condition qu'elle se convertisse à l'islam. C'est le cas de Monsieur Cau Sung, cuirassier, ancien caporal-chef de l'armée française. Il vit une paisible retraite dans le 8e arrondissement de Saigon, entre la rue Ba Trach et l'arroyo Ong Lon. Avec sa famille, il habite un petit hem 4, en face de la mosquée. Au temps de la colonisation française, industriels et planteurs d'hévéas français trouvaient dans la communauté cham des ouvriers de qualité. Au service des Français, M. Cau Sung conduisait des vélos, des voitures et des tanks. Ses souvenirs se mélangent, mais des noms résonnent encore dans sa tête de vieillard, des noms de voitures, de fusils, d'ingénieurs et de contremaîtres qui dirigeaient la plantation. Martini, Vernet Caron, Léon Bollée, Manufrance, les mots se balancent dans le passé incertain de son esprit comme les pièces de métal d'un mobile.
Le vendredi soir, jour de culte, il y a foule au temple hindouiste Marinman. Les Saigonais nomment l'endroit "Chua Bà", le temple de la déesse.
Devant le n° 45 de la petite rue Truong Dinh, les fidèles, essentiellement des femmes, achètent des offrandes dans les étals improvisés quand un frisson et une rumeur parcourent l'assemblée : "La Dame, la Dame...". On se presse d'entrer dans le temple, on se débarrasse à la hâte de ses sandales. La dame apparaît dans la pénombre. Elle porte un sari et un foulard marqué de signes étranges, des fleurs de jasmin entourent son chignon. Le visage serein et pâle, un bindi rouge vermillon sur le front, les mains ouvertes, elle reçoit des femmes les offrandes qu'elle pose devant l'autel : riz, huiles, fleurs et fruits. Puis elle entame une lente circumambulation autour de l'autel principal dédié à la déesse Marinman (Pavati). Le groupe des femmes lui emboîte le pas ; l'une porte son nouveau-né dans les bras ; là, un homme porte son enfant handicapé ; les autres ont le visage tourné vers le sol et prient, des bâtons d'encens fumants entre leurs mains.
"La force de la déesse protège les enfants", dit-on. Femme ou déesse en devenir, Mme Tran Thi Lech, métisse cambodgienne, est veuve. Elle fut mariée jadis à un Indien originaire de Karikal. Fonctionnaire de nationalité française, cet homme pieu avait la charge du temple Marinman. Ses ancêtres étaient venus travailler pour les premiers colons français. Mahé, Pondichéry, Karikal : à Saigon, les noms de ces anciens comptoirs français sont connus comme ceux des satellites d'un ancien royaume. Le temple Marinman est un lieu sacré, fréquenté en majorité par des femmes vietnamiennes ou hoa (les Chinois du Vietnam). Ici, comme sur d'autres terres où les colons se sont succédé, les religions sont syncrétiques. Les cultes, en arrivant sur ce sol déjà chargé de croyances et de superstitions, les ont intégrées. Les dieux sont adoptés et l'on respecte celui du voisin.
Avant la Première Guerre mondiale, marchands d'étoffes, usuriers et bijoutiers des Indes britanniques vinrent s'installer à Saigon. Ils se retrouvaient alors dans un autre temple hindouiste : Sri Then Day Yotthapan, sur l'actuelle rue Ton That Thiep. Là se situait le centre du quartier indien. On appelle ce lieu le Temple des Hommes, car c'est ici qu'ils viennent le plus souvent célébrer le culte. Au milieu du temple, un autel dédié aux génies hindouistes est décoré de mille carreaux de faïence colorés de teintes pastel. Les murs extérieurs du déambulatoire sont badigeonnés d'un vert passé ; dans de vieux cadres délavés, Gandhi et Neru veillent, accompagnés des portraits de penseurs et de philosophes indiens du XIXe siècle. Madame Tuyêt, assise sur un piédestal, confectionne un bouquet de fleurs pour l'autel ; de père indien hindouiste et de mère vietnamienne bouddhiste, c'est de manière naturelle qu'elle rend grâce chaque jour aux deux cultes. Elle parle du passé comme s'il s'agissait d'un rêve. Sur un côté du temple, un immense char est entreposé, sauvé de la confiscation par les autorités. "Je me souviens de ce char d'argent. Lors de la grande fête, il était lustré, décoré et fleuri ; on le sortait dans le quartier indien, tiré par les bœufs sacrés. C'était magnifique...", confie-t-elle.
Au petit matin, dans la cour de la pagode Can Da Ran Si, des femmes khmères se retrouvent autour d'une table. Une jeune fille apporte sur un plateau les cafés et les thés glacés de la gargote voisine. Un nourrisson passe de bras en bras. Une matrone finit de masser une dame venue en se tenant le dos. La cliente partie, elle revient à son café et à sa cigarette. "Je suis Cambodgienne, explique cette dame, je viens de Tra Vinh, dans le delta." À Saigon depuis de nombreuses années, elle s'est s'installée à deux pas du temple, sur la rive de l'arroyo de Thi Nghe, lieu d'implantation originel des Khmers dans la cité. Tout autour, de nombreuses familles ont fait de même. Le temple est le catalyseur de la vie communautaire. Un novice s'applique à balayer le sol. Un autre se met à la lessive. Les robes safran sèchent sur des bambous, et la gardienne du temple vient nettoyer le carrelage alors que s'élèvent les chants et les récitations de sutras, mêlés aux bruits de la ville. D'autres moines grimpent sur une moto pour se rendre dans une pagode où sont dispensés les enseignements bouddhiques. Devant une affiche de propagande, un vieillard déguste sa soupe. Au fond de la venelle, une circulation dense s'en va grossir le flot des motos qui convergent vers le centre-ville. Il est difficile de savoir combien de familles khmères habitent à Saigon.
Le Cambodge est à moins de deux heures de route de la ville et, avec l'ouverture relative des frontières, les gens vont et viennent pour étudier, travailler, vendre et acheter. Dans la province de Dông Nai, au nord de Saigon, certains Khmers sont venus entre 1975 et 1979, chassés par les combats ou menacés par les Khmers rouges. En ville, ils sont discrets, groupés autour de deux pagodes. À l'instar de beaucoup de communautés, ils ont abandonné des signes extérieurs de reconnaissance tels l'habillement, mais ont gardé leur culture. On enseigne aux enfants la langue khmère, mais l'important est de bien parler le vietnamien pour étudier dans les meilleures conditions. Ici aussi, nombreux sont les métissages entre Chinois du Cambodge, Cambodgiens et Vietnamiens.
