Birmanie - La misère gagne les rangs de l’armée
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Birmanie - La misère gagne les rangs de l’armée
Ne bénéficiant que d’une très petite solde, les soldats ont recours au système D pour s’en sortir et nourrir leur famille. Quant aux anciens combattatants, ils ne touchent aucune aide.
Le sergent Aung arpente le marché de Mingladon à la recherche de munitions pour remplir le chargeur de son arme. Il a vendu ses cartouches un jour où il avait besoin d’argent pour nourrir sa famille. Il trouve rapidement plusieurs commerces qui vendent du matériel militaire – des uniformes aux cartouches, en passant par des chargeurs et des armes diverses. On trouve ce genre d’étals dans de nombreux marchés situés autour des installations militaires de Rangoon. La plupart de ces échoppes fonctionnent grâce aux soldats pauvres. Ces derniers sont souvent contraints de vendre le matériel fourni par l’armée lorsqu’ils ont besoin d’argent, mais ils doivent le racheter quand ils en ont les moyens. Il y a six mois, le sergent Aung (ce n’est pas son vrai nom) a vendu ses cartouches pour 8 000 kyats [6 euros*]. Elles en coûtent aujourd’hui 15 000, mais le vendeur lui fait une remise de 2 500 kyats. Le militaire est quand même rebuté par le prix. Il gagne 35 000 kyats [25 euros] par mois. Il décide de faire le tour du marché pour réfléchir. Il finit par conclure qu’il n’a pas les moyens de remplacer ses cartouches. S’il y a une inspection et qu’il est découvert, il risque la suspension ou la prison.
“La pauvreté des soldats n’est même pas comparable à celle des civils, confie-t-il. On souffre de pénurie non seulement sur le front, mais aussi à l’arrière. On ne touche quasiment pas d’argent.” Il pourrait gagner 5 000 kyats de plus par mois s’il servait dans une zone dangereuse.
Sa solde ne suffit jamais à satisfaire les besoins des quatre membres de sa famille, assure-t-il. Il est endetté depuis 2007. Sa femme et ses enfants s’efforcent de se limiter sur tout, mais il n’a toujours pas les moyens d’acheter même le moins cher des dentifrices ou la moins chère des brosses à dents. Cette pression économique se voit sur lui. Le sergent Aung est hagard, las et a les pommettes saillantes. Son uniforme est délavé. Certains soldats touchent un petit supplément quand les officiers autorisent un membre de leur famille à ouvrir un petit commerce dans la région où est postée leur unité. Certaines familles élèvent des volailles et des cochons pour se faire un peu d’argent. D’autres s’en sortent en se livrant à des activités illégales, comme la vente de billets de loterie clandestine ou les paris sur les matchs de football. Certains soldats dirigent des services de moto-taxi.
“On s’en sortirait mieux en mendiant dans les rues…”
Le gouvernement ou les officiers ordonnent parfois à une unité d’être autosuffisante. Selon un soldat, le commandant en chef d’une force déployée dans l’Etat Shan, dans le nord du pays, a ordonné aux unités placées sous son commandement de se débrouiller pour financer elles-mêmes les opérations. Les soldats se sont donc mis à couper et à vendre du bois.
Nombre de soldats reçoivent de leurs officiers des ordres oraux les incitant à épouser une fille issue d’une famille riche, qui pourra contribuer à soutenir la famille de son mari. D’après un capitaine, “pour les officiers de l’armée de terre, il y a une loi non écrite qui nous suggère d’épouser une dame riche ou diplômée”. L’armée renvoie en général dans leurs foyers les soldats infectés par le VIH, l’hépatite B ou ceux affectés d’un handicap physique. “S’ils peuvent encore marcher, les anciens combattants peuvent essayer de vendre des livres et des magazines dans la rue. Ils vendent des trucs au marché. S’ils ne peuvent pas marcher, ils fabriquent des vanneries. Certains encore travaillent comme menuisiers, d’autres mendient dans les rues. Les anciens combattants ne sont même pas reconnus comme tels et ne reçoivent plus aucune aide du gouvernement. Il paraît que nous sommes une honte pour la Tatmadaw [l’armée]”, raconte un ancien soldat amputé d’un membre.
Un autre soldat, 1re classe dans un bataillon basé dans la ville portuaire de Thanlyin, conclut avec ironie : “On s’en sortirait mieux en quittant l’armée et en mendiant dans les rues. On pourrait gagner plus d’argent.”
