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Les illusions perdues selon Duong Thu Huong

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Message  Admin Sam 8 Oct 2011 - 5:17

Duong Thu Huong dénonce, à travers la prostitution de son jeune héros, la faillite dans laquelle sombre le Vietnam, où sexe et argent attisent une corruption généralisée.

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Au Vietnam, Duong Thu Huong s'est toujours battue pour défendre la démocratie, à ses risques et périls. Née en 1947, mobilisée à l'âge de 20 ans dans la résistance anti-américaine, cette Mère Courage fut d'abord une patriote exemplaire lorsque, sous la mitraille des B-52 ennemis, elle animait une troupe de théâtre itinérante chargée de remonter le moral des soldats à une époque où il fallait "chanter plus fort que les bombes". Après la guerre, Duong Thu Huong resta totalement loyale, entra au Parti mais ne tarda pas à intervenir publiquement pour dénoncer les mensonges d'un régime qui l'accusa d'abord de révisionnisme et qui - après une grotesque campagne de dénigrement - l'envoya en prison, en avril 1991. Pendant sa détention, elle eut la surprise de recevoir la visite du ministre de l'Intérieur, qui lui demanda sournoisement ce qu'elle pensait du Parti. Réponse : "Voilà comment je le vois : plus de deux millions de communistes se résument en un comité central composé de trois cents personnes. Puis les trois cents se concentrent en un bureau politique de treize têtes. Le Parti est ce groupe de treize. Et, en ce moment, je ne vois que treize salauds. Pourquoi devrais-je observer une quelconque loyauté envers eux ?"

Loin des clichés de la propagande
Libérée au bout de sept mois grâce à la pression internationale - celle de la France en particulier -, la rebelle fut ensuite condamnée à un long exil intérieur à Hanoi, tandis que les dirigeants vietnamiens la harcelaient, surveillaient ses moindres gestes et censuraient ses livres en prétendant hypocritement qu'ils étaient "épuisés". En janvier 2006, invitée en France par l'éditrice Sabine Wespieser à l'occasion de la sortie de Terre des oublis, Duong Thu Huong obtint in extremis un visa, débarqua à Paris et décida de ne pas retourner dans sa patrie. "Paradoxalement, je ne connais pas le complexe de l'exilé, explique-t-elle. Je sors peu et je travaille tout le temps. Je suis comme un fantôme dans une ville fantôme. Et c'est en France que je désire accomplir mon dernier rêve : terminer mon oeuvre littéraire." Du Vietnam, cette oeuvre-là donne une image terriblement grimaçante - loin des clichés de la propagande -, tout en mettant en scène des âmes fragiles, coincées sous le fardeau d'une morale bornée dans un pays écartelé entre féodalisme et communisme. Ces deux démons au même visage de plomb, Duong Thu Huong les affronte d'une plume implacable, en montrant combien l'Histoire, au Vietnam, saccage les désirs et confisque l'intimité des êtres.

Dans Sanctuaire du coeur, la romancière raconte la chute vertigineuse d'un jeune homme, Thanh, 16 ans, qui quitte brutalement sa ville de province et plaque ses parents - un couple de professeurs - pour fuguer avec son copain Hoang, le fils d'un poète-apparatchik honteusement soumis au pouvoir. Pourquoi Thanh, toujours cité en exemple pour ses "qualités morales et scolaires", a-t-il décidé de disparaître ? Parce qu'il a été le témoin d'une scène qui l'a meurtri à tout jamais - il ne faut pas en dire plus - et qui fera de lui un "chien égaré" : en 1999, après avoir mendié à travers le Vietnam et moisi quelque temps en prison, il débarque à l'Orchidée pourpre, un bordel de Saigon où il se prostitue en offrant ses attributs à une clientèle féminine. "Je fais un métier de garçon d'écurie", dit Thanh, qui parle ensuite de sa rencontre avec une redoutable prédatrice beaucoup plus âgée que lui, Kim, dont il deviendra l'"esclave sexuel", enfermé dans une luxueuse villa au bord de la mer.

C'est une descente dans les enfers de la prostitution - sujet totalement tabou au Vietnam - qu'orchestre Duong Thu Huong au fil de ce roman très cru, où elle dépeint la faillite spirituelle d'un pays en proie à une double corruption, le sexe et l'argent. Quant aux intellectuels - l'une des cibles favorites de l'auteur des Paradis aveugles -, ils en prennent de nouveau pour leur grade : "L'Union des écrivains n'est qu'un ramassis de clowns qui servent à amuser la cour du pouvoir. Ils jouent les grands colériques mais ils se dégonflent comme des baudruches percées", ironise Duong Thu Huong. Sa vision du Vietnam est impitoyable et terriblement amère, comme si les idéaux pour lesquels elle s'est jadis battue n'étaient plus qu'un lamentable tas de cendres.

http://www.lexpress.fr/culture/livre/les-illusions-perdues-selon-duong-thu-huong_1038117.html

http://www.amazon.fr/Sanctuaire-coeur-Thu-Huong-Duong/dp/2848051027/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1318050535&sr=8-1

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