L'impasse de la rue Ham Tu résonne des métiers à tisser et des machines à former le plastique. Dans son petit cabinet aux odeurs de camphre et de menthol, Luu Kiem Xuong consulte. Tout de noir vêtu, ses cheveux ramenés en queue-de-cheval, ce maître en arts martiaux exerce ses dons en médecine traditionnelle. Devant son autel des ancêtres illuminé par une guirlande électrique rouge, il tente de remettre en place le genou d'un patient. Xuong est concentré. À mesure qu'il manipule le membre, l'homme tord la bouche, peine à retenir sa respiration haletante sous la douleur. Comme pour le rassurer, Xuong relève la tête en souriant en silence. Pour le récompenser de son courage, il colle ensuite en des points précis quelques pastilles de sparadrap imprégnées d'huile de cannelle et de camélia, et appose des pochettes de cataplasme d'herbes médicinales avant d'emballer le tout dans une bandelette. Il accompagne ses gestes de recommandations parcimonieuses. Soulagé de ses douleurs et d'une centaine de milliers de dôngs (5 euros), le travailleur imprudent s'en retourne en s'appuyant sur sa femme comme sur une béquille.
Entre deux consultations, Xuong s'arrête pour parler de sa deuxième passion, celle des troupes de danse traditionnelle du Dragon et de la Licorne. Sa carte de visite a d'ailleurs deux faces, une pour chaque activité. À Saigon, personne ne s'étonne d'une double spécialité, aussi variée soit-elle. Mais aujourd'hui, Xuong ne porte plus à bout de bras les bambous de l'armature du dragon, pas plus que les acrobates qui, sous la tête de la Licorne, miment avec ardeur l'agression de la bête imaginaire. Depuis quelques années, il sous-traite cette lucrative activité à Phi, son jeune fils, qui a repris le flambeau familial. Une fois par semaine, les acrobates se retrouvent sur le terrain de football de l'ancien Cercle Sportif, sur le lieu même où les colons français pratiquaient le sport entre Blancs, dans le centre-ville de Saigon. Phi dirige la manœuvre, rythmant de sa voix les mouvements du dragon qui tourne sur lui-même, rampe, glisse et s'élève dans les airs : "Nos spectacles durent jusqu'à deux heures. Nous dansons à l'entrée des magasins, lors d'inaugurations d'usines et pour les fêtes traditionnelles du Têt, le Nouvel An lunaire. Nous fournissons aussi les pétards, au mètre et à la demande." Pour attirer les faveurs du Ciel, les industriels d'origine chinoise ou vietnamienne n'hésitent pas à "investir" dix millions de dôngs (500 euros) qui partent en fumée. "La musique, la danse et les explosions chassent les mauvais esprits et attirent les génies fastes et les richesses." En matière de prospérité, la famille Luu s'y connaît. Elle fait partie de la dixième génération de ces commerçants venus de Shan Ton (sud-est de la Chine) chercher fortune au Vietnam.
Dans toutes leurs activités, les communautés d'origine chinoise ont perpétué dans les villes où ils se sont installés le système des congrégations (bang). Celles-ci correspondent à leur province d'origine. On y parle son propre dialecte, on partage des souvenirs, ceux des grands-parents. Les bangs organisent l'entre-aide, les services médicaux, culturels et bancaires. Leur existence est officielle, mais ils doivent rester prudents. "À Saigon, tout ce qui est culturel doit se faire dans la discrétion, surtout quand cela vient d'une communauté ethnique", avoue une responsable de théâtre traditionnel. Dans un système politique où le droit d'association est interdit et les minorités considérées avec un regard suspicieux, il faut se méfier des relents de stalinisme mal digéré. Les rapports de haine et d'admiration de l'ex-vassal vietnamien avec l'ancien Empire du Milieu sont toujours de mise. Par le passé, les Hoa ont dû faire face à l'assimilation et à la peur des autorités face au contre-pouvoir qu'ils pouvaient représenter. En 1956, une législation a naturalisé les Chinois et interdit aux "étrangers" - ceux qui voulaient garder leur nationalité d'origine - onze professions parmi lesquelles celles du commerce du riz. C'était sans compter l'ingéniosité de l'esprit Saigonais : les Hoa concernés trouvèrent illico des "prête-noms" vietnamiens.
Que l'on circule dans Saigon, Cholon, ou dans l'ancienne ville de Gia Dinh (leur regroupement est devenu Hô Chi Minh-Ville), il est difficile de savoir où sont les communautés. Il faut tendre l'oreille pour entendre les gens s'exprimer autrement qu'en vietnamien. Mais les repères existent : ici et là, un centre culturel informel, un temple et ses annexes dédiés à l'éducation, un dispensaire de médecine traditionnelle ou un restaurant de spécialités. Saigon n'est pas une cité, mais un confluent de rapides humains. Infiltrez-la, elle vous diluera. Après avoir voulu l'humilier, la renommer, Hanoï s'y est cassé les dents. Aujourd'hui, l'austère capitale du nord vient y investir. Serait-ce dans la diversité de ses communautés que résidera l'avenir de Saigon ?
(1) Chenal le plus souvent à sec, qui se transforme en torrent temporaire après les pluies.
(2) 80 % des Vietnamiens.
(3) Aujourd'hui, la rue Nam Ky Khoi Nghia.
(4) Nom donné aux ruelles de Saigon.
Des communautés étroitement imbriquées
Les Chams
Le royaume Champa était situé le long des cours d'eau du Vietnam du centre et du sud. Installés dans des maisons sur pilotis, les Chams ont vécu du négoce et de la pêche du IIe siècle avant J.-C. jusqu'à la première moitié du XIXe siècle. Les Chams contrôlaient les routes maritimes entre la Chine et l'Inde. À l'origine de religion hindoue, une partie de la communauté est aujourd'hui musulmane (les Bani).
Les Khmers
Les Khmers furent les premiers habitants de la région du delta du Mékong et de Saigon. Descendus de leur immense royaume, ils occupèrent le delta jusqu'à la mer de Chine. Les noms des villes anciennes y ont une origine khmère : Sa Dêc - où vécut Marguerite Duras - vient de "Psar Dek", "Marché aux Fers". Quant à l'ancien nom de Saigon, "Prei Nokor" - la "Ville-forêt" - il est toujours d'usage pour certains Cambodgiens et pour la minorité khmer krom du delta du Mékong. Alors qu'ils avaient réussi à repousser les Chams au XIIe siècle, les Khmers Krom ("Khmers d'en bas") subirent cinq siècles plus tard l'avancée des Vietnamiens venus du Nord. Au fil du temps, ils durent céder le terrain.
Les Chinois, dits Hoa
De tout temps, ils sont arrivés par bateau au sud du Vietnam. Au milieu du XVIIe siècle, des Chinois fuyant devant l'avancée des Mandchous débarquent à bord de jonques. Ils obtiennent des seigneurs Nguyên, alors au pouvoir dans le sud du pays, le droit de s'installer dans le delta du Mékong. Un siècle plus tard, ils créent le long d'un affluent de la rivière de Saigon un marché si grand qu'on le nomme "Cho Lon", le "Grand Marché". Celui-ci est depuis devenu une ville commerçante, puis le quartier chinois de Saigon. Très présents dans les domaines agricoles et surtout du commerce, les Hoa contribuent largement à l'économie du pays. Ils viennent de plusieurs régions. Cinq congrégations les représentent à Saigon : celles du Guangdong, de Hainan, de Zhaozhou, du Fujian et les Hakkha.
http://www.lemonde.fr/voyage/article/2009/01/01/saigon-la-ville-aux-mille-visages_1339339_3546.html
Les Vietnamiens (2), partis au début du XIe siècle du bassin du Fleuve Rouge devenu trop étroit, arrivèrent aux abords de Saigon au cours du XVIIe siècle, après ce que les historiens ont appellé la Nam Tien [la Marche vers le Sud]. Il s'agissait alors pour les Vietnamiens d'amplifier leur emprise sur le royaume Cham. Dans leur sillage, d'autres migrants, attirés par la richesse de ces sols limoneux ou animés par le goût de l'aventure, leur emboîtèrent le pas. Leurs descendants, qu'ils soient Chams, Khmers, Chinois ou Européens, ont tous contribué à faire de la Saigon actuelle une ville fortement métissée.
