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Birmanie - Trek Kalaw-Lac Inle

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Message  thanaka Jeu 17 Juin 2010 - 17:55

Birmanie - Trek Kalaw-Lac Inle Screen46

blog http://www.ameteo.fr/

S’il n’est pas évident de sortir des sentiers battus lors d’un séjour en Birmanie (l’essentiel du voyage se concentrant sur les grands sites touristiques faute de transport, d’infrastructure ou même d’autorisation gouvernementale ), Kalaw a été pour nous l’exception qui confirme la règle.

Situé à deux heures du Lac Inle, Kalaw est une petite bourgade de montagne qui constitue le point de départ de nombreux treks dans la région où le logement se fait chez l’habitant ou en monastère.

Dès notre arrivée (et après un départ à 4h du mat et 10 heures de trajet…), nous nous sommes donc concentrés sur la recherche du guide qui nous ferait découvrir la région. Nous avons ainsi rencontré :

- Robin, guide indien de la guest house Golden Lili recommandé à multiples reprises

- Sam, patriarche birman mi-Pao mi Shan (deux minorités birmanes) qui, nous devons l’avouer, nous a fait rêver dès ses premières paroles.

Etonnamment, leurs approches commerciales et leur discours autour de ce que nous allions découvrir ont été tellement différentes que nous étions incapables de savoir ce qui nous attendait.

- Sam, ancien enseignant, devenu par la suite guide de montagne. Il affirme nouer des relations extrêmement fortes avec les populations des villages des montagnes. Un tableau dans son restaurant le nomme d’ailleurs «Uncle Sam» (allusion à l’Oncle Sam américain, who knows ?). Pour lui, un trekking dans les montagnes est une expérience unique qui nous permettra de vivre avec les tribus Palaung, Danu et Pao, de comprendre leur mode de vie et de le partager un tout petit peu. Il nous raconte ainsi que le soir, nous ne devons pas simplement nous reposer ou parler avec le guide mais profiter d’être logé dans une famille pour poser des milliards de questions et échanger avec eux (il nous coache même avec des premiers exemples de questions : source de leurs revenus, journée type, rites matrimoniaux…). Nous découvrirons par la suite que sa fille et son mari (Htun Tee) accueille dans leur maison, pour quelques sacs de riz et buchettes de bois, une quarantaine d’enfants de ces villages pendant l’année scolaire (l‘école étant trop loin pour leur permettre de faire l‘aller-retour tous les jours).

- Robin, indien sikh d’origine. Son discours est beaucoup plus terre à terre (modes de vie très précaires de ces villages, difficulté des treks en région tropicale due à la chaleur) et acerbe sur la situation politique birmane («restricted areas», complexité pour des guides tels que lui de vivre du tourisme sachant que 85% du tourisme est un tourisme de luxe…)

Devant le nombre de recommandations de Robin et notre coup de cœur pour Sam, nous décidons de faire :

- 2 jours autour de Kalaw avec Sam pour découvrir la vie traditionnelle des villages Palaung, Danu, Pao

- 2 jours pour rejoindre le lac Inle avec Robin pour mieux comprendre la situation politique et ses conséquences pour les Birmans

1) Deux jours autour de Kalaw

Comme promis par Sam, ces deux jours ont été magiques. Jamais, nous n’aurions pensé pouvoir vivre cela un jour.
Nous sommes partis avec Htun Tee (notre guide, gendre de Sam) et notre cuisinière, étudiante ayant tout juste terminé le lycée et en train d‘apprendre l’anglais chez Htun Tee pour devenir guide plus tard. Au-delà des paysages magnifiques que nous avons croisés (rizières, enfants chevauchant des buffalos pour préparer les champs avant la saison des pluies, maisons traditionnelles en bambou), ces derniers nous ont tout expliqué sur la vie locale des villages de montagne et leurs coutumes :

- Comment les maisons traditionnelles rassemblent généralement trois générations sous le même toit (les grands-parents, les parents (généralement le fils) et les petits-enfants) et se composent de trois pièces : cuisine, «séjour» avec un meuble dédié à Bouddha et chambre

- Comment les enfants Palaung se marient entre Palaung (mais de clans différents), selon un arrangement entre parents, à 4h du matin (la journée étant consacrée au travail des champs) et retournent ensuite dans leurs familles respectives le temps de se connaître et d’être prêt à avoir des enfants

- La plus grande ouverture du peuple Danu qui permet les mariages avec d’autres tribus et laissent leurs enfants choisir leur dulcine(e)

- Le rôle crucial du chef du village pour l’organisation des grands événements religieux et sociaux

- L’importance pour les bouddhistes birmans du noviciat pour les garçons (chaque garçon est ainsi envoyé dans un monastère pour quelques mois ou même plusieurs années si le travail des champs ne le rappelle pas dans son village) et le dicton des moines bouddhistes : «les montagnes ne sont jolies qu’avec des pagodes à leurs sommets»

- La croyance dans les nats (esprits) pour protéger les maisons, les âmes de chacun, célébrer la pluie.. etc…

- La difficulté des scolarisations longues des enfants de ces villages qui, très vite, doivent revenir aider et prendre le relais des grands-parents.

