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que peut faire le roi ?

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Message  Admin Mer 19 Mai 2010 - 10:26

que peut faire le roi ? 575x3810
AFP/STEPHEN SHAVER Couronné à l’âge de 19 ans, en juin 1946, Bhumibol Adulyadej est aujourd’hui le doyen des monarques.

Son portrait est placardé partout. Il trône à chaque coin de rue, dans chaque foyer. Des autels ont même été élevés à sa gloire à l'entrée des centres commerciaux. Le long des avenues de Bangkok, les grandes heures de son règne se déclinent à l'infini sur d'immenses médaillons dorés. Hiératique et omniprésent, Bhumibol Adulyadej, 82 ans, est sans doute le monarque le plus respecté du monde. Adoré comme un demi-dieu par 64 millions de personnes, il est peut-être aujourd'hui l'un des seuls à pouvoir mettre un terme à la crise qui divise la Thaïlande.

Dimanche 16 mai, un cadre de l'opposition a lancé un appel solennel au palais, estimant qu'une intervention du souverain était le "seul espoir" pour apaiser la situation. Gage de stabilité dans un pays qui a connu dix-huit coups d'Etat depuis 1932, le roi a toujours joué un rôle-clé sur la scène politique, malgré les limites que lui impose la Constitution. En 1992, par exemple, alors que l'armée avait ouvert le feu sur des manifestants démocrates à Bangkok, il était parvenu à réunir le premier ministre et la figure de proue des protestataires. La télévision avait diffusé des images des deux hommes se prosternant devant le monarque. Peu de temps après, le premier ministre démissionnait.

Mais cette fois, rien n'y fait. Le roi garde le silence. Hospitalisé depuis septembre pour une infection pulmonaire, il ne s'est pas exprimé publiquement sur les tensions qui opposent depuis plus de deux mois partisans du gouvernement et "chemises rouges", ni sur l'assaut lancé mercredi par l'armée contre le camp retranché des "rouges". "L'âge et la maladie font qu'il est incapable de tenir le rôle de négociateur qu'il a pu jouer par le passé. Il sait, par ailleurs, que le pays traverse une crise très profonde et que la royauté risque d'être éclaboussée par le raz-de-marée. En restant discret, il protège la monarchie du chaos. Une monarchie qu'il a largement contribué à sacraliser", explique Sophie Boisseau du Rocher, spécialiste de la Thaïlande au Centre Asie de Sciences-Po.

UNE MONARCHIE DE RÉSEAU

Il a à peine 19 ans lorsqu'il hérite, après la seconde guerre mondiale, d'un trône sur le point de sombrer. Caché derrière de grosses lunettes, le jeune souverain succède à son frère, mort d'une balle dans la tête dans des circonstances obscures. Le pays est instable. Durant l'invasion japonaise en 1941, la monarchie thaïlandaise se montre incapable d'assumer ses fonctions. Le nouveau souverain a la réputation d'être un homme timide et réservé. Il est passionné de jazz ; on ne lui connaît qu'un seul passe-temps : le saxophone.

Pourtant, devenu Rama IX, le dernier descendant de la dynastie des Chakri (fondée en 1782) parvient à redonner sa grandeur à la monarchie. Pendant que les militaires se succèdent à la tête de l'Etat, le souverain sillonne le pays. Il durcit le protocole, entretient les rites célébrés en l'honneur de la famille royale et met en place un "réseau monarchique" – selon l'expression du chercheur britannique Duncan McCargo – qui permet à la Couronne de devenir le premier fonds caritatif du pays.

En soixante-quatre ans de règne, Bhumibol est devenu l'incarnation suprême de l'identité nationale. Un monarque qui exerce au fur et à mesure des années un rôle de plus en plus déterminant sur la scène politique. Mais cette influence a également ses travers. Dans le royaume thaïlandais, le crime de lèse-majesté est impitoyablement puni. Tandis que la plupart des monarchies ont aboli ou cessé d’appliquer ce genre de loi, la Thaïlande l’a durcie dans les années 1970 : toute critique, même modérée, est passible de trois à quinze ans d'emprisonnement. En 2007, un Suisse avait écopé de dix ans de prison pour avoir abîmé des portraits du roi un jour d'ivresse.

Résultat : même chez les universitaires, rares sont ceux qui osent critiquer le souverain. Dans une biographie qui a fait polémique lors de sa parution en 2006, intitulée The King Never Smiles ("Le roi ne sourit jamais"), Paul Handley fait partie de ceux qui battent en brèche l'image de démocrate dont jouit le monarque. Le journaliste américain affirme qu'en 1976, le roi a fermé les yeux sur la constitution de milices de droite qui, aux côtés de l'armée, ont par la suite réprimé dans un bain de sang des manifestations étudiantes pacifiques. Inutile de préciser que l'ouvrage est interdit de publication en Thaïlande.

Plus récemment, après le coup d'Etat militaire qui a renversé en 2006 l'ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, le monarque et son entourage ont pris parti pour les putschistes. "Aujourd'hui, le président du conseil privé de Bhumibol, le général Prem, est censé se tenir à l'écart des affaires politiques. Mais ce n'est qu'un mythe de plus. Il est en effet largement considéré comme l'instigateur du coup d'Etat de 2006. Rappelons que, peu de temps auparavant, il avait expliqué à l'armée qu'elle appartenait au roi et que M. Thaksin n'était qu'un simple pion, un 'cavalier' interchangeable", note The Economist dans un article qui a ulcéré les médias thaïlandais.

UN PRINCE HÉRITIER TRÈS IMPOPULAIRE

Autre sujet de polémique : selon le magazine Forbes, le plus ancien monarque en exercice de la planète serait également le plus riche. "Il a multiplié les actifs de la Couronne dans les grandes entreprises thaïlandaises. Cela a créé une classe d'affairistes et de bureaucrates qui n'ont aucun intérêt à voir les cartes rebattues, analyse Sophie Boisseau du Rocher. Cette élite n'a aucun intérêt à partager l'accès privilégié dont elle dispose aux ressources économiques et aux circuits d'influence." Pour protéger la monarchie, il faudra pourtant bien qu'elle réagisse.

Si le roi reste immensément aimé par ses sujets, il n'en va pas de même du prince héritier. Son seul fils, Wajiralongkorn, né en 1952, est loin de faire l'unanimité. Réputé incapable et très fragile psychologiquement, il est très impopulaire. Une vieille croyance thaïlandaise affirme que le neuvième monarque de la dynastie Chakri n'aura pas de successeur. Que la prophétie se réalise ou non, la disparition du roi risquerait de plonger le pays dans une crise encore plus profonde que celle qu'il traverse actuellement.

Elise Barthet

source www.lemonde.fr
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