Devant l'imposante mosquée Jamiah Al Muslimin, bâtiment blanc et colonnes de stuc bleu, un vieil homme manie une hachette. Habillé d'un sarong à carreaux et d'un polo fatigué, Monsieur Yussof, accroupi, taille des bûchettes pour allumer le foyer. Devant lui, les motos poussées par leur conducteur vont et viennent, se rangent sagement comme des sardines. Dans le quartier des affaires, les places sont chères. Se profilant derrière les coupoles de la mosquée, les immenses tours de l'hôtel Sheraton, rose "crème au beurre" un peu écœurant, tranchent curieusement.
Yussof, l'imam octogénaire, "règne" depuis des années sur la mosquée de Saigon, celle de la rue Dong Du. "Je suis issu d'une famille cham établie depuis plusieurs générations à Châu Dôc. C'est une ville située le long d'un bras du Mékong, à quelques coups de rame du Cambodge. À la fin des années 1940, ça chauffait entre les communautés musulmanes indiennes de Saigon. En Inde, les combats et tractations politiques allaient bon train entre hindous et musulmans. Lors de la partition entre Inde et Pakistan, les fidèles, à Saigon, ont dû en prendre acte. Ils se sont partagé les mosquées. Non pour des raisons de culte, mais par ricochet politique : les pro-Indiens sont restés rue Dong Du avec les Chams et les Malais, alors que les Pakistanais s'en sont allés à quelques centaines de mètres, rue Công Ly (3). Des Indonésiens se sont joints à ces derniers plus tard." Ici aussi, à des milliers de kilomètres des combats et des drames de l'exode, les communautés ont payé le prix de l'histoire. "De ces époques de troubles, reprend Yussof, seuls sont restés avec nous les métis indiens."
Les métis indiens... D'après Yussof, leur Ca Ri est le meilleur de Saigon. La gargote, juste derrière la mosquée, appartient à l'un d'eux. L'installation est sobre : une quinzaine de tables pliantes et des marmites aux fumets qui font chavirer les papilles. Coriandre, moutarde, curcuma, fenugrec, piment, cumin, poivre, ail, fenouil : le matin, le chef cuisinier les broie au pilon et les mélange pour obtenir le curry. Amateurs de cuisine épicée et gourmets d'Asie, d'Occident et du Moyen Orient se retrouvent ici chaque jour. Sous les couvercles des marmites se côtoient l'agneau, le bœuf et le poulet, la pomme de terre et la courgette, le tout Hallal, pour le bonheur des fonctionnaires des représentations diplomatiques et des businessmen. Les cuisiniers font partie de la troisième génération de métis. Certains ont "manqué" leur rendez-vous avec la chance, arrivés trop tard pour prendre le dernier avion ou le dernier bateau, ayant perdu leurs papiers ou attendu en vain le visa libérateur avant la chute de Saigon. D'autres ont dû, par piété filiale, rester s'occuper des plus vieux qui ne voulaient pas partir, faute d'ailleurs.
Saigon compte une quinzaine de quartiers cham, regroupant plus d'un millier de familles. Si les chants traditionnels vietnamiens vantent la beauté des femmes cham, une femme cham épouse rarement un Kinh, l'ethnie dominante vietnamienne. À l'inverse, un homme d'origine cham se marie souvent avec une Kinh, à condition qu'elle se convertisse à l'islam. C'est le cas de Monsieur Cau Sung, cuirassier, ancien caporal-chef de l'armée française. Il vit une paisible retraite dans le 8e arrondissement de Saigon, entre la rue Ba Trach et l'arroyo Ong Lon. Avec sa famille, il habite un petit hem 4, en face de la mosquée. Au temps de la colonisation française, industriels et planteurs d'hévéas français trouvaient dans la communauté cham des ouvriers de qualité. Au service des Français, M. Cau Sung conduisait des vélos, des voitures et des tanks. Ses souvenirs se mélangent, mais des noms résonnent encore dans sa tête de vieillard, des noms de voitures, de fusils, d'ingénieurs et de contremaîtres qui dirigeaient la plantation. Martini, Vernet Caron, Léon Bollée, Manufrance, les mots se balancent dans le passé incertain de son esprit comme les pièces de métal d'un mobile.
Le vendredi soir, jour de culte, il y a foule au temple hindouiste Marinman. Les Saigonais nomment l'endroit "Chua Bà", le temple de la déesse.
Devant le n° 45 de la petite rue Truong Dinh, les fidèles, essentiellement des femmes, achètent des offrandes dans les étals improvisés quand un frisson et une rumeur parcourent l'assemblée : "La Dame, la Dame...". On se presse d'entrer dans le temple, on se débarrasse à la hâte de ses sandales. La dame apparaît dans la pénombre. Elle porte un sari et un foulard marqué de signes étranges, des fleurs de jasmin entourent son chignon. Le visage serein et pâle, un bindi rouge vermillon sur le front, les mains ouvertes, elle reçoit des femmes les offrandes qu'elle pose devant l'autel : riz, huiles, fleurs et fruits. Puis elle entame une lente circumambulation autour de l'autel principal dédié à la déesse Marinman (Pavati). Le groupe des femmes lui emboîte le pas ; l'une porte son nouveau-né dans les bras ; là, un homme porte son enfant handicapé ; les autres ont le visage tourné vers le sol et prient, des bâtons d'encens fumants entre leurs mains.
"La force de la déesse protège les enfants", dit-on. Femme ou déesse en devenir, Mme Tran Thi Lech, métisse cambodgienne, est veuve. Elle fut mariée jadis à un Indien originaire de Karikal. Fonctionnaire de nationalité française, cet homme pieu avait la charge du temple Marinman. Ses ancêtres étaient venus travailler pour les premiers colons français. Mahé, Pondichéry, Karikal : à Saigon, les noms de ces anciens comptoirs français sont connus comme ceux des satellites d'un ancien royaume. Le temple Marinman est un lieu sacré, fréquenté en majorité par des femmes vietnamiennes ou hoa (les Chinois du Vietnam). Ici, comme sur d'autres terres où les colons se sont succédé, les religions sont syncrétiques. Les cultes, en arrivant sur ce sol déjà chargé de croyances et de superstitions, les ont intégrées. Les dieux sont adoptés et l'on respecte celui du voisin.
