Birmanie - un zest d'ouverture de facade
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thanaka
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Birmanie - un zest d'ouverture de facade
En novembre 2010, les combats entre l'armée birmane et la rebellion karen ont poussé plus de 20.000 personnes à se réfugier en Thailande, près de Mae Sot. Crédits photo : AGNES DHERBEYS/The New York Times-REDUX-REA/AGNES DHERBEYS/NYT-REDUX-REA
INFOGRAPHIE - Quand l'Union européenne s'enthousiasme, les villageois répondent: «Les serpents restent des serpents, même après leur mue.»
De notre envoyée spéciale à la frontière thaïlando-birmane
De retour de mission en Birmanie, la commissaire européenne chargée de la Coopération internationale, Kristalina Georgieva, a décrit «un vent d'optimisme», des «améliorations progressives» enclenchées par un gouvernement dont «le désir de paix est réel». Dix mois après les premières législatives depuis vingt ans, les Birmans, eux, se livrent à des analyses de texte. «Les initiatives prises par le président Thein Sein pour accéder à la reconnaissance internationale, à la levée des sanctions économiques et à la présidence tournante de l'Association des pays d'Asie du Sud-Est en 2014, sont ambiguës», estime Kyaw Zwa Moe, opposant birman en exil en Thaïlande, qui doute que l'ancien chef militaire dans le Triangle d'or «puisse incarner la rupture avec un passé peu reluisant». «S'il se découvre soudainement une âme de démocrate, insiste-t-il, Thein Sein est avant tout un homme féru de discipline et un grand admirateur du Nord-Coréen Kim Jong-il».
Le bienveillant Thein Sein a annoncé le 17 août dernier que les dissidents en exil pouvaient tous rentrer chez eux sans crainte, à moins d'avoir commis un crime. Un seul a tenté sa chance: le journaliste Sein Kya Hlaing. Il est aujourd'hui détenu à Rangoun pour interrogatoire. En septembre, le président autorise le journal local Messenger à publier une interview de la célèbre opposante Aung San Suu Kyi. Une semaine plus tard, le même magazine est sanctionné par le bureau de la censure pour avoir mis sa photo à la une.
«Cupidité, cruauté et incompétence»
Présenté comme la preuve d'un réel changement, l'entretien de Thein Sein avec la chef de file de l'opposition n'est pas une garantie de liberté durable pour la «Dame de Rangoun». En 2003, Aung San Suu Kyi avait été sauvagement attaquée et jetée dans les geôles d'Insein par les sbires des généraux qui avaient pris l'initiative, deux ans plus tôt, d'un dîner avec elle, jugé «prometteur» par toute la communauté internationale.
En chargeant son ministre des frontières, Thein Htay, un homme obsédé par l'achat de missiles et fasciné par l'arme nucléaire, de claironner que le gouvernement «n'aspire qu'à la paix avec les rebelles des minorités ethniques», il ne convainc personne: les territoires frontaliers restent des zones de non-droit où les Chans, les Kachins, les Karens et les Môns demeurent les principales victimes de cette tragédie.
Au mieux, les propositions du régime birman sont à double tranchant, comme l'invitation faite à Aung San Suu Kyi de réenregistrer officiellement son parti. Cela l'obligerait à reconnaître une Constitution qu'elle avait rejetée et qualifiée de non démocratique.
San Hla Aung, fonctionnaire à la retraite comme Na Kham Mwe, rebelle karen, disent en chœur: «Nous n'avons vu aucun changement. Deux mille prisonniers politiques croupissent toujours derrière les barreaux.» «Ce gouvernement civil, mais composé d'anciens militaires, ne s'est pas débarrassé de ses vieilles habitudes: cupidité, cruauté et incompétence», estime Bo Kyi, ancien prisonnier politique.
«Un printemps birman?» On vous rit au nez dans les villages frontaliers de la Thaïlande. Les petites gens ne parlent que de leur misère et de leur désespoir, de pauvres hères qui meurent de faim et d'épuisement au bord des routes, des arbres que l'on cloue pour empêcher les voleurs de les scier dans la nuit, des chiens errants qui ont disparu du pays car tous ont été mangés.
Comment approcher la vérité de la dictature birmane? Bertil Lintner, un des meilleurs spécialistes du pays, rappelle que «la junte a toujours alterné les amorces d'ouverture et les répressions». «L'adoption d'une nouvelle Constitution et la tenue d'élections en novembre 2010 ne traduisent en aucun cas la volonté du régime de changer un système qui lui a permis de se maintenir au pouvoir pendant un demi-siècle.» «L'unique objectif de ces réformes est d'institutionnaliser et de perpétuer l'ordre présent.» Réflexes militaires obligent, c'est donc un camp retranché que le généralissime Than Shwe a construit pour la nouvelle génération de dirigeants, avant de s'éclipser officiellement. Personnage central, mais invisible de cette comédie, il se terre dans sa villa fortifiée de Naypyidaw. Selon Bertil Lintner, «un changement ne peut venir des améliorations progressives que l'Union européenne croit observer». Le seul espoir serait que ceux qui font le système se retournent contre celui-ci. Bref, qu'une lézarde apparaisse dans le bel édifice de l'élite gouvernante. Ce n'est pas le cas, les jeunes officiers sont aujourd'hui d'une totale loyauté envers leurs chefs dont ils dépendent pour leurs promotions. «L'espoir est donc au point mort», conclut le dissident Kyaw Zwa Moe.
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En Birmanie, l'espoir d'un changement
En novembre 2010, la junte militaire au pouvoir en Birmanie organisait des élections - les premières en vingt ans - dont on pouvait difficilement croire qu'elles auguraient une ère nouvelle.
Le processus, entièrement verrouillé, consacrait sans surprise la victoire du Parti pour la Solidarité et le Développement de l'Union (USDP), émanation de la dictature. Ce basculement vers un régime prétendument civil apparaissait comme la dernière opération de relations publiques d'un régime qui avait de longue date habitué les observateurs aux changements cosmétiques. Afin d'être plus convainquant quant à sa volonté de changement, le régime libérait en outre Aung San Suu Kyi, figure de référence du mouvement démocratique, six jours après le déroulement des élections. Celle-ci demandait alors à la communauté internationale de ne pas considérer la tenue du scrutin et sa libération comme des preuves qu'un tournant avait été atteint dans la volonté du régime de consentir à la démocratisation du pays.
Pour autant, il était erroné de penser que rien de nouveau ne se passait en Birmanie : si aucune évolution vers la démocratie n'était alors perceptible, une évolution de la structure du pouvoir était bien à l'œuvre. De fait, à un pouvoir nettement centralisé tenu par la ligne dure du régime s'est substituée une structure de pouvoir plus complexe, où semblent désormais coexister réformateurs et conservateurs. La place occupée par Than Shwe, l'homme fort de la dictature depuis près de vingt ans, au sein du nouveau pouvoir birman est l'objet de spéculations. Certains pensent que le vieux dictateur, officiellement retiré, continue de tirer les ficelles dans l'ombre. Des hypothèses circulent à Rangoun sur une évolution de sa réflexion : âgé et rendu inquiet par le printemps arabe et le projet de commission d'enquête onusienne sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en Birmanie (que seize pays soutiennent), l'ancien "généralissime" aurait compris la nécessité d'évolutions et changé de stratégie. Il soutiendrait à la fois les réformateurs et la ligne dure du régime, laissant faire les premiers (menés par un fidèle, le président Thein Sein) dans la mesure où ils garantiraient sa protection. Conscient de la fragilité de la situation (le vice-président serait un partisan de la ligne dure), le président Thein Sein hâterait pour sa part les réformes afin de rendre le processus de changement irréversible.
Que ces hypothèses soient vérifiées ou non, des changements se sont récemment opérés qui ne peuvent que frapper les connaisseurs du dossier birman : il n'est pas courant de voir Aung San Suu Kyi accueillie à Nay Pyi Daw, la capitale, et applaudie par un parterre d'officiers jusque-là acharnés à sa perte. Une nouvelle opération de relations publiques? L'expérience passée appelle certes à la prudence. Il n'est pourtant pas banal de voir, dans les rues de Rangoun, se multiplier les publications affichant en Une le portrait de la dissidente. La censure qui frappe les médias, si elle existe encore, s'est assouplie. Le retour d'une poignée d'exilés politisés s'est en outre fait sans heurts.
La manifestation organisée le 26 septembre 2011 à l'occasion du quatrième anniversaire de la "révolution safran" (menée par les moines bouddhistes birmans en 2007) a certes été empêchée, mais sans violence. Enfin, le projet controversé de barrage sur le fleuve Irrawaddy, objet d'une mobilisation importante des activistes birmans, a été gelé le 30 septembre 2011 par un président estimant nécessaire de "respecter la volonté du peuple".
Aung San Suu Kyi elle-même mentionne des "développements positifs", estimant le président Thein Sein sincère dans sa volonté de réforme. Ce n'est certes pas la première fois qu'un dialogue est entamé entre le régime et la dissidente. Mais sans doute est-ce la première fois que l'interlocuteur régulièrement envoyé à la "Dame" par le régime vient à elle avec un véritable cahier des charges.
Il faut donc, cette fois, accorder le bénéfice du doute à Thein Sein. Mais demeurer prudent : il n'est nullement dit que les avancées en cours (qui en sont encore à un stade embryonnaire) ne soient pas réversibles. Au nombre des dangers qui guettent encore la Birmanie figure ainsi la possible frustration d'hommes d'affaires puissants, si des réformes étaient entreprises qui risqueraient d'affaiblir leur mainmise sur certains secteurs de l'économie. Ces derniers ne seraient-ils pas alors tentés de mobiliser les éléments les moins réformateurs de l'armée pour un retour au statu quo?
Que les évolutions actuelles soient liées à la pression extérieure ou à des circonstances internes, la communauté internationale a un rôle à jouer tant que les réformes n'ont pas franchi un cap important. Le monde extérieur doit continuer à réclamer la libération des prisonniers politiques et la fin des violences commises par l'armée birmane à l'encontre des populations civiles, particulièrement dans l'est et le nord du pays où se poursuivent des affrontements armés entre la dictature et les groupes armés issus de minorités nationales que le régime n'a jamais cessé d'opprimer. En Birmanie, une évolution vers la démocratie vient peut-être enfin de débuter, mais le chemin est encore long.
Frédéric Debomy a coordonné le livre Résistances. Pour une Birmanie libre (Aung San Suu Kyi, Stéphane Hessel et Info Birmanie) aux éditions Don Quichotte.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/10/07/en-birmanie-l-espoir-d-un-changement_1583221_3232.html
Le processus, entièrement verrouillé, consacrait sans surprise la victoire du Parti pour la Solidarité et le Développement de l'Union (USDP), émanation de la dictature. Ce basculement vers un régime prétendument civil apparaissait comme la dernière opération de relations publiques d'un régime qui avait de longue date habitué les observateurs aux changements cosmétiques. Afin d'être plus convainquant quant à sa volonté de changement, le régime libérait en outre Aung San Suu Kyi, figure de référence du mouvement démocratique, six jours après le déroulement des élections. Celle-ci demandait alors à la communauté internationale de ne pas considérer la tenue du scrutin et sa libération comme des preuves qu'un tournant avait été atteint dans la volonté du régime de consentir à la démocratisation du pays.
Pour autant, il était erroné de penser que rien de nouveau ne se passait en Birmanie : si aucune évolution vers la démocratie n'était alors perceptible, une évolution de la structure du pouvoir était bien à l'œuvre. De fait, à un pouvoir nettement centralisé tenu par la ligne dure du régime s'est substituée une structure de pouvoir plus complexe, où semblent désormais coexister réformateurs et conservateurs. La place occupée par Than Shwe, l'homme fort de la dictature depuis près de vingt ans, au sein du nouveau pouvoir birman est l'objet de spéculations. Certains pensent que le vieux dictateur, officiellement retiré, continue de tirer les ficelles dans l'ombre. Des hypothèses circulent à Rangoun sur une évolution de sa réflexion : âgé et rendu inquiet par le printemps arabe et le projet de commission d'enquête onusienne sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en Birmanie (que seize pays soutiennent), l'ancien "généralissime" aurait compris la nécessité d'évolutions et changé de stratégie. Il soutiendrait à la fois les réformateurs et la ligne dure du régime, laissant faire les premiers (menés par un fidèle, le président Thein Sein) dans la mesure où ils garantiraient sa protection. Conscient de la fragilité de la situation (le vice-président serait un partisan de la ligne dure), le président Thein Sein hâterait pour sa part les réformes afin de rendre le processus de changement irréversible.
Que ces hypothèses soient vérifiées ou non, des changements se sont récemment opérés qui ne peuvent que frapper les connaisseurs du dossier birman : il n'est pas courant de voir Aung San Suu Kyi accueillie à Nay Pyi Daw, la capitale, et applaudie par un parterre d'officiers jusque-là acharnés à sa perte. Une nouvelle opération de relations publiques? L'expérience passée appelle certes à la prudence. Il n'est pourtant pas banal de voir, dans les rues de Rangoun, se multiplier les publications affichant en Une le portrait de la dissidente. La censure qui frappe les médias, si elle existe encore, s'est assouplie. Le retour d'une poignée d'exilés politisés s'est en outre fait sans heurts.
La manifestation organisée le 26 septembre 2011 à l'occasion du quatrième anniversaire de la "révolution safran" (menée par les moines bouddhistes birmans en 2007) a certes été empêchée, mais sans violence. Enfin, le projet controversé de barrage sur le fleuve Irrawaddy, objet d'une mobilisation importante des activistes birmans, a été gelé le 30 septembre 2011 par un président estimant nécessaire de "respecter la volonté du peuple".
Aung San Suu Kyi elle-même mentionne des "développements positifs", estimant le président Thein Sein sincère dans sa volonté de réforme. Ce n'est certes pas la première fois qu'un dialogue est entamé entre le régime et la dissidente. Mais sans doute est-ce la première fois que l'interlocuteur régulièrement envoyé à la "Dame" par le régime vient à elle avec un véritable cahier des charges.
Il faut donc, cette fois, accorder le bénéfice du doute à Thein Sein. Mais demeurer prudent : il n'est nullement dit que les avancées en cours (qui en sont encore à un stade embryonnaire) ne soient pas réversibles. Au nombre des dangers qui guettent encore la Birmanie figure ainsi la possible frustration d'hommes d'affaires puissants, si des réformes étaient entreprises qui risqueraient d'affaiblir leur mainmise sur certains secteurs de l'économie. Ces derniers ne seraient-ils pas alors tentés de mobiliser les éléments les moins réformateurs de l'armée pour un retour au statu quo?
Que les évolutions actuelles soient liées à la pression extérieure ou à des circonstances internes, la communauté internationale a un rôle à jouer tant que les réformes n'ont pas franchi un cap important. Le monde extérieur doit continuer à réclamer la libération des prisonniers politiques et la fin des violences commises par l'armée birmane à l'encontre des populations civiles, particulièrement dans l'est et le nord du pays où se poursuivent des affrontements armés entre la dictature et les groupes armés issus de minorités nationales que le régime n'a jamais cessé d'opprimer. En Birmanie, une évolution vers la démocratie vient peut-être enfin de débuter, mais le chemin est encore long.
Frédéric Debomy a coordonné le livre Résistances. Pour une Birmanie libre (Aung San Suu Kyi, Stéphane Hessel et Info Birmanie) aux éditions Don Quichotte.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/10/07/en-birmanie-l-espoir-d-un-changement_1583221_3232.html
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Vers la fin de la censure ?
Le patron de la censure en Birmanie a estimé que les médias devraient être libérés de toute contrainte.
Tint Swe, directeur du département de l'enregistrement et de la surveillance de la presse a suggéré que son service pourrait être fermé. Cette déclaration intervient en plein mouvement de réformes politiques.
Depuis son élection, en mars, le président Thein sein veut prouver qu'il a décidé à engager de profondes réformes.
FREDERIC J. BROWN / AFP
"La censure de la presse n'existe pas dans la plupart des autres pays ainsi que chez nos voisins et n'est pas en harmonie avec les pratiques démocratiques. (Elle) doit être abolie dans un avenir proche", a-t-il déclaré vendredi à la Radio Free Asia. Mais les journaux et les autres publications devraient accepter cette liberté en faisant preuve de responsabilités, a-t-il ajouté, selon un communiqué de RFA.
Le président Thein Sein, entré en fonction en mars suite à la dissolution de la junte militaire, tente de prouver à l'opposition et aux chancelleries occidentales qu'il est décidé à s'engager vers de profondes réformes.
Après les élections contestées de novembre 2010 et la libération d'Aung San Suu Kyi, les médias birmans peuvent désormais se faire l'écho des activités de la célèbre opposante, chose impossible il y a seulement un an.
Jusqu'à présent, la censure en Birmanie était considérée comme l'une des plus sévères du monde. De nombreux journalistes sont aujourd'hui derrière les barreaux, dont deux ont été condamnés récemment. En juin, elle avait été un peu allégée pour certaines publications, couvrant notamment le sport et les loisirs. Reporters sans frontières, qui classe la Birmanie au 174e rang sur 178 sur l'index de la liberté de la presse dans le monde, estime que ce système de censure est "virtuellement unique au monde". Le mois dernier, le Comité de protection des journalistes (CPJ) américain avait exigé que le pays mette fin à des lois "draconiennes" dans le secteur et libèrent les journalistes emprisonnés afin de donner de la crédibilité aux réformes.
http://info.france2.fr/monde/vers-la-fin-de-la-censure--70723552.html
Tint Swe, directeur du département de l'enregistrement et de la surveillance de la presse a suggéré que son service pourrait être fermé. Cette déclaration intervient en plein mouvement de réformes politiques.
Depuis son élection, en mars, le président Thein sein veut prouver qu'il a décidé à engager de profondes réformes.
FREDERIC J. BROWN / AFP
"La censure de la presse n'existe pas dans la plupart des autres pays ainsi que chez nos voisins et n'est pas en harmonie avec les pratiques démocratiques. (Elle) doit être abolie dans un avenir proche", a-t-il déclaré vendredi à la Radio Free Asia. Mais les journaux et les autres publications devraient accepter cette liberté en faisant preuve de responsabilités, a-t-il ajouté, selon un communiqué de RFA.
Le président Thein Sein, entré en fonction en mars suite à la dissolution de la junte militaire, tente de prouver à l'opposition et aux chancelleries occidentales qu'il est décidé à s'engager vers de profondes réformes.
Après les élections contestées de novembre 2010 et la libération d'Aung San Suu Kyi, les médias birmans peuvent désormais se faire l'écho des activités de la célèbre opposante, chose impossible il y a seulement un an.
Jusqu'à présent, la censure en Birmanie était considérée comme l'une des plus sévères du monde. De nombreux journalistes sont aujourd'hui derrière les barreaux, dont deux ont été condamnés récemment. En juin, elle avait été un peu allégée pour certaines publications, couvrant notamment le sport et les loisirs. Reporters sans frontières, qui classe la Birmanie au 174e rang sur 178 sur l'index de la liberté de la presse dans le monde, estime que ce système de censure est "virtuellement unique au monde". Le mois dernier, le Comité de protection des journalistes (CPJ) américain avait exigé que le pays mette fin à des lois "draconiennes" dans le secteur et libèrent les journalistes emprisonnés afin de donner de la crédibilité aux réformes.
http://info.france2.fr/monde/vers-la-fin-de-la-censure--70723552.html
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Myanmar is Becoming Burma !!!
Myanmar seems to be returning to Burma. The good news has trickled in after talks between Aung San Suu Kyi and the new civilian president, Thein Sein, established a framework for national reconciliation and graduated democratic reform.
A political amnesty is on the anvil and moves are afoot to liberalise trade and investment regimes. The new government has invited Burmese refugees who fled the country after the military takeover to return and assist the process of national reconstruction.
Perhaps even more significantly, work on the US$ 3.6 billion, 6,000-megawatt Myitsone dam on the upper Irrawaddy River, under construction with Chinese assistance, has been suspended as being “against the will of the (Kachin) people).” The decision was announced in parliament and suggests that the Burmese leadership is not going to kow-tow to its giant neighbour which has established a major presence in the country during the past 22 years of isolation and Western sanctions, which started after 2003. This does not bring Chinese collaboration to an end by any means as numerous other large hydroelectric, hydrocarbon, port and other infrastructure projects are moving forward.
It does, however, suggest that the new regime is mindful of ethnic minority and ecological sensitivities. After years of cease-fires based on a policy of live and let live, the regime sought to integrate ethnic nationality armies into the Myanmar armed forces on the eve of the last elections by declaring them national border guards under the command of the Tatmadaw. Most refused, and four insurgencies have resumed in consequence. Aung San Suu Kyi has appealed for restraint, a further cease-fire and peace talks, to which the regime has not been entirely unresponsive.
This too marks a potentially significant development as its resolution will determine whether Burma is to be a truly federal state, with ethnic nationalities enjoying considerable autonomy, or remain a largely centralised polity at war with itself. Suu Kyi’s father General Aung San, the Father of the Nation and first prime minister, had negotiated the Panglong agreement with the minorities in 1948. The one issue on which it broke was on the interpretation of whether the option to review federal ties after a decade implied a choice of independence or only a re-jigging of the federal arrangement. It was on the identical issue in regard to the 9-Point Hydari agreement that the Naga leader, Phizo, broke with the Indian State.
The Thein Sein government is seeking foreign investment and collaboration in every field. It is a country with enormous land and natural resources (minerals, bio-diversity, hydro power and hydrocarbons) but currently lacking in human capital - administrative, entrepreneurial, institutional, scientific expertise – after decades years of military rule. It is because of this that it has farmed out major development projects, including plantations, to China, its Asean neighbours, Japan, India and others. Only a small fraction of its 40,000-meawatt hydro potential has been harnessed though almost 14,000 megawatts worth of projects have been signed up (especially with China on the Irrawaddy). With little domestic demand as yet, most of this power will be exported to China, Thailand and the Asean grid, and to adjacent Nagaland if the 1,200-megawatt Tamanthi project, part of the Chindwin cascade, comes to fruition with Indian assistance.
India’s major project so far has been the Kalewa/Kalemayo-Tamu (Moreh) highway (along which projected Indo-Burma-Asean trade has been stymied for lack of trade facilitation measures on the Indian side). An even larger project under implementation is the multi-modal Southern Mizoram-Kaladan River-Sitwe Port corridor whicb will provide India’s Northeast an ocean outlet. The Kaladan Corridor may, alas, go the way of the Kalewa-Tamu Road unless concurrent steps are taken here and now by both governments and all concerned actors – transporters, entrepreneurs, bankers, freight forwarders, hoteliers, and others – get their act together.
