Birmanie - Campagne électorale sous haute surveillance
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Birmanie - Campagne électorale sous haute surveillance
Alors que les autorités viennent de fixer la date du 7 novembre pour les premières élections législatives depuis vingt ans, les partis d’opposition tentent de se mettre en ordre de bataille. Mais sans grandes perspectives.
De pays a désormais sombré dans la torpeur. La fièvre et l’agitation qu’avait suscitées l’annonce des lois électorales, de la date butoir pour le dépôt des listes et de la dissolution de la Ligue nationale pour la démocratie [LND, parti de l’opposante Aung San Suu Kyi] sont retombées. La bataille électorale entre la junte au pouvoir et la LND n’a pas eu lieu. En revanche, à la mi-juillet, le régime militaire a entamé le démantèlement officiel de son organisation civile de masse, l’Association pour la solidarité et le développement de l’Union (USDA), qui revendique 24 millions d’adhérents, transférant tous ses actifs au Parti de la solidarité et du développement de l’Union (USDP), son bras politique, dirigé par le Premier ministre Thein Sein et 26 autres ministres et hauts responsables gouvernementaux. Maintenant que l’USDP, soutenu par la junte au pouvoir, a absorbé d’une seule bouchée la gigantesque USDA et, avec elle, ses actifs et une part significative de ses membres, tout le monde s’attend à une victoire écrasante de l’USDP, orchestrée par le régime. Restent une petite quarantaine de formations pour se disputer les miettes, mais même les partis prodémocratiques et ethniques les mieux armés ont du mal à s’inviter à la table électorale face à un régime qui multiplie les interventions et les obstacles financiers.
Thu Wai, président du Parti démocratique, a récemment vécu une expérience qui donne déjà toute la mesure du défi qu’auront à relever les petits partis politiques. Comme d’autres formations prodémocratiques, la sienne sillonne le pays pour tenter de mobiliser des partisans et de présenter son programme. Mais à son arrivée à un meeting dans la township de Dala, à Rangoon, des policiers en civil l’attendaient de pied ferme. “Que venez vous faire ici ?” leur a-t-il demandé. “Nous sommes ici pour vous aider en cas de besoin”, lui a répondu un policier. Thu Wai savait pertinemment qu’ils entendaient intimider les électeurs tentés par son parti par leur seule présence. “Quand des policiers en civil se présentent quelque part, les gens sont terrifiés et ont peur de nous approcher, déplore-t-il. Nous avons entendu dire que certains habitants du quartier avaient également été interrogés par les autorités après notre départ.”
400 euros exigés De chaque candidat
Le Parti paix et diversité (PDP) à Rangoon et le Parti démocratique des nationalités Shan (SNDP), sans doute la plus importante formation ethnique, ont également fait état de la présence d’agents de sécurité dans leurs réunions électorales. Passer à travers les mailles du filet de la surveillance du régime s’avère quasi impossible, les lois électorales édictées par celui-ci imposant aux partis de déposer préalablement leur programme de campagne auprès des autorités. “Nous devons signaler aux autorités sept jours à l’avance tout déplacement envisagé pour un meeting”, explique Khin Maung Swe, dirigeant de la Force nationale démocratique (FND), parti fondé par des dissidents de la LND ayant rejeté le boycot des élections prôné par Aung San Suu Kyi. “Ces règlements nous font perdre un temps fou.” Comme si ces freins administratifs ne suffisaient pas, la Commission électorale a récemment érigé sur la route de la FND un nouvel obstacle, qui pourrait s’avérer bien plus insurmontable que la déclaration préalable des meetings. Quatre dirigeants de la nouvelle formation, parmi lesquels Khin Maung Swe, ont été informés qu’ils devraient solliciter une amnistie pour des actes de trahison passés avant d’être autorisés à se présenter au scrutin du 7 novembre. Ils doivent en outre se déclarer prêts à collaborer avec le gouvernement pour œuvrer à la “réconciliation nationale”, a indiqué Thein Soe, chef de la commission électorale, aux dirigeants de la FND.