- Les différents équilibres économiques de ces communautés : les Palaung sont ainsi spécialisés dans la culture du Green Tea (à flanc de montagne) alors que les Danu cultivent des légumes grâce aux rivières situées près de leurs villages et leurs buffalos (ail, tomates, pommes de terre, choux-fleurs)

- La différence entre le «water rice» (riz blanc issu des rizières) et le «moutain rice» (riz brun planté à même le sol et plus nourrissant) et la méthode de plantation avec un outil dont le manche musical (semblable à une maracasse) est censé réveiller les semences

- Le goût des buffalos pour l’eau, d’où leur grande utilité pour les cultures en saison des pluies

- L’omniprésence du bambou : mur et charpente des maisons, mobilier, outils, chapeau…

- La tenue traditionnelle des Pao inspirée de leur animal fétiche le dragon i.e. plusieurs couches de vêtements et turban orange pour symboliser le feu

- (…)

Mais surtout, au-delà de nous apprendre énormément de choses, ils nous ont introduits dans les villages de telle façon que nous nous sentions plus comme des invités que comme des touristes. Impressionnant ! En effet, pas de guest house dans les villages. Mais, simplement des familles, amis ou relations de Sam et Htun Tee, nous offrant leur maison pour un repas ou pour la nuit, en échange d’une soirée animée passée autour du repas préparé par notre cuisinière… Nous avons pu ainsi vivre la préparation des repas autour du feu dans la cuisine à la lueur des bougies, le retour des enfants des champs pendant que les grands-parents s’occupent des petits-enfants, les discussions toujours marrantes car tellement décalées : Etes-vous mariés ? Avez-vous des enfants ? Non, pourquoi est-ce que vous en adoptez pas d’autres personnes de votre villages ?

En bref, nous avons été complètement bluffés !!!! Et ces deux jours seront surement l’un de nos meilleurs souvenirs de ce voyage…

2) Deux jours entre Kalaw et le Lac Inle

Après une soirée à Kalaw, nous enchainons avec les deux jours de trek de Robin. Si le démarrage a été un peu difficile, finalement nous passerons un bon moment…

En effet, Robin travaille en collaboration avec ses deux sœurs gérant la Lily guesthouse et ces dernières lui mettent visiblement une pression d’enfer… Ainsi, alors que dans son speech commercial, il affirme ne jamais partir en trek à plus de 4 personnes, nous serons au final 8. Pas facile, facile dans ce cadre de retrouver la proximité que nous avions avec les populations Pao, Danu, et Palaung du précédent trek… Heureusement, il nous avait prévenu (contrairement aux autres personnes qui découvriront notre présence au moment du départ… no comment…).

Pourtant, si le style est différent, nous passerons au final deux jours sympas, sympathiserons avec les six autres personnes du trek que nous reverrons au Lac Inle et surtout apprendrons beaucoup de choses sur la Birmanie. Si tout était rose avec Htun Tee, ici tout est noir et «chiffré / daté» :

- Les 80% de «restricted areas» du pays empêchant les touristes de connaître réellement la situation de la Birmanie : travaux forcés, violation des droits de l‘homme….

- L’absence de constitution depuis 1998 rendant presque impossible l’Etat de droit. Les lois n’étant que le fruit des décisions du Conseil de militaires à la tête du pays

- Les manifestations sanglantes de 1988 et 2007 qui n’ont pas réussi à fragiliser le régime… et expliquent l’état de résignation des Birmans sur l’avenir de leur pays. Bouddhistes de nature, ils aiment à penser que le changement ne peut venir de la violence

- L’omniprésence de la police militaire. Nous apprendrons ainsi via Robin qu’un jeune Français que nous avions rencontré quelques jours plus tôt était en fait sous surveillance de la police secrète. En effet, étudiant en physique visiblement très doué pour les études… et le poker sur internet (ses gains lui permettant de financer son voyage), il visitait la Birmanie en moto : visiblement trop libre pour le gouvernement !

- L’inefficacité et l’hypocrisie des sanctions imposées par l’Europe et les US. Pas de soucis pour refuser tout visa aux militaires de la junte mais plus difficile de renoncer aux ressources naturelles (pétrole, gaz…)

- Le budget de la défense huit fois supérieur à celui de l’éducation et de la santé

- La difficulté pour les familles moyennes birmanes de payer des études à l’université à leurs enfants (cf. un mois à l’université = 18 000 kyats, hors coût des fournitures et des livres scolaires)

- Le coût exorbitant des séjours à l’hôpital : un mois à l’hôpital public a ainsi coûté 500 000 Kyats à la femme de Robin. Au-delà des soins, il faut acheter matériel et nourriture pour le personnel (seringue, pansements et petites gourmandises pour amadouer les infirmières)

- Son histoire personnelle : sikh d’origine, il s’est brouillé avec presque toute sa famille qui voulait lui faire épouser une riche sikh des environs. Lui préférant une birmane rencontrée un mois plus tôt, il renonce ainsi à 2 millions de kyats

- Sa passion pour la médecine naturelle et les vertus des différentes plantes pour soulager mal de ventre, piqûres de moustique… et sa connaissance des différentes espèces : 50 types de chili, 95 sortes de bambous…

En conclusion, nous avons préféré les deux premiers jours, plus authentiques et nous ayant permis d’être plus proches de la culture birmane… Malheureusement, les caprices de notre carte mémoire nous empêche de vous montrer les photos aujourd‘hui sur le blog (promis, on vous les montrera à notre retour car ces paysages feront partie des plus beaux de notre voyage). Voici donc en images les paysages rencontrés essentiellement les deux derniers jours :

source & photos http://www.ameteo.fr/?p=1000
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