Around 1998, Burma had offered extensive wastelands to India to grow rice, pulses and palm oil on renewable 30-year leases. Thailand and Malaysia signed up. India was unresponsive. Whether such leases will again be on offer and will be acceptable to the ethnic minorities is uncertain. However, it is something that could be explored on the basis of cooperative partnerships with local ethnic groups, the Burma government and the Indian state or private entrepreneurs as a means of coupling ethic settlements in Burma with income and employment generation and the development of much-needed infrastructure.
Hydrocarbon exploration and exploitation, onshore and offshore, is another area that holds out considerable promise.
Burma has had a long and close association with India and has applied for Saarc membership, which Delhi supports. The country is also a member of Asean of which it hopes to become rotational chair in 2014. It is in transition and holds a geo-strategic position of high importance as a bridge between Saarc, Asean and China.
Rather than be a passive spectator or late actor, India should move energetically to engage the new Thein Sein administration to assist and encourage its transition to full democracy, ethnic reconciliation and economic and social reconstruction at all levels, governmental and non-official.
Aung San Suu Kyi studied in Delhi and is greatly revered here and has high regard for this country. India’s relations with the military regime have also been maintained at an even keel and the military leadership too trusts India as a non-intrusive neighbour and long-term friend.
Why shouldn’t the government and credible civil society institutions invite delegations of Burmese parliamentarians, trade representatives, ethnic nationality groups and security analysts to visit India and talk to their counterparts and potential collaborators here? Scholarships and seats in training institutions should be readily on offer as this is perhaps Burma’s greatest need. Charter flights should be organised both ways to promote tourism and understanding. And high level Indian political and trade and investment delegations should visit Burma as early as possible.
The Indo-Afghan strategic partnership agreement signed last week on the occasion of President Karzai’s visit to Delhi need not be a model but could point a direction. Afghanistan is in flux. America’s AfPak policy has failed and it is now locked in a huge muddle and spat with a defiant but bewildered Pakistan that knows it needs to redefine itself. This again presents India with an opening and an opportunity to further its engagement with Islamabad as much as with Kabul and jointly with both. Pakistan’s concerns about winning strategic depth in Afghanistan against India are unreal in concept and substance. India is no threat to Pakistan which is its own worst enemy.
– BG Verghese has been with the Centre for Policy Research in India since 1986. He started his career in journalism with the Times of India and was later editor of the Hindustan Times (1969-75) and Indian Express (1982-86). For more information, see www.bgverghese.com
source http://www.mizzima.com/edop/commentary/6039-myanmar-is-becoming-burma.html
A political amnesty is on the anvil and moves are afoot to liberalise trade and investment regimes. The new government has invited Burmese refugees who fled the country after the military takeover to return and assist the process of national reconstruction.
Perhaps even more significantly, work on the US$ 3.6 billion, 6,000-megawatt Myitsone dam on the upper Irrawaddy River, under construction with Chinese assistance, has been suspended as being “against the will of the (Kachin) people).” The decision was announced in parliament and suggests that the Burmese leadership is not going to kow-tow to its giant neighbour which has established a major presence in the country during the past 22 years of isolation and Western sanctions, which started after 2003. This does not bring Chinese collaboration to an end by any means as numerous other large hydroelectric, hydrocarbon, port and other infrastructure projects are moving forward.
It does, however, suggest that the new regime is mindful of ethnic minority and ecological sensitivities. After years of cease-fires based on a policy of live and let live, the regime sought to integrate ethnic nationality armies into the Myanmar armed forces on the eve of the last elections by declaring them national border guards under the command of the Tatmadaw. Most refused, and four insurgencies have resumed in consequence. Aung San Suu Kyi has appealed for restraint, a further cease-fire and peace talks, to which the regime has not been entirely unresponsive.
This too marks a potentially significant development as its resolution will determine whether Burma is to be a truly federal state, with ethnic nationalities enjoying considerable autonomy, or remain a largely centralised polity at war with itself. Suu Kyi’s father General Aung San, the Father of the Nation and first prime minister, had negotiated the Panglong agreement with the minorities in 1948. The one issue on which it broke was on the interpretation of whether the option to review federal ties after a decade implied a choice of independence or only a re-jigging of the federal arrangement. It was on the identical issue in regard to the 9-Point Hydari agreement that the Naga leader, Phizo, broke with the Indian State.
The Thein Sein government is seeking foreign investment and collaboration in every field. It is a country with enormous land and natural resources (minerals, bio-diversity, hydro power and hydrocarbons) but currently lacking in human capital - administrative, entrepreneurial, institutional, scientific expertise – after decades years of military rule. It is because of this that it has farmed out major development projects, including plantations, to China, its Asean neighbours, Japan, India and others. Only a small fraction of its 40,000-meawatt hydro potential has been harnessed though almost 14,000 megawatts worth of projects have been signed up (especially with China on the Irrawaddy). With little domestic demand as yet, most of this power will be exported to China, Thailand and the Asean grid, and to adjacent Nagaland if the 1,200-megawatt Tamanthi project, part of the Chindwin cascade, comes to fruition with Indian assistance.
India’s major project so far has been the Kalewa/Kalemayo-Tamu (Moreh) highway (along which projected Indo-Burma-Asean trade has been stymied for lack of trade facilitation measures on the Indian side). An even larger project under implementation is the multi-modal Southern Mizoram-Kaladan River-Sitwe Port corridor whicb will provide India’s Northeast an ocean outlet. The Kaladan Corridor may, alas, go the way of the Kalewa-Tamu Road unless concurrent steps are taken here and now by both governments and all concerned actors – transporters, entrepreneurs, bankers, freight forwarders, hoteliers, and others – get their act together.
Around 1998, Burma had offered extensive wastelands to India to grow rice, pulses and palm oil on renewable 30-year leases. Thailand and Malaysia signed up. India was unresponsive. Whether such leases will again be on offer and will be acceptable to the ethnic minorities is uncertain. However, it is something that could be explored on the basis of cooperative partnerships with local ethnic groups, the Burma government and the Indian state or private entrepreneurs as a means of coupling ethic settlements in Burma with income and employment generation and the development of much-needed infrastructure.
Hydrocarbon exploration and exploitation, onshore and offshore, is another area that holds out considerable promise.
Burma has had a long and close association with India and has applied for Saarc membership, which Delhi supports. The country is also a member of Asean of which it hopes to become rotational chair in 2014. It is in transition and holds a geo-strategic position of high importance as a bridge between Saarc, Asean and China.
Rather than be a passive spectator or late actor, India should move energetically to engage the new Thein Sein administration to assist and encourage its transition to full democracy, ethnic reconciliation and economic and social reconstruction at all levels, governmental and non-official.
Aung San Suu Kyi studied in Delhi and is greatly revered here and has high regard for this country. India’s relations with the military regime have also been maintained at an even keel and the military leadership too trusts India as a non-intrusive neighbour and long-term friend.
Why shouldn’t the government and credible civil society institutions invite delegations of Burmese parliamentarians, trade representatives, ethnic nationality groups and security analysts to visit India and talk to their counterparts and potential collaborators here? Scholarships and seats in training institutions should be readily on offer as this is perhaps Burma’s greatest need. Charter flights should be organised both ways to promote tourism and understanding. And high level Indian political and trade and investment delegations should visit Burma as early as possible.
The Indo-Afghan strategic partnership agreement signed last week on the occasion of President Karzai’s visit to Delhi need not be a model but could point a direction. Afghanistan is in flux. America’s AfPak policy has failed and it is now locked in a huge muddle and spat with a defiant but bewildered Pakistan that knows it needs to redefine itself. This again presents India with an opening and an opportunity to further its engagement with Islamabad as much as with Kabul and jointly with both. Pakistan’s concerns about winning strategic depth in Afghanistan against India are unreal in concept and substance. India is no threat to Pakistan which is its own worst enemy.
– BG Verghese has been with the Centre for Policy Research in India since 1986. He started his career in journalism with the Times of India and was later editor of the Hindustan Times (1969-75) and Indian Express (1982-86). For more information, see www.bgverghese.com
source http://www.mizzima.com/edop/commentary/6039-myanmar-is-becoming-burma.html
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Re: Birmanie - un zest d'ouverture de facade
RANGOUN (AFP) - La Birmanie a annoncé mardi la libération de plus de 6.300 détenus, intensifiant encore les espoirs d'une amnistie des prisonniers politiques, qui représenterait un geste symbolique extrêmement fort du régime en direction des Occidentaux.
Evoquant des "raisons humanitaires", le président Thein Sein a décidé de permettre à ces détenus de "soutenir la construction de la Nation". Les premières libérations interviendront mercredi, a précisé la télévision d'Etat MRTV.
Les Etats-Unis, l'Union européenne et l'opposition démocratique birmane réclament depuis des années la libération de quelque 2.000 prisonniers politiques --militants politiques, avocats, artistes, journalistes-- pour prouver la sincérité des réformes politiques actuelles.
Depuis la libération en novembre 2010 de la détenue la plus célèbre du pays, la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, cette mesure est considérée comme une condition sine qua non pour envisager la levée des sanctions occidentales en place depuis la fin des années 1990.
Mais l'annonce officielle n'a donné aucune indication précise en ce sens.
"Nous n'avons pas encore de détail. Nous aimerions aussi savoir combien de prisonniers politiques seront parmi (les bénéficiaires) et qui ils sont", a déclaré à l'AFP Nyan Win, porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti dissous de Mme Suu Kyi.
"On ne sait pas s'il fera parti de ceux qui seront libérés. (Nous y croirons) une fois qu'il sera arrivé à la maison", a relevé de son côté Kyi Kyi Nyunt, soeur du responsable étudiant Min Ko Naing, qui purge une peine de 65 ans dans l'Etat Shan (nord-est).
De nombreuses déclarations, ces derniers jours, poussent pourtant les chancelleries occidentales à un certain optimisme.
Lundi, des responsables gouvernementaux avaient indiqué à l'AFP qu'une amnistie incluant des prisonniers politiques était imminente.
Et mardi, la Commission nationale pour les droits de l'Homme, mise en place le mois dernier par le gouvernement, a réclamé la libération des "prisonniers de conscience", utilisant un vocabulaire habituellement banni des instances officielles du régime.
Dans une lettre ouverte publiée par le quotidien anglophone New Light of Myanmar, considéré comme le porte-parole du régime, la commission a rappelé que "le secrétaire général des Nations unies et un certain nombre de pays (réclamaient) la libération ce qu'ils décrivent comme des +prisonniers de conscience+".
Le président et ancien général Thein Sein, entré en fonction en mars suite à la dissolution de la junte militaire, tente depuis quelques semaines de prouver qu'il est décidé à s'engager vers de profondes réformes.
Les gestes symboliques se sont multipliés à un rythme effréné dans un pays habitué jusqu'à mars dernier au conservatisme répressif du généralissime Than Shwe, chef de la junte au pouvoir à partir 1992, et qui a depuis pris sa retraite.
Thein Sein a notamment entamé le dialogue avec Mme Suu Kyi, que la junte avait maintenu en détention pendant plus de 15 des 20 dernières années. Et il a annoncé fin septembre la suspension d'un projet de barrage financé par les Chinois pour "respecter la volonté du peuple".
La session en cours de l'Assemblée nationale a été ouverte pour la première fois à la presse, et le patron de la censure a estimé que les médias devraient être libérés de toute contrainte.
Des avancées que les Etats-Unis ont salué lundi. Il est "indéniable qu'il y a des évolutions spectaculaires en cours", a déclaré le secrétaire d'Etat adjoint chargé de l'Asie orientale et du Pacifique, Kurt Campbell.
Restait, mardi, un suspense douloureux pour les familles.
"On m'a dit que la liste allait sortir ce soir. J'ai pleuré quand j'ai entendu ça. Maintenant je prie pour la libération de mon frère et pour les autres", a expliqué Ma Nyein, belle-soeur du célèbre comédien et humoriste Zarganar, incarcéré dans l'Etat Kachin.
Evoquant des "raisons humanitaires", le président Thein Sein a décidé de permettre à ces détenus de "soutenir la construction de la Nation". Les premières libérations interviendront mercredi, a précisé la télévision d'Etat MRTV.
Les Etats-Unis, l'Union européenne et l'opposition démocratique birmane réclament depuis des années la libération de quelque 2.000 prisonniers politiques --militants politiques, avocats, artistes, journalistes-- pour prouver la sincérité des réformes politiques actuelles.
Depuis la libération en novembre 2010 de la détenue la plus célèbre du pays, la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, cette mesure est considérée comme une condition sine qua non pour envisager la levée des sanctions occidentales en place depuis la fin des années 1990.
Mais l'annonce officielle n'a donné aucune indication précise en ce sens.
"Nous n'avons pas encore de détail. Nous aimerions aussi savoir combien de prisonniers politiques seront parmi (les bénéficiaires) et qui ils sont", a déclaré à l'AFP Nyan Win, porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti dissous de Mme Suu Kyi.
"On ne sait pas s'il fera parti de ceux qui seront libérés. (Nous y croirons) une fois qu'il sera arrivé à la maison", a relevé de son côté Kyi Kyi Nyunt, soeur du responsable étudiant Min Ko Naing, qui purge une peine de 65 ans dans l'Etat Shan (nord-est).
De nombreuses déclarations, ces derniers jours, poussent pourtant les chancelleries occidentales à un certain optimisme.
Lundi, des responsables gouvernementaux avaient indiqué à l'AFP qu'une amnistie incluant des prisonniers politiques était imminente.
Et mardi, la Commission nationale pour les droits de l'Homme, mise en place le mois dernier par le gouvernement, a réclamé la libération des "prisonniers de conscience", utilisant un vocabulaire habituellement banni des instances officielles du régime.
Dans une lettre ouverte publiée par le quotidien anglophone New Light of Myanmar, considéré comme le porte-parole du régime, la commission a rappelé que "le secrétaire général des Nations unies et un certain nombre de pays (réclamaient) la libération ce qu'ils décrivent comme des +prisonniers de conscience+".
Le président et ancien général Thein Sein, entré en fonction en mars suite à la dissolution de la junte militaire, tente depuis quelques semaines de prouver qu'il est décidé à s'engager vers de profondes réformes.
Les gestes symboliques se sont multipliés à un rythme effréné dans un pays habitué jusqu'à mars dernier au conservatisme répressif du généralissime Than Shwe, chef de la junte au pouvoir à partir 1992, et qui a depuis pris sa retraite.
Thein Sein a notamment entamé le dialogue avec Mme Suu Kyi, que la junte avait maintenu en détention pendant plus de 15 des 20 dernières années. Et il a annoncé fin septembre la suspension d'un projet de barrage financé par les Chinois pour "respecter la volonté du peuple".
La session en cours de l'Assemblée nationale a été ouverte pour la première fois à la presse, et le patron de la censure a estimé que les médias devraient être libérés de toute contrainte.
Des avancées que les Etats-Unis ont salué lundi. Il est "indéniable qu'il y a des évolutions spectaculaires en cours", a déclaré le secrétaire d'Etat adjoint chargé de l'Asie orientale et du Pacifique, Kurt Campbell.
Restait, mardi, un suspense douloureux pour les familles.
"On m'a dit que la liste allait sortir ce soir. J'ai pleuré quand j'ai entendu ça. Maintenant je prie pour la libération de mon frère et pour les autres", a expliqué Ma Nyein, belle-soeur du célèbre comédien et humoriste Zarganar, incarcéré dans l'Etat Kachin.
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Re: Birmanie - un zest d'ouverture de facade
Des détenus quittent la prison d'Insein, près de Rangoon, après l'amnistie prononcée par la junte birmane. [AP Photo/Khin Maung Win - Keystone]
Le célèbre comédien et humoriste birman Zarganar, connu notamment pour ses caricatures contre la junte militaire aujourd'hui dissoute, a été libéré de prison aujourd'hui dans le cadre d'une amnistie, a indiqué sa belle-soeur.
"Je lui ai parlé. Il est libre maintenant", a indiqué Ma Nyein, au lendemain de l'annonce par le nouveau régime de la libération de plus de 6300 prisonniers. Le comédien avait été arrêté et lourdement condamné après avoir organisé l'aide aux victimes du cyclone Nargis (138.000 morts et disparus) en 2008. "Les autorités vont le renvoyer par avion de Myitkyina", dans l'Etat Kachin (nord) où il était en détention.
Les autorités n'ont n'a pas diffusé de liste officielle des prisonniers libérés. Mais la sortie de Zarganar confirme que l'amnistie annoncée hier par le président Thein Sein concerne aussi des "prisonniers de conscience", une mesure réclamée publiquement par la Commission nationale des droits de l'Homme, et exigée depuis longtemps par la communauté internationale et l'opposition intérieure.
Les chancelleries occidentales estimaient jusqu'à aujourd'hui à plus de 2000 le nombre total de prisonniers politiques en Birmanie - opposants, journalistes, avocats, artistes. Depuis la libération en novembre 2010 de la détenue la plus célèbre du pays, la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, leur libération est considérée comme une condition sine qua non pour envisager la levée des sanctions occidentales en place depuis la fin des années 1990.
Dernière édition par Admin le Mer 12 Oct 2011 - 9:42, édité 1 fois
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Un an de changement en Birmanie depuis la libération d’Aung San Suu Kyi
13 novembre 2010 : libération de l’opposante Aung San Suu Kyi, après avoir passé 15 de ces 20 dernières années en prison ou en résidence surveillée. La semaine précédente, des élections législatives voient la junte militaire remporter 80 % des sièges du parlement. Ces élections ont été très critiquées par les Occidentaux qui ont dénoncé une « mascarade ».
30 mars 2011 : le gouvernement militaire birman est officiellement dissous, le général Than Shwe, au pouvoir depuis 20 ans, laisse son poste à l’ancien général Thein Sein, qui a démissionné de l’armée. La transition d’un pouvoir militaire à un pouvoir civil est en marche mais les observateurs étrangers restent très suspicieux.
10 juillet 2010 : création d’une Commission spéciale devant revoir tout l’arsenal constitutionnel du pays, les législations concernant les droits des ouvriers, des ONG, des associations… Elle a pris conseil auprès de l’Organisation internationale du travail (OIT), de l’ONU et de grandes ONG internationales.
17 août 2011 : le nouveau président Thein Sein prononce un discours fondateur devant le Parlement, évoquant les droits des citoyens, la loi, la transparence, une société harmonieuse, des réformes économiques et la préservation de l’environnement.
19 août 2011 : rencontre historique entre la Nobel de la paix 1991, l’opposante Aung San Suu Kyi, et le président Thein Sein, après une entrevue quelques semaines auparavant avec le ministre du travail, Aung Kyi. Ce dernier a travaillé comme officier de liaison entre le président et Aung San Suu Kyi. Les relations entre l’opposante politique de toujours et le nouveau pouvoir semblent se réchauffer. On a vu Aung San Suu Kyi plaisanter avec des ministres du gouvernement et le dîner offert en son honneur par la femme du président était un signe que le gouvernement était sérieux dans sa volonté de construire la réconciliation nationale.
21 au 25 août 2011 : visite du représentant spécial de l’ONU pour les droits de l’Homme, Tomas Quintana, après une interdiction d’entrer en Birmanie depuis un an. Il a pu visiter le Parlement en session, rencontrer Aung San Suu Kyi, se rendre à la prison d’Insein, où sont emprisonnés des dissidents politiques. Une première.
6 septembre 2011 : le pouvoir birman met sur pied une commission spéciale pour les droits de l’Homme, qui, selon les termes de la proposition, sera chargée de garantir les droits des citoyens. Le représentant onusien, Tomas Quintana, avait demandé au régime la création d’une telle commission lors de son séjour le mois précédent.
30 septembre 2011 : le président Thein Sein annonce la suspension de la construction d’un barrage sur le fleuve Irrawaddy, dans l’État Kachin au nord, pour « respecter la volonté du peuple », après que des environnementalistes ont critiqué le projet de trois milliards d’euros.
11 octobre 2011 : le régime annonce la libération de plus de 6 000 prisonniers, sans préciser toutefois si des prisonniers politiques, au nombre de 2 000, feraient partie de la liste des libérés. Les États-Unis saluent cette initiative.
12 octobre 2011 : les premiers prisonniers devraient sortir des prisons. Le président Thein Sein débute un voyage officiel en Inde afin de rééquilibrer les échanges vis-à-vis de la Chine.
source
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Un-an-de-changement-en-Birmanie-depuis-la-liberation-d-Aung-San-Suu-Kyi-_NG_-2011-10-11-721909
30 mars 2011 : le gouvernement militaire birman est officiellement dissous, le général Than Shwe, au pouvoir depuis 20 ans, laisse son poste à l’ancien général Thein Sein, qui a démissionné de l’armée. La transition d’un pouvoir militaire à un pouvoir civil est en marche mais les observateurs étrangers restent très suspicieux.
10 juillet 2010 : création d’une Commission spéciale devant revoir tout l’arsenal constitutionnel du pays, les législations concernant les droits des ouvriers, des ONG, des associations… Elle a pris conseil auprès de l’Organisation internationale du travail (OIT), de l’ONU et de grandes ONG internationales.
17 août 2011 : le nouveau président Thein Sein prononce un discours fondateur devant le Parlement, évoquant les droits des citoyens, la loi, la transparence, une société harmonieuse, des réformes économiques et la préservation de l’environnement.
19 août 2011 : rencontre historique entre la Nobel de la paix 1991, l’opposante Aung San Suu Kyi, et le président Thein Sein, après une entrevue quelques semaines auparavant avec le ministre du travail, Aung Kyi. Ce dernier a travaillé comme officier de liaison entre le président et Aung San Suu Kyi. Les relations entre l’opposante politique de toujours et le nouveau pouvoir semblent se réchauffer. On a vu Aung San Suu Kyi plaisanter avec des ministres du gouvernement et le dîner offert en son honneur par la femme du président était un signe que le gouvernement était sérieux dans sa volonté de construire la réconciliation nationale.
21 au 25 août 2011 : visite du représentant spécial de l’ONU pour les droits de l’Homme, Tomas Quintana, après une interdiction d’entrer en Birmanie depuis un an. Il a pu visiter le Parlement en session, rencontrer Aung San Suu Kyi, se rendre à la prison d’Insein, où sont emprisonnés des dissidents politiques. Une première.
6 septembre 2011 : le pouvoir birman met sur pied une commission spéciale pour les droits de l’Homme, qui, selon les termes de la proposition, sera chargée de garantir les droits des citoyens. Le représentant onusien, Tomas Quintana, avait demandé au régime la création d’une telle commission lors de son séjour le mois précédent.
