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Vietnam - Des maisons centenaires sacrifiées à la modernité

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Message  Admin Sam 3 Sep 2011 - 10:18

Dans un village réputé pour ses maisons anciennes, les propriétaires cèdent les uns après les autres à la tentation d'un confort plus moderne. Un véritable saccage, se désole Thanh Nien

Situé à une vingtaine de kilomètres de Hanoi, la capitale, le village de Cu Da est célèbre pour ses maisons à l'architecture traditionnelle vietnamienne et française, construites entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle. A leur apogée, on en décomptait plus de 400 dans le village. Cette particularité de Cu Da fait du village une destination fort prisée des touristes.

Et pourtant, Cu Da est menacée de perdre son originalité et son atmosphère d'antan. De nombreux villageois ont décidé de construire de nouveaux logements. La ruée est telle que le vénérable site ressemble désormais à un vaste chantier.

Tous les jours, un flot continu de cyclomoteurs transportant briques, béton, ferraille et autres matériaux, entrent et sortent du village des centaines de fois. Des magasins de matériaux de construction, des agences immobilières ont ouvert leurs portes autour du petit quartier.

Les responsables de la commune ont assuré comprendre les aspirations de leurs administrés : la population ne cesse d'augmenter et les conditions de vie dans les anciens logements ne cessent de se dégrader.

Avec les indemnités reçues à la fin de l'année dernière en compensation de la saisie de leurs terres agricoles pour laisser place à un projet urbain, de nombreux habitants ont projeté de changer de maison, explique Vu Thanh Ngoc, président du comité populaire de la commune de Cu Khe dont fait partie le village.

Le programme d'expropriation prévoit une compensation de 351 millions de dongs [11 600 euros] pour 360 mètres carrés de terrain. Une famille obtiendrait donc en moyenne entre 50 et 60 000 euros pour ses terres. Certaines ont été indemnisées à hauteur de près de 200 000 euros.

On ne peut guère s'étonner qu'avec ce pécule les villageois se précipitent pour ouvrir des chantiers, commente M. Ngoc.

"Avec 3 milliards de dongs [99 000 euros] en poche, mon fils a décidé de s'offrir quelque chose de neuf", se souvient Trinh Dinh Binh, qui a vu sa demeure bicentenaire, considérée comme l'une des deux plus vieilles et plus belles du village, remplacée par un bâtiment moderne à trois étages. "J'ai essayé en vain de l'en dissuader. Il ne voulait pas rester dans l'ancienne maison car avec le temps elle se trouvait dans un triste état. Je dois reconnaître que même si nous l'avions gardée elle serait en ruines à l'heure qu'il est", confie M. Binh.

D'autres habitants, qui n'avaient pas envisagé de se joindre au mouvement de prime abord, finissent par rendre les armes - comme Vu Van Bang, qui possède une bâtisse du XVIIIe siècle et affirme n'avoir jamais voulu la raser.

Certes, les maisons à étage, équipées de la climatisation, séduisent un grand nombre de personnes, précise M. Bang, mais les anciennes habitations sont plus aérées et plus saines durant les mois d'été, grâce à leur architecture et à leur conception intelligentes.

Malheureusement, nombre de hauts bâtiments qui ont fait leur apparition arrêtent le vent et l'air frais en provenance des champs et de la rivière proches. M. Bang devra probablement se résoudre à faire comme tout le monde.

"Le jour où je devrai détruire ma maison, ce sera vraiment très triste, mais c'est inévitable", déplore-t-il dans un soupir.

M. Sung, propriétaire d'une vieille demeure très connue, assure n'avoir aucune intention de la remplacer : elle est suffisamment spacieuse pour lui-même, son épouse et sa tante, car ses enfants sont tous partis travailler ailleurs.

Pour autant, le septuagénaire pense qu'il ne pourra probablement pas résister très longtemps, à cause des risques d'effondrement que font courir les nombreux chantiers voisins. "Ce serait terrible pour moi de raser la maison que j'aime et que j'ai préservée toute ma vie. Elle est célèbre, il y a une foule de gens qui viennent la visiter tous les jours. Mes enfants n'y sont pas attachés parce qu'ils n'en tirent pas un sou. Mais nous ne pouvons pas laisser tomber notre travail sans arrêt pour accueillir les visiteurs, ça prend du temps et nous, nous ne gagnons rien en échange."

M. Sung n'est pas le seul à être démotivé par l'absence de gains financiers liés à la préservation des maisons anciennes.

Vu Van Chung, vice-président du comité populaire de Cu Khe, se plaint des difficultés qu'il rencontre à convaincre les propriétaires de garder intactes leurs habitations. Celles-ci se détériorent, mais les propriétaires n'ont reçu aucune aide pour les entretenir, reconnaît M. Chung. Même si elles restent telles quelles, les habitants n'en tirent aucun bénéfice avec les touristes.


Un patrimoine régional

Nombre de ces maisons sont devenues emblématiques de la région, comme celle appartenant à Trinh Dinh Sung, dans le hameau de Dong Nhan Cat. Construite en 1864, elle est réputée pour son architecture caractéristique de la période la plus faste de la dynastie des Nguyen (1804-1839), avec ses 35 piliers en bois précieux la divisant en cinq espaces distincts.
Plusieurs dizaines d’autres bâtisses du village sont chargées d’histoire. L’une d’elles, qui appartient à Dinh Van Tong, a été en 1947 le théâtre de combats
entre soldats vietnamiens et plus de 200 légionnaires français.
La France a colonisé le Vietnam à partir de 1858, l’intégrant à son empire colonial en Asie, l’Indochine. La Seconde Guerre mondiale bouleverse les lignes et le leader vietnamien Ho Chi Minh proclame en 1945 l’indépendance du Vietnam. La France réinvestit le sud du Vietnam puis Hanoï, au nord, en 1946, déclenchant la guerre d’Indochine. Celle-ci prendra fin en 1954 avec le retrait de toute présence française en Indochine (Vietnam, Laos, Cambodge).

http://www.courrierinternational.com/article/2011/09/02/des-maisons-centenaires-sacrifiees-a-la-modernite
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Message  asiaonly Dim 4 Sep 2011 - 23:29

Un phénomène presque identique et tout aussi destructeur, se vérifie également dans les grandes villes chinoises ou les hutongs (Vieux quartiers traditionnels) sont rasés pour faire place aux gratte-ciel et aux banques.
La différence est que tout ceci est orchestré par l'état et se fait au grand mépris de leurs occupants, qui n'ont évidement pas le choix et qui sont parfois relogés dans des cages à lapin en banlieue...
C'est un peu triste, mais le monde change, se transforme et évolue depuis la nuit des temps... Vieux sage
Mon village de montagne en Suisse a énormément changé en 40 ans.
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