Avant la Première Guerre mondiale, marchands d'étoffes, usuriers et bijoutiers des Indes britanniques vinrent s'installer à Saigon. Ils se retrouvaient alors dans un autre temple hindouiste : Sri Then Day Yotthapan, sur l'actuelle rue Ton That Thiep. Là se situait le centre du quartier indien. On appelle ce lieu le Temple des Hommes, car c'est ici qu'ils viennent le plus souvent célébrer le culte. Au milieu du temple, un autel dédié aux génies hindouistes est décoré de mille carreaux de faïence colorés de teintes pastel. Les murs extérieurs du déambulatoire sont badigeonnés d'un vert passé ; dans de vieux cadres délavés, Gandhi et Neru veillent, accompagnés des portraits de penseurs et de philosophes indiens du XIXe siècle. Madame Tuyêt, assise sur un piédestal, confectionne un bouquet de fleurs pour l'autel ; de père indien hindouiste et de mère vietnamienne bouddhiste, c'est de manière naturelle qu'elle rend grâce chaque jour aux deux cultes. Elle parle du passé comme s'il s'agissait d'un rêve. Sur un côté du temple, un immense char est entreposé, sauvé de la confiscation par les autorités. "Je me souviens de ce char d'argent. Lors de la grande fête, il était lustré, décoré et fleuri ; on le sortait dans le quartier indien, tiré par les bœufs sacrés. C'était magnifique...", confie-t-elle.
Au petit matin, dans la cour de la pagode Can Da Ran Si, des femmes khmères se retrouvent autour d'une table. Une jeune fille apporte sur un plateau les cafés et les thés glacés de la gargote voisine. Un nourrisson passe de bras en bras. Une matrone finit de masser une dame venue en se tenant le dos. La cliente partie, elle revient à son café et à sa cigarette. "Je suis Cambodgienne, explique cette dame, je viens de Tra Vinh, dans le delta." À Saigon depuis de nombreuses années, elle s'est s'installée à deux pas du temple, sur la rive de l'arroyo de Thi Nghe, lieu d'implantation originel des Khmers dans la cité. Tout autour, de nombreuses familles ont fait de même. Le temple est le catalyseur de la vie communautaire. Un novice s'applique à balayer le sol. Un autre se met à la lessive. Les robes safran sèchent sur des bambous, et la gardienne du temple vient nettoyer le carrelage alors que s'élèvent les chants et les récitations de sutras, mêlés aux bruits de la ville. D'autres moines grimpent sur une moto pour se rendre dans une pagode où sont dispensés les enseignements bouddhiques. Devant une affiche de propagande, un vieillard déguste sa soupe. Au fond de la venelle, une circulation dense s'en va grossir le flot des motos qui convergent vers le centre-ville. Il est difficile de savoir combien de familles khmères habitent à Saigon.
Le Cambodge est à moins de deux heures de route de la ville et, avec l'ouverture relative des frontières, les gens vont et viennent pour étudier, travailler, vendre et acheter. Dans la province de Dông Nai, au nord de Saigon, certains Khmers sont venus entre 1975 et 1979, chassés par les combats ou menacés par les Khmers rouges. En ville, ils sont discrets, groupés autour de deux pagodes. À l'instar de beaucoup de communautés, ils ont abandonné des signes extérieurs de reconnaissance tels l'habillement, mais ont gardé leur culture. On enseigne aux enfants la langue khmère, mais l'important est de bien parler le vietnamien pour étudier dans les meilleures conditions. Ici aussi, nombreux sont les métissages entre Chinois du Cambodge, Cambodgiens et Vietnamiens.
L'impasse de la rue Ham Tu résonne des métiers à tisser et des machines à former le plastique. Dans son petit cabinet aux odeurs de camphre et de menthol, Luu Kiem Xuong consulte. Tout de noir vêtu, ses cheveux ramenés en queue-de-cheval, ce maître en arts martiaux exerce ses dons en médecine traditionnelle. Devant son autel des ancêtres illuminé par une guirlande électrique rouge, il tente de remettre en place le genou d'un patient. Xuong est concentré. À mesure qu'il manipule le membre, l'homme tord la bouche, peine à retenir sa respiration haletante sous la douleur. Comme pour le rassurer, Xuong relève la tête en souriant en silence. Pour le récompenser de son courage, il colle ensuite en des points précis quelques pastilles de sparadrap imprégnées d'huile de cannelle et de camélia, et appose des pochettes de cataplasme d'herbes médicinales avant d'emballer le tout dans une bandelette. Il accompagne ses gestes de recommandations parcimonieuses. Soulagé de ses douleurs et d'une centaine de milliers de dôngs (5 euros), le travailleur imprudent s'en retourne en s'appuyant sur sa femme comme sur une béquille.
Entre deux consultations, Xuong s'arrête pour parler de sa deuxième passion, celle des troupes de danse traditionnelle du Dragon et de la Licorne. Sa carte de visite a d'ailleurs deux faces, une pour chaque activité. À Saigon, personne ne s'étonne d'une double spécialité, aussi variée soit-elle. Mais aujourd'hui, Xuong ne porte plus à bout de bras les bambous de l'armature du dragon, pas plus que les acrobates qui, sous la tête de la Licorne, miment avec ardeur l'agression de la bête imaginaire. Depuis quelques années, il sous-traite cette lucrative activité à Phi, son jeune fils, qui a repris le flambeau familial. Une fois par semaine, les acrobates se retrouvent sur le terrain de football de l'ancien Cercle Sportif, sur le lieu même où les colons français pratiquaient le sport entre Blancs, dans le centre-ville de Saigon. Phi dirige la manœuvre, rythmant de sa voix les mouvements du dragon qui tourne sur lui-même, rampe, glisse et s'élève dans les airs : "Nos spectacles durent jusqu'à deux heures. Nous dansons à l'entrée des magasins, lors d'inaugurations d'usines et pour les fêtes traditionnelles du Têt, le Nouvel An lunaire. Nous fournissons aussi les pétards, au mètre et à la demande." Pour attirer les faveurs du Ciel, les industriels d'origine chinoise ou vietnamienne n'hésitent pas à "investir" dix millions de dôngs (500 euros) qui partent en fumée. "La musique, la danse et les explosions chassent les mauvais esprits et attirent les génies fastes et les richesses." En matière de prospérité, la famille Luu s'y connaît. Elle fait partie de la dixième génération de ces commerçants venus de Shan Ton (sud-est de la Chine) chercher fortune au Vietnam.