30 septembre 2011 : le président Thein Sein annonce la suspension de la construction d’un barrage sur le fleuve Irrawaddy, dans l’État Kachin au nord, pour « respecter la volonté du peuple », après que des environnementalistes ont critiqué le projet de trois milliards d’euros.
11 octobre 2011 : le régime annonce la libération de plus de 6 000 prisonniers, sans préciser toutefois si des prisonniers politiques, au nombre de 2 000, feraient partie de la liste des libérés. Les États-Unis saluent cette initiative.
12 octobre 2011 : les premiers prisonniers devraient sortir des prisons. Le président Thein Sein débute un voyage officiel en Inde afin de rééquilibrer les échanges vis-à-vis de la Chine.
source
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Un-an-de-changement-en-Birmanie-depuis-la-liberation-d-Aung-San-Suu-Kyi-_NG_-2011-10-11-721909
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Ouverture ambiguë et réversible en Birmanie
Un des prisonniers libéré quitte mercredi de la prison d'Insein (Région de Yangon). Crédits photo : Soe Than WIN/AFP
DÉCRYPTAGE - Le régime a libéré mercredi plus de 70 prisonniers politiques dans le cadre d'une vaste amnistie. Par Florence Compain
Dans un accès de magnanimité, la dictature birmane vide ses geôles. Elle a libéré mercredi plus de 70 prisonniers politiques dans le cadre d'une vaste amnistie.
Si l'on ne peut que se réjouir de ces libérations, dont celle de Zarganar, le chansonnier aux bons mots et aux grimaces irrésistibles qui avait été enfermé en 2008 après être venu en aide aux sinistrés du typhon Nargis, c'est encore un peu court pour annoncer un «printemps birman». Dans les geôles d'Insein, de Therawaddy, de Myitkyina ou dans le redoutable centre d'interrogatoires Ye Gyi Aye, croupissent toujours 1 930 militants des droits de l'homme, journalistes, artistes et membres de la Ligue nationale pour la démocratie, le parti de la célèbre opposante Aung San Suu Kyi.
L'ordre avant tout
Ni l'ancien militant étudiant Min Ko Naing, ni le poète Ko Ko Gyi ni aucun autre dirigeant du mouvement de contestation «Génération 88» ne figure sur la liste de mercredi, remarque Bo Kyi, qui dirige l'association d'assistance aux prisonniers politiques birmans, basée en Thaïlande.
La «démocratie florissante et disciplinée» du nouveau régime de Naypyidaw semble enthousiasmer certains observateurs étrangers. Elle ne motive guère les Birmans. S'il se découvre sur le tard une âme de démocrate, le président Thein Sein est avant tout un général féru d'ordre et grand admirateur du Nord-Coréen Kim Jong-il. Ses récentes initiatives pour accéder à la reconnaissance internationale, à la levée des sanctions économiques et à la présidence tournante de l'Association des pays d'Asie du Sud-Est en 2014 sont aussi ambiguës que réversibles. Et ce qui devait être mercredi un gage de sincérité a déçu. «Ce matin, j'ai perdu confiance», a expliqué peu après avoir retrouvé la liberté le courageux Zarganar. «En ne libérant pas tous les prisonniers politiques, le gouvernement signifie qu'il ne veut pas une vraie démocratie.»
Pour approcher la vérité de cette dictature birmane si hermétique, il est judicieux de se plonger dans son histoire. Par le passé, la junte a toujours alterné les amorces d'ouverture et les répressions. Les récentes «réformes» ne traduiraient pas nécessairement la volonté du régime de changer un système qui lui a permis de se maintenir au pouvoir pendant un demi-siècle. Peut-être, au contraire, celle d'institutionnaliser et de perpétuer l'ordre présent.
http://www.lefigaro.fr/international/2011/10/12/01003-20111012ARTFIG00734-ouverture-ambigue-et-reversible-en-birmanie.php
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Les Birmans ont le droit de faire grève
Les Birmans peuvent désormais se syndiquer et faire grève, des droits dont ils étaient privés depuis un demi-siècle, grâce à une loi entrée en vigueur cette semaine et saluée par l'opposition et les Nations unies.
Le texte voté récemment par les deux chambres du parlement, qui abolit la loi sur les syndicats de 1962, est entré en vigueur après sa signature cette semaine par le nouveau président Thein Sein, ont indiqué aujourd'hui des responsables. "Les travailleurs auront le droit de former des organisations syndicales et de faire grève, en accord avec la loi", a précisé un responsable gouvernemental sous couvert de l'anonymat.
"Sur le principe, une avancée majeure"
Selon le texte, les travailleurs, à l'exception des militaires et des policiers, peuvent créer des syndicats d'un minimum de 30 membres, avec un nom et un logo. Ils peuvent également organiser une grève avec un préavis de 14 jours, en précisant notamment le nombre de participants. Est exclu de ce droit de grève le personnel de services jugés essentiels (distribution de l'eau et de l'électricité, services de santé, télécommunications, pompiers). La loi permet toutefois d'empêcher la fermeture des lieux de travail.
"Nous ne pouvons pas dire que tout soit bien dans la nouvelle loi, mais nous devons la saluer", a estimé Nyan Win, avocat et porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), parti dissous de l'opposante Aung San Suu Kyi. L'Organisation internationale du travail (OIT) s'est également félicitée. "Sur le principe (...) la loi est une avancée majeure", a estimé Steven Marshall, responsable en Birmanie de cette agence de l'ONU. Mais dans un pays où des défenseurs du droit du travail ont fini en prison, il faudra du temps pour que le changement se mette en place. "C'est une nouvelle approche et une nouvelle culture (...), nous ne verrons pas de changement immédiat du jour au lendemain", a-t-il reconnu.
Cette nouvelle loi est le dernier en date d'une série de gestes politiques forts qui se sont multipliés de la part du nouveau régime birman, au pouvoir depuis le mois de mars et la dissolution de la junte militaire. Une vaste amnistie a ainsi permis de libérer mercredi quelque 200 des 2000 prisonniers politiques du pays.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/10/14/97001-20111014FILWWW00379-les-birmans-ont-le-droit-de-faire-greve.php
Le texte voté récemment par les deux chambres du parlement, qui abolit la loi sur les syndicats de 1962, est entré en vigueur après sa signature cette semaine par le nouveau président Thein Sein, ont indiqué aujourd'hui des responsables. "Les travailleurs auront le droit de former des organisations syndicales et de faire grève, en accord avec la loi", a précisé un responsable gouvernemental sous couvert de l'anonymat.
"Sur le principe, une avancée majeure"
Selon le texte, les travailleurs, à l'exception des militaires et des policiers, peuvent créer des syndicats d'un minimum de 30 membres, avec un nom et un logo. Ils peuvent également organiser une grève avec un préavis de 14 jours, en précisant notamment le nombre de participants. Est exclu de ce droit de grève le personnel de services jugés essentiels (distribution de l'eau et de l'électricité, services de santé, télécommunications, pompiers). La loi permet toutefois d'empêcher la fermeture des lieux de travail.
"Nous ne pouvons pas dire que tout soit bien dans la nouvelle loi, mais nous devons la saluer", a estimé Nyan Win, avocat et porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), parti dissous de l'opposante Aung San Suu Kyi. L'Organisation internationale du travail (OIT) s'est également félicitée. "Sur le principe (...) la loi est une avancée majeure", a estimé Steven Marshall, responsable en Birmanie de cette agence de l'ONU. Mais dans un pays où des défenseurs du droit du travail ont fini en prison, il faudra du temps pour que le changement se mette en place. "C'est une nouvelle approche et une nouvelle culture (...), nous ne verrons pas de changement immédiat du jour au lendemain", a-t-il reconnu.
Cette nouvelle loi est le dernier en date d'une série de gestes politiques forts qui se sont multipliés de la part du nouveau régime birman, au pouvoir depuis le mois de mars et la dissolution de la junte militaire. Une vaste amnistie a ainsi permis de libérer mercredi quelque 200 des 2000 prisonniers politiques du pays.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/10/14/97001-20111014FILWWW00379-les-birmans-ont-le-droit-de-faire-greve.php
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"En Birmanie, l’échec de la "feuille de route"
"En Birmanie, l’échec de la "feuille de route"
Cet article a été initialement publié ce 13 octobre par Frédéric Debomy, président d’Info Birmanie, sur le site www.affaires-strategiques.info
"En Birmanie, l’échec de la "feuille de route vers une démocratie florissante et disciplinée"
Une fois n’est pas coutume, du nouveau semble se produire en Birmanie. Pour la première fois, le dialogue entamé par la dictature avec la principale figure du mouvement démocratique, Aung San Suu Kyi, semble pouvoir être autre chose qu’une opération de communication. Le régime a récemment gelé un projet de barrage controversé sur le fleuve Irrawaddy, au risque de se mettre à dos l’allié chinois, et invité le Fonds Monétaire International (FMI) à se rendre en Birmanie pour l’aider à moderniser son système monétaire. Enfin, la censure des médias semble se relâcher. Ces initiatives s’expliquent-elles par les évolutions structurelles du pouvoir birman, mises en oeuvre à l’issue des élections contestables de novembre 2010 ? À un pouvoir nettement centralisé tenu par la ligne dure du régime s’est substituée une structure de pouvoir plus complexe, où semblent désormais cohabiter réformateurs et conservateurs. À-t-on dès lors eu tort de considérer la "feuille de route" des généraux birmans "vers une démocratie florissante et disciplinée" (dont les élections constituaient la cinquième étape) comme un processus uniquement destiné à maintenir le statu quo ? L’on peut émettre l’hypothèse suivante : les échecs répétés du régime à vaincre son opposition et à normaliser ses relations avec la communauté internationale ont pu contribuer à le faire évoluer.
La mise en oeuvre de la "feuille de route vers une démocratie florissante et disciplinée"
Le 30 août 2003, le régime militaire birman annonçait la mise en oeuvre de sa "feuille de route vers la démocratie" en sept étapes. Deux mois plus tôt, le 30 mai, le convoi de la dissidente Aung San Suu Kyi, alors en tournée politique dans le nord du pays, avait été violemment attaqué par des forces dépêchées par la dictature. La dirigeante de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) avait alors été placée en détention à la prison d’Insein avant d’être assignée à résidence pour la troisième fois. Comment expliquer qu’un régime capable de massacrer les partisans de la "Dame"(1) puisse ensuite si rapidement annoncer sa volonté d’évoluer vers la démocratie ? Le soupçon que cette annonce ait été faite dans le but d’atténuer la pression internationale s’imposait d’évidence. En réaction à l’attaque du 30 mai, les États-Unis venaient de renforcer leurs sanctions et le Japon de suspendre son aide.
Tout portait donc à croire qu’il s’agissait d’une énième manoeuvre dilatoire d’un régime coutumier des tactiques de diversion. Par la suite, aucun fait n’a semblé démentir cette analyse.
Loin d’être indifférent aux réactions de la communauté internationale, comme cela a souvent été dit et écrit, le régime a semblé vouloir jouer du temps long, dans une perspective d’épuisement des résistances à son règne.
Aung Lynn Htut, qui travailla comme officier du contre-espionnage birman à l’ambassade de Washington avant de demander et d’obtenir l’asile politique en 2005, nous confirme cette attention du régime aux réactions du monde extérieur : "Jusqu’en 2000, les dirigeants ne comprenaient pas grand-chose aux relations internationales. Ils faisaient juste ce qu’ils voulaient dans leur pays et ne se préoccupaient guère de ce que l’on pouvait en penser. Ils ne prêtaient pas attention [...] à l’image de leur gouvernement dans l’arène internationale. [...] A partir de 1997 environ, la situation des droits de l’Homme en Birmanie a attiré l’attention des Nations unies de façon accrue. C’est à peu près à ce moment que [Than Shwe, le dirigeant du régime,] a commencé à réfléchir à la façon de résoudre ce problème. En conséquence, une stratégie a été développée avec l’aide de Joseph Verner Reed, un célèbre politicien américain, dans le but de recueillir du soutien au sein de la communauté internationale."(2)
Conscient de ce problème d’image, le régime a multiplié les réformes cosmétiques et les promesses non tenues, remettant toujours au lendemain une ouverture qui se faisait attendre.
Mais cette tactique du temps long, loin de ne viser que la communauté internationale, semblait aussi à usage interne. N’allait-elle pas, progressivement, épuiser les résistances ?
Cette stratégie a pu sembler porter ses fruits à l’approche des élections de novembre 2010. Fatiguées d’un dossier qui semblait ne pas devoir évoluer, de nombreuses diplomaties qui avaient soutenu le mouvement démocratique semblaient alors prêtes à considérer des élections qui n’avaient rien de libres ni d’équitables comme un progrès suffisant.
Mais c’est aussi, et surtout, vis-à-vis de l’opposition démocratique que cette stratégie pouvait sembler efficace. En obligeant la LND à un choix cornélien (exclure Aung San Suu Kyi, alors en résidence surveillée, de ses instances ou être contrainte à la dissolution), le régime s’est habilement employé à diviser l’opposition. Devant le refus de leur parti de prendre part aux élections, certains membres de la LND ont alors décidé de fonder un parti concurrent : la Force Démocratique Nationale (National Democratic Force, NDF).
Le chercheur Renaud Egreteau pouvait dès lors écrire : "Les élections de 2010 ont [...] accentué les profondes divisions existant au sein de l’opposition démocratique. Celle-ci ne pourra pas s’unir autour de la pourtant charismatique Suu Kyi et de sa formation historique, la LND, désormais illégale. A la faveur du dernier scrutin, d’autres forces démocratiques sont apparues : celles qui ont refusé le boycott et se sont détachées des consignes de Mme Suu Kyi pour participer au jeu électoral proposé par la junte." Ainsi pouvait-on désormais opposer aux "idéalistes" de la LND une nouvelle opposition "pragmatique", formée des élus de novembre 2010. L’opposition apparaissait "désormais ouvertement multiple et moins dépendante de Mme Suu Kyi." Dès lors, cette dernière peinerait "à transformer l’élan populaire qu’elle [suscitait] depuis sa troisième libération en une stratégie unificatrice et efficace [...]."(3)
L’échec de la "feuille de route"
Les événements de novembre 2010 - organisation des élections et libération d’Aung San Suu Kyi six jours après la tenue du scrutin - ne parvinrent pourtant pas à normaliser les relations du régime avec la communauté internationale.
Le 6 décembre 2010, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon exprimait son souhait de voir le régime mettre en oeuvre une transition politique incluant ceux qui n’avaient pas participé aux élections et demandait la libération des prisonniers politiques. Dans les mois suivants, les différentes agences de l’ONU (le Programme des Nations unies pour le développement, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, l’Organisation internationale du travail et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) ne cessèrent de critiquer le régime, jugé responsable de violations systématiques des droits de l’homme et accusé de porter atteinte aux libertés fondamentales de sa population. Le régime fut encore vivement critiqué lors de l’Assemblée générale des Nations unies et de la tenue de son Conseil des droits de l’Homme.
Les sanctions des pays occidentaux ne furent pas non plus levées. Estimant que les élections n’avaient eu aucun effet tangible en terme de réforme démocratique, ni permis que cesse le harcèlement des opposants au régime, les États-Unis prévenaient dès février 2011 que les sanctions resteraient en place. En avril, l’Union européenne prolongeait d’un an la plupart des mesures précédemment adoptées, se contentant de lever les interdictions de visas et gels des avoirs bancaires visant certains officiels.
Le projet de mise sur pied d’une commission d’enquête sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en Birmanie faisait en outre son chemin au sein des Nations unies, ralliant seize pays.
Enfin, la volonté du régime d’occuper la présidence tournante de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) en 2014 se heurta à l’hésitation des États membres de l’organisation. Le 18 avril, le secrétaire général de l’organisation, Surin Pitsuwan, déclara que la décision de l’ASEAN quant à la requête du régime pourrait être en grande partie déterminée par le regard porté par les États-Unis sur la question. Le lendemain, le porte-parole du département d’état américain précisait que l’administration Obama serait réticente à travailler avec l’ASEAN si le régime birman, connu pour son triste bilan en termes de démocratie et de respect des droits de l’homme, en prenait la direction.
Le régime peinait donc à obtenir la reconnaissance internationale tant espérée.
Sur le plan intérieur, sa victoire n’était pas plus évidente.
La LND, bien que devenue illégale pour avoir refusé d’exclure Aung San Suu Kyi de ses instances, avait décidé d’imposer son existence. Ce coup de force du parti, qui s’employait à fonctionner comme aurait fonctionné un parti autorisé, mettait le régime au pied du mur : s’il réprimait ses membres, décidant par exemple de priver de nouveau Aung San Suu Kyi de liberté, ce serait à coup sûr la levée de boucliers internationale ; s’il laissait la dissidente libre d’agir, elle retrouvait son rôle central dans la politique birmane. Restait l’intimidation : par deux fois, la presse de propagande du régime menaça Aung San Suu Kyi et la LND de "connaître une fin tragique" s’ils persistaient à ne pas demander la levée des sanctions ou à vouloir rencontrer leurs sympathisants en province. Le régime tenta aussi d’isoler la LND en mettant en garde les partis ayant participé aux élections contre l’illégalité qu’il y aurait à entretenir des relations avec elle.
Le mouvement démocratique emmené par Aung San Suu Kyi avait été décrit par des experts toujours prompts à le juger dépassé, comme marginalisé au profit d’une opposition moderne et pragmatique emmenée par la NDF, scission de la LND, et le Parti Démocratique (Democratic Party, DP, également présent aux élections). Il n’en a rien été : le rôle d’Aung San Suu Kyi est demeuré incontournable et des relations fructueuses se sont nouées entre la LND et d’autres groupes politiques entrés au Parlement, issus de minorités nationales.
Le dernier échec du régime birman concernait la question des minorités nationales (un gros tiers de la population du pays). De longue date, la dictature birmane a justifié le fait de rester au pouvoir par la nécessité de maintenir l’unité de la nation. Les militaires se sont ainsi définis comme les seuls à même de garantir la stabilité d’un pays qui, sans eux, connaîtrait l’éclatement observé dans les Balkans. Le régime espérait ainsi que sa "feuille de route" aboutirait à une pacification des conflits armés opposant à l’armée régulière de nombreuses rébellions issues des minorités. Il n’en a rien été. La Constitution de 2008 (troisième étape de la "feuille de route") n’a pas été acceptée par de nombreux groupes représentant les minorités dans la mesure où elle ne répondait pas à la volonté de ces dernières de voir se constituer en Birmanie un État non seulement démocratique, mais aussi fédéral. La volonté du régime de soumettre les groupes armés ethniques signataires d’accords de cessez-le-feu à la hiérarchie militaire birmane (les transformant ainsi en gardes frontaliers) amena en outre une grande partie d’entre eux à reprendre les armes. Ainsi, la "feuille de route" du régime, loin d’aboutir à une pacification des conflits armés, les raviva.
Une situation incertaine
Cette somme d’échecs peut peut-être contribuer à expliquer le récent changement d’attitude du régime birman. En somme, sa stratégie du temps long n’a abouti à aucun des résultats escomptés. Il est cependant difficile de déterminer précisément les raisons qui ont poussé le président Thein Sein à entreprendre les évolutions observées. D’une part, le passif de Thein Sein (quatorze années passées au sein de la direction de la dictature, dont quatre comme Premier ministre) ne semblait pas le prédisposer à la réforme. D’autre part, des doutes subsistent sur le rôle éventuellement joué par Than Shwe, l’ancien dictateur, dans l’ombre du pouvoir officiel. Thein Sein s’est-il émancipé de son mentor ou, au contraire, obéit-il toujours à ses ordres ? Dans tous les cas, Thein Sein semble bien appartenir au camp des réformateurs du nouveau régime (au contraire de l’un de ses vice-présidents, Tin Aung Myint Oo). Aung San Suu Kyi elle-même le juge acquis à la réforme. Pour elle, la question est de savoir s’il pourra la mener à bien. En somme, Thein Sein bénéficie-t-il au sein du nouveau régime d’une masse critique de soutiens lui permettant de poursuivre l’effort entrepris, ou faut-il craindre que la "ligne dure" du régime ne l’empêche d’aller trop loin ?
Instruits par l’expérience, certains observateurs souhaitent rappeler que le régime s’est de longue date prêté aux opérations de relations publiques. S’ils donnent parfois l’impression d’avoir du mal à se départir d’une grille de lecture ancienne (qui voudrait que les réformes entreprises par le régime ne puissent jamais être autre chose que de la poudre aux yeux), leur vigilance est salutaire. Ils rappellent notamment que la volonté du régime d’occuper le siège de l’ASEAN en 2014 peut être l’un des motifs d’une évolution dont il n’est pas dit qu’elle soit irréversible. On pourra, certes, y opposer le fait qu’on voit mal ce que Thein Sein pourrait gagner à geler le projet de barrage Myitsone sur le fleuve Irrawaddy, qui revêt une certaine importance pour la Chine. Ce projet de barrage controversé a été l’objet de la mobilisation récente des activistes birmans. Pour autant, on imagine mal que le régime birman puisse prendre le risque de se mettre à dos l’allié chinois (son grand protecteur sur la scène internationale et notamment au Conseil de sécurité de l’ONU grâce à son droit de veto) aux seules fins d’éviter un soulèvement populaire qui demeure hypothétique. En somme il faut, avec Aung San Suu Kyi, accorder à Thein Sein le bénéfice du doute. Cela n’oblige pas à penser qu’il soit devenu un démocrate convaincu : il est possible que les réformes entreprises aient eu pour but de marquer le pouvoir du nouveau président vis-à-vis de rivaux potentiels. Les progrès observés seraient ainsi l’effet de luttes au sein du pouvoir.
Mais il faut aussi rappeller quelques faits incontournables : à l’heure où le dialogue politique se poursuit entre le régime et la dissidente, les violences commises par l’armée birmane n’ont en rien cessé dans l’Est et le Nord du pays. Les soldats birmans ne se contentent pas de combattre les groupes armés issus des minorités qui s’opposent à eux : ils violent, torturent et tuent des populations civiles qu’ils soumettent aussi au travail forcé - comme ils l’ont toujours fait.
Le régime persiste en outre dans son refus de considérer les Rohingya (une minorité musulmane de Birmanie) comme des nationaux. Ceux-ci demeurent des apatrides dans leur propre pays.
