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on a un cœur mais on a d’abord un estomac !

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Message  thanaka Jeu 8 Avr 2010 - 7:10

Source & photos http://michjuly.typepad.com/blog/2010/04/a-situation-grave-sujet-frivole-frivole-.html

A situation grave, sujet frivole. Frivole ?

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Donc l’état d’urgence vient d'être décrété à Bangkok et les villes environnantes. En fin de soirée et après avoir reçu des mises en garde d’amis, de journalistes et de blogueurs, via internet, je décidais avec mon ami thaï, d’aller prendre la température au Night Bazar de Chiang Mai, un Night Bazar vaguement sinistré depuis la désertion des touristes, mais impressions de « déjà vu » lors du coup d’état de septembre 2006 contre Thaksin. Quelques postes de télévision d’un autre siècle clignotaient ça et là entre les voitures-étalages. Images zébrées, son « crachouillard »… à part quelques rares mordus de l’info, les vendeurs continuaient de héler les touristes « special price for you ! », les femmes Akkha, sous le poids de leur casque argenté, continuaient de faire couiner leurs grenouilles de bois, des filles et des garçons en vêtements traditionnels Lanna continuaient de se dandiner sur la scène du « Kalare Food Center » devant des touristes cramponnés à leur bière, les conducteurs de tuk-tuk alignés le long de la rue attendaient, eux, d’hypothétiques clients. « C’est tout ? » je demandais, étonnée à mon ami... « Pas de rouges défilant dans les rues de Chiang Mai, la ville de Thaksin ? » L’état d’urgence, c’est grave, c’est l’interdiction de rassemblement de plus de 5 personnes, c’est le contrôle des médias, c’est l’information censurée, c’est l’arrêt de toute personne occasionnant des troubles de l’ordre. « Et l’armée ? Elle est où ? » « Les gradés sont peut-être avec Abbhisit et son gouvernement, mais l’essentiel du corps de l’armée et de la police est pour Thaksin. Ils n’attaqueront jamais les rouges. L’armée n’est pas prête pour des mesures extrêmes » m’a répondu d’un trait mon ami. On se met alors à discuter avec des conducteurs de « sawng thaeaw » et de « tuk-tuk », ils n’ont que ça à faire les pauvres, et moi, avec mon tact de « farang », je leur pose directement la question : « Vous êtes pour les chemises rouges » ? Ils ne répondent pas, se contentent de sourire. Mon ami glisse un billet dans la pochette de chemise d’un chauffeur et lui demande : « Tu es pour qui » ? Eclat de rire entendu. « Tu comprends maintenant » ? me demande Anusorn. « On a un cœur mais on a d’abord un estomac ». Beau résumé. Effectivement, ça ne m’avait pas échappé. Manger c’est une priorité. Partout, mais en Thaïlande, on ne mange pas seulement pour se nourrir, on ne se met pas à table pour discuter littérature ou des derniers potins « people », on s’assied pour manger. Pour le plaisir. Plaisir bruyant, plaisir ponctué de « arroy » (délicieux), « sep » en Isaan, « ram tae tae » ici dans le nord. Apprécier la nourriture sans le faire savoir de quelques claquements de langues, de quelques petites aspirations éloquentes ou de remarques enthousiastes, c’est un manquement à la politesse de base, au plaisir sacré de la nourriture, un plaisir auquel les thaïs se soumettent - pas seulement trois fois par jour comme dans beaucoup d’autres pays - mais à toute heure de la journée, quand l’envie leur prend. Et ça tombe bien, la nourriture est partout. Prête. Disponible. Succulente. À toute heure du jour et même de la nuit.