Dans toutes leurs activités, les communautés d'origine chinoise ont perpétué dans les villes où ils se sont installés le système des congrégations (bang). Celles-ci correspondent à leur province d'origine. On y parle son propre dialecte, on partage des souvenirs, ceux des grands-parents. Les bangs organisent l'entre-aide, les services médicaux, culturels et bancaires. Leur existence est officielle, mais ils doivent rester prudents. "À Saigon, tout ce qui est culturel doit se faire dans la discrétion, surtout quand cela vient d'une communauté ethnique", avoue une responsable de théâtre traditionnel. Dans un système politique où le droit d'association est interdit et les minorités considérées avec un regard suspicieux, il faut se méfier des relents de stalinisme mal digéré. Les rapports de haine et d'admiration de l'ex-vassal vietnamien avec l'ancien Empire du Milieu sont toujours de mise. Par le passé, les Hoa ont dû faire face à l'assimilation et à la peur des autorités face au contre-pouvoir qu'ils pouvaient représenter. En 1956, une législation a naturalisé les Chinois et interdit aux "étrangers" - ceux qui voulaient garder leur nationalité d'origine - onze professions parmi lesquelles celles du commerce du riz. C'était sans compter l'ingéniosité de l'esprit Saigonais : les Hoa concernés trouvèrent illico des "prête-noms" vietnamiens.
Que l'on circule dans Saigon, Cholon, ou dans l'ancienne ville de Gia Dinh (leur regroupement est devenu Hô Chi Minh-Ville), il est difficile de savoir où sont les communautés. Il faut tendre l'oreille pour entendre les gens s'exprimer autrement qu'en vietnamien. Mais les repères existent : ici et là, un centre culturel informel, un temple et ses annexes dédiés à l'éducation, un dispensaire de médecine traditionnelle ou un restaurant de spécialités. Saigon n'est pas une cité, mais un confluent de rapides humains. Infiltrez-la, elle vous diluera. Après avoir voulu l'humilier, la renommer, Hanoï s'y est cassé les dents. Aujourd'hui, l'austère capitale du nord vient y investir. Serait-ce dans la diversité de ses communautés que résidera l'avenir de Saigon ?
(1) Chenal le plus souvent à sec, qui se transforme en torrent temporaire après les pluies.
(2) 80 % des Vietnamiens.
(3) Aujourd'hui, la rue Nam Ky Khoi Nghia.
(4) Nom donné aux ruelles de Saigon.
Des communautés étroitement imbriquées
Les Chams
Le royaume Champa était situé le long des cours d'eau du Vietnam du centre et du sud. Installés dans des maisons sur pilotis, les Chams ont vécu du négoce et de la pêche du IIe siècle avant J.-C. jusqu'à la première moitié du XIXe siècle. Les Chams contrôlaient les routes maritimes entre la Chine et l'Inde. À l'origine de religion hindoue, une partie de la communauté est aujourd'hui musulmane (les Bani).
Les Khmers
Les Khmers furent les premiers habitants de la région du delta du Mékong et de Saigon. Descendus de leur immense royaume, ils occupèrent le delta jusqu'à la mer de Chine. Les noms des villes anciennes y ont une origine khmère : Sa Dêc - où vécut Marguerite Duras - vient de "Psar Dek", "Marché aux Fers". Quant à l'ancien nom de Saigon, "Prei Nokor" - la "Ville-forêt" - il est toujours d'usage pour certains Cambodgiens et pour la minorité khmer krom du delta du Mékong. Alors qu'ils avaient réussi à repousser les Chams au XIIe siècle, les Khmers Krom ("Khmers d'en bas") subirent cinq siècles plus tard l'avancée des Vietnamiens venus du Nord. Au fil du temps, ils durent céder le terrain.
Les Chinois, dits Hoa
De tout temps, ils sont arrivés par bateau au sud du Vietnam. Au milieu du XVIIe siècle, des Chinois fuyant devant l'avancée des Mandchous débarquent à bord de jonques. Ils obtiennent des seigneurs Nguyên, alors au pouvoir dans le sud du pays, le droit de s'installer dans le delta du Mékong. Un siècle plus tard, ils créent le long d'un affluent de la rivière de Saigon un marché si grand qu'on le nomme "Cho Lon", le "Grand Marché". Celui-ci est depuis devenu une ville commerçante, puis le quartier chinois de Saigon. Très présents dans les domaines agricoles et surtout du commerce, les Hoa contribuent largement à l'économie du pays. Ils viennent de plusieurs régions. Cinq congrégations les représentent à Saigon : celles du Guangdong, de Hainan, de Zhaozhou, du Fujian et les Hakkha.
http://www.lemonde.fr/voyage/article/2009/01/01/saigon-la-ville-aux-mille-visages_1339339_3546.html
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Re: Vietnam, Saigon
Petite leçon de conduite moto à Saigon, pour "apprendre" à tourner à gauche
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Re: Vietnam, Saigon
Pour mon permis viet
Ok je sais tourner à gauche, maintenant la suite....
Ok je sais tourner à gauche, maintenant la suite....
gandalilou- Localisation : Territoire de Belfort
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Sur les trottoirs de Saigon (mais pas que)…chaque nouveau jour est une nouvelle possibilité
« …Au regard de l’infini, 1 et 1 milliard c’est exactement la même chose.
C’est ce genre de paradoxe qui fait que la série infinie des nombres pairs,
qui ne représente en principe qu’un nombre sur deux,
est égale à la série de tous les nombres.
Si l’éternité est telle que nous l’avons définie,
vous voyez bien que la probabilité 0 de l’évènement qui vous intéresse devient une probabilité 1,
c’est à dire une certitude. »
Le principe d’incertitude, Michel Rio
Saigon est la ville la plus fourmillante et vivace qu’il m’ait été donné de parcourir. Le silence ne se fait jamais, le XXI ème Siècle s’engouffre avec urgence dans tous les domaines de vie des saigonnais. Les perspectives semblent constamment infinies de s’enrichir à tous points de vue. Commercer, spéculer, échanger, trafiquer, la question est juste de savoir sur quelles commodités. Les vietnamiens vivent cette nouvelle croissance comme un eldorado dont ils seront sinon les architectes, tout du moins les jouisseurs. Tout est possible, rien ne supporte le doute, chacun est grisé par les perspectives que l’avenir semble prophétiser.
Une certaine forme de progrès aussi contrôlée soit-elle s’empare aussi des arts, des lettres et de la création. L’envie de créer et de s’exprimer est prégnante et s’agite en mouvement brownien dans des ateliers encore gardés hautement secrets. Sculpteurs, peintres, écrivains et designers de tous bords s’agitent pour donner vie à leur envie légitime de liberté et d’esthétique.
Ce dimanche matin là, à l’heure où habituellement l’air a déjà été tant brassé qu’il ne reste plus qu’à suivre le mouvement, je me suis retrouvée dans cette rue déserte et aphone, dont toutes les portes et les volets étaient fermés. Saigon dormait. Saigon dort le dimanche matin, c’est un signe des temps, de l’avènement d’une classe qui ne crève plus de faim le dimanche matin. J’ai pensé que c’était un bon signe.
En prenant mon café, sous ce soleil qui sous ses airs timides faisait déjà fondre mes doutes sur les infinies perspectives qu’offre la vie, j’ai pensé à ces hommes et femmes qui couraient dans les rues il y a 10 ans et qui dormaient désormais. Comme si chacun avait réussi à saisir son opportunité et l’avait transformée en possibilité puis en certitude.
Je continue depuis de caresser comme un talisman l’idée que le domaine des possibles est infini. Et ce n’est pas qu’une histoire de géographie.