Enfin, l’amnistie attendue d’un grand nombre de prisonniers politiques s’est soldée le 12 octobre par un constat décevant : si des activistes de premier plan, tels le comédien Zaganar ou la syndicaliste Su Su Nway, ont retrouvé la liberté, la plupart (dont Min Ko Naing) sont encore derrière les barreaux. Interrogeant ce tri sélectif, Zaganar a exprimé son scepticisme quant à la volonté du régime de procéder à de véritables évolutions démocratiques.
Comment parler de progrès en Birmanie tant que de telles exactions et violations des droits fondamentaux des populations se poursuivent ? Tant que le régime de Thein Sein n’aura pas mis un terme à de tels agissements, et tant que les négociations entre le régime et les rebellions armées n’auront pas abouti à un cessez-le-feu, il sera trop tôt pour s’enthousiasmer des progrès de la situation politique dans ce pays.
(1) Le bilan du massacre de Depayin (du nom de la localité où les événements eurent lieu) est évoqué par Thierry Falise dans son livre "Aung San Suu Kyi. Le jasmin ou la lune", Florent Massot, 2007 (2) "The Role of the Third Force in the Junta’s Diplomatic Offensive", The Irrawaddy, 5 avril 2011 (3) "Junte birmane cherche habits civils", Le Monde diplomatique, décembre 2010. Dans cet article Renaud Égreteau s’intéresse ,par ailleurs à raison, aux évolutions structurelles du pouvoir birman.
*Frédéric Debomy a coordonné le livre "Résistances, pour une Birmanie libre" (Aung San Suu Kyi, Stéphane Hessel et Info Birmanie) aux éditions Don Quichotte.
Birmanie : Les conflits armés continuent dans l'État Kachin
Les informations provenant d’organisations kachin telles que la Kachin Relief Action Network for IDPs and Refugees (RANIR) et la Kachin Women Association Thailand (KWAT), indiquent qu’une augmentation des attaques de l'armée birmane à l’encontre des civils de cette région, au moment même où le régime birman affirme s’engager dans des pourparlers de paix et un processus de réconciliation nationale.
[14 Octobre 2011]
En juin dernier, le régime avait lancé une offensive contre la Kachin Independence Army (KIA), rompant ainsi un cessez-le-feu vieux de 17 ans. Durant les deux derniers mois, l’armée birmane a attaqué de façon répétée des villages dans l’État Kachin. De nombreux civils ont été soumis au travail forcé, violés, torturés et tués. Plus de 20 000 civils ont été forcés à fuir leurs villages en conséquence de ces attaques.
Selon la Kachin Women’s Association Thailand (KWAT), les atrocités commises envers les civils, particulièrement envers les femmes et les enfants, sont en augmentation depuis ces derniers mois. En septembre, l’armée gouvernementale a déployé 1000 soldats de 9 bataillons différents pour s’emparer de bastions kachin dans le Nord de l’État Shan, au Nord Est du pays. L’organisation de femmes a récemment publié un rapport intitulé “La guerre cachée de Birmanie: les atrocités commises contre le peuple kachin” (Burma's Covered Up War: Atrocities Against the Kachin) qui documente les atrocités commises par l’armée birmane depuis la rupture de l’accord de cessez-le-feu avec la KIA le 9 juin dernier. 37 femmes et fillettes ont été victimes de viol au cours des deux premiers mois du conflit ; 13 d’entre elles ont été assassinées. Au cours du mois de septembre, d’autres cas de viols ont été répertoriés. Certaines femmes ont subi des viols collectifs, auxquels les membres de leurs familles ont été forcés d’assister.
L'augmentation des attaques dans l'Etat Kachin est en parfaite contradiction avec les discours du gouvernement sur la paix et la réconciliation nationale, ainsi qu’avec les signes de changements observés dans le domaine politique. Info Birmanie accueille favorablement l’ouverture d’un dialogue entre les autorités birmanes et Aung San Suu Kyi, la récente décision du Président Thein Sein de suspendre le barrage Myitsone, sa proposition de mettre en place des négociations de paix avec les groupes armés ethniques ainsi que la perspective d'une amnistie générale pour les prisonniers politiques. Nous encourageons le Président Thein Sein à continuer sur cette voie et appelons la communauté internationale à répondre de manière positive et adéquate, si des changements substantiels et irréversibles ont bien lieu. Cependant, si le régime compte véritablement mettre fin aux terribles violations des droits de l’homme dans les régions ethniques, les discours sur la paix et l’unité doivent êtres suivis par des actions concrètes.
Nous demandons instamment à l'armée de cesser ses attaques à l’encontre des populations civiles dans l’État Kachin, de mettre fin à sa campagne de terreur dans tous les États ethniques, et de s'engager dans un dialogue constructif avec les groupes issus des minorités ethniques pour mettre un terme à des décennies de guerre civile et de souffrance en Birmanie. Nous appelons également la communauté internationale à fournir une aide humanitaire d'urgence aux dizaines de milliers de déplacés Kachin le long de la frontière chinoise. Alors que de nombreuses voix s’élèvent à propos d’une possibilité de changement en Birmanie, il est temps de saisir cette opportunité pour soutenir concrètement la population birmane dans ses efforts de paix, de démocratisation et de réconciliation nationale.
La KWAT appelle la communauté internationale à mettre un terme à sa politique attentiste et à faire pression sur les autorités birmanes afin qu’elles cessent les attaques armées et apportent d’urgence une aide humanitaire aux déplacés kachin. “C’est cette politique attentiste qui a permis au régime d’enclencher ces nouvelles attaques. C’est elle qui permet à l’armée birmane de continuer à attaquer les femmes et les enfants. Cette politique attentiste équivaut à une peine de mort pour nous” a déclaré Shirley Seng, porte-parole de la KWAT.
Info Birmanie
source http://www.icrainternational.org/actualites/888
L'Inde reçoit le président birman
L'Inde a déroulé le tapis rouge aujourd'hui pour accueillir le président birman Thein Sein, venu intensifier ses relations avec un voisin riche en ressources naturelles et contrebalancer un peu l'omniprésence de la Chine.
L'ancien général devenu président du nouveau régime "civil" est arrivé mercredi en Inde et a visité plusieurs lieux de pèlerinage bouddhistes, avant l'étape officielle dans la capitale indienne. Il s'est entretenu avec le premier ministre indien Manmohan Singh.
L'Inde a recommencé à discuter avec la junte birmane au milieu des années 90, à propos des questions de sécurité et d'énergie, ce qui lui avait valu de vives critiques au niveau international, notamment de la part des États-Unis. Mais New Delhi estime que son approche était la bonne, en y voyant pour preuve les récentes réformes du gouvernement.
Le nouveau régime birman, au pouvoir depuis le mois de mars et la dissolution de la junte militaire, vient de procéder à une série de gestes politiques forts. En deux semaines, le pouvoir a suspendu un projet de barrage controversé qui devait être construit par les Chinois, a libéré 6300 prisonniers, dont 200 politiques (sur les 2000 que compte le pays) et a autorisé les Birmans à se syndiquer et faire grève.
Les échanges commerciaux entre l'Inde et la Birmanie s'élevaient à 1,2 milliard de dollars (872 millions d'euros) en 2010, soit près de quatre fois moins que les échanges entre la Chine et la Birmanie (4,4 milliards de dollars). La Chine, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, est une alliée indéfectible de Naypyidaw depuis des décennies. En échange de sa protection, Pékin a notamment accès aux importantes ressources minières et énergétiques de la Birmanie.
AFP
Cet article a été initialement publié ce 13 octobre par Frédéric Debomy, président d’Info Birmanie, sur le site www.affaires-strategiques.info
"En Birmanie, l’échec de la "feuille de route vers une démocratie florissante et disciplinée"
Une fois n’est pas coutume, du nouveau semble se produire en Birmanie. Pour la première fois, le dialogue entamé par la dictature avec la principale figure du mouvement démocratique, Aung San Suu Kyi, semble pouvoir être autre chose qu’une opération de communication. Le régime a récemment gelé un projet de barrage controversé sur le fleuve Irrawaddy, au risque de se mettre à dos l’allié chinois, et invité le Fonds Monétaire International (FMI) à se rendre en Birmanie pour l’aider à moderniser son système monétaire. Enfin, la censure des médias semble se relâcher. Ces initiatives s’expliquent-elles par les évolutions structurelles du pouvoir birman, mises en oeuvre à l’issue des élections contestables de novembre 2010 ? À un pouvoir nettement centralisé tenu par la ligne dure du régime s’est substituée une structure de pouvoir plus complexe, où semblent désormais cohabiter réformateurs et conservateurs. À-t-on dès lors eu tort de considérer la "feuille de route" des généraux birmans "vers une démocratie florissante et disciplinée" (dont les élections constituaient la cinquième étape) comme un processus uniquement destiné à maintenir le statu quo ? L’on peut émettre l’hypothèse suivante : les échecs répétés du régime à vaincre son opposition et à normaliser ses relations avec la communauté internationale ont pu contribuer à le faire évoluer.
La mise en oeuvre de la "feuille de route vers une démocratie florissante et disciplinée"
Le 30 août 2003, le régime militaire birman annonçait la mise en oeuvre de sa "feuille de route vers la démocratie" en sept étapes. Deux mois plus tôt, le 30 mai, le convoi de la dissidente Aung San Suu Kyi, alors en tournée politique dans le nord du pays, avait été violemment attaqué par des forces dépêchées par la dictature. La dirigeante de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) avait alors été placée en détention à la prison d’Insein avant d’être assignée à résidence pour la troisième fois. Comment expliquer qu’un régime capable de massacrer les partisans de la "Dame"(1) puisse ensuite si rapidement annoncer sa volonté d’évoluer vers la démocratie ? Le soupçon que cette annonce ait été faite dans le but d’atténuer la pression internationale s’imposait d’évidence. En réaction à l’attaque du 30 mai, les États-Unis venaient de renforcer leurs sanctions et le Japon de suspendre son aide.
Tout portait donc à croire qu’il s’agissait d’une énième manoeuvre dilatoire d’un régime coutumier des tactiques de diversion. Par la suite, aucun fait n’a semblé démentir cette analyse.
Loin d’être indifférent aux réactions de la communauté internationale, comme cela a souvent été dit et écrit, le régime a semblé vouloir jouer du temps long, dans une perspective d’épuisement des résistances à son règne.
Aung Lynn Htut, qui travailla comme officier du contre-espionnage birman à l’ambassade de Washington avant de demander et d’obtenir l’asile politique en 2005, nous confirme cette attention du régime aux réactions du monde extérieur : "Jusqu’en 2000, les dirigeants ne comprenaient pas grand-chose aux relations internationales. Ils faisaient juste ce qu’ils voulaient dans leur pays et ne se préoccupaient guère de ce que l’on pouvait en penser. Ils ne prêtaient pas attention [...] à l’image de leur gouvernement dans l’arène internationale. [...] A partir de 1997 environ, la situation des droits de l’Homme en Birmanie a attiré l’attention des Nations unies de façon accrue. C’est à peu près à ce moment que [Than Shwe, le dirigeant du régime,] a commencé à réfléchir à la façon de résoudre ce problème. En conséquence, une stratégie a été développée avec l’aide de Joseph Verner Reed, un célèbre politicien américain, dans le but de recueillir du soutien au sein de la communauté internationale."(2)
Conscient de ce problème d’image, le régime a multiplié les réformes cosmétiques et les promesses non tenues, remettant toujours au lendemain une ouverture qui se faisait attendre.
Mais cette tactique du temps long, loin de ne viser que la communauté internationale, semblait aussi à usage interne. N’allait-elle pas, progressivement, épuiser les résistances ?
Cette stratégie a pu sembler porter ses fruits à l’approche des élections de novembre 2010. Fatiguées d’un dossier qui semblait ne pas devoir évoluer, de nombreuses diplomaties qui avaient soutenu le mouvement démocratique semblaient alors prêtes à considérer des élections qui n’avaient rien de libres ni d’équitables comme un progrès suffisant.
Mais c’est aussi, et surtout, vis-à-vis de l’opposition démocratique que cette stratégie pouvait sembler efficace. En obligeant la LND à un choix cornélien (exclure Aung San Suu Kyi, alors en résidence surveillée, de ses instances ou être contrainte à la dissolution), le régime s’est habilement employé à diviser l’opposition. Devant le refus de leur parti de prendre part aux élections, certains membres de la LND ont alors décidé de fonder un parti concurrent : la Force Démocratique Nationale (National Democratic Force, NDF).
Le chercheur Renaud Egreteau pouvait dès lors écrire : "Les élections de 2010 ont [...] accentué les profondes divisions existant au sein de l’opposition démocratique. Celle-ci ne pourra pas s’unir autour de la pourtant charismatique Suu Kyi et de sa formation historique, la LND, désormais illégale. A la faveur du dernier scrutin, d’autres forces démocratiques sont apparues : celles qui ont refusé le boycott et se sont détachées des consignes de Mme Suu Kyi pour participer au jeu électoral proposé par la junte." Ainsi pouvait-on désormais opposer aux "idéalistes" de la LND une nouvelle opposition "pragmatique", formée des élus de novembre 2010. L’opposition apparaissait "désormais ouvertement multiple et moins dépendante de Mme Suu Kyi." Dès lors, cette dernière peinerait "à transformer l’élan populaire qu’elle [suscitait] depuis sa troisième libération en une stratégie unificatrice et efficace [...]."(3)
L’échec de la "feuille de route"
Les événements de novembre 2010 - organisation des élections et libération d’Aung San Suu Kyi six jours après la tenue du scrutin - ne parvinrent pourtant pas à normaliser les relations du régime avec la communauté internationale.
Le 6 décembre 2010, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon exprimait son souhait de voir le régime mettre en oeuvre une transition politique incluant ceux qui n’avaient pas participé aux élections et demandait la libération des prisonniers politiques. Dans les mois suivants, les différentes agences de l’ONU (le Programme des Nations unies pour le développement, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, l’Organisation internationale du travail et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) ne cessèrent de critiquer le régime, jugé responsable de violations systématiques des droits de l’homme et accusé de porter atteinte aux libertés fondamentales de sa population. Le régime fut encore vivement critiqué lors de l’Assemblée générale des Nations unies et de la tenue de son Conseil des droits de l’Homme.
Les sanctions des pays occidentaux ne furent pas non plus levées. Estimant que les élections n’avaient eu aucun effet tangible en terme de réforme démocratique, ni permis que cesse le harcèlement des opposants au régime, les États-Unis prévenaient dès février 2011 que les sanctions resteraient en place. En avril, l’Union européenne prolongeait d’un an la plupart des mesures précédemment adoptées, se contentant de lever les interdictions de visas et gels des avoirs bancaires visant certains officiels.
Le projet de mise sur pied d’une commission d’enquête sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en Birmanie faisait en outre son chemin au sein des Nations unies, ralliant seize pays.
Enfin, la volonté du régime d’occuper la présidence tournante de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) en 2014 se heurta à l’hésitation des États membres de l’organisation. Le 18 avril, le secrétaire général de l’organisation, Surin Pitsuwan, déclara que la décision de l’ASEAN quant à la requête du régime pourrait être en grande partie déterminée par le regard porté par les États-Unis sur la question. Le lendemain, le porte-parole du département d’état américain précisait que l’administration Obama serait réticente à travailler avec l’ASEAN si le régime birman, connu pour son triste bilan en termes de démocratie et de respect des droits de l’homme, en prenait la direction.
Le régime peinait donc à obtenir la reconnaissance internationale tant espérée.
Sur le plan intérieur, sa victoire n’était pas plus évidente.
La LND, bien que devenue illégale pour avoir refusé d’exclure Aung San Suu Kyi de ses instances, avait décidé d’imposer son existence. Ce coup de force du parti, qui s’employait à fonctionner comme aurait fonctionné un parti autorisé, mettait le régime au pied du mur : s’il réprimait ses membres, décidant par exemple de priver de nouveau Aung San Suu Kyi de liberté, ce serait à coup sûr la levée de boucliers internationale ; s’il laissait la dissidente libre d’agir, elle retrouvait son rôle central dans la politique birmane. Restait l’intimidation : par deux fois, la presse de propagande du régime menaça Aung San Suu Kyi et la LND de "connaître une fin tragique" s’ils persistaient à ne pas demander la levée des sanctions ou à vouloir rencontrer leurs sympathisants en province. Le régime tenta aussi d’isoler la LND en mettant en garde les partis ayant participé aux élections contre l’illégalité qu’il y aurait à entretenir des relations avec elle.
Le mouvement démocratique emmené par Aung San Suu Kyi avait été décrit par des experts toujours prompts à le juger dépassé, comme marginalisé au profit d’une opposition moderne et pragmatique emmenée par la NDF, scission de la LND, et le Parti Démocratique (Democratic Party, DP, également présent aux élections). Il n’en a rien été : le rôle d’Aung San Suu Kyi est demeuré incontournable et des relations fructueuses se sont nouées entre la LND et d’autres groupes politiques entrés au Parlement, issus de minorités nationales.
Le dernier échec du régime birman concernait la question des minorités nationales (un gros tiers de la population du pays). De longue date, la dictature birmane a justifié le fait de rester au pouvoir par la nécessité de maintenir l’unité de la nation. Les militaires se sont ainsi définis comme les seuls à même de garantir la stabilité d’un pays qui, sans eux, connaîtrait l’éclatement observé dans les Balkans. Le régime espérait ainsi que sa "feuille de route" aboutirait à une pacification des conflits armés opposant à l’armée régulière de nombreuses rébellions issues des minorités. Il n’en a rien été. La Constitution de 2008 (troisième étape de la "feuille de route") n’a pas été acceptée par de nombreux groupes représentant les minorités dans la mesure où elle ne répondait pas à la volonté de ces dernières de voir se constituer en Birmanie un État non seulement démocratique, mais aussi fédéral. La volonté du régime de soumettre les groupes armés ethniques signataires d’accords de cessez-le-feu à la hiérarchie militaire birmane (les transformant ainsi en gardes frontaliers) amena en outre une grande partie d’entre eux à reprendre les armes. Ainsi, la "feuille de route" du régime, loin d’aboutir à une pacification des conflits armés, les raviva.
Une situation incertaine
Cette somme d’échecs peut peut-être contribuer à expliquer le récent changement d’attitude du régime birman. En somme, sa stratégie du temps long n’a abouti à aucun des résultats escomptés. Il est cependant difficile de déterminer précisément les raisons qui ont poussé le président Thein Sein à entreprendre les évolutions observées. D’une part, le passif de Thein Sein (quatorze années passées au sein de la direction de la dictature, dont quatre comme Premier ministre) ne semblait pas le prédisposer à la réforme. D’autre part, des doutes subsistent sur le rôle éventuellement joué par Than Shwe, l’ancien dictateur, dans l’ombre du pouvoir officiel. Thein Sein s’est-il émancipé de son mentor ou, au contraire, obéit-il toujours à ses ordres ? Dans tous les cas, Thein Sein semble bien appartenir au camp des réformateurs du nouveau régime (au contraire de l’un de ses vice-présidents, Tin Aung Myint Oo). Aung San Suu Kyi elle-même le juge acquis à la réforme. Pour elle, la question est de savoir s’il pourra la mener à bien. En somme, Thein Sein bénéficie-t-il au sein du nouveau régime d’une masse critique de soutiens lui permettant de poursuivre l’effort entrepris, ou faut-il craindre que la "ligne dure" du régime ne l’empêche d’aller trop loin ?
Instruits par l’expérience, certains observateurs souhaitent rappeler que le régime s’est de longue date prêté aux opérations de relations publiques. S’ils donnent parfois l’impression d’avoir du mal à se départir d’une grille de lecture ancienne (qui voudrait que les réformes entreprises par le régime ne puissent jamais être autre chose que de la poudre aux yeux), leur vigilance est salutaire. Ils rappellent notamment que la volonté du régime d’occuper le siège de l’ASEAN en 2014 peut être l’un des motifs d’une évolution dont il n’est pas dit qu’elle soit irréversible. On pourra, certes, y opposer le fait qu’on voit mal ce que Thein Sein pourrait gagner à geler le projet de barrage Myitsone sur le fleuve Irrawaddy, qui revêt une certaine importance pour la Chine. Ce projet de barrage controversé a été l’objet de la mobilisation récente des activistes birmans. Pour autant, on imagine mal que le régime birman puisse prendre le risque de se mettre à dos l’allié chinois (son grand protecteur sur la scène internationale et notamment au Conseil de sécurité de l’ONU grâce à son droit de veto) aux seules fins d’éviter un soulèvement populaire qui demeure hypothétique. En somme il faut, avec Aung San Suu Kyi, accorder à Thein Sein le bénéfice du doute. Cela n’oblige pas à penser qu’il soit devenu un démocrate convaincu : il est possible que les réformes entreprises aient eu pour but de marquer le pouvoir du nouveau président vis-à-vis de rivaux potentiels. Les progrès observés seraient ainsi l’effet de luttes au sein du pouvoir.
Mais il faut aussi rappeller quelques faits incontournables : à l’heure où le dialogue politique se poursuit entre le régime et la dissidente, les violences commises par l’armée birmane n’ont en rien cessé dans l’Est et le Nord du pays. Les soldats birmans ne se contentent pas de combattre les groupes armés issus des minorités qui s’opposent à eux : ils violent, torturent et tuent des populations civiles qu’ils soumettent aussi au travail forcé - comme ils l’ont toujours fait.
Le régime persiste en outre dans son refus de considérer les Rohingya (une minorité musulmane de Birmanie) comme des nationaux. Ceux-ci demeurent des apatrides dans leur propre pays.
Enfin, l’amnistie attendue d’un grand nombre de prisonniers politiques s’est soldée le 12 octobre par un constat décevant : si des activistes de premier plan, tels le comédien Zaganar ou la syndicaliste Su Su Nway, ont retrouvé la liberté, la plupart (dont Min Ko Naing) sont encore derrière les barreaux. Interrogeant ce tri sélectif, Zaganar a exprimé son scepticisme quant à la volonté du régime de procéder à de véritables évolutions démocratiques.
Comment parler de progrès en Birmanie tant que de telles exactions et violations des droits fondamentaux des populations se poursuivent ? Tant que le régime de Thein Sein n’aura pas mis un terme à de tels agissements, et tant que les négociations entre le régime et les rebellions armées n’auront pas abouti à un cessez-le-feu, il sera trop tôt pour s’enthousiasmer des progrès de la situation politique dans ce pays.