Les « chemises rouges » de Bangkok le savent bien qui traînent dans leur sillage, leurs étals de somtam, de poulet grillé, de crèmes glacées « boran » - « À l’ancienne », comme certains massages, - de laap. La nourriture, c’est le nerf de la guerre. Difficile de vivre en Thaïlande si on n’apprécie pas les subtiles saveurs d’herbes, de piments, de salé-sucré, de curry. La meilleure nourriture au monde, c’est une française qui le proclame. Et pas forcément la nourriture sophistiquée ou chère, non, la plus simple, la plus basique vous fait oublier, l’espace de quelques instants, la suffocante chaleur, l’insupportable pollution, la circulation effrayante, la confrontation des thaïs-lao et des thaïs-chinois, les provocations exacerbées des rouges, la frustration des Bangkokiens et les motivations hésitantes du gouvernement. Un « khao soï », un « khao phat khing », un simple « khuay thiaw » et les sourires fleurissent sur les visages, l’estomac satisfait peut repartir au travail : dans la rizière, les bureaux ou les manifs.

Si vous passez par Chiang Mai, un must : le restaurant « Saï Lom Joï », près de Thapae Gate, accolé au Black Canyon. C’est « le » rendez-vous des voyageurs, de tous âges, conditions et nationalités. Le personnel, mené de main-maître par un couple sino-thaï, adopte, selon les jours, une couleur de tee-shirt différente correspondant à quelque croyance ancienne, sûrement bouddhiste. Hier c’était vert… et voilà l’ambiance…. Très joyeuse et souriante en dépit du manque de client.
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Message  Admin Ven 9 Avr 2010 - 7:35

source & photos http://michjuly.typepad.com/blog/2010/04/-sujets-frivoles-pour-situation-toujours-grave.html

J’aimerais aujourd’hui encore parler de choses frivoles et légères (sanook)… des adjectifs qui siéent aux thaïs en général ; c’est ce qu’ils donnent à voir d’eux-mêmes en tout cas, ce qu’ils aiment proclamer avec une certaine fierté. Lorsque j’enseignais à Udon Thani, les professeurs m’avaient fait comprendre qu’il ne fallait pas espérer retenir la pleine attention de mes élèves plus de dix minutes consécutives. Créer des petits breaks, je savais faire, je n’avais qu’à essayer de parler avec l’accent isaan et c’était le fou rire assuré. Je ne vous dirai pas ce que j’ai dit un jour, en utilisant les mauvais tons… et puis si… je le dis quand même, vous avez droit, vous aussi, à un break, après toutes ces discussions sur la politique, les « chemises rouges », l’état d’urgence, la suppression des sites internet etc.… bref, j’ai voulu dire à mes élèves de Maw 5, Maw 6 (l’équivalent de première, terminale) : « Dans mon pays il neige ». « Thee prathet farangset khong shan, mee hima tok », mais j’ai utilisé les mauvais tons et au lieu de parler de « neige qui tombe » (หิมะตก) j’ai dit : « vagin de chienne tombe » (หีหมาตก). J’en ai fait d’autres. Pas pires, mais suffisamment drôles pour que, l’année suivante, alors que j’enseignais bénévolement l’anglais à un groupe de refugiés Karen à Mae Sariang, des profs de l’école publique m’invitent quasiment chaque soir chez elles à diner. Il n’y avait pas grand-chose à faire a Mae Sariang et la compagnie chaleureuse de profs et de leur famille (en fait tout ce que la petite ville comptait de notables : police, directeur d’école, infirmière, directeur des eaux et forêts), me changeait de la solitude de ma guest-house où n’émettaient que des chaînes de télévision thaïes. Je me suis vite rendu compte que je « faisais le show » (une façon de payer mon dîner). Je remplaçais les programmes de télé et je devais même être plus drôle que certains « soap » au point que le patron de ma guest house , me voyant sortir chaque soir, me fasse remarquer : "Vous avez décidément beaucoup d’amis » Ce à quoi je répondais : « Des amis peut-être, des spectateurs, sûrement ». Je crois ne pas avoir raté un seul anniversaire du groupe durant les quelques mois passés dans cette charmante petite ville de montagne. (qui restera toujours dans mon cœur : à cause des Karens). L’anglais parlé par mes amis – généreux autant qu’intéressés – ne dépassait pas celui du niveau d’une sixième d’un collège d’une zone défavorisée en France (on dit comme ça, ou je suis politiquement incorrecte ?) D’où l’obligation de m’exprimer en thaï. J’ai même, à l’occasion, appris quelques mots de dialecte de cette région – différent de celui de Chiang Mai.
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