En parlant de géo, je vous recommande vivement le dernier GEO Voyage d’Octobre-Novembre sur le Vietnam. Il dresse un portrait assez complet du Vietnam d’hier et d’aujourd’hui et vaut bien des guides.
J’ai apprécié ces deux citations :
- A propos des robes longues traditionnelles : « la chair apparaît aux hanches dans une fente baptisée « le triangle de l’émotion »". Si vrai, si délicat…
- A propos de la cuisine de rue de Saigon : « Ces modestes échoppes jouent un rôle social fondamental. Pour les vietnamiens, la rue est un mode de vie. Y manger est l’occasion de se montrer, de flirter, de tenir le journal du quartier en échangeant les dernières nouvelles. » Pour une fois que ce n’est pas moi qui le dis…
Et en parlant de guide, voici celui de Saigon que j’ai réalisé pour Serge, the concierge of New Jersey (en anglais)
-----> http://www.sergetheconcierge.com/2011/08/let-time-go-by-sunset-at-saigon-saigon-bar-saigon-10-dos-and-donts-by-linh-le.html
source http://baguettestraditions.wordpress.com/2011/10/18/sur-les-trottoirs-de-saigon-chaque-nouveau-jour-est-une-nouvelle-possibilite/
C’est ce genre de paradoxe qui fait que la série infinie des nombres pairs,
qui ne représente en principe qu’un nombre sur deux,
est égale à la série de tous les nombres.
Si l’éternité est telle que nous l’avons définie,
vous voyez bien que la probabilité 0 de l’évènement qui vous intéresse devient une probabilité 1,
c’est à dire une certitude. »
Le principe d’incertitude, Michel Rio
Saigon est la ville la plus fourmillante et vivace qu’il m’ait été donné de parcourir. Le silence ne se fait jamais, le XXI ème Siècle s’engouffre avec urgence dans tous les domaines de vie des saigonnais. Les perspectives semblent constamment infinies de s’enrichir à tous points de vue. Commercer, spéculer, échanger, trafiquer, la question est juste de savoir sur quelles commodités. Les vietnamiens vivent cette nouvelle croissance comme un eldorado dont ils seront sinon les architectes, tout du moins les jouisseurs. Tout est possible, rien ne supporte le doute, chacun est grisé par les perspectives que l’avenir semble prophétiser.
Une certaine forme de progrès aussi contrôlée soit-elle s’empare aussi des arts, des lettres et de la création. L’envie de créer et de s’exprimer est prégnante et s’agite en mouvement brownien dans des ateliers encore gardés hautement secrets. Sculpteurs, peintres, écrivains et designers de tous bords s’agitent pour donner vie à leur envie légitime de liberté et d’esthétique.
Ce dimanche matin là, à l’heure où habituellement l’air a déjà été tant brassé qu’il ne reste plus qu’à suivre le mouvement, je me suis retrouvée dans cette rue déserte et aphone, dont toutes les portes et les volets étaient fermés. Saigon dormait. Saigon dort le dimanche matin, c’est un signe des temps, de l’avènement d’une classe qui ne crève plus de faim le dimanche matin. J’ai pensé que c’était un bon signe.
En prenant mon café, sous ce soleil qui sous ses airs timides faisait déjà fondre mes doutes sur les infinies perspectives qu’offre la vie, j’ai pensé à ces hommes et femmes qui couraient dans les rues il y a 10 ans et qui dormaient désormais. Comme si chacun avait réussi à saisir son opportunité et l’avait transformée en possibilité puis en certitude.
Je continue depuis de caresser comme un talisman l’idée que le domaine des possibles est infini. Et ce n’est pas qu’une histoire de géographie.
En parlant de géo, je vous recommande vivement le dernier GEO Voyage d’Octobre-Novembre sur le Vietnam. Il dresse un portrait assez complet du Vietnam d’hier et d’aujourd’hui et vaut bien des guides.
J’ai apprécié ces deux citations :
- A propos des robes longues traditionnelles : « la chair apparaît aux hanches dans une fente baptisée « le triangle de l’émotion »". Si vrai, si délicat…
- A propos de la cuisine de rue de Saigon : « Ces modestes échoppes jouent un rôle social fondamental. Pour les vietnamiens, la rue est un mode de vie. Y manger est l’occasion de se montrer, de flirter, de tenir le journal du quartier en échangeant les dernières nouvelles. » Pour une fois que ce n’est pas moi qui le dis…
Et en parlant de guide, voici celui de Saigon que j’ai réalisé pour Serge, the concierge of New Jersey (en anglais)
-----> http://www.sergetheconcierge.com/2011/08/let-time-go-by-sunset-at-saigon-saigon-bar-saigon-10-dos-and-donts-by-linh-le.html
source http://baguettestraditions.wordpress.com/2011/10/18/sur-les-trottoirs-de-saigon-chaque-nouveau-jour-est-une-nouvelle-possibilite/
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VietJetAir annonce un Ho Chi Minh Ville – Bangkok
La compagnie aérienne low cost VietJet Air lancera en décembre un vol quotidien entre Ho Chi Minh Ville et Bangkok, devenant la première compagnie privée du Vietnam à proposer des vols internationaux.
Dix mois après son lancement, la compagnie vietnamienne dédiée au vol pas cher continue son expansion avec quatre nouvelles routes intérieures et donc la liaison vers la Thaïlande, Cette dernière devrait être inaugurée le 14 décembre 2012, avec une puis deux rotations quotidiennes. Si la réservation n’est pas encore ouverte, le site internet de la low cost indique des départs différents chaque jour de l’aéroport d’Ho Chi Minh Ville (entre 8h35 et 11h20), tandis que selon Airline Route les départs quotidiens seront à 9h05 et 11h20, avec retour depuis Bangkok – Suvarnabhumi (pas Don Mueang curieusement) à 11h35 et 13h55. VietJetAir sera en concurrence sur cette ligne avec Vietnam Airlines, Thai Airways et la low cost Thai AirAsia (plus indirectement Lufthansa, Turkish Airlines et Qatar Airways).
Côté lignes intérieures et toujours en concurrence avec la compagnie nationale, VietJetAir lancera le 15 novembre une liaison Ho Chi Minh Ville – Vinh (quotidien, départ 10h35, retour 13h05 face aussi à Air Mekong et Jetstar Pacific). A partir du 22 novembre, elle opèrera un vol quotidien entre Ho Chi Minh Ville et Hue (départ 7h40, retour 9h40), tandis que le mois de décembre la verra inaugurer deux lignes : Hanoi – Dalat (quotidien, départ 9h40 et retour 11h55) et Ho Chi Minh Ville – Phu Quoc (deux fois par jour, départs 7h15 et 13h45, retours 8h40 et 15h10 face également à Air Mekong). La desserte de Danang passe elle à deux vols par jour depuis Hanoi à la fin du mois, et quatre depuis Ho Chi Minh Ville en décembre. Les deux principales villes du pays sont elles reliées huit fois par jour.