(1) Le bilan du massacre de Depayin (du nom de la localité où les événements eurent lieu) est évoqué par Thierry Falise dans son livre "Aung San Suu Kyi. Le jasmin ou la lune", Florent Massot, 2007 (2) "The Role of the Third Force in the Junta’s Diplomatic Offensive", The Irrawaddy, 5 avril 2011 (3) "Junte birmane cherche habits civils", Le Monde diplomatique, décembre 2010. Dans cet article Renaud Égreteau s’intéresse ,par ailleurs à raison, aux évolutions structurelles du pouvoir birman.
*Frédéric Debomy a coordonné le livre "Résistances, pour une Birmanie libre" (Aung San Suu Kyi, Stéphane Hessel et Info Birmanie) aux éditions Don Quichotte.
Birmanie : Les conflits armés continuent dans l'État Kachin
Les informations provenant d’organisations kachin telles que la Kachin Relief Action Network for IDPs and Refugees (RANIR) et la Kachin Women Association Thailand (KWAT), indiquent qu’une augmentation des attaques de l'armée birmane à l’encontre des civils de cette région, au moment même où le régime birman affirme s’engager dans des pourparlers de paix et un processus de réconciliation nationale.
[14 Octobre 2011]
En juin dernier, le régime avait lancé une offensive contre la Kachin Independence Army (KIA), rompant ainsi un cessez-le-feu vieux de 17 ans. Durant les deux derniers mois, l’armée birmane a attaqué de façon répétée des villages dans l’État Kachin. De nombreux civils ont été soumis au travail forcé, violés, torturés et tués. Plus de 20 000 civils ont été forcés à fuir leurs villages en conséquence de ces attaques.
Selon la Kachin Women’s Association Thailand (KWAT), les atrocités commises envers les civils, particulièrement envers les femmes et les enfants, sont en augmentation depuis ces derniers mois. En septembre, l’armée gouvernementale a déployé 1000 soldats de 9 bataillons différents pour s’emparer de bastions kachin dans le Nord de l’État Shan, au Nord Est du pays. L’organisation de femmes a récemment publié un rapport intitulé “La guerre cachée de Birmanie: les atrocités commises contre le peuple kachin” (Burma's Covered Up War: Atrocities Against the Kachin) qui documente les atrocités commises par l’armée birmane depuis la rupture de l’accord de cessez-le-feu avec la KIA le 9 juin dernier. 37 femmes et fillettes ont été victimes de viol au cours des deux premiers mois du conflit ; 13 d’entre elles ont été assassinées. Au cours du mois de septembre, d’autres cas de viols ont été répertoriés. Certaines femmes ont subi des viols collectifs, auxquels les membres de leurs familles ont été forcés d’assister.
L'augmentation des attaques dans l'Etat Kachin est en parfaite contradiction avec les discours du gouvernement sur la paix et la réconciliation nationale, ainsi qu’avec les signes de changements observés dans le domaine politique. Info Birmanie accueille favorablement l’ouverture d’un dialogue entre les autorités birmanes et Aung San Suu Kyi, la récente décision du Président Thein Sein de suspendre le barrage Myitsone, sa proposition de mettre en place des négociations de paix avec les groupes armés ethniques ainsi que la perspective d'une amnistie générale pour les prisonniers politiques. Nous encourageons le Président Thein Sein à continuer sur cette voie et appelons la communauté internationale à répondre de manière positive et adéquate, si des changements substantiels et irréversibles ont bien lieu. Cependant, si le régime compte véritablement mettre fin aux terribles violations des droits de l’homme dans les régions ethniques, les discours sur la paix et l’unité doivent êtres suivis par des actions concrètes.
Nous demandons instamment à l'armée de cesser ses attaques à l’encontre des populations civiles dans l’État Kachin, de mettre fin à sa campagne de terreur dans tous les États ethniques, et de s'engager dans un dialogue constructif avec les groupes issus des minorités ethniques pour mettre un terme à des décennies de guerre civile et de souffrance en Birmanie. Nous appelons également la communauté internationale à fournir une aide humanitaire d'urgence aux dizaines de milliers de déplacés Kachin le long de la frontière chinoise. Alors que de nombreuses voix s’élèvent à propos d’une possibilité de changement en Birmanie, il est temps de saisir cette opportunité pour soutenir concrètement la population birmane dans ses efforts de paix, de démocratisation et de réconciliation nationale.
La KWAT appelle la communauté internationale à mettre un terme à sa politique attentiste et à faire pression sur les autorités birmanes afin qu’elles cessent les attaques armées et apportent d’urgence une aide humanitaire aux déplacés kachin. “C’est cette politique attentiste qui a permis au régime d’enclencher ces nouvelles attaques. C’est elle qui permet à l’armée birmane de continuer à attaquer les femmes et les enfants. Cette politique attentiste équivaut à une peine de mort pour nous” a déclaré Shirley Seng, porte-parole de la KWAT.
Info Birmanie
source http://www.icrainternational.org/actualites/888
L'Inde reçoit le président birman
L'Inde a déroulé le tapis rouge aujourd'hui pour accueillir le président birman Thein Sein, venu intensifier ses relations avec un voisin riche en ressources naturelles et contrebalancer un peu l'omniprésence de la Chine.
L'ancien général devenu président du nouveau régime "civil" est arrivé mercredi en Inde et a visité plusieurs lieux de pèlerinage bouddhistes, avant l'étape officielle dans la capitale indienne. Il s'est entretenu avec le premier ministre indien Manmohan Singh.
L'Inde a recommencé à discuter avec la junte birmane au milieu des années 90, à propos des questions de sécurité et d'énergie, ce qui lui avait valu de vives critiques au niveau international, notamment de la part des États-Unis. Mais New Delhi estime que son approche était la bonne, en y voyant pour preuve les récentes réformes du gouvernement.
Le nouveau régime birman, au pouvoir depuis le mois de mars et la dissolution de la junte militaire, vient de procéder à une série de gestes politiques forts. En deux semaines, le pouvoir a suspendu un projet de barrage controversé qui devait être construit par les Chinois, a libéré 6300 prisonniers, dont 200 politiques (sur les 2000 que compte le pays) et a autorisé les Birmans à se syndiquer et faire grève.
Les échanges commerciaux entre l'Inde et la Birmanie s'élevaient à 1,2 milliard de dollars (872 millions d'euros) en 2010, soit près de quatre fois moins que les échanges entre la Chine et la Birmanie (4,4 milliards de dollars). La Chine, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, est une alliée indéfectible de Naypyidaw depuis des décennies. En échange de sa protection, Pékin a notamment accès aux importantes ressources minières et énergétiques de la Birmanie.
AFP
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L’aube d’une «perestroïka» birmane
L’aube d’une «perestroïka» birmane
C’est l’une des dictatures les plus ubuesques et sanguinaires qui est peut-être en train de basculer vers des réformes que bien des observateurs n’osaient plus espérer après la violente répression, il y a quatre ans, de la révolte des moines
C’est l’une des dictatures les plus ubuesques et sanguinaires qui est peut-être en train de basculer vers des réformes que bien des observateurs n’osaient plus espérer après la violente répression, il y a quatre ans, de la révolte des moines. Le pouvoir birman, en quelques jours, vient d’annoncer plusieurs gestes d’ouverture qui rappellent les débuts de la «perestroïka» soviétique. En début de semaine, Naypyidaw (la nouvelle capitale) décrétait l’amnistie de 6300 prisonniers, dont 200 politiques, annonce aussitôt suivie d’effet. Vendredi, une nouvelle loi sur le travail autorisant la création de syndicats indépendants et le droit de grève entrait en vigueur. Une semaine plus tôt, le nouveau président Thein Sein se prononçait pour l’arrêt de la construction controversée d’un barrage géant sur le fleuve Irrawaddy.
Aung San Suu Kyi, le Prix Nobel de la paix qui a passé quinze ans en résidence surveillée, est désormais libre de se déplacer en province et rencontre régulièrement les plus hauts dignitaires du régime. L’un de ses proches est même devenu un conseiller de Thein Sein, un ancien général retourné au civil. Qu’est-ce que cela signifie? Habitués aux espoirs douchés, les Birmans se sont d’abord montrés sceptiques lorsque la junte a procédé à des élections «démocratiques» l’automne dernier. Le parlement «civil» issu de ce scrutin, après auto-dissolution de la junte, reste presque entièrement contrôlé par l’ancien parti unique du généralissime Than Shwe. Alors? «Je pense que nous avons atteint un point où se présente une chance de changement. Mais je ne veux pas dire qu’il y en ait eu un», expliquait dans un mélange d’espoir et de prudence Aung San Suu Kyi il y a peu.
Bien sûr, ces premiers pas ont leurs limites. Des milliers de prisonniers politiques demeurent enfermés, dont de nombreux manifestants de 1988. Le vote de nouveaux textes de loi ne veut pas encore dire qu’ils seront appliqués. Une manifestation a récemment été interdite et un journaliste vient d’être condamné à 10 ans de prison supplémentaires. Mais il y a des signes qui ne trompent pas: sans rompre avec la Chine, son puissant parrain, le pouvoir birman veut s’extraire de son ombre en renforçant sa coopération avec l’Inde et en cherchant la levée des sanctions occidentales. Thein Sein ne doit plus être considéré comme une simple marionnette de la vieille garde militaire. Il a des alliés puissants pour agir. Sera-t-il le Gorbatchev birman? Il est trop tôt pour le dire. Mais l’espoir est désormais permis
http://www.letemps.ch/
Le nouveau gouvernement civil de Thein Sein mène des réformes inédites
Après cinquante ans d’une dictature militaire sanguinaire, le vent du changement souffle sur la Birmanie. Cette semaine, les Birmans se sont vu octroyer le droit de se syndiquer et de faire grève.
Depuis sa formation en mars, le gouvernement civil du président Thein Sein multiplie les gestes d’ouverture. Il a accordé l’amnistie à 6300 détenus, avant de libérer 200 prisonniers politiques cette semaine. «Pour respecter la volonté du peuple», la Birmanie a suspendu en septembre un projet de barrage hydroélectrique financé par la Chine, au risque de froisser son traditionnel allié.
L’opposante Aung San Suu Kyi a rencontré le 19 août Thein Sein. Pour la première fois, elle exprime alors son optimisme. Avec prudence. Car près de 1800 prisonniers politiques croupissent encore dans les geôles birmanes. Journalistes, avocats, artistes, opposants ou moines bouddhistes, beaucoup sont emprisonnés depuis des décennies.
Sceptiques, les observateurs ont d’abord perçu les nouveaux élans du nouvel homme fort comme autant de gestes cosmétiques pour séduire l’Union européenne et les Etats-Unis, qui imposent des sanctions à la Birmanie depuis la fin des années 1990. C’est plus que cela, explique Olivier Guillard, directeur de recherche Asie à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) à Paris.
Le Temps: Que signifient ces changements?
Olivier Guillard: On pouvait croire d’abord à une gesticulation politique du pouvoir birman pour s’attirer les faveurs de l’Occident. Mais, au vu de la rapidité des transformations, elles apparaissent plus comme un vrai mouvement de fond. Le nouveau président montre une réelle sincérité pour faire avancer les choses. Tous les observateurs sont surpris par la rapidité des transformations en cours, il reste beaucoup à faire bien sûr, mais ce changement est aussi spectaculaire que profond.
– Le nouveau président est-il capable de rompre avec cinquante ans de junte militaire?
– Thein Sein n’est pas seul, mais il est soutenu par d’autres acteurs de poids, le chef de l’état-major actuel, le président de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur et celui de la Défense cautionnent les avancées inédites et courageuses du nouveau président. Ils représentent un courant de pensée réformateur, qui tente d’extraire la Birmanie de l’impasse économique dans laquelle elle se trouve. Pour obtenir de meilleures conditions économiques sur le plan international, ils savent qu’il est nécessaire d’actionner les leviers politiques: libérer les prisonniers, adopter une attitude plus pacifique avec les groupes ethniques minoritaires. Le pouvoir commence à répondre aux attentes de la communauté internationale, mais aussi de la communauté des affaires de ce pays sinistré. Ce n’est pas une révolution par la contestation, mais une révolution en douceur, impulsée par le haut.
– Est-il possible que ces initiatives soient arrêtées par un coup d’Etat?
– L’hypothèse d’un coup d’Etat militaire n’est pas totalement exclue. Les transformations ne plairont pas à la vieille caste militaire, soucieuse de préserver ses privilèges. Mais les réformes sont soutenues par la majorité de la population et par la communauté internationale. Elles sont bien parties.
– Quel est le rôle de l’opposante Aung San Suu Kyi?
– Elle est n’est plus seulement l’icône de l’espoir démocratique dans le pays. Elle accompagne les changements du régime et montre son optimisme. Elle se trouve dans une logique de coopération inédite: elle, l’opposante numéro un, pasionaria d’une Birmanie sans militaires, est invitée à dîner avec le président. C’est du jamais-vu. Le pouvoir sait qu’il ne peut pas se passer d’elle, dans le pays comme à l’extérieur. Elle aura un rôle clé lorsqu’il sera temps d’appeler les Etats-Unis et l’Europe à lever les sanctions qui pèsent sur la Birmanie. Elle pourrait donner l’élan politique en faveur de son pays.
– Comment interpréter le revers fait à la Chine? Assiste-t-on à un basculement des alliances?
– Le pouvoir birman tient compte de la peur de la Chine au sein de la population et livre ainsi un gage d’indépendance. La Chine est le premier investisseur en Birmanie, le pays aura encore besoin d’elle pendant longtemps. Mais, en tentant de diversifier ses alliances, notamment avec l’Inde, elle montre que Pékin n’est pas seul à la courtiser. C’est un message bien ressenti par la communauté internationale, qui se demande en ce moment si elle va accompagner la Birmanie dans ses transformations.
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C’est l’une des dictatures les plus ubuesques et sanguinaires qui est peut-être en train de basculer vers des réformes que bien des observateurs n’osaient plus espérer après la violente répression, il y a quatre ans, de la révolte des moines
C’est l’une des dictatures les plus ubuesques et sanguinaires qui est peut-être en train de basculer vers des réformes que bien des observateurs n’osaient plus espérer après la violente répression, il y a quatre ans, de la révolte des moines. Le pouvoir birman, en quelques jours, vient d’annoncer plusieurs gestes d’ouverture qui rappellent les débuts de la «perestroïka» soviétique. En début de semaine, Naypyidaw (la nouvelle capitale) décrétait l’amnistie de 6300 prisonniers, dont 200 politiques, annonce aussitôt suivie d’effet. Vendredi, une nouvelle loi sur le travail autorisant la création de syndicats indépendants et le droit de grève entrait en vigueur. Une semaine plus tôt, le nouveau président Thein Sein se prononçait pour l’arrêt de la construction controversée d’un barrage géant sur le fleuve Irrawaddy.
Aung San Suu Kyi, le Prix Nobel de la paix qui a passé quinze ans en résidence surveillée, est désormais libre de se déplacer en province et rencontre régulièrement les plus hauts dignitaires du régime. L’un de ses proches est même devenu un conseiller de Thein Sein, un ancien général retourné au civil. Qu’est-ce que cela signifie? Habitués aux espoirs douchés, les Birmans se sont d’abord montrés sceptiques lorsque la junte a procédé à des élections «démocratiques» l’automne dernier. Le parlement «civil» issu de ce scrutin, après auto-dissolution de la junte, reste presque entièrement contrôlé par l’ancien parti unique du généralissime Than Shwe. Alors? «Je pense que nous avons atteint un point où se présente une chance de changement. Mais je ne veux pas dire qu’il y en ait eu un», expliquait dans un mélange d’espoir et de prudence Aung San Suu Kyi il y a peu.
Bien sûr, ces premiers pas ont leurs limites. Des milliers de prisonniers politiques demeurent enfermés, dont de nombreux manifestants de 1988. Le vote de nouveaux textes de loi ne veut pas encore dire qu’ils seront appliqués. Une manifestation a récemment été interdite et un journaliste vient d’être condamné à 10 ans de prison supplémentaires. Mais il y a des signes qui ne trompent pas: sans rompre avec la Chine, son puissant parrain, le pouvoir birman veut s’extraire de son ombre en renforçant sa coopération avec l’Inde et en cherchant la levée des sanctions occidentales. Thein Sein ne doit plus être considéré comme une simple marionnette de la vieille garde militaire. Il a des alliés puissants pour agir. Sera-t-il le Gorbatchev birman? Il est trop tôt pour le dire. Mais l’espoir est désormais permis
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Le nouveau gouvernement civil de Thein Sein mène des réformes inédites
Après cinquante ans d’une dictature militaire sanguinaire, le vent du changement souffle sur la Birmanie. Cette semaine, les Birmans se sont vu octroyer le droit de se syndiquer et de faire grève.
Depuis sa formation en mars, le gouvernement civil du président Thein Sein multiplie les gestes d’ouverture. Il a accordé l’amnistie à 6300 détenus, avant de libérer 200 prisonniers politiques cette semaine. «Pour respecter la volonté du peuple», la Birmanie a suspendu en septembre un projet de barrage hydroélectrique financé par la Chine, au risque de froisser son traditionnel allié.
L’opposante Aung San Suu Kyi a rencontré le 19 août Thein Sein. Pour la première fois, elle exprime alors son optimisme. Avec prudence. Car près de 1800 prisonniers politiques croupissent encore dans les geôles birmanes. Journalistes, avocats, artistes, opposants ou moines bouddhistes, beaucoup sont emprisonnés depuis des décennies.
Sceptiques, les observateurs ont d’abord perçu les nouveaux élans du nouvel homme fort comme autant de gestes cosmétiques pour séduire l’Union européenne et les Etats-Unis, qui imposent des sanctions à la Birmanie depuis la fin des années 1990. C’est plus que cela, explique Olivier Guillard, directeur de recherche Asie à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) à Paris.
Le Temps: Que signifient ces changements?
Olivier Guillard: On pouvait croire d’abord à une gesticulation politique du pouvoir birman pour s’attirer les faveurs de l’Occident. Mais, au vu de la rapidité des transformations, elles apparaissent plus comme un vrai mouvement de fond. Le nouveau président montre une réelle sincérité pour faire avancer les choses. Tous les observateurs sont surpris par la rapidité des transformations en cours, il reste beaucoup à faire bien sûr, mais ce changement est aussi spectaculaire que profond.
– Le nouveau président est-il capable de rompre avec cinquante ans de junte militaire?
– Thein Sein n’est pas seul, mais il est soutenu par d’autres acteurs de poids, le chef de l’état-major actuel, le président de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur et celui de la Défense cautionnent les avancées inédites et courageuses du nouveau président. Ils représentent un courant de pensée réformateur, qui tente d’extraire la Birmanie de l’impasse économique dans laquelle elle se trouve. Pour obtenir de meilleures conditions économiques sur le plan international, ils savent qu’il est nécessaire d’actionner les leviers politiques: libérer les prisonniers, adopter une attitude plus pacifique avec les groupes ethniques minoritaires. Le pouvoir commence à répondre aux attentes de la communauté internationale, mais aussi de la communauté des affaires de ce pays sinistré. Ce n’est pas une révolution par la contestation, mais une révolution en douceur, impulsée par le haut.
– Est-il possible que ces initiatives soient arrêtées par un coup d’Etat?
– L’hypothèse d’un coup d’Etat militaire n’est pas totalement exclue. Les transformations ne plairont pas à la vieille caste militaire, soucieuse de préserver ses privilèges. Mais les réformes sont soutenues par la majorité de la population et par la communauté internationale. Elles sont bien parties.
– Quel est le rôle de l’opposante Aung San Suu Kyi?
– Elle est n’est plus seulement l’icône de l’espoir démocratique dans le pays. Elle accompagne les changements du régime et montre son optimisme. Elle se trouve dans une logique de coopération inédite: elle, l’opposante numéro un, pasionaria d’une Birmanie sans militaires, est invitée à dîner avec le président. C’est du jamais-vu. Le pouvoir sait qu’il ne peut pas se passer d’elle, dans le pays comme à l’extérieur. Elle aura un rôle clé lorsqu’il sera temps d’appeler les Etats-Unis et l’Europe à lever les sanctions qui pèsent sur la Birmanie. Elle pourrait donner l’élan politique en faveur de son pays.
– Comment interpréter le revers fait à la Chine? Assiste-t-on à un basculement des alliances?
– Le pouvoir birman tient compte de la peur de la Chine au sein de la population et livre ainsi un gage d’indépendance. La Chine est le premier investisseur en Birmanie, le pays aura encore besoin d’elle pendant longtemps. Mais, en tentant de diversifier ses alliances, notamment avec l’Inde, elle montre que Pékin n’est pas seul à la courtiser. C’est un message bien ressenti par la communauté internationale, qui se demande en ce moment si elle va accompagner la Birmanie dans ses transformations.
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Date d'inscription : 31/05/2009
La Birmanie pourrait libérer d'autres prisonniers politiques
La Birmanie pourrait bientôt libérer massivement des prisonniers politiques, une semaine après l'élargissement d'environ 200 dissidents, a dit mercredi un haut responsable gouvernemental.
L'opposition birmane appelle le pouvoir à relâcher l'ensemble des détenus politiques, qui sont encore 1.800 selon l'Association d'aide aux prisonniers politiques (AAPP).
La libération de 200 prisonniers la semaine dernière, dans le cadre d'une amnistie générale qui a concerné 6.359 détenus, est intervenue après l'assouplissement du contrôle de certains médias et après une amorce de dialogue avec Aung San Suu Kyi, figure de proue de l'opposition.
"J'ai le sentiment que le gouvernement pourrait bientôt offrir une amnistie aux derniers prisonniers de conscience", a dit à Reuters Ko Ko Hlaing, conseiller politique du président Thein Sein.
"Pourquoi devraient-ils rester en prison alors que d'autres ont été libérés ? Je pense que cela n'aurait aucun sens", a-t-il ajouté.
Ko Ko Hlaing a cependant contesté le chiffre de 1.800 prisonniers politiques, affirmant qu'ils étaient environ 600.
Les Etats-Unis, l'Europe et l'Australie posent comme préalable à la levée de leurs sanctions contre l'Etat birman la libération de tous les détenus politiques.
La junte militaire a laissé place en mars à un pouvoir civil toujours fortement contrôlé par l'armée et que dirige un général de réserve, mais le pays commence peu à peu à s'ouvrir.
Le gouvernement a ainsi lancé des appels de paix aux groupes armés des minorités ethniques et autorisé une certaine liberté de parole à Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix.
Aung Hla Tun, Clément Guillou pour le service français
www.lexpress.fr
L'opposition birmane appelle le pouvoir à relâcher l'ensemble des détenus politiques, qui sont encore 1.800 selon l'Association d'aide aux prisonniers politiques (AAPP).
