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Le lourd tribut des écoles birmanes

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Le lourd tribut des écoles birmanes Empty Le lourd tribut des écoles birmanes

Message  thanaka Jeu 27 Mai 2010 - 15:17

Le lourd tribut des écoles birmanes Ecolebirmane

Face à un système éducatif totalement désemparé, les enseignants birmans se débrouillent comme ils le peuvent, sous le regard indifférent de la junte.

En haut de l’escalier aux marches gémissantes, la petite lueur de la fenêtre figure une sorte d’espoir à atteindre. Sur le palier du petit appartement, les murs polis au beige blafard, çà et là maculés de salissures manifestement tenaces, sont une déconvenue. Le fauteuil avancé par monsieur Kyaw* affirme à son tour le dénuement ambiant tandis que les biscuits et le thé qu’il propose dans la foulée apparaissent comme une manière d’excuse.

Au fond de la pièce, la lumière du jour éclaire un tableau, des pupitres et un alignement de petits bancs de bois pour le moment vides. M. Kyaw s’installe dans le fauteuil en vis-à-vis et sa femme à côté. C’est lui qui commence à parler.

Lui, sa femme, leur fille et une de leurs belles-filles, tous quatre enseignants, ont transformé leur petit appartement du centre de Rangoun en école privée. "Les élèves viennent après la classe officielle et pendant les vacances, parfois même avant la classe, tôt le matin, commence à expliquer M. Kyaw, avant de s’assombrir soudainement. Parler de nos problèmes est très dangereux", dit-il.

Mais après un silence pesant, il reprend, arguant qu’après tout "il faut que ces choses-là se sachent et que, du reste, le gouvernement devra bien un jour assumer sa part de responsabilité". Car c’est lui qui, assignant seulement 0,9% du PIB à l’éducation, a créé les conditions de ce système parallèle désormais parfaitement admis des "tuition fées".

Un non-choix coûteux

Les écoles privées – plus ou moins clandestines car condamnées par les autorités – représentent ainsi une sorte de pis-aller,la garantie pour les professeurs d’espérer des revenus à peu près décents à la fin du mois. "Faites le calcul vous-même, embraye M. Kyaw, quand j’étais professeur dans la fonction publique, je gagnais 40.000 kyats par mois [40 € environ, NDLR]. Aujourd’hui à la retraite, j’en gagne à peine 20 000… Et un sac de riz équivalant à la consommation d’un adulte pendant un mois coûte 22 000 kyats. Que faut-il ajouter?"

Sans argent et sans possibilité d’en demander davantage au gouvernement, les professeurs ont commencé à se sentir acculés. Certains ont choisi de se lancer dans des petits boulots en plus de leurs cours et c’est en toute logique qu’ils se sont mis à donner des cours supplémentaires.

"Au départ pourtant, les ‘tuitions’ correspondaient surtout à des cours de soutien scolaire comme il en existe dans tous les pays du monde, explique posément M. Kyaw, mais très vite, essentiellement pour les raisons économiques que l’on sait, le phénomène s’est accru jusqu’à devenir une véritable institution".

Aujourd’hui, la plupart des professeurs qui enseignent dans le public bâclent purement et simplement leurs cours et donnent rendez-vous à leurs élèves pour le soir. C’est alors seulement qu’ils commencent à enseigner, que les élèves peuvent poser des questions, obtenir des réponses et sortir ainsi d’un système basé sur la répétition et le par cœur.

Absurdités gouvernementales

Parallèlement, M. Kyaw avance une autre explication liée, elle, à l’histoire mouvementée et aux atermoiements du ministère de l’éducation: "En 1962, les cours se faisaient en anglais,lâche-t-il un brin affligé. En 1965, l’anglais a été banni, les cours se sont faits en birman. En 1984, à nouveau, les cours sont revenus à l’anglais. Résultat: toute une génération de parents se retrouvent incapables de venir en aide à leurs enfants pour les devoirs. Pire, toute une génération d’enseignants, incapables de dispenser des cours dans un anglais correct, sont montés en chaire sans savoir de quoi ils parlaient".