* Le taux de conversion réel constaté dans la rue est d’environ 1 kyat pour 0,0007 euro. Il est très inférieur au taux officiel de 1 kyat pour 0,1 euro.
source www.courrierinternational.com
Le sergent Aung arpente le marché de Mingladon à la recherche de munitions pour remplir le chargeur de son arme. Il a vendu ses cartouches un jour où il avait besoin d’argent pour nourrir sa famille. Il trouve rapidement plusieurs commerces qui vendent du matériel militaire – des uniformes aux cartouches, en passant par des chargeurs et des armes diverses. On trouve ce genre d’étals dans de nombreux marchés situés autour des installations militaires de Rangoon. La plupart de ces échoppes fonctionnent grâce aux soldats pauvres. Ces derniers sont souvent contraints de vendre le matériel fourni par l’armée lorsqu’ils ont besoin d’argent, mais ils doivent le racheter quand ils en ont les moyens. Il y a six mois, le sergent Aung (ce n’est pas son vrai nom) a vendu ses cartouches pour 8 000 kyats [6 euros*]. Elles en coûtent aujourd’hui 15 000, mais le vendeur lui fait une remise de 2 500 kyats. Le militaire est quand même rebuté par le prix. Il gagne 35 000 kyats [25 euros] par mois. Il décide de faire le tour du marché pour réfléchir. Il finit par conclure qu’il n’a pas les moyens de remplacer ses cartouches. S’il y a une inspection et qu’il est découvert, il risque la suspension ou la prison.
“La pauvreté des soldats n’est même pas comparable à celle des civils, confie-t-il. On souffre de pénurie non seulement sur le front, mais aussi à l’arrière. On ne touche quasiment pas d’argent.” Il pourrait gagner 5 000 kyats de plus par mois s’il servait dans une zone dangereuse.
Sa solde ne suffit jamais à satisfaire les besoins des quatre membres de sa famille, assure-t-il. Il est endetté depuis 2007. Sa femme et ses enfants s’efforcent de se limiter sur tout, mais il n’a toujours pas les moyens d’acheter même le moins cher des dentifrices ou la moins chère des brosses à dents. Cette pression économique se voit sur lui. Le sergent Aung est hagard, las et a les pommettes saillantes. Son uniforme est délavé. Certains soldats touchent un petit supplément quand les officiers autorisent un membre de leur famille à ouvrir un petit commerce dans la région où est postée leur unité. Certaines familles élèvent des volailles et des cochons pour se faire un peu d’argent. D’autres s’en sortent en se livrant à des activités illégales, comme la vente de billets de loterie clandestine ou les paris sur les matchs de football. Certains soldats dirigent des services de moto-taxi.
“On s’en sortirait mieux en mendiant dans les rues…”
Le gouvernement ou les officiers ordonnent parfois à une unité d’être autosuffisante. Selon un soldat, le commandant en chef d’une force déployée dans l’Etat Shan, dans le nord du pays, a ordonné aux unités placées sous son commandement de se débrouiller pour financer elles-mêmes les opérations. Les soldats se sont donc mis à couper et à vendre du bois.
Nombre de soldats reçoivent de leurs officiers des ordres oraux les incitant à épouser une fille issue d’une famille riche, qui pourra contribuer à soutenir la famille de son mari. D’après un capitaine, “pour les officiers de l’armée de terre, il y a une loi non écrite qui nous suggère d’épouser une dame riche ou diplômée”. L’armée renvoie en général dans leurs foyers les soldats infectés par le VIH, l’hépatite B ou ceux affectés d’un handicap physique. “S’ils peuvent encore marcher, les anciens combattants peuvent essayer de vendre des livres et des magazines dans la rue. Ils vendent des trucs au marché. S’ils ne peuvent pas marcher, ils fabriquent des vanneries. Certains encore travaillent comme menuisiers, d’autres mendient dans les rues. Les anciens combattants ne sont même pas reconnus comme tels et ne reçoivent plus aucune aide du gouvernement. Il paraît que nous sommes une honte pour la Tatmadaw [l’armée]”, raconte un ancien soldat amputé d’un membre.
Un autre soldat, 1re classe dans un bataillon basé dans la ville portuaire de Thanlyin, conclut avec ironie : “On s’en sortirait mieux en quittant l’armée et en mendiant dans les rues. On pourrait gagner plus d’argent.”
* Le taux de conversion réel constaté dans la rue est d’environ 1 kyat pour 0,0007 euro. Il est très inférieur au taux officiel de 1 kyat pour 0,1 euro.
source www.courrierinternational.com
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Date d'inscription : 31/05/2009
Re: Birmanie - La misère gagne les rangs de l’armée
Ben 'oilà la soluce ... (*)“On s’en sortirait mieux en mendiant dans les rues…”
Mais, ON LAISSE LE FLINGUE A LA MAISON !
Mendier en braquant son pétard, çà s'appelle "attaque à main armée"
(*) Et bosser (au lieu de faire ch...), ils y ont pensé ?
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