La libération de 200 prisonniers la semaine dernière, dans le cadre d'une amnistie générale qui a concerné 6.359 détenus, est intervenue après l'assouplissement du contrôle de certains médias et après une amorce de dialogue avec Aung San Suu Kyi, figure de proue de l'opposition.
"J'ai le sentiment que le gouvernement pourrait bientôt offrir une amnistie aux derniers prisonniers de conscience", a dit à Reuters Ko Ko Hlaing, conseiller politique du président Thein Sein.
"Pourquoi devraient-ils rester en prison alors que d'autres ont été libérés ? Je pense que cela n'aurait aucun sens", a-t-il ajouté.
Ko Ko Hlaing a cependant contesté le chiffre de 1.800 prisonniers politiques, affirmant qu'ils étaient environ 600.
Les Etats-Unis, l'Europe et l'Australie posent comme préalable à la levée de leurs sanctions contre l'Etat birman la libération de tous les détenus politiques.
La junte militaire a laissé place en mars à un pouvoir civil toujours fortement contrôlé par l'armée et que dirige un général de réserve, mais le pays commence peu à peu à s'ouvrir.
Le gouvernement a ainsi lancé des appels de paix aux groupes armés des minorités ethniques et autorisé une certaine liberté de parole à Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix.
Aung Hla Tun, Clément Guillou pour le service français
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Comme un petit air de glasnost
A Rangoon et ailleurs, chacun veut croire à la politique d’ouverture du président Thein Sein. En espérant qu’il ne s’agisse pas d’un feu de paille.
Dessin de Harn Lay paru dans The Irrawaddy, Chiangmai (Thaïlande)
DE RANGOON
Sur le présentoir d’un kiosque à journaux, le visage souriant et affable, Aung San Suu Kyi, la dirigeante du mouvement pour la liberté si longtemps malmenée, rayonne en couverture d’un magazine, à côté de son fils et du chien de la famille. Celle qui incarne le défi démocratique aux yeux de l’Occident apparaît sur une myriade de publications. On n’est pourtant ni à Londres ni à New York, mais à Rangoon, l’ancienne capitale de la Birmanie, et, pour la première fois depuis plus de vingt ans, la “Dame” fait la une des journaux dans son propre pays.
Qui aurait pu l’imaginer il y a encore quelques semaines ? Aucun éditeur n’aurait osé imprimer sa photo, sans parler de la distribuer dans des kiosques. Mais, depuis que la lauréate du prix Nobel de la paix a rencontré, en août dernier, le président Thein Sein – un ancien général –, une batterie de réformes symboliques et concrètes ont été dévoilées coup sur coup, tant et si bien que, pour la première fois depuis des décennies, ce pays qui a dû si longtemps se résigner à être réprimé ose désormais parler ouvertement de politique.
Au cours des huit semaines écoulées, le gouvernement a suspendu le projet de barrage hydroélectrique de Myitsone, sur le fleuve Irrawaddy, commandité par les Chinois ; il a levé les restrictions d’accès à Internet ; permis à l’opposition de s’exprimer dans les médias et autorisé la formation de syndicats [ainsi que le droit de grève].
Le 12 octobre, plus de 200 [des 2 000] prisonniers politiques ont recouvré la liberté [sur quelque 6 000 amnistiés], parmi lesquels le célèbre comédien et humoriste Zarganar, condamné à cinquante-neuf ans de détention pour avoir critiqué la réaction du gouvernement au cyclone Nargis [en 2008], Zaw Htet Ko Ko, l’un des leaders du soulèvement étudiant de 1988, et Say Say Htan, qui purgeait une peine de cent quatre ans pour avoir rejeté la nouvelle Constitution du pays.
Le lendemain, dans les rues de Rangoon, des jeunes issus de la classe moyenne, qui habituellement redoublent de prudence, étaient réunis dans des tea shops, des restaurants ou des cybercafés, goûtant pleinement à leur nouvelle liberté. “Aujourd’hui, ma famille parle plus librement de politique : par exemple, ç’a été le cas au cours des obsèques d’un professeur”, confie un garçon. Au Cafe Parisian, sur la Sule Pyay Road, un fonctionnaire s’étend sur l’influence que le généralissime Than Shwe, l’ancien chef de la junte militaire, continue d’exercer, avant de s’étonner lui-même de tenir en public des propos qui auraient été inimaginables il y a quelques mois à peine.
Parmi les autres signes engageant à la confiance, la nomination en avril d’U Myint, un proche d’Aung San Suu Kyi, comme conseiller économique du président. Cette nomination fournit un indice non seulement sur la voie empruntée par le nouveau gouvernement civil, mais aussi sur les raisons pour lesquelles il a ainsi changé de cap. [U Myint, ancien économiste à l’ONU, a fait en août, dans la capitale, Naypyidaw, un exposé extrêmement critique de la situation économique dans le pays.] Thein Sein entend attirer des investissements étrangers pour développer l’économie, mais il sait que son potentiel de croissance restera entravé par les sanctions imposées par les Etats-Unis et l’Union européenne.
Le pays a de fait beaucoup à offrir. Il dispose d’importantes réserves de pétrole et de gaz naturel inexploitées, de vastes étendues de terres agricoles très convoitées et d’un accès à la Chine, son précieux allié et bailleur de fonds. Pas plus tard que le 13 octobre, le président Thein Sein a été reçu à New Delhi par le Premier ministre indien, Manmohan Singh, dans le cadre d’une campagne visant à stimuler le commerce extérieur et à convaincre l’Occident de lever les sanctions.
La prudence des pays occidentaux et leur exigence de voir tous les prisonniers politiques libérés restent toutefois inchangées pour le moment. Une attitude qui trouve un certain écho dans les rues de l’ancienne capitale, où la stupéfaction et l’euphorie sont tempérées par la crainte que ces réformes ne soient qu’un feu de paille. Les agents en civil et les jeunes apparatchiks n’ont pas disparu des rassemblements et des périmètres jugés sensibles. Zarganar lui aussi oscille entre optimisme et défiance. Quelques heures plus tôt, l’humoriste se trouvait encore derrière les barreaux de la prison de Myitkyina [dans l’Etat kachin situé dans le nord du pays], où il avait passé toutes ses journées en cellule de confinement à partir de son incarcération, en juillet 2008. Il dit avoir réussi à ne pas sombrer dans la folie en marchant douze heures par jour, en lisant et en écrivant. A sa sortie, il n’a pas caché son mécontentement en découvrant que le dialogue amorcé entre Aung San Su Kyi et le gouvernement n’avait pas débouché sur la libération d’un grand nombre de prisonniers politiques. Le lendemain, cependant, il a confié à Mizzima, un webzine birman proche de la dissidence, qu’il se félicitait de la tournure qu’ont prise les événements. “Certains craignent qu’Aung San Suu Kyi ne soit manipulée par le gouvernement, mais je ne pense pas que ce soit le cas, a-t-il déclaré. Si vous donnez de l’or à un singe, il sera bien incapable de l’utiliser, mais, si vous le donnez à un orfèvre, il en ira autrement. Aung San Suu Kyi est une orfèvre. Je pense que ces entretiens n’entraveront pas notre marche vers une démocratie véritable. Nous devons les considérer comme une initiative positive.”
CHRONOLOGIE - Myanmar : une année de dégel
2010
7 novembre Premières élections (Parlement bicaméral et assemblées régionales) depuis vingt-deux ans.
13 novembre Levée de l’assignation à résidence d’Aung San Suu Kyi.
2011
4 février Thein Sein est élu président de l’Union du Myanmar. 30 mars Dissolution de la junte militaire.
19 août Aung San Suu Kyi rencontre le président Thein Sein.
15 septembre Aung San Suu Kyi parle d’une “chance de changement”.
16 septembre La censure s’atténue et des sites web jusque-là interdits sont accessibles.
12 octobre Début de la libération de 6 359 détenus dans le cadred’une amnistie. Seuls environ 220 des 2 000 prisonniers politiques retrouvent la liberté.
13 octobre Les syndicats et le droit de grève sont autorisés.
http://www.courrierinternational.com/article/2011/10/20/comme-un-petit-air-de-glasnost
A lire aussi
Dessin de Harn Lay paru dans The Irrawaddy, Chiangmai (Thaïlande)
DE RANGOON
Sur le présentoir d’un kiosque à journaux, le visage souriant et affable, Aung San Suu Kyi, la dirigeante du mouvement pour la liberté si longtemps malmenée, rayonne en couverture d’un magazine, à côté de son fils et du chien de la famille. Celle qui incarne le défi démocratique aux yeux de l’Occident apparaît sur une myriade de publications. On n’est pourtant ni à Londres ni à New York, mais à Rangoon, l’ancienne capitale de la Birmanie, et, pour la première fois depuis plus de vingt ans, la “Dame” fait la une des journaux dans son propre pays.
Qui aurait pu l’imaginer il y a encore quelques semaines ? Aucun éditeur n’aurait osé imprimer sa photo, sans parler de la distribuer dans des kiosques. Mais, depuis que la lauréate du prix Nobel de la paix a rencontré, en août dernier, le président Thein Sein – un ancien général –, une batterie de réformes symboliques et concrètes ont été dévoilées coup sur coup, tant et si bien que, pour la première fois depuis des décennies, ce pays qui a dû si longtemps se résigner à être réprimé ose désormais parler ouvertement de politique.
Au cours des huit semaines écoulées, le gouvernement a suspendu le projet de barrage hydroélectrique de Myitsone, sur le fleuve Irrawaddy, commandité par les Chinois ; il a levé les restrictions d’accès à Internet ; permis à l’opposition de s’exprimer dans les médias et autorisé la formation de syndicats [ainsi que le droit de grève].
Le 12 octobre, plus de 200 [des 2 000] prisonniers politiques ont recouvré la liberté [sur quelque 6 000 amnistiés], parmi lesquels le célèbre comédien et humoriste Zarganar, condamné à cinquante-neuf ans de détention pour avoir critiqué la réaction du gouvernement au cyclone Nargis [en 2008], Zaw Htet Ko Ko, l’un des leaders du soulèvement étudiant de 1988, et Say Say Htan, qui purgeait une peine de cent quatre ans pour avoir rejeté la nouvelle Constitution du pays.
Le lendemain, dans les rues de Rangoon, des jeunes issus de la classe moyenne, qui habituellement redoublent de prudence, étaient réunis dans des tea shops, des restaurants ou des cybercafés, goûtant pleinement à leur nouvelle liberté. “Aujourd’hui, ma famille parle plus librement de politique : par exemple, ç’a été le cas au cours des obsèques d’un professeur”, confie un garçon. Au Cafe Parisian, sur la Sule Pyay Road, un fonctionnaire s’étend sur l’influence que le généralissime Than Shwe, l’ancien chef de la junte militaire, continue d’exercer, avant de s’étonner lui-même de tenir en public des propos qui auraient été inimaginables il y a quelques mois à peine.
Parmi les autres signes engageant à la confiance, la nomination en avril d’U Myint, un proche d’Aung San Suu Kyi, comme conseiller économique du président. Cette nomination fournit un indice non seulement sur la voie empruntée par le nouveau gouvernement civil, mais aussi sur les raisons pour lesquelles il a ainsi changé de cap. [U Myint, ancien économiste à l’ONU, a fait en août, dans la capitale, Naypyidaw, un exposé extrêmement critique de la situation économique dans le pays.] Thein Sein entend attirer des investissements étrangers pour développer l’économie, mais il sait que son potentiel de croissance restera entravé par les sanctions imposées par les Etats-Unis et l’Union européenne.
Le pays a de fait beaucoup à offrir. Il dispose d’importantes réserves de pétrole et de gaz naturel inexploitées, de vastes étendues de terres agricoles très convoitées et d’un accès à la Chine, son précieux allié et bailleur de fonds. Pas plus tard que le 13 octobre, le président Thein Sein a été reçu à New Delhi par le Premier ministre indien, Manmohan Singh, dans le cadre d’une campagne visant à stimuler le commerce extérieur et à convaincre l’Occident de lever les sanctions.
La prudence des pays occidentaux et leur exigence de voir tous les prisonniers politiques libérés restent toutefois inchangées pour le moment. Une attitude qui trouve un certain écho dans les rues de l’ancienne capitale, où la stupéfaction et l’euphorie sont tempérées par la crainte que ces réformes ne soient qu’un feu de paille. Les agents en civil et les jeunes apparatchiks n’ont pas disparu des rassemblements et des périmètres jugés sensibles. Zarganar lui aussi oscille entre optimisme et défiance. Quelques heures plus tôt, l’humoriste se trouvait encore derrière les barreaux de la prison de Myitkyina [dans l’Etat kachin situé dans le nord du pays], où il avait passé toutes ses journées en cellule de confinement à partir de son incarcération, en juillet 2008. Il dit avoir réussi à ne pas sombrer dans la folie en marchant douze heures par jour, en lisant et en écrivant. A sa sortie, il n’a pas caché son mécontentement en découvrant que le dialogue amorcé entre Aung San Su Kyi et le gouvernement n’avait pas débouché sur la libération d’un grand nombre de prisonniers politiques. Le lendemain, cependant, il a confié à Mizzima, un webzine birman proche de la dissidence, qu’il se félicitait de la tournure qu’ont prise les événements. “Certains craignent qu’Aung San Suu Kyi ne soit manipulée par le gouvernement, mais je ne pense pas que ce soit le cas, a-t-il déclaré. Si vous donnez de l’or à un singe, il sera bien incapable de l’utiliser, mais, si vous le donnez à un orfèvre, il en ira autrement. Aung San Suu Kyi est une orfèvre. Je pense que ces entretiens n’entraveront pas notre marche vers une démocratie véritable. Nous devons les considérer comme une initiative positive.”
CHRONOLOGIE - Myanmar : une année de dégel
2010
7 novembre Premières élections (Parlement bicaméral et assemblées régionales) depuis vingt-deux ans.
13 novembre Levée de l’assignation à résidence d’Aung San Suu Kyi.
2011
4 février Thein Sein est élu président de l’Union du Myanmar. 30 mars Dissolution de la junte militaire.
19 août Aung San Suu Kyi rencontre le président Thein Sein.
15 septembre Aung San Suu Kyi parle d’une “chance de changement”.
16 septembre La censure s’atténue et des sites web jusque-là interdits sont accessibles.
12 octobre Début de la libération de 6 359 détenus dans le cadred’une amnistie. Seuls environ 220 des 2 000 prisonniers politiques retrouvent la liberté.
13 octobre Les syndicats et le droit de grève sont autorisés.
http://www.courrierinternational.com/article/2011/10/20/comme-un-petit-air-de-glasnost
A lire aussi
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Le pays bientôt relié au monde
L'interdiction d'acquérir des antennes paraboliques pour recevoir les chaines de télévision étrangères devrait être prochainement levée, rapporte le site Democratic Voice of Burma. Il s'agit du dernier geste d'ouverture en date du régime birman, qui a récemment assoupli la censure et autorisé l'accès aux sites d'information de la dissidence. Tous les possesseurs de paraboles ont transgressé jusqu'à maintenant une interdiction datant de 2005, elle-même héritière d'une mesure similaire prise en 1993 et abandonnée en 2001.
http://www.courrierinternational.com/
http://www.courrierinternational.com/
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Re: Birmanie - un zest d'ouverture de facade
The Irrawaddy
“Parlement”, “Présidence”, “Commissions des droits de l’Homme”… Les lignes semblent bouger plus ou moins vite en Birmanie… Mais comment interpréter ces changements? Quelles sont les intentions des militaires?
Asia Times Online
On en sait peu sur la personnalité du nouveau président birman, l’ex-général Thein Sein… Ce dernier cache bien ses intentions et ses objectifs… Ses déclarations publiques semblent traduire une certaine ouverture d’esprit et une vraie volonté de changement…Peut-être sera-t-il le nouveau Gorbatchev de la Birmanie…
source http://www.stickyasia.com/2011/10/22/les-grains-de-riz-2-0-de-la-semaine-2/#more
Lonely Planet
«Nous voulons que les gens viennent en Birmanie», ont fait savoir les responsables de l'opposition birmane, qui avaient pourtant demandé aux touristes d'éviter le pays en 1996. Qu'est-ce qui a changé? Eh bien, la leader Aung San Suu Kyi a retrouvé sa liberté l'an dernier. L'opposition encourage donc les voyageurs «indépendants» (qui ne font pas affaire avec des grossistes) à découvrir les plages de sable blanc et les paysages époustouflants du pays.
source http://blogues.cyberpresse.ca/trotter/2011/10/28/ou-aller-en-2012-encore/?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_bloguesaccueilcp_BO3_accueil_ECRAN1POS16
“Parlement”, “Présidence”, “Commissions des droits de l’Homme”… Les lignes semblent bouger plus ou moins vite en Birmanie… Mais comment interpréter ces changements? Quelles sont les intentions des militaires?
Asia Times Online
On en sait peu sur la personnalité du nouveau président birman, l’ex-général Thein Sein… Ce dernier cache bien ses intentions et ses objectifs… Ses déclarations publiques semblent traduire une certaine ouverture d’esprit et une vraie volonté de changement…Peut-être sera-t-il le nouveau Gorbatchev de la Birmanie…
source http://www.stickyasia.com/2011/10/22/les-grains-de-riz-2-0-de-la-semaine-2/#more
Lonely Planet
«Nous voulons que les gens viennent en Birmanie», ont fait savoir les responsables de l'opposition birmane, qui avaient pourtant demandé aux touristes d'éviter le pays en 1996. Qu'est-ce qui a changé? Eh bien, la leader Aung San Suu Kyi a retrouvé sa liberté l'an dernier. L'opposition encourage donc les voyageurs «indépendants» (qui ne font pas affaire avec des grossistes) à découvrir les plages de sable blanc et les paysages époustouflants du pays.
source http://blogues.cyberpresse.ca/trotter/2011/10/28/ou-aller-en-2012-encore/?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_bloguesaccueilcp_BO3_accueil_ECRAN1POS16
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Bienvenue sur Terre, Birmanie!
Après des décennies de dictature ubuesque, les généraux birmans ont tout simplement décidé que c’en était assez. Une révolution de l’intérieur qui fait sortir l’un des derniers pays ermite de sa coquille.
L’antépénultième pays refermé sur lui-même, gouverné par une dictature loufoque, est en train de s’ouvrir et de rejoindre le monde: la Birmanie. Les deux derniers résistants sont Cuba et la Corée du Nord.
Cette ouverture semble s’opérer complètement de l’intérieur, sans guerre civile et sans agression extérieure. La junte militaire au pouvoir depuis cinquante ans a tout simplement décidé que c’en était assez. A vrai dire cette décision n’est pas prise dans l’isolement total: la Birmanie est une preuve que la mise au ban internationale produit des effets palpables.
Il y a encore bien d’autres pays régis par une dictature dans le monde. Mais la dictature birmane avait ceci de loufoque que, comme à Cuba et en Corée du Nord, elle ne prétendait pas faire mieux que les autres pays, ce qui normalement est une façade arborée par la plupart des dictatures. Or les dictatures loufoques clament haut et fort leur différence. En Birmanie, c’étaient les généraux qui menaient le jeu et se comportaient d’une façon totalement volontariste: à l’image d’un caporal de caserne qui punit, qui sévit, qui décide des pauses et du temps du repas. En effet, ces dernières années les militaires birmans ont changé le nom du pays – devenu Myanmar –, son drapeau, sa capitale. Une ville bâtie à partir de rien, selon des principes qui isolent tout le monde, les ministères, les maisons, la ville elle-même du reste du pays, et il y a lieu de penser que les militaires ont perdu par là même le contact avec leur pays et avec les événements. S’ensuivaient logiquement des décisions contradictoires – ils toléraient des manifestations, puis les supprimaient violemment; ils libéraient l’opposante Aung San Suu Kyi et l’arrêtaient à nouveau; ils refusèrent l’aide internationale après le tsunami et une tempête meurtrière, ils organisèrent, en 2010, une élection, mais la truquairent complètement.
Mais miracle, en 2011, le gouvernement est cédé à un premier ministre, et on amorce une révolution démocratique, non sans éléments loufoques encore. C’était le chef de la censure lui-même qui a annoncé il y a un mois que la censure n’avait pas sa place dans le pays. Les liaisons internet sont établies, un projet de barrage extrêmement impopulaire est stoppé, et les prisonniers politiques sont libérés.
Economiquement, l’événement est de taille aussi. Le pays compte presque autant d’habitants que la France, il dispose de certaines ressources exportables et l’agriculture rapporte bien. C’est encore une adjonction à l’économie mondiale, «a frontier state» comme on appelait les prises de terre nouvelle en Amérique du Nord au XVIIIe et XIXe siècles. La Chine avait opéré une révolution politique puis économique tout aussi volontariste trente ans auparavant. C’était un «frontier state» d’une dimension énorme et qui transforme encore le monde de jour en jour. Mais parallèlement, le Vietnam, le Cambodge, l’Indonésie et le Bangladesh faisaient de même. Ces pays ajoutent, sans que le petit Occident s’en aperçoive, un poids sensible à ce monde nouveau et ouvert. Rien que le Vietnam aura, en 2035, une population plus importante que la Russie, selon les experts de l’ONU. La Birmanie c’est la France, l’Indonésie et le Bangladesh dépassent ensemble largement le poids démographique des Etats-Unis. Et cette semaine on célèbre la naissance du nouveau-né qui fait atteindre le chiffre de 7 milliards à la population humaine. C’est important, mais la répartition nouvelle des poids relatifs importe aussi. La Birmanie fait donc partie à présent de cette Asie en éveil.
Une photographie parue dans ce journal mercredi, documentait la rapidité de ce monde en ébullition: le centre de Grozny, dix ans après la guerre. Une ville ravagée et détruite par les guerres civiles à répétition et l’intervention russe est complètement reconstruite, semble-t-il, redécorée, avec une église orthodoxe à coupoles en or, ses énormes tours de bureaux et des boulevards d’une ampleur stalinienne. Là, le volontarisme a été celui de la Russie qui documente une normalité souhaitée. La Birmanie entre dans une normalité réelle.
source http://www.letemps.ch/
L’antépénultième pays refermé sur lui-même, gouverné par une dictature loufoque, est en train de s’ouvrir et de rejoindre le monde: la Birmanie. Les deux derniers résistants sont Cuba et la Corée du Nord.
Cette ouverture semble s’opérer complètement de l’intérieur, sans guerre civile et sans agression extérieure. La junte militaire au pouvoir depuis cinquante ans a tout simplement décidé que c’en était assez. A vrai dire cette décision n’est pas prise dans l’isolement total: la Birmanie est une preuve que la mise au ban internationale produit des effets palpables.
