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Cambodge - Se prostituer pour consommer plus

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Cambodge - Se prostituer pour consommer plus Empty Cambodge - Se prostituer pour consommer plus

Message  Admin Sam 13 Fév 2010 - 8:35

Désireuses de vivre dans le luxe et de profiter des derniers produits à la mode, un nombre croissant d’adolescentes vendent leurs charmes à des hommes fortunés. Sans être conscientes des risques encourus.

A première vue, rien ne distingue Dary*, une lycéenne de la capitale, de ses camarades de classe. Pourtant, du haut de ses dix-sept printemps, elle se prostitue. Son numéro de téléphone nous a été communiqué par l’un de ses clients réguliers. Même si elle n’avoue pas ouvertement vendre ses charmes, Dary paraît particulièrement au fait de ces nouvelles pratiques. “Oui, je connais d’autres lycéennes qui ont recours à la prostitution. Elles le font car l’argent qu’elles obtiennent de leurs parents n’est pas suffisant pour mener la grande vie”, reconnaît-elle, un brin gênée. Les rendez-vous sont pris exclusivement pendant les heures de cours. “Il suffit de verser 10 dollars par mois à notre professeur pour qu’il ne rapporte pas nos absences.” Selon Dary, le prix d’une passe oscille entre 150 et 200 dollars, “mais les filles encore vierges demandent jusqu’à 5 000 dollars pour la première fois”.

La plupart des prostituées ont moins de 18 ans

Bien qu’issues de familles modestes, pour la plupart d’entre elles, ces prostituées occasionnelles ne se livrent pas pour autant à ce commerce pour subvenir à leurs besoins quotidiens. Elles sont avant tout victimes d’une société de consommation en pleine expansion. Narith*, un fonctionnaire âgé d’une trentaine d’années, a déjà sollicité, par l’intermédiaire d’amis, les prestations tarifées de Dary. “Elles portent des vêtements coûteux, ont les cheveux teints et conduisent des scooters, comme les gosses de riches”, raconte-t-il. Selon lui, certaines filles facturent la passe 30 dollars l’heure. “Elles ont simplement envie de posséder les mêmes objets à la mode que les autres, estime-t-il. Avant, elles sortaient et dormaient avec leurs copains sans se poser de questions. Désormais, elles ont compris comment parvenir à leurs fins et se payer ce que leurs ­parents ne pourront jamais leur offrir.” Nombre de ces prostituées occasionnelles ne sont guère âgées de plus de 17 ou 18 ans. Les plus jeunes sont encore en classe de 8e [l’équivalent de la 4e en France].

Certaines sont associées à un proxénète qui racole autour de leur école. Ce commerce, sur lequel aucun chiffre ne circule, prospérait dans la clandestinité jusqu’à ce qu’une entremetteuse de 26 ans se fasse épingler, en décembre dernier. L’arrestation s’est déroulée aux abords d’une guesthouse de Battambang [deuxième ville du pays] où elle conduisait deux collégiennes de 14 ans auprès d’hommes influents. L’une d’entre elles raconte avoir été contactée fin novembre par la proxénète. Elle l’aurait encouragée à sécher les cours pour rejoindre un homme. L’autre confesse avoir eu des rapports sexuels à plusieurs reprises dans différents hôtels de Battambang et de Phnom Penh. “Elle avait promis de nous acheter des motos et des bracelets en or, mais, jusqu’à maintenant, nous n’avons rien reçu”, a assuré l’une des victimes aux policiers. Dans son commissariat, Born Vannara, adjoint au chef du bureau de lutte contre le trafic d’êtres humains de Battambang, se dit désemparé. “Elles sont originaires des zones rurales et sont scolarisées en ville. Elles aussi veulent posséder une moto, comme les autres. Les rabatteurs n’ont pas toujours besoin de les forcer. Ils arrivent à les convaincre en leur faisant miroiter les objets qu’elles convoitent”, explique-t-il.

“C’est devenu la règle, le paraître prend le dessus, et être branché devient une nécessité existentielle”, relève de son côté Kruoch Chanpov, enquêtrice de l’ONG Adhoc à Battambang. “Nous constatons que la plupart des jeunes de cette génération attachent une importance excessive à leur image et consacrent un temps fou à se maquiller et à s’habiller. Notre génération n’avait pas les mêmes préoccupations ; nous allions bien souvent à l’école avec des vêtements tout froissés. Eux vont jusqu’à passer chez le coiffeur tôt le matin pour se faire friser les cheveux.”

Les grossesses non désirées se multiplient

La drogue ne serait pas étrangère au phénomène. Au lycée de Boeung Keng Kong, dans le centre de la capitale, les affaires de drogue et de prostitution se sont multipliées ces dernières années, rapporte un policier. Des lycéennes écoulent tout ce qu’elles ont en leur possession pour se procurer leurs doses. Quand elles n’ont plus rien, il leur reste leur corps. La privatisation galopante du secteur de l’éducation constitue une autre cause, avance Yang Kim Eng, directeur du People Center for Development and Peace. Des élèves qui voudraient poursuivre leurs études en sont souvent empêchés faute de moyens. Les bourses sont rares, et des frais supplémentaires sont fréquemment exigés par les professeurs. Mais la plus grande menace reste la frénésie de consommation exacerbée des jeunes. “Quand leur entourage possède voitures, téléphones portables, bref, tout ce qui est nouveau et à la mode, elles sont rongées par l’envie. Pour goûter à cette vie-là , certaines en viennent à se prostituer”, souligne Yang Kim Eng.

Ces craintes sont partagées par une partie du corps médical. Ping Chutma, directrice de cliniques spécialisées gérées par une association œuvrant dans le domaine de la santé reproductive, déplore en premier lieu que ces jeunes filles brûlent les étapes en matière d’apprentissage de la sexualité. Leur inexpérience aggrave de ce fait les dangers encourus. Ainsi, maladies infectieuses et grossesses non désirées sont le lot commun de ces jeunes femmes. Et, lorsqu’elles se livrent à un tel commerce, les risques sont grands qu’elles finissent marginalisées, rejetées par une société qui demeure, somme toute, farouchement pudibonde.

* Les prénoms ont été modifiés.

source www.courrierinternational.com 11.02.2010
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