Comme bon nombre de ses amis professeurs, M. Kyaw désapprouve le système des "tuition fées", qui prend parfois les apparences d’un chantage ou d’une grande arnaque. "Mais il n’y a pas d’autre moyen", plaide-t-il. "Ce système est le seul à permettre à la fois un niveau d’études correct pour les élèves et des revenus décents pour les professeurs".

Et pour les familles pauvres? La réponse fuse: "Le gouvernement ne s’intéresse pas aux gens pauvres". Rectification: existe-t-il une solution pour les familles pauvres qui ne peuvent pas investir dans les cours du soir? "Il y en a pour toutes les bourses, mais il faut bien admettre que le nombre d’élèves qui réussissent leurs examens sans passer par les ‘tuitions’ est extrêmement faible".

Nostalgie du passé

Dans les rues de Rangoun, souvent à même le trottoir, on trouve de ces petites librairies improvisées qui témoignent à leur manière de l’inextinguible soif d’apprendre des Birmans. La Birmanie compte un nombre encore très important d’écrivains – souvent publiés sous le manteau – et connaissait autrefois l’un des taux d’alphabétisation les plus élevés d’Asie du Sud-Est.

Aujourd’hui pourtant, certaines sources font observer que l’illettrisme en milieu rural est deux fois plus important que celui enregistré à l’époque coloniale et que si le taux de scolarisation officiel atteint 80 à 90%, la vérité le situe davantage autour de 58%.

Comment expliquer cet écart? La première semaine de scolarisation, en juin, est consacrée à "l’enrôlement" des élèves. Il s’agit alors de faire du chiffre et de remplir les salles de classe, quitte à forcer la volonté des parents ou des enfants. L’assiduité de ceux-ci après cette première semaine n’a pas d’importance.

De la même manière, les mouvements syndicaux birmans n’hésitent plus à dénoncer les classes surchargées (50 à 70 élèves en moyenne) et l’absence absolue de soutien de la part du gouvernement. Ils regrettent – dans un pays où le savoir est considéré comme un bien rare et précieux – que la formation des enseignants ne sert qu’à expliquer comment réprimer les mouvements étudiants.

"La vérité, avoue Maung, un jeune étudiant rencontré dans un cybercafé, qui parle à voix basse et ne cesse de regarder autour de lui, c’est que le gouvernement s’accommode parfaitement du déplorable état de notre système éducatif. Maintenir les gens dans l’ignorance l’arrange". De fait, que peut-on attendre de mieux d’un gouvernement qui consacre un budget de défense 28 fois plus élevé que ses budgets additionnés de l’éducation et de la santé?

* Tous les noms ont été changés.

* Cet article est paru dans le numéro 162 de la revue Enfants du Mékong Magazine

source http://www.youphil.com/fr/article/01885-le-lourd-tribut-des-ecoles-birmanes?ypcli=ano

Pour rappel, vidéo http://www.asie-forum-voyage.com/birmanie-cambodge-indonesie-laos-malaysie-philippines-singapour-vietnam-f1/birmanie-un-petit-tour-a-l-ecole-t1163.htm
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Message  stilia Jeu 27 Mai 2010 - 16:00

j'ai l'impression d'avoir déjà lu cet article ici ? Le lourd tribut des écoles birmanes Icon_scratch

très interressant néanmoins ! ;-) Le lourd tribut des écoles birmanes 399387

stilia

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Message  thanaka Jeu 27 Mai 2010 - 16:10

stilia a écrit:j'ai l'impression d'avoir déjà lu cet article ici ? Le lourd tribut des écoles birmanes Icon_scratch

très interressant néanmoins ! ;-) Le lourd tribut des écoles birmanes 399387

tu dois confondre avec la bande annonce de Sin Sisters 2 qui sort aujourd'hui au cinéma à Bangkok et qu'on voit un peu partout ! Le lourd tribut des écoles birmanes 286811