Il y a encore bien d’autres pays régis par une dictature dans le monde. Mais la dictature birmane avait ceci de loufoque que, comme à Cuba et en Corée du Nord, elle ne prétendait pas faire mieux que les autres pays, ce qui normalement est une façade arborée par la plupart des dictatures. Or les dictatures loufoques clament haut et fort leur différence. En Birmanie, c’étaient les généraux qui menaient le jeu et se comportaient d’une façon totalement volontariste: à l’image d’un caporal de caserne qui punit, qui sévit, qui décide des pauses et du temps du repas. En effet, ces dernières années les militaires birmans ont changé le nom du pays – devenu Myanmar –, son drapeau, sa capitale. Une ville bâtie à partir de rien, selon des principes qui isolent tout le monde, les ministères, les maisons, la ville elle-même du reste du pays, et il y a lieu de penser que les militaires ont perdu par là même le contact avec leur pays et avec les événements. S’ensuivaient logiquement des décisions contradictoires – ils toléraient des manifestations, puis les supprimaient violemment; ils libéraient l’opposante Aung San Suu Kyi et l’arrêtaient à nouveau; ils refusèrent l’aide internationale après le tsunami et une tempête meurtrière, ils organisèrent, en 2010, une élection, mais la truquairent complètement.
Mais miracle, en 2011, le gouvernement est cédé à un premier ministre, et on amorce une révolution démocratique, non sans éléments loufoques encore. C’était le chef de la censure lui-même qui a annoncé il y a un mois que la censure n’avait pas sa place dans le pays. Les liaisons internet sont établies, un projet de barrage extrêmement impopulaire est stoppé, et les prisonniers politiques sont libérés.
Economiquement, l’événement est de taille aussi. Le pays compte presque autant d’habitants que la France, il dispose de certaines ressources exportables et l’agriculture rapporte bien. C’est encore une adjonction à l’économie mondiale, «a frontier state» comme on appelait les prises de terre nouvelle en Amérique du Nord au XVIIIe et XIXe siècles. La Chine avait opéré une révolution politique puis économique tout aussi volontariste trente ans auparavant. C’était un «frontier state» d’une dimension énorme et qui transforme encore le monde de jour en jour. Mais parallèlement, le Vietnam, le Cambodge, l’Indonésie et le Bangladesh faisaient de même. Ces pays ajoutent, sans que le petit Occident s’en aperçoive, un poids sensible à ce monde nouveau et ouvert. Rien que le Vietnam aura, en 2035, une population plus importante que la Russie, selon les experts de l’ONU. La Birmanie c’est la France, l’Indonésie et le Bangladesh dépassent ensemble largement le poids démographique des Etats-Unis. Et cette semaine on célèbre la naissance du nouveau-né qui fait atteindre le chiffre de 7 milliards à la population humaine. C’est important, mais la répartition nouvelle des poids relatifs importe aussi. La Birmanie fait donc partie à présent de cette Asie en éveil.
Une photographie parue dans ce journal mercredi, documentait la rapidité de ce monde en ébullition: le centre de Grozny, dix ans après la guerre. Une ville ravagée et détruite par les guerres civiles à répétition et l’intervention russe est complètement reconstruite, semble-t-il, redécorée, avec une église orthodoxe à coupoles en or, ses énormes tours de bureaux et des boulevards d’une ampleur stalinienne. Là, le volontarisme a été celui de la Russie qui documente une normalité souhaitée. La Birmanie entre dans une normalité réelle.
source http://www.letemps.ch/
thanaka- Admin
- Localisation : il existe une application pour ça
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Date d'inscription : 31/05/2009
Re: Birmanie - un zest d'ouverture de facade
thanaka a écrit:Après des décennies de dictature ubuesque, les généraux birmans ont tout simplement décidé que c’en était assez. Une révolution de l’intérieur qui fait sortir l’un des derniers pays ermite de sa coquille.
Mouais, je le trouve un peu " naïf" cet article ? b]
La junte militaire au pouvoir depuis cinquante ans a tout simplement décidé que c’en était assez. [b]????? ça prête quand même à sourire ????
En Birmanie, c’étaient les généraux qui menaient le jeu et se comportaient d’une façon totalement volontariste: (...) S’ensuivaient logiquement des décisions contradictoires – ils toléraient des manifestations, puis les supprimaient violemment; ils libéraient l’opposante Aung San Suu Kyi et l’arrêtaient à nouveau; ils refusèrent l’aide internationale après le tsunami et une tempête meurtrière, ils organisèrent, en 2010, une élection, mais la truquairent complètement.
on peut craindre encore une fois un retournement de situation ?
Mais miracle, en 2011, le gouvernement est cédé à un premier ministre, et on amorce une révolution démocratique (...) Les liaisons internet sont établies, un projet de barrage extrêmement impopulaire est stoppé, et les prisonniers politiques sont libérés.
les prisonniers politiques, il en reste encore pas mal qui croupissent derrière les barreaux, le projet du barrage , en suspend, jusqu'à nouvel ordre, mais pas abandonné ... Ce n'est peut être qu'un début ....ou une belle "mascarade" ???
Economiquement, l’événement est de taille aussi. Le pays compte presque autant d’habitants que la France, il dispose de certaines ressources exportables et l’agriculture rapporte bien. C’est encore une adjonction à l’économie mondiale, «a frontier state» comme on appelait les prises de terre nouvelle en Amérique du Nord au XVIIIe et XIXe siècles. >>> Qui profite à qui, le peuple Birman ????? La Birmanie fait donc partie à présent de cette Asie en éveil.
La Birmanie entre dans une normalité réelle. ....le mot normalité me gène un peu ... beaucoup
source http://www.letemps.ch/
Dernière édition par stilia le Sam 17 Déc 2011 - 11:24, édité 1 fois
stilia- Localisation : à l'ouest
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Date d'inscription : 02/03/2010
Une ouverture à confirmer - Analyse
L'opposante Aung San Suu Kyi et le président birman Thein Sein, le 19 août au palais présidentiel de Naypyidaw (capitale). Photo: DR
La junte militaire au pouvoir depuis 1962 “n’est plus”. Thein Sein le nouveau président du pays semble décidé à engager de profondes réformes. Faut-il se réjouir de l’élan démocratique qui semble souffler sur la Birmanie? Prudence, les annonces doivent encore se concrétiser.
Perestroïka, glasnot, printemps birman… Autant d’expressions utilisées par les journaux pour qualifier les événements qui se déroulent depuis quelques semaines en Birmanie. Une suite d’annonces encourageantes montrent qu’une amorce de changement est en train de s’opérer. Le pays est-il vraiment en train de se démocratiser? Il convient de nuancer ces signaux d’ouverture, de les mettre en regard avec le passé puis d’attendre qu’ils se confirment.
Depuis trois semaines, les Birmans peuvent se syndiquer et faire la grève. Des droits dont ils étaient dépourvus sous le régime dictatorial qui régissait le Myanmar (nom officiel) depuis près d’un demi-siècle. Encore faudra-t-il que la loi votée par le parlement soit appliquée. Pour l’instant, aucun exemple connu ne permet de le confirmer. En Birmanie, nombre de lois n’existent que sur le papier comme le rappelle Sean Turnell, spécialiste du pays à l’université Macquarie de Sydney. Il est également probable que les Birmans auront une certaine retenue à utiliser ce droit alors que pendant de nombreuses années, faire la grève les conduisait directement en prison.
Un droit de grève, certes, mais à la maison. La loi ne s’étend apparemment pas au droit de manifester sur la voie publique. Il y a quelques jours dans le centre de Rangoun, trois personnes, dont un avocat spécialiste des droits de l’Homme, ont été interpellées par la police birmane lors d’une manifestation de paysans dont les terres ont été confisquées. Les agents en civil du régime sont toujours présents lors des rassemblements et dans les périmètres jugés sensibles. En septembre, quelques semaines seulement avant l’adoption de la loi instaurant le droit de grève, la police avait empêché la tenue d’une manifestation à l’occasion du quatrième anniversaire de la sanglante répression de la “révolte des bonzes“.
"La révolte des bonzes" réprimée dans le sang en 2007
Source: Monks protesting in Burma Photo: Racoles
Les conditions douteuses de l’arrivée au pouvoir du président Thein Sein
Libre depuis le 13 novembre 2010 -après avoir passé par intermittence 15 des 21 dernières années assignée à résidence- Aung San Suu Kyi, opposante et prix Nobel de la paix, s’est entretenue fin août avec Thein Sein, le nouveau président “civil” du pays. Un signal accueilli positivement par la communauté internationale, même si rien n’a filtré de cette rencontre.
Général retraité, Thein Sein, 65 ans dont 47 au sein de l’armée, a été de 2007 à 2011 le premier ministre de la junte militaire dirigée d’une poigne de fer par le Généralissime Tan Shwe (arrivé au pouvoir en 1992). Beaucoup semble l’oublier, mais les élections du 7 novembre 2010 qui ont porté Thein Sein au pouvoir étaient très loin de respecter les normes internationales: impossibilité pour les partis politiques d’avoir des détenus parmi leurs membres (Aung San Suu Kyi, leader du principal parti d’opposition n’a été libérée qu’après les élections), frais d’enregistrement élevés pour les candidats, interdiction de critiquer le régime et la nouvelle constitution de 2008, droits de l’opposition bafoués.
Les conditions dans lesquelles se sont déroulées ces élections avaient suscité des commentaires extrêmement sévères de la part des puissances occidentales. Petite compilation: le président des Etats-Unis Barack Obama, déclarait qu’elles étaient “ tout sauf libres et justes “. Hilary Clinton, Secrétaire d’Etat, avait évoqué “ des élections faussées “ qui “ mettent en lumière les abus de la junte.” Bernard Kouchner, alors ministre français des Affaires étrangères, les qualifiaient de “ ni libres, ni pluralistes.” Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU, jugeait qu’elles n’étaient “pas à la hauteur des attentes pour un processus inclusif, juste et crédible.” Pour l’Union européenne elles n’étaient pas compatibles avec les “ standards internationaux “. Le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), avait décidé de boycotter les élections. Peu avant le scrutin, la LND avait été dissoute par la junte. Elle n’a plus aujourd’hui d’existence légale.
Ces élections ont porté au pouvoir le Parti de la solidarité et du développement de l’union (USDP), créé par la junte birmane pour la représenter aux élections législatives. Précision importante, le gouvernement actuel est dit “civil” car il comprend des civils, mais il est toujours dominé par l’armée.
Amnistie: 1800 prisonniers politiques toujours derrière les barreaux
Zaganar, célèbre humoriste politique, à son domicile. Il vient d'être libéré par l'amnistie gouvernementale de la mi-octobre. Rangoon, le 13 Octobre 2011. Photo: Htoo Tay Zar
A la mi-octobre, dans le cadre d’une vaste amnistie de 6 359 détenus, environ 200 prisonniers politiques ont été libérés parmi lesquels le célèbre humoriste Zarganar, condamné en 2008 à 59 ans de détention pour avoir critiqué la réaction du gouvernement au cyclone Nargis (au moins cent quarante mille morts dans le delta de l’Irrawaddy). Zaw Htet Ko Ko, l’un des leaders du soulèvement étudiant de 1988, et Say Say Htan, condamné à 104 ans de prison pour avoir décrié la nouvelle constitution du pays ont également été libérés. Cette amnistie, qui a suscité la déception dans l’opposition birmane, n’est pas suffisante selon l’ONU puisqu’au moins 1 800 prisonniers politiques -opposants, avocats, artistes, journalistes et moines bouddhistes- demeurent derrière les barreaux. Aung San Suu Kyi ne doit pas être l’arbre “médiatique” qui cache la forêt.
Plusieurs ONG l’ont confirmé, de nombreux sites Internet jadis censurés sont consultables depuis peu, comme celui du journal dissident The Irrawaddy tenu par des réfugiés en Thaïlande. Le réseau Internet birman reste cependant archaïque, peu accessible et censuré. Les journalistes étrangers pourraient de nouveau obtenir des visas officiels, mais des journalistes locaux continuent d’être arrêtés et des publications continuent d’être suspendues selon plusieurs ONG. En mai dernier, Reporters sans frontières constatait un renforcement de la surveillance des médias et d’Internet sous l’ère Thein Sein.
La nomination en avril dernier de U Myint, un proche d’Aung San Suu Kyi, comme conseiller économique du président est également un signe d’ouverture, tout comme la suspension de la construction d’un barrage controversé sur le fleuve Irrawaddy. Ce projet, commandité par la Chine, menaçait de détruire des cultures et des habitations dans la région.
Mais, il faut nuancer ces avancées, car elles ne s’opèrent pas sur tous les terrains comme le rappelle Human rights watch. Dans un rapport de juillet dernier intitulé Dead Men Walking: Convict Porters on the Front Lines in Eastern Burma (Au péril de leur vie: Les détenus utilisés comme porteurs sur les lignes de front de l’est birman), l’ONG de défense des droits de l’Homme expose en détails les exactions dont les porteurs utilisés par l’armée sont victimes: exécutions sommaires, torture, et l’utilisation des détenus comme “ boucliers humains ”. A de multiples égards, la situation des minorités en Birmanie demeure très préoccupante.
Croissance, levée des sanctions et présidence de l’ASEAN
L'ONU estime que la moitié de la population Birmane vit sous le seuil de pauvreté. L’Organisation mondiale de la santé situe le système de santé birman au 190ème rang mondial (sur 191). Photo: DR
En menant cette politique d’ouverture, il est très probable que Thein Sein cherche à attirer des investissements étrangers pour doper l’économie de son pays qui en a plus que fortement besoin. Pour ce faire, il sait qu’il doit convaincre les occidentaux de sa volonté de démocratiser le pays. Les sanctions imposées par les Etats-Unis et l’Union européenne - dont la population Birmane est malheureusement la première victime - constituent évidemment une barrière importante à la croissance et au désir d’indépendance vis-à-vis de la Chine, principal partenaire économique du pays. Washington interdit depuis plus de dix ans l’importation de produits birmans et l’exportation vers la Birmanie de services financiers américains. De son côté, l’Union européenne a proscrit les importations de bois, de métaux, de minerais et de pierres précieuses ainsi que tout nouvel investissement dans des entreprises birmanes de ces secteurs. Quelques éléments de réflexion sur le pour ou contre des sanctions ici ou ici (position des partis birmans d’opposition).
L’un des objectifs probablement visé par le gouvernement birman est aussi l’obtention la présidence tournante de l’Association des pays d’Asie du Sud-Est (ASEAN) en 2014, enjeu régional très important. La présidence de 2014 devrait justement être désignée lors du 19ème sommet de l’organisation qui aura lieu à Bali du 17 au 19 novembre.
Juste avant les élections birmanes de 2010, l’ASEAN avait étonnement “durcit” se ton envers la junte. Elle avait par la suite qualifié le scrutin “d’important pas en avant” avant d’ajouter qu’elle “encourageait la Birmanie à continuer à accélérer le processus de réconciliation nationale et de démocratisation, pour la stabilité et le développement du pays.” Il est intéressant de noter que la charte de l’organisation régionale prohibe toute ingérence dans les affaires intérieures de ses Etats membres. L’ASEAN, qui demande la levée des sanctions depuis janvier, est très critiquée pour son attitude envers la Birmanie, jugée trop complaisante en matière de droits de l’Homme.
L’expérience invite à la prudence
Le généralissime Than Shwe numero un de la dictature birmane de 1992 à 2010. Photo: Peerapat Wimolrungkarat
Par le passé, la junte a très souvent alterner entre période d’ouverture et de répression. En 1974, le général Ne Win (arrivé au pouvoir en 1962) avait mis en place une constitution à l’apparence civile pour légitimer sa dictature. Il avait créé une assemblée nationale et des comités populaires locaux. L’existence de ces instances, dépourvues d’autonomie, n’a pas empêché le général Ne Win de se maintenir au pouvoir jusqu’en 1988, date du putsch de la nouvelle junte (Conseil d’état pour la restauration de la loi et de l’ordre).
Lors des élections législatives organisées en 1990 (premières élections multipartites depuis 1960), Aung San Suu Kyi est plébiscitée alors qu’elle est assignée à résidence, sans motif et sans procès, depuis juillet 1989. Son parti, la LND, remporte une large victoire: 392 sièges sur 485. La dictature refuse de reconnaître le scrutin annule le résultat des élections.
Aung San Suu Kyi a très souvent été la victime du vas-et-vient permanent de la junte. Assignée à résidence pour la seconde fois en 2000 elle est libérée en 2002. Elle déclare alors: “ C’est une nouvelle ère pour le pays “. Le 30 mai 2003, lors d’une tournée politique, son convoi est attaqué par une milice à la sole du pouvoir. 70 de ses sympathisants sont tués, elle survit. Peu après elle est de nouveau placée en détention.
Pour plus de détails voir le sujet http://www.asie-forum-voyage.com/t2433p15-birmanie-un-zest-d-ouverture-de-facade#16487
La “dame de Rangoon”a récemment qualifié de “développements positifs” les événements qui se produisent en Birmanie. Elle a précisé qu’elle ne savait pas jusqu’où ils iraient. Une série d’élections partielles doit avoir lieu avant la fin de l’année. Aung San Suu Kyi pourrait briguer un siège au Parlement. Reste à savoir si elle pourra effectivement se présenter. La “perestroïka Birmane” ? Wait and see.
Brice Lambert
Idée – Reformer pour mieux durer?
Il est risqué d’interpréter le comportement d’un régime aussi opaque. Prenons un risque et envisageons une piste d’interprétation. Dans la plupart des régimes dictatoriaux, l’objectif des leaders est d’abord d’assurer leur “survie”. Il est possible que l’ouverture affichée relève de cette logique. Isolée, la junte birmane était agonisante. Lors d’une récente mission d’un diplomate occidental, certains leaders de la junte n’avaient pas caché leur crainte d’être un jour traduit en justice devant des instances internationales comme la Cour pénal internationale. La perspective de l’éventuelle mise en place d’une commission d’enquête des Nations Unies sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en Birmanie inquiètent également les dirigeants birmans. Dans ce contexte, la vague démocratique pourrait être interprétée, non pas comme une volonté des dirigeants de transformer en profondeur un système qui les a maintenus au pouvoir, mais plutôt de garder les rênes du pays, d’organiser la transition et de s’assurer l’impunité. Rappelons au passage que l’ancien dictateur Than Shwe vit paisiblemet sa retraite dans sa résidence de la capitale Naypyidaw… La discussion est ouverte!
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Dernière édition par Admin le Mar 1 Nov 2011 - 7:32, édité 3 fois
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Re: Birmanie - un zest d'ouverture de facade
voilà ......
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Aung San Suu Kyi
Complément à l'article précédent
Aung San Suu Kyi, leader du mouvement démocratique birman et lauréat du prix Nobel de la Paix, symbolise la lutte du peuple de Birmanie pour la liberté. Elle a passé plus de 15 ans en détention, la plupart du temps en résidence surveillée. Plusieurs déclarations des Nations Unies affirment que la détention d’Aung San Suu Kyi était illégale en vertu du droit international et du droit birman.
Le 13 Novembre 2010, une semaine après la tenue d’élections orchestrées par la junte, Aung San Suu Kyi a été libérée, suite à sa troisième période d'assignation à résidence. Le régime dictatorial a fait un calcul stratégique qui a porté ses fruits : en libérant Aung San Suu Kyi, il s’assurait le contentement de la communauté internationale et ainsi contrer contre les critiques concernant les élections.
Aucun changement politique
Comme l'expérience l’a démonté par deux fois au cours des 20 dernières années, la libération d’Aung San Suu Kyi ne présage aucune évolution démocratique en Birmanie. Aung San Suu Kyi a elle-même précisé que sa libération ne signifiait pas qu’un changement significatif avait lieu en Birmanie, sachant que des milliers de prisonniers politiques sont toujours incarcérés et que le peuple de Birmanie continue de subir l’oppression d’un régime dictatorial.
Depuis sa libération, le régime birman a continué à détenir près de 2000 prisonniers politiques, et va jusqu’à nier l’existence même de ces derniers.
Par ailleurs, les attaques contre les groupes ethniques se sont intensifiées depuis les élections de novembre 2010. L’armée birmane a brisé deux accords de cessez-le-feu en 2011 et continue de bombarder des villages de civils à tirs de mortiers, de commettre des viols collectifs, de torturer et d’ exécuter des civils et d’avoir recours au travail forcé.
Les récentes élections, la nouvelle constitution rédigée unilatéralement par la junte pour assurer son maintien au pouvoir et la perpétration de violations des droits de l’homme à grande échelle sont autant d’indicateurs démontrant que le régime birman n'a aucune intention de mettre en place un véritable processus de démocratisation.
Biographie
Aung San Suu Kyi est née le 19 juin 1945. Elle est la fille du Général Aung San, l’un des principaux artisans de l’indépendance birmane, déclarée en 1947. A ce titre, il est perçu par beaucoup de Birmans comme le père de la nation birmane. Il meurt assassiné en juillet 1947. La mère d’Aung San Suu Kyi est diplomate. Aung San Suu Kyi la suit en Inde lorsque celle-ci y est nommée ambassadrice de Birmanie. Aung San Suu Kyi étudie ensuite à Oxford. Elle est diplômée de philosophie, de sciences politiques et d’économie. En 1972, elle épouse Michael Aris, un universitaire Britannique qu’elle suit au Bhoutan et dont elle a 2 fils. Elle commence à écrire une biographie de son père en 1977.
Retour en Birmanie
Elle rentre en Birmanie en 1988 pour soigner sa mère. La même année, le chef de la junte, le Général Ne Win démissionne. Le printemps et l’été 1988 sont marqués par de grands troubles dans le pays, avec des manifestations populaires qui rassembleront plusieurs centaines de milliers de personnes. Ce grand soulèvement marque le début de l’engagement politique d’Aung San Suu Kyi.
Influencée par la philosophie et les idées du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King, Aung San Suu Kyi et ses amis politiques fondent, le 24 septembre 1988, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Aung San Suu Kyi en est la secrétaire générale. La LND adopte une politique de désobéissance civile et de non-violence. D’octobre à décembre 1988, Aung San Suu Kyi défie les interdictions du régime et entame une tournée à travers le pays, pour aller à la rencontre de la population.