Déjà harcelés par la junte, nombre des trente-neuf nouveaux partis politiques et des cinq partis existants briguant des sièges au Parlement ont les plus grandes difficultés à satisfaire aux exigences financières de la nouvelle loi électorale, qui impose des frais d’enregistrement de 500 000 kyats [environ 400 euros] par candidat. “A l’heure actuelle, l’argent est notre principal problème, avoue Thu Wai. Mon parti brigue 300 des 320 sièges à pourvoir [dans l’une des deux chambres du nouveau Parlement]. Mais nous sommes sans le sou. A cette heure, seuls cent de nos candidats sont en mesure de s’acquitter des droits par eux-mêmes.”
source http://www.courrierinternational.com/article/2010/08/19/campagne-electorale-sous-haute-surveillance
De pays a désormais sombré dans la torpeur. La fièvre et l’agitation qu’avait suscitées l’annonce des lois électorales, de la date butoir pour le dépôt des listes et de la dissolution de la Ligue nationale pour la démocratie [LND, parti de l’opposante Aung San Suu Kyi] sont retombées. La bataille électorale entre la junte au pouvoir et la LND n’a pas eu lieu. En revanche, à la mi-juillet, le régime militaire a entamé le démantèlement officiel de son organisation civile de masse, l’Association pour la solidarité et le développement de l’Union (USDA), qui revendique 24 millions d’adhérents, transférant tous ses actifs au Parti de la solidarité et du développement de l’Union (USDP), son bras politique, dirigé par le Premier ministre Thein Sein et 26 autres ministres et hauts responsables gouvernementaux. Maintenant que l’USDP, soutenu par la junte au pouvoir, a absorbé d’une seule bouchée la gigantesque USDA et, avec elle, ses actifs et une part significative de ses membres, tout le monde s’attend à une victoire écrasante de l’USDP, orchestrée par le régime. Restent une petite quarantaine de formations pour se disputer les miettes, mais même les partis prodémocratiques et ethniques les mieux armés ont du mal à s’inviter à la table électorale face à un régime qui multiplie les interventions et les obstacles financiers.
Thu Wai, président du Parti démocratique, a récemment vécu une expérience qui donne déjà toute la mesure du défi qu’auront à relever les petits partis politiques. Comme d’autres formations prodémocratiques, la sienne sillonne le pays pour tenter de mobiliser des partisans et de présenter son programme. Mais à son arrivée à un meeting dans la township de Dala, à Rangoon, des policiers en civil l’attendaient de pied ferme. “Que venez vous faire ici ?” leur a-t-il demandé. “Nous sommes ici pour vous aider en cas de besoin”, lui a répondu un policier. Thu Wai savait pertinemment qu’ils entendaient intimider les électeurs tentés par son parti par leur seule présence. “Quand des policiers en civil se présentent quelque part, les gens sont terrifiés et ont peur de nous approcher, déplore-t-il. Nous avons entendu dire que certains habitants du quartier avaient également été interrogés par les autorités après notre départ.”
400 euros exigés De chaque candidat
Le Parti paix et diversité (PDP) à Rangoon et le Parti démocratique des nationalités Shan (SNDP), sans doute la plus importante formation ethnique, ont également fait état de la présence d’agents de sécurité dans leurs réunions électorales. Passer à travers les mailles du filet de la surveillance du régime s’avère quasi impossible, les lois électorales édictées par celui-ci imposant aux partis de déposer préalablement leur programme de campagne auprès des autorités. “Nous devons signaler aux autorités sept jours à l’avance tout déplacement envisagé pour un meeting”, explique Khin Maung Swe, dirigeant de la Force nationale démocratique (FND), parti fondé par des dissidents de la LND ayant rejeté le boycot des élections prôné par Aung San Suu Kyi. “Ces règlements nous font perdre un temps fou.” Comme si ces freins administratifs ne suffisaient pas, la Commission électorale a récemment érigé sur la route de la FND un nouvel obstacle, qui pourrait s’avérer bien plus insurmontable que la déclaration préalable des meetings. Quatre dirigeants de la nouvelle formation, parmi lesquels Khin Maung Swe, ont été informés qu’ils devraient solliciter une amnistie pour des actes de trahison passés avant d’être autorisés à se présenter au scrutin du 7 novembre. Ils doivent en outre se déclarer prêts à collaborer avec le gouvernement pour œuvrer à la “réconciliation nationale”, a indiqué Thein Soe, chef de la commission électorale, aux dirigeants de la FND.