VietJetAir dispose désormais d’une flotte de quatre Airbus A320 pouvant accueillir 180 passagers, mais elle compte toujours disposer de 20 appareils d’ici fin 2015 qui lui permettront de se développer à travers l’Asie du sud-est, avec à terme des vols vers la Corée du Sud ou le Japon. Selon CAPA, elle pourrait représenter d’ici la fin de l’année 16% du marché intérieur, loin derrière Vietnam Airlines (68%) mais devant Jetstar Pacific (13%).
http://www.air-journal.fr/2012-10-19-vietjetair-annonce-un-ho-chi-minh-ville-bangkok-558238.html
Dix mois après son lancement, la compagnie vietnamienne dédiée au vol pas cher continue son expansion avec quatre nouvelles routes intérieures et donc la liaison vers la Thaïlande, Cette dernière devrait être inaugurée le 14 décembre 2012, avec une puis deux rotations quotidiennes. Si la réservation n’est pas encore ouverte, le site internet de la low cost indique des départs différents chaque jour de l’aéroport d’Ho Chi Minh Ville (entre 8h35 et 11h20), tandis que selon Airline Route les départs quotidiens seront à 9h05 et 11h20, avec retour depuis Bangkok – Suvarnabhumi (pas Don Mueang curieusement) à 11h35 et 13h55. VietJetAir sera en concurrence sur cette ligne avec Vietnam Airlines, Thai Airways et la low cost Thai AirAsia (plus indirectement Lufthansa, Turkish Airlines et Qatar Airways).
Côté lignes intérieures et toujours en concurrence avec la compagnie nationale, VietJetAir lancera le 15 novembre une liaison Ho Chi Minh Ville – Vinh (quotidien, départ 10h35, retour 13h05 face aussi à Air Mekong et Jetstar Pacific). A partir du 22 novembre, elle opèrera un vol quotidien entre Ho Chi Minh Ville et Hue (départ 7h40, retour 9h40), tandis que le mois de décembre la verra inaugurer deux lignes : Hanoi – Dalat (quotidien, départ 9h40 et retour 11h55) et Ho Chi Minh Ville – Phu Quoc (deux fois par jour, départs 7h15 et 13h45, retours 8h40 et 15h10 face également à Air Mekong). La desserte de Danang passe elle à deux vols par jour depuis Hanoi à la fin du mois, et quatre depuis Ho Chi Minh Ville en décembre. Les deux principales villes du pays sont elles reliées huit fois par jour.
VietJetAir dispose désormais d’une flotte de quatre Airbus A320 pouvant accueillir 180 passagers, mais elle compte toujours disposer de 20 appareils d’ici fin 2015 qui lui permettront de se développer à travers l’Asie du sud-est, avec à terme des vols vers la Corée du Sud ou le Japon. Selon CAPA, elle pourrait représenter d’ici la fin de l’année 16% du marché intérieur, loin derrière Vietnam Airlines (68%) mais devant Jetstar Pacific (13%).
http://www.air-journal.fr/2012-10-19-vietjetair-annonce-un-ho-chi-minh-ville-bangkok-558238.html
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Des rizières gommées, futur centre de Saïgon
L’aménagement de l’intérieur de la boucle de la rivière de Saïgon, face au centre-ville actuel, avance. Thu Thiêm sera le cœur de la mégapole de demain.
Quand les Français ont planifié la ville de Saïgon, voilà désormais plus d’un siècle, ils ont regardé en direction du Plateau, légèrement surélevé par rapport à la rivière et où se distinguent encore, de nos jours, la silhouette de la cathédrale en briques rouges et, à ses côtés, celle d’une superbe Poste de style Effel. Autrefois, empruntant la rue Catinat (aujourd’hui rebaptisée Dông Khoi), les calèches, puis le automobiles, remontaient des quais aménagés à l’extérieur de la boucle de la rivière de Saïgon vers le Plateau. Et c’est aux alentours de cette rue plutôt étroite et très ombragée que s’est organisé le centre-ville actuel : l’Hôtel de ville, le théâtre municipal, des hôtels et, un plus loin, les marchés.
Curieusement, l’intérieur de la boucle, lieu-dit de Thu-Thiêm pourtant si proche de ce centre, 1er arrondissement de la mégapole méridionale du Vietnam, n’a pas été exploité. Les marécages ont simplement été transformés en rizières. Sur la rive, de très grands panneaux publicitaires ont obstrué la vue sur un paysage demeuré bucolique. A leurs pieds s’est installée, dans des casemates tenant parfois du bidonville, une population formée en partie des parasites du 1er arrondissement : vendeurs de billets de loterie, marchands ambulants, cireurs de souliers. Il y a quelque temps encore, seul un vieux bac et de petites embarcations faisaient la navette entre les deux villes.
Cette époque est révolue. Trois ponts et un tunnel relient aujourd’hui Thu Thiêm au centre-ville. L’intérieur de la boucle est déjà devenu le 2° arrondissement de Hochiminh-Ville. La petite population sur la rive de la rivière – en fait, un large fleuve – a été, au fil des années, indemnisée et déplacée ailleurs. Le plan-maître d’aménagement prévoit une urbanisation susceptible d’accueillir une population d’un demi-million d’habitants.
Selon le site de Tuoi Tre, les espaces verts seront nombreux, dont un parc de vingt hectares sur la rivière, avec des aménagements en plein air pour manifestations sociales, culturelles, politiques. Le long de la berge sera également créée une aire de neuf hectares pour les loisirs à destination des habitants et des touristes. Pour éviter les embouteillages, le maître-plan fait également place à des voies routières surélevées, des parkings, des rues piétonnes.
Thu Thiêm accueillait aussi des drogués, des sans-papiers et des manutentionnaires du port. Du temps de la colonisation, le lieu-dit servait de refuge à des militants de l’indépendance fuyant la sûreté française. Ces différents passés s’effaceront devant la modernité et la logique de construire l’endroit le mieux placé pour faire au moins partie du nouveau centre-ville, puisqu’il se trouve dans le prolongement de Nam-Saïgon, Saïgon-Sud, dont la réalisation est beaucoup plus avancée, et qu’il sera directement relié au futur aéroport de Long Thanh, dont l’ouverture est prévue en 2020.
http://asie-info.fr/2012/11/13/vietnam-des-rizieres-gommees-futur-centre-de-saigon-512798.html
Quand les Français ont planifié la ville de Saïgon, voilà désormais plus d’un siècle, ils ont regardé en direction du Plateau, légèrement surélevé par rapport à la rivière et où se distinguent encore, de nos jours, la silhouette de la cathédrale en briques rouges et, à ses côtés, celle d’une superbe Poste de style Effel. Autrefois, empruntant la rue Catinat (aujourd’hui rebaptisée Dông Khoi), les calèches, puis le automobiles, remontaient des quais aménagés à l’extérieur de la boucle de la rivière de Saïgon vers le Plateau. Et c’est aux alentours de cette rue plutôt étroite et très ombragée que s’est organisé le centre-ville actuel : l’Hôtel de ville, le théâtre municipal, des hôtels et, un plus loin, les marchés.
