Cambodge, Pour les jeunes générations ...
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Cambodge, Pour les jeunes générations ...
il est difficile de s'imaginer à quel point cette période fut dure.
À un mois de la fin du procès international des Khmers rouges à Phnom Penh, retour sur l’interview d’une jeune cambodgienne réalisée lors de mon passage dans le pays en 2008. Mes recherches sur la transmission et l’héritage d’un génocide chez les jeunes générations m’avaient conduit à interroger Theara, 23 ans, secrétaire dans une école maternelle privée de Phnom Penh. Trois de ses oncles et tantes sont morts sous le régime des Khmers rouges (1975–1979) qui a coûté la vie, selon les estimations, à 1 à 2 millions de personnes. Au Cambodge, près de 70% de la population a moins de 30 ans. Quelle place occupe aujourd’hui cette période dans la mémoire de cette jeune génération née au lendemain de la chute des Khmers rouges ?
B.B : Que vous a-t-on appris sur la période des Khmers rouges ? Savez-vous ce qu’il s’est passé dans votre pays lorsqu’ils étaient au pouvoir ?
Theara : Mes parents m’ont expliqué que ce n’était pas simple de vivre à cette époque. D’abord, on ne pouvait pas porter ce que l’on voulait. Il fallait s’habiller en noir et les cheveux devaient être coupés très courts. C’était obligatoire pour tout le monde. Surtout, la propriété privée a été abolie. Cela concernait même le riz : on ne pouvait pas le cultiver pour soi même. Les leaders Khmers rouges fournissaient les repas pour le déjeuner et le diner. Mais ce n’était pas suffisant pour se nourrir. Beaucoup de personnes sont mortes de faim.
B.B : Pensez-vous que les jeunes Cambodgiens ont conscience du drame qui s’est joué dans votre pays à cette époque ? Que représente la période Khmer rouge pour les jeunes générations ?
Theara : Tous les cambodgiens sont tristes en pensant à cette période. Ils ne veulent pas que cela se reproduise. Je pense que pour nous, les jeunes générations, il est difficile de s'imaginer à quel point la période Khmer rouge fut dure. Il n’y avait pas de liberté. On n’avait le droit de rien faire : il n’y avait pas d’école, pas d’éducation. Les personnes éduquées étaient tuées. Si les Khmers rouges découvraient que vous étiez instruits, ils vous tuaient.
B.B : Vos ainés, vos parents vous parlent-ils facilement de cette période ?
Theara : Quand je me plains de quelque chose, ma mère me dit : « Ne te plains pas. À notre époque, tu sais, c’était beaucoup plus dur ». Ils étaient sept dans sa famille. Aujourd’hui, quatre seulement sont encore en vie. Trois sont morts de faim à cette période : ils n’avaient pas assez à manger.
B.B : Avez-vous visité le musée de Tuol Sleng, plus connu sous le nom de S21, ancien lycée transformé par les Khmers rouges en centre de détention, de torture et d’exécution ?
Theara : Non, je n’y suis jamais allé. Mais je sais ce qu’il s’y est passé. Les exécutions sommaires, les tortures…
B.B : Que pensez-vous du procès international des Khmers rouges ? Était-il important qu’il est lieu ?
Theara : Oui et non. C’est important que les responsables soient jugés et punis. Mais je pense qu’aujourd’hui il faut passer à autre chose. Tout ça, c’est le passé. Aujourd’hui, nous devons aller de l’avant.
Source NouvelObs
À un mois de la fin du procès international des Khmers rouges à Phnom Penh, retour sur l’interview d’une jeune cambodgienne réalisée lors de mon passage dans le pays en 2008. Mes recherches sur la transmission et l’héritage d’un génocide chez les jeunes générations m’avaient conduit à interroger Theara, 23 ans, secrétaire dans une école maternelle privée de Phnom Penh. Trois de ses oncles et tantes sont morts sous le régime des Khmers rouges (1975–1979) qui a coûté la vie, selon les estimations, à 1 à 2 millions de personnes. Au Cambodge, près de 70% de la population a moins de 30 ans. Quelle place occupe aujourd’hui cette période dans la mémoire de cette jeune génération née au lendemain de la chute des Khmers rouges ?
B.B : Que vous a-t-on appris sur la période des Khmers rouges ? Savez-vous ce qu’il s’est passé dans votre pays lorsqu’ils étaient au pouvoir ?
Theara : Mes parents m’ont expliqué que ce n’était pas simple de vivre à cette époque. D’abord, on ne pouvait pas porter ce que l’on voulait. Il fallait s’habiller en noir et les cheveux devaient être coupés très courts. C’était obligatoire pour tout le monde. Surtout, la propriété privée a été abolie. Cela concernait même le riz : on ne pouvait pas le cultiver pour soi même. Les leaders Khmers rouges fournissaient les repas pour le déjeuner et le diner. Mais ce n’était pas suffisant pour se nourrir. Beaucoup de personnes sont mortes de faim.
B.B : Pensez-vous que les jeunes Cambodgiens ont conscience du drame qui s’est joué dans votre pays à cette époque ? Que représente la période Khmer rouge pour les jeunes générations ?
Theara : Tous les cambodgiens sont tristes en pensant à cette période. Ils ne veulent pas que cela se reproduise. Je pense que pour nous, les jeunes générations, il est difficile de s'imaginer à quel point la période Khmer rouge fut dure. Il n’y avait pas de liberté. On n’avait le droit de rien faire : il n’y avait pas d’école, pas d’éducation. Les personnes éduquées étaient tuées. Si les Khmers rouges découvraient que vous étiez instruits, ils vous tuaient.
B.B : Vos ainés, vos parents vous parlent-ils facilement de cette période ?
Theara : Quand je me plains de quelque chose, ma mère me dit : « Ne te plains pas. À notre époque, tu sais, c’était beaucoup plus dur ». Ils étaient sept dans sa famille. Aujourd’hui, quatre seulement sont encore en vie. Trois sont morts de faim à cette période : ils n’avaient pas assez à manger.
B.B : Avez-vous visité le musée de Tuol Sleng, plus connu sous le nom de S21, ancien lycée transformé par les Khmers rouges en centre de détention, de torture et d’exécution ?
Theara : Non, je n’y suis jamais allé. Mais je sais ce qu’il s’y est passé. Les exécutions sommaires, les tortures…
B.B : Que pensez-vous du procès international des Khmers rouges ? Était-il important qu’il est lieu ?
Theara : Oui et non. C’est important que les responsables soient jugés et punis. Mais je pense qu’aujourd’hui il faut passer à autre chose. Tout ça, c’est le passé. Aujourd’hui, nous devons aller de l’avant.
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