Déjà harcelés par la junte, nombre des trente-neuf nouveaux partis politiques et des cinq partis existants briguant des sièges au Parlement ont les plus grandes difficultés à satisfaire aux exigences financières de la nouvelle loi électorale, qui impose des frais d’enregistrement de 500 000 kyats [environ 400 euros] par candidat. “A l’heure actuelle, l’argent est notre principal problème, avoue Thu Wai. Mon parti brigue 300 des 320 sièges à pourvoir [dans l’une des deux chambres du nouveau Parlement]. Mais nous sommes sans le sou. A cette heure, seuls cent de nos candidats sont en mesure de s’acquitter des droits par eux-mêmes.”
source http://www.courrierinternational.com/article/2010/08/19/campagne-electorale-sous-haute-surveillance
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le parti de Suu Kyi boycotte les législatives de novembre
YANGON, Myanmar [Burma]
Le parti de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, dissous en mai pour avoir refusé de s'inscrire aux élections législatives du 7 novembre, a officiellement déclaré jeudi qu'il boycottait le scrutin.
Malgré la dissolution de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), ses dirigeants avaient fait savoir que l'organisation continuerait d'exister et poursuivrait son combat.
"Nous avons décidé de boycotter officiellement l'élection parce que nous pensons que la Constitution de 2008 et les lois électorales ne garantissent pas la démocratie et les droits de l'Homme dans le pays", a annoncé jeudi son vice-président, Tin Oo, joint par téléphone par l'Associated Press à l'issue d'une réunion des cadres de la LND chez lui.
"Nous voulons envoyer un message clair aux électeurs (pour leur dire) qu'ils ont le droit de ne pas voter", a-t-il ajouté. L'abstention n'est pas sanctionnée en Birmanie.
En l'absence d'opposition unifiée aux militaires au pouvoir depuis 1962, le boycott de la LND sape la légitimité du scrutin organisé par la junte.
La LND avait remporté les élections législatives de 1990 mais sa victoire n'avait pas été reconnue et de nombreux opposants ont été emprisonnés, dont la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, qui a été privée de liberté pendant 15 des 21 dernières années, essentiellement en résidence surveillée.
Jeudi, la commission électorale a publié une liste en treize points des règles censées garantir des législatives "libres et justes" en novembre. Les candidats devront notamment demander une autorisation une semaine avant de faire campagne, ne pourront pas tenir de discours susceptible de "ternir" l'image du régime militaire, et ne devront pas lancer des slogans lors des défilés, selon le journal "Nouvelle lumière du Myanmar" détenu par le pouvoir.
Les militaires présentent ces élections comme une étape cruciale de la transition vers un gouvernement civil alors que l'opposition dénonce une manoeuvre pour renforcer la mainmise de l'armée sur la vie politique. De nombreuses organisations de défense des droits de l'Homme et gouvernements occidentaux jugent le processus injuste et demandent des élections libres et régulières, ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques, dont Mme Suu Kyi.
source AP
Le parti de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, dissous en mai pour avoir refusé de s'inscrire aux élections législatives du 7 novembre, a officiellement déclaré jeudi qu'il boycottait le scrutin.
Malgré la dissolution de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), ses dirigeants avaient fait savoir que l'organisation continuerait d'exister et poursuivrait son combat.
"Nous avons décidé de boycotter officiellement l'élection parce que nous pensons que la Constitution de 2008 et les lois électorales ne garantissent pas la démocratie et les droits de l'Homme dans le pays", a annoncé jeudi son vice-président, Tin Oo, joint par téléphone par l'Associated Press à l'issue d'une réunion des cadres de la LND chez lui.
"Nous voulons envoyer un message clair aux électeurs (pour leur dire) qu'ils ont le droit de ne pas voter", a-t-il ajouté. L'abstention n'est pas sanctionnée en Birmanie.
En l'absence d'opposition unifiée aux militaires au pouvoir depuis 1962, le boycott de la LND sape la légitimité du scrutin organisé par la junte.
La LND avait remporté les élections législatives de 1990 mais sa victoire n'avait pas été reconnue et de nombreux opposants ont été emprisonnés, dont la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, qui a été privée de liberté pendant 15 des 21 dernières années, essentiellement en résidence surveillée.
Jeudi, la commission électorale a publié une liste en treize points des règles censées garantir des législatives "libres et justes" en novembre. Les candidats devront notamment demander une autorisation une semaine avant de faire campagne, ne pourront pas tenir de discours susceptible de "ternir" l'image du régime militaire, et ne devront pas lancer des slogans lors des défilés, selon le journal "Nouvelle lumière du Myanmar" détenu par le pouvoir.
Les militaires présentent ces élections comme une étape cruciale de la transition vers un gouvernement civil alors que l'opposition dénonce une manoeuvre pour renforcer la mainmise de l'armée sur la vie politique. De nombreuses organisations de défense des droits de l'Homme et gouvernements occidentaux jugent le processus injuste et demandent des élections libres et régulières, ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques, dont Mme Suu Kyi.
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