Curieusement, l’intérieur de la boucle, lieu-dit de Thu-Thiêm pourtant si proche de ce centre, 1er arrondissement de la mégapole méridionale du Vietnam, n’a pas été exploité. Les marécages ont simplement été transformés en rizières. Sur la rive, de très grands panneaux publicitaires ont obstrué la vue sur un paysage demeuré bucolique. A leurs pieds s’est installée, dans des casemates tenant parfois du bidonville, une population formée en partie des parasites du 1er arrondissement : vendeurs de billets de loterie, marchands ambulants, cireurs de souliers. Il y a quelque temps encore, seul un vieux bac et de petites embarcations faisaient la navette entre les deux villes.
Cette époque est révolue. Trois ponts et un tunnel relient aujourd’hui Thu Thiêm au centre-ville. L’intérieur de la boucle est déjà devenu le 2° arrondissement de Hochiminh-Ville. La petite population sur la rive de la rivière – en fait, un large fleuve – a été, au fil des années, indemnisée et déplacée ailleurs. Le plan-maître d’aménagement prévoit une urbanisation susceptible d’accueillir une population d’un demi-million d’habitants.
Selon le site de Tuoi Tre, les espaces verts seront nombreux, dont un parc de vingt hectares sur la rivière, avec des aménagements en plein air pour manifestations sociales, culturelles, politiques. Le long de la berge sera également créée une aire de neuf hectares pour les loisirs à destination des habitants et des touristes. Pour éviter les embouteillages, le maître-plan fait également place à des voies routières surélevées, des parkings, des rues piétonnes.
Thu Thiêm accueillait aussi des drogués, des sans-papiers et des manutentionnaires du port. Du temps de la colonisation, le lieu-dit servait de refuge à des militants de l’indépendance fuyant la sûreté française. Ces différents passés s’effaceront devant la modernité et la logique de construire l’endroit le mieux placé pour faire au moins partie du nouveau centre-ville, puisqu’il se trouve dans le prolongement de Nam-Saïgon, Saïgon-Sud, dont la réalisation est beaucoup plus avancée, et qu’il sera directement relié au futur aéroport de Long Thanh, dont l’ouverture est prévue en 2020.
http://asie-info.fr/2012/11/13/vietnam-des-rizieres-gommees-futur-centre-de-saigon-512798.html
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Re: Vietnam, Saigon
Quand les paquebots de la Transat ou des Chargeurs réunis remontaient autrefois la rivière de Saigon, ils serpentaient pendant de longues heures dans ses nombreux méandres bordés de mangrove où se nichaient des villages de torchis et de bambous. Une des curiosités du voyage était de voir la cathédrale de Saigon et ses deux flèches légendaires passer de bâbord à tribord. Aujourd’hui, ce sont les gratte-ciel triomphants de Hô Chi Minh-Ville qui jouent à cache-cache le long de la rivière. Mais il n’y a plus, pour les regarder sans les voir, que les passagers des ferries qui vont livrer à Saigon les crevettes black tiger pêchées dans les mangroves.
Saigon est devenue une ville debout, comme le New York de Céline. Ses tours rivalisent de hauteur avec les autres métropoles d’Asie. Leur véritable raison d’être est de proclamer la vitalité fiévreuse et la prospérité de cette ville indomptable. Elles adressent un message au monde : nous existons, nous existerons toujours et il faudra compter avec nous. Elles constituent une digue contre le passé colonial et les misères de la guerre que les jeunes habitants n’ont pas connus et dont ils ne veulent rien savoir parce que ce n’était pas leur siècle. Ce sont des enfants du futur. Ils n’ont rien à voir avec le Saigon des Européens, son exotisme pervers, son art de vivre décadent, son charme qui sentait l’opium et la mort. Ils sont tout aussi indifférents au Vietnam révolutionnaire des années 1970. Pour la majorité d’entre eux, Bill Gates est plus populaire que Hô Chi Minh. Saigon n’a pas seulement changé de nom, elle a changé de destin.
Ce n’est plus la capitale assoupie de la Cochinchine française, celle des siestes sous la moustiquaire et des fines à l’eau à la terrasse du Continental. Saigon, qui comptait 2 millions d’habitants en 1960, en compte 10 aujourd’hui, et 70 % de sa population a moins de 25 ans. Qui dit jeunesse dit scooters. Il y en a 4 millions qui foncent, serrés les uns contre les autres, sur les larges avenues tracées par les Français. La ville déborde d’énergie. Elle incarne l’avenir pour tous les Vietnamiens qui rêvent de s’y installer et rusent avec les autorités qui multiplient les obstacles administratifs pour les en empêcher.
Saigon est une mine d’or. Son taux de croissance est de 9 %, contre 8, 5 % pour l’ensemble du Vietnam. « Il y a à Saigon des milliers de petites et moyennes entreprises qui offrent toute une gamme d’emplois, dit Mme Vanh, une universitaire. C’est le paradis de la libre entreprise, la ville des audacieux, la ville de la chance. Saigon est le Far West vietnamien. » On s’accorde à reconnaître qu’ici les jeunes sont plus mûrs que les autres Vietnamiens de leur âge. Ils arrivent à l’âge adulte sans avoir eu d’enfance. C’est la rançon de la promotion sociale. Dès l’âge de 10 ans, on leur enfonce bien dans la tête que l’instruction est leur seul espoir de se hisser dans la sphère dorée du business.
Ils n’ont ni dimanche ni vacances. En plus de leurs études dans des lycées qui se veulent tous d’excellence et où la sélection est impitoyable, ils sont submergés de cours particuliers en maths, anglais, littérature. Les parents se saignent aux quatre veines pour leurs enfants. Leur ambition est de les envoyer dans de grandes universités étrangères. Insensible aux idéologies, Saigon s’ouvre sur le monde. Et qu’importe si on fronce les sourcils à Hanoi devant ses tendances anarchistes et son dynamisme libertaire.
Ces jeunes ne sont pas passés par la case révolution. Les anciens leur reprochent soit leur matérialisme soit leur dédain pour les traditions vietnamiennes, deux griefs étonnants dans un pays qui se réclame du marxismeléninisme. « Ils n’ont plus la notion de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas », dit Mme Vanh, que leur appétit de vivre semble effrayer. Les jeunes s’en moquent. C’est que leurs débuts dans la vie, après l’enfer du surmenage scolaire, sont difficiles. Saigon a beau être un gisement d’emplois, la compétition y est acharnée.
En outre, le prix du mètre carré, 25 000 euros, étant à Saigon plus élevé qu’à Paris ou à New York, ils sont obligés de vivre pendant plusieurs années chez leurs parents ou leurs beaux-parents. Ce n’est pas toujours gai et le soir, pour échapper aux inévitables conflits familiaux, ils prennent leur scooter et vont s’éclater dans des boîtes sur des rythmes occidentaux qu’on ne tolérerait pas à Hanoi, la capitale austère et provinciale. Saigon perce encore sous Hô Chi Minh-Ville.
http://teleobs.nouvelobs.com/rubriques/la-selection-teleobs/articles/38662-grandes-capitales-oceanes-saigon-l-intrepide
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