Livre - "Ru" de Kim Thuy

Kim Thuy a fui le Vietnam avec les boat people pour rejoindre le Canada. Elle avait dix ans. 30 ans plus tard, elle raconte l’exil et fait l’unanimité en cette rentrée littéraire. Son livre, sélectionné pour le Prix Première, vient de l’être aussi parmi les dix finalistes du grand prix organisé en France par RTL et le magazine Lire.
"Ru", c'est le titre de ce court roman paru chez Liana Levi. Ru qui signifie berceuse ou bercer en vietnamien, et petit ruisseau en français. Ce ruisseau-là se transforme très vite en rivière, puis en fleuve. Il vous emporte sur une géographie de mots, entre le Vietnam natal et le Canada, un fils autiste et un oncle magnifique, des rêves brisés et une vie réinventée.
Kim Thuy a exercé le métier de traductrice, celui d'avocate et celui de restauratrice. Mais à lire son roman autobiographique, on doute qu'elle ait jamais été autre chose qu'écrivain. Ce premier livre est d'une sincérité désarmante. Il est aussi truffé d'anecdotes plus truculentes les unes que les autres. Car il parle d'un monde dont nous ignorons tout, ou presque. Chacun d'entre nous a en lui des images du Vietnam et de la guerre. Mais personne n'imagine le quotidien tel qu'il était.
"On n'apprenait plus à compter avec des bananes et des ananas. On transformait la salle de classe en un immense jeu de Risk, avec le calcul des soldats morts, blessés ou emprisonnés et des victoires patriotiques, grandioses et colorées."
La famille de Kim était considérée comme contre-révolutionnaire. Elle était donc surveillée jour et nuit par des soldats venus des campagnes qui occupaient une partie de la maison. Illettrés, ces "bons" communistes ignoraient par exemple que la cuvette des toilettes n'était pas le meilleur endroit pour laisser un poisson en attendant de le consommer.
"Les soldats arrêtaient aussi les filles qui se mettaient du crayon et de l'ombre à paupières bleue. Ils croyaient qu'elles avaient les yeux au beurre noir, qu'elles étaient victimes de la violence capitaliste. (..) Les soldats américains achetaient des blocs entiers de glace d'un mètre de longueur sur vingt centimètres d'épaisseur et de largeur, pour les mettre sous leur lit. Ils avaient besoin de se rafraîchir après avoir sué de peur pendant des semaines dans la jungle vietnamienne."
Et puis un jour, il a fallu fuir. Monter sur les coquilles de noix, s'entasser jusqu'à risquer la mort en cachant ses richesses où l'on pouvait. Qui des diamants dans un bracelet d'enfant, qui de l'or dans les dents. Après, ce fut l'arrivée en Malaisie, l'ignoble camp de réfugiés, la promiscuité, le chant des mouches dans les latrines, la survie en groupe ("vingt-cinq personnes debout, petits et grands, qui tenaient dans chacune de leurs mains une boîte de conserve pour recueillir l'eau coulant de la toile, parfois à flots, parfois goutte à goutte"). L'espoir d'une vie meilleure, mais si ténu. Enfin, l'arrivée au Canada, le froid, le dépaysement total, la débrouillardise, et les épousailles avec le rêve américain.
Tout cela, Kim Thuy le raconte sans aucun misérabilisme, avec une constante pointe d'humour et de détachement, mais surtout, avec une sagesse, une sérénité qui font de chaque page une leçon de vie. Les souvenirs affluent dans le désordre, s'enchaînant les uns les autres, comme on le ferait dans la conversation. On découvre un monde, un regard sur le monde aussi. Un regard étonnamment tendre. En paix. Comme un petit ruisseau qui coulerait à l'abri de la violence des hommes.

source www.rtbf.be


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Presse

«Kim Thúy nous berce autant qu'elle nous bouleverse.» Elle
«La romancière se dévoile, mais avec grâce et pudeur.» Télérama
«Ru est plus qu'un livre, une révélation.» Les Echos
«Un récit magnifique.» Marianne
«Fragments de mémoire poétiquement entremêlés.» La Vie
«Un livre qui frappe par sa force et par sa légèreté, qui trace inlassablement son sillon et apaise.» Le Soir
«Sa plume se fait légère , malicieuse, éblouie.» Télé 7 Jours
«L'exil comme chance. La vie comme cadeau.» Livres Hebdo
«Peu de descriptions, et, pourtant, des images fortes qui viennent se greffer dans l’esprit du lecteur. Une remarquable entrée en littérature.» L’Express
«Sa voix porte immédiatement. Elle a un ton, une couleur, une sensualité qui passe par l’amour du détail.» Le Point
«Un premier roman qui compose une mosaïque de la mémoire.» Libération
«Page après page, en une multitude de fragments tendres, dramatiques ou très drôles, elle fait émerger ses souvenirs avec une force miraculeuse. Celle d’un écrivain.» VSD
«Se dégage de ce premier roman un sentiment d’une rare félicité.» Le Figaro littéraire
«Kim Thúy livre un superbe objet littéraire.» RTL