Les élections de 1990
En juillet 1989, devant au succès d’Aung San Suu Kyi auprès du peuple, le régime l’assigne à résidence dans une tentative de diminuer son influence et la tenir à l’écart d’élections prévues pour l’année suivante. Le gouvernement militaire lui propose d’être libérée à condition qu’elle quitte le pays, ce qu’elle refuse. Elle fait le choix de rester en Birmanie et est placée en résidence surveillée. Les élections ont lieu alors qu’Aung San Suu Kyi et la plupart des membres de la LND sont privés de liberté. Le régime a pris soin de présenter des partis fantoches : pas moins de 234 partis politiques sont créés pour l’occasion. Les élections ont lieu le 27 mai 1990, la LND fait un raz de marée et remporte plus de 80 % des voix, soit 392 sièges sur 485 sièges. La junte annule les résultats et se maintient au pouvoir. Depuis sa résidence surveillée, Aung San Suu Kyi continue de lutter pour la paix et l'indépendance du pays, écrivant plusieurs discours et livres politiques.
Libérée pendant cinq ans
Aung San Suu Kyi a été placé en résidence surveillée jusqu'en juillet 1995. Une fois libérée, elle a dû faire face à de sévères restrictions concernant ses déplacements.
Le 27 mars 1999, le mari d’Aung San Suu Kyi, Michael Aris, décède d'un cancer à Londres. Il avait demandé aux autorités birmanes l’autorisation de rendre visite à sa femme une dernière fois, mais sa demande a été rejetée. Il ne l'avait pas vu depuis une visite à Noël en 1995. Le gouvernement a toujours appelé Aung San Suu Kyi à rejoindre sa famille à l'étranger, mais elle savait qu'elle ne serait ensuite jamais autorisée à retourner en Birmanie.
2000: De nouveau en détention
En 2000, Aung San Suu Kyi a été placée en résidence surveillée à nouveau, après des tentatives répétées pour quitter la capitale, Rangoon, ou pour tenir des réunions politiques dans d'autres régions du pays.
2002: Libérée une nouvelle fois
Le 6 mai 2002, après une négociation secrète entre les Nations unies et la junte militaire, Aung San Suu Kyi est libérée. Suu Kyi déclare alors : « C’est une nouvelle ère pour le pays ». Or, le 30 mai 2003, lors d’une tournée de discours dans le pays, son convoi est attaqué dans le village de Depayin par un groupe paramilitaire à la solde de la junte au pouvoir. Elle échappe de peu à la tentative d’assassinat organisée par le régime et durant laquelle 70 de ses sympathisants sont tués ou blessés. La junte profite de l’attaque pour démanteler le parti d’opposition. Cette tentative d’assassinat est mieux connue sous le nom de « massacre de Depayin ». La junte a prétendu qu’il s’agissait de combats entre deux partis politiques, déclenchés par la LND.
2003 : De nouveau en détention
Suite à l’attaque de Depayin, Aung San Suu Kyi est arrêtée et de nouveau placée en résidence surveillée. Pendant cette période d’assignation à résidence, ses conditions de détention étaient beaucoup plus strictes que dans le passé. Sa ligne téléphonique fût coupée, son courrier intercepté et les bénévoles de la LND assurant sa sécurité autour de sa maison ont été interdits en décembre 2004.
Les diplomates n’étaient généralement pas autorisés à la rencontrer, bien qu’à certaines occasions, des envoyés des Nations unies et des représentants du gouvernement des États-Unis aient été autorisés à la rencontrer. Cependant, même le secrétaire général Ban Ki-moon n'a pas été autorisé s’entretenir avec elle lors de sa visite en Birmanie en 2009.
En mai 2009, quelques jours avant que sa période d'assignation à résidence n’arrive à échéance, Aung San Suu Kyi a été arrêtée et accusée d'enfreindre les conditions de son assignation à résidence qui lui interdisait de recevoir des visiteurs, après qu’un américain, John Yettaw, ait nagé à travers le lac qui mène à sa maison et ait refusé de quitter son domicile.
En août 2009 elle a été déclarée coupable et condamnée à trois ans d'emprisonnement. Dans le but apparent de calmer l'indignation internationale autour du procès d’Aung San Suu Kyi, sa peine a été réduite à 18 mois d’assignation à résidence. Ce qui signifiait qu’elle serait libérée six jours après que la date des élections prévues en Birmanie, garantissant ainsi une fois de plus qu’elle ne pourrait pas participer au processus politique.
2010: De nouveau libérée
Le 13 novembre 2010, au terme de sa peine et six jours après la tenue d’élections truquées, Aung San Suu Kyi a été libéré. Aucune condition spécifique n’a été évoquée quant à sa libération. Celle-ci est intervenue au terme de sa peine de 18 mois supplémentaire d’assignation à résidence, et n'est donc pas le résultat d’une conciliation diplomatique menée par les Nations unies, dans le cadre d'un processus de facilitation d’un dialogue.
Prix et soutien international
Aung San Suu Kyi a remporté de nombreux prix internationaux, dont le Prix Nobel de la Paix, le Prix Sakharov du Parlement européen. Elle a appelé les gens du monde entier à rejoindre la lutte pour la liberté en Birmanie, avec cette phrase célèbre : «Utilisez votre liberté pour promouvoir la nôtre. »
1990 : prix Rafto décerné par la Fondation Rafto pour les droits humains (Norvège)
1990 : Prix Sakharov pour la liberté de pensée (Parlement européen)
1991 : Prix Nobel de la paix (Norvège)
1991 : Prix des droits de l’homme (Etats-Unis)
1992 : Prix Marisa Bellisario (Italie)
1992 : Prix international Simòn Bolívar (UNESCO)
1993 : Prix Rose (Danemark)
1993 : Prix International des Droits de l’Homme Victor Jara (Etats-Unis)
1993 : Prix Jawaharlal Nehru pour l’entente internationale (Inde)
1995 : Prix Gandhi (Canada)
1995 : Prix pour la Liberté du comité international de secours (Etats-Unis)
1997 : Citoyenne d’honneur de la ville de Rome (Italie)
1997 : Prix internationale du groupe pour la paix et la justice de St Angela (Irlande)
1999 : Prix pour la Liberté, décerné par l’International Republican Institute (Etats-Unis)
2000 : Prix de Dublin pour la Liberté (Irlande)
2000 : Médaille présidentielle pour la liberté (Etats-Unis)
2003 : Prix de l’Esprit Libre Forum pour la Liberté, Etats-Unis)
2004 : citoyenne d’honneur de la ville de Paris
2005 : Prix Olof Palme
2007 : citoyenne d’honneur du Canada
2008 : Prix de la Fondation décerné in abstentia par le Forum de Crans Montana et remis par M. Jacques Barrot Vice-Président de la Commission Européenne et M. Federico Mayor Co-Président du Panel des Nations Unies pour l'Alliance des Civilisations
Ce que dit Aung San Suu Kyi :
Sur les prisonniers politiques:
«Ce que j'ai vécu n'est rien comparé à ce que les prisonniers politiques subissent dans les prisons et je tiens à attirer l'attention du monde entier sur leur sort. Nous devons tout faire pour assurer leur liberté. » [1]
« Je pense, notamment en ce qui concerne le libération de tous les prisonniers politiques, qu’il devrait y avoir un calendrier précis. » [2]
Sur les élections de 2010:
« Un processus électoral devrait pouvoir se tenir dans de bonnes conditions, des élections ni justes ni équitables ne peuvent pas mener à la démocratie[3]. »
Sur la Chine et l'Inde:
« Cela m’a beaucoup attristée. L’Inde et la Birmanie étaient de proches amies depuis l’époque où nous luttions pour l’indépendance. Je suis une grande admiratrice de Mahatmata Gandhi et de Jawaharlal Nehru et de tous les leaders du mouvement indien pour l’indépendance. J’aimerai croire que les aspirations et les espoirs que nous avons partagés dans le passé continueront à nous unir à l’avenir.» [4]
« Nous aimerions que l’Inde et la Chine nous donnent l’opportunité de leur expliquer notre point de vue. […] Nous aimerions être en contact avec eux, qu’ils écoutent notre version des faits, et leur faire comprendre que nous les considérons comme nos voisins et que nous voudrions être amis. Nous ne leur sommes pas hostiles même si nous œuvrons pour la démocratie en Birmanie.[5] »
« Je pense que le gouvernement chinois devrait faire ce qu’il peut pour aider à faire face à la situation tout en respectant le désir du people birman pour la paix car nous sommes voisins, à deux pas l’un de l’autre – s’il n’y a pas de paix ni d’entente dans un pays, il est inévitable que les pays voisins en ressentent aussi l’impact. J’ai entendu dire que certains réfugiés avaient fui vers la Chine lorsque les affrontements ont éclatés. Je suppose donc que des personnes aussi sages que les dirigeants chinois comprendront que l’instabilité dans un pays frontalier peut avoir un impact sur leur propre pays. » [6]
Sur les sanctions et l'économie:
« Si les gens peuvent me fournir des justifications concrètes à la levée des sanctions, je demanderai leur levée. Mais il faut qu’il y ait des justifications concrètes » [7]
« Les sanctions doivent demeurer en place. Les sanctions ne devraient
être levées que lorsque quelque chose aura changé ici. »[8]
« Ils disent que si nous développons le commerce, cela apportera la démocratie. Ils disent que ce dont nous avons besoin, c’est d’une classe moyenne, qui mènera vers la démocratie. Mais le FMI affirme que le désastre économique en Birmanie est dû à une mauvaise gestion et non pas aux sanctions. »[9]
«Je discute avec des hommes d'affaires et ils me disent que ce qui empêche les entreprises de se développer c’est que tout finit dans les poches des proches du régime. »[10]
Sur la corruption:
« Ils proposent des formations de « développement des compétences » aux fonctionnaires. Mais le problème avec les compétences des fonctionnaires, c’est qu'ils ne feront rien à moins qu’on ne leur verse un pot de vin »[11]
Sur la démocratie:
« J'ai toujours essayé d'expliquer que la démocratie n'est jamais un système parfait. Mais elle vous donne une chance de façonner votre propre destin. »[12]
« Si vous voulez la démocratie, vous devez être préparé à en accepter les responsabilités – vous ne pouvez pas simplement demander les droits qui émanent de la démocratie. Et sil’on parle d’un gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple, cela signifie que les gens doivent y participent activement. »[13]
Sur l’armée:
« Je ne veux pas voir l’armée s’effondrer. Je veux voir les militaires s’élever dignement vers le professionnalisme et un vrai patriotisme.» [14]
Sur la communauté internationale:
« Aujourd’hui, il me semble essentiel que le plus grand nombre de nations possibles, et l’Union européenne également, envoient un message ferme et unifié appelant à un processus inclusif en Birmanie. » [15]
Sur le dialogue:
« Je pense que le processus qui est en cours devrait inclure des étapes à franchir selon un calendrier précis. Certains objectifs devraient être atteints à un certain moment. Autrement, la libération des prisonniers politiques, comme je l’ai déjà dit, ne sera jamais effective et cela n’aboutirait à aucun résultat. »[16]
Sur la dissolution de la LND:
« Je conteste la décision des autorités selon laquelle elles peuvent dissoudre un parti juste comme ça, alors que cela est contraire à la loi. »[17]
Sur l’Union européenne:
« En ce qui concerne l’Union européenne et nos autres alliés, nous aimerions voir de leur part une approche plus coordonnée.»[18]
«Si les membres de l’Union européenne laissent le régime les diviser pour mieux régner, cela serait une honte pour l’organisation régionale.» [19]
Sur les réfugiés
« J’aimerais dire deux choses au sujet des réfugiés de guerre. Premièrement, la Chine doit traiter les réfugiés qui ont fui suite aux combats entre les forces armées Kachin et les troupes gouvernementales avec compassion et comprendre qu’ils ne voulaient pas quitter leurs foyers et leurs villages natals mais n’avaient pas d’autre choix. La seule chose que les réfugiés peuvent emporter lorsqu’ils fuient est la souffrance ; ils doivent donc être traités avec compassion et recevoir de l’aide autant que faire se peut. » [20]
« J’ai également un message pour les réfugiés: ne perdez pas espoir – nous continuerons à oeuvrer pour que ceux qui ont été contraints de fuir ce pays puissent revenir chez eux. Tout le monde comprend la situation des réfugiés et la souffrance qu’ils endurent. La population de Birmanie et celle du monde entier sait ce qu’il se passe et beaucoup souhaitent venir en aide aux réfugiés. Alors s’il vous plaît, ne perdez pas espoir et déployez votre courage.Soyez reconnaissants envers les personnes et les pays qui vous acceuillent et s’il vous plaît, gardez à l’esprit que nous essayons de bâtir une nation dans laquelle tous les groupes ethniques peuvent vivre libres et en sécurité. » [21]
[1] Interview, Der Spiegel 22nd November 2010. http://www.spiegel.de/international/world/0,1518,730390,00.html
[2] Interview with Voice of America 23rd December 2010: http://voaburmese.wordpress.com/2010/12/23/voas-interview-with-daw-aung-san-suu-kyi/
[3] “Rangoon Diary : Democracy First on Suu Kyi’s Agenda for Burma”, VOA, 14 novembre 2010
[4] « Aung San Suu Kyi in conversation », www.MacLeans.ca, 20 décembre 2010, http://www2.macleans.ca/2010/12/20/nobel-laureat-aung-san-suu-kyi/
[5] Suu Kyi calls on Europe and Germany to be more supportive, 15 décembre 2010, http://www.dw-world.de/dw/article/0,,6343472,00.html
[6] DVB (1 juillet 2011) Suu Kyi on China, war and peace
[7] Déclaration à la presse, PNUD-Rangoon, 14 novembre 2010
[8] Democratic Voice of Burma, 23rd March 2011: http://www.dvb.no/news/suu-kyi-says-sanctions-must-remain/14898
[9] The Guardian 16th April 2011. http://www.guardian.co.uk/world/2011/apr/16/interview-aung-san-suu-kyi-polly-toynbee
[10] The Guardian 16th April 2011. http://www.guardian.co.uk/world/2011/apr/16/interview-aung-san-suu-kyi-polly-toynbee
[11] The Guardian 16th April 2011. http://www.guardian.co.uk/world/2011/apr/16/interview-aung-san-suu-kyi-polly-toynbee
[12] The Guardian 16th April 2011. http://www.guardian.co.uk/world/2011/apr/16/interview-aung-san-suu-kyi-polly-toynbee
[13] CBC News 16th November 2010: http://www.cbc.ca/news/canada/story/2010/11/16/aung-san-suu-kyi.html
[14] Interview with BBC, reported in the Decan Herald, http://www.deccanherald.com/content/113148/aung-san-suu-kyi-calls.html
[15] Info Birmanie Stéphane Hessel, Aung San Suu Kyi, Résistances, pour une Birmanie libre
[16] Interview with Voice of America 23rd December 2010: http://voaburmese.wordpress.com/2010/12/23/voas-interview-with-daw-aung-san-suu-kyi/
[17] CBC News 16th November 2010: http://www.cbc.ca/news/canada/story/2010/11/16/aung-san-suu-kyi.html
[18] Interview with DPA, 24th November 2010: http://www.monstersandcritics.com/news/asiapacific/news/article_1601230.php/Aung-San-Suu-Kyi-calls-for-united-EU-stance-on-Myanmar
[19] Interview with DPA, 24th November 2010: http://www.monstersandcritics.com/news/asiapacific/news/article_1601230.php/Aung-San-Suu-Kyi-calls-for-united-EU-stance-on-Myanmar
[20] DVB (1 juillet 2011) Suu Kyi on China, war and peace
[21] DVB (1 juillet 2011) Suu Kyi on China, war and peace
Bibliographie
Aung San Suu Kyi, Se libérer de la peur, Édition des Femmes, 1991.
Aung San Suu Kyi, Nationalisme et littérature en Birmanie, Éditions Olizane, 1996.
Essais et biographies qui lui sont consacrés
Jean-Claude Buhrer et Claude B. Levenson, Aung San Suu Kyi, demain la Birmanie.
Thierry Falise, Aung San Suu Kyi, le jasmin ou la lune.
Alan Cléments, Aung San Suu Kyi - ma Birmanie
source http://www.info-birmanie.org/
Aung San Suu Kyi, leader du mouvement démocratique birman et lauréat du prix Nobel de la Paix, symbolise la lutte du peuple de Birmanie pour la liberté. Elle a passé plus de 15 ans en détention, la plupart du temps en résidence surveillée. Plusieurs déclarations des Nations Unies affirment que la détention d’Aung San Suu Kyi était illégale en vertu du droit international et du droit birman.
Le 13 Novembre 2010, une semaine après la tenue d’élections orchestrées par la junte, Aung San Suu Kyi a été libérée, suite à sa troisième période d'assignation à résidence. Le régime dictatorial a fait un calcul stratégique qui a porté ses fruits : en libérant Aung San Suu Kyi, il s’assurait le contentement de la communauté internationale et ainsi contrer contre les critiques concernant les élections.
Aucun changement politique
Comme l'expérience l’a démonté par deux fois au cours des 20 dernières années, la libération d’Aung San Suu Kyi ne présage aucune évolution démocratique en Birmanie. Aung San Suu Kyi a elle-même précisé que sa libération ne signifiait pas qu’un changement significatif avait lieu en Birmanie, sachant que des milliers de prisonniers politiques sont toujours incarcérés et que le peuple de Birmanie continue de subir l’oppression d’un régime dictatorial.
Depuis sa libération, le régime birman a continué à détenir près de 2000 prisonniers politiques, et va jusqu’à nier l’existence même de ces derniers.
Par ailleurs, les attaques contre les groupes ethniques se sont intensifiées depuis les élections de novembre 2010. L’armée birmane a brisé deux accords de cessez-le-feu en 2011 et continue de bombarder des villages de civils à tirs de mortiers, de commettre des viols collectifs, de torturer et d’ exécuter des civils et d’avoir recours au travail forcé.
Les récentes élections, la nouvelle constitution rédigée unilatéralement par la junte pour assurer son maintien au pouvoir et la perpétration de violations des droits de l’homme à grande échelle sont autant d’indicateurs démontrant que le régime birman n'a aucune intention de mettre en place un véritable processus de démocratisation.
Biographie
Aung San Suu Kyi est née le 19 juin 1945. Elle est la fille du Général Aung San, l’un des principaux artisans de l’indépendance birmane, déclarée en 1947. A ce titre, il est perçu par beaucoup de Birmans comme le père de la nation birmane. Il meurt assassiné en juillet 1947. La mère d’Aung San Suu Kyi est diplomate. Aung San Suu Kyi la suit en Inde lorsque celle-ci y est nommée ambassadrice de Birmanie. Aung San Suu Kyi étudie ensuite à Oxford. Elle est diplômée de philosophie, de sciences politiques et d’économie. En 1972, elle épouse Michael Aris, un universitaire Britannique qu’elle suit au Bhoutan et dont elle a 2 fils. Elle commence à écrire une biographie de son père en 1977.
Retour en Birmanie
Elle rentre en Birmanie en 1988 pour soigner sa mère. La même année, le chef de la junte, le Général Ne Win démissionne. Le printemps et l’été 1988 sont marqués par de grands troubles dans le pays, avec des manifestations populaires qui rassembleront plusieurs centaines de milliers de personnes. Ce grand soulèvement marque le début de l’engagement politique d’Aung San Suu Kyi.
Influencée par la philosophie et les idées du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King, Aung San Suu Kyi et ses amis politiques fondent, le 24 septembre 1988, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Aung San Suu Kyi en est la secrétaire générale. La LND adopte une politique de désobéissance civile et de non-violence. D’octobre à décembre 1988, Aung San Suu Kyi défie les interdictions du régime et entame une tournée à travers le pays, pour aller à la rencontre de la population.
Les élections de 1990
En juillet 1989, devant au succès d’Aung San Suu Kyi auprès du peuple, le régime l’assigne à résidence dans une tentative de diminuer son influence et la tenir à l’écart d’élections prévues pour l’année suivante. Le gouvernement militaire lui propose d’être libérée à condition qu’elle quitte le pays, ce qu’elle refuse. Elle fait le choix de rester en Birmanie et est placée en résidence surveillée. Les élections ont lieu alors qu’Aung San Suu Kyi et la plupart des membres de la LND sont privés de liberté. Le régime a pris soin de présenter des partis fantoches : pas moins de 234 partis politiques sont créés pour l’occasion. Les élections ont lieu le 27 mai 1990, la LND fait un raz de marée et remporte plus de 80 % des voix, soit 392 sièges sur 485 sièges. La junte annule les résultats et se maintient au pouvoir. Depuis sa résidence surveillée, Aung San Suu Kyi continue de lutter pour la paix et l'indépendance du pays, écrivant plusieurs discours et livres politiques.
Libérée pendant cinq ans
Aung San Suu Kyi a été placé en résidence surveillée jusqu'en juillet 1995. Une fois libérée, elle a dû faire face à de sévères restrictions concernant ses déplacements.
Le 27 mars 1999, le mari d’Aung San Suu Kyi, Michael Aris, décède d'un cancer à Londres. Il avait demandé aux autorités birmanes l’autorisation de rendre visite à sa femme une dernière fois, mais sa demande a été rejetée. Il ne l'avait pas vu depuis une visite à Noël en 1995. Le gouvernement a toujours appelé Aung San Suu Kyi à rejoindre sa famille à l'étranger, mais elle savait qu'elle ne serait ensuite jamais autorisée à retourner en Birmanie.
2000: De nouveau en détention
En 2000, Aung San Suu Kyi a été placée en résidence surveillée à nouveau, après des tentatives répétées pour quitter la capitale, Rangoon, ou pour tenir des réunions politiques dans d'autres régions du pays.
2002: Libérée une nouvelle fois
Le 6 mai 2002, après une négociation secrète entre les Nations unies et la junte militaire, Aung San Suu Kyi est libérée. Suu Kyi déclare alors : « C’est une nouvelle ère pour le pays ». Or, le 30 mai 2003, lors d’une tournée de discours dans le pays, son convoi est attaqué dans le village de Depayin par un groupe paramilitaire à la solde de la junte au pouvoir. Elle échappe de peu à la tentative d’assassinat organisée par le régime et durant laquelle 70 de ses sympathisants sont tués ou blessés. La junte profite de l’attaque pour démanteler le parti d’opposition. Cette tentative d’assassinat est mieux connue sous le nom de « massacre de Depayin ». La junte a prétendu qu’il s’agissait de combats entre deux partis politiques, déclenchés par la LND.
2003 : De nouveau en détention
Suite à l’attaque de Depayin, Aung San Suu Kyi est arrêtée et de nouveau placée en résidence surveillée. Pendant cette période d’assignation à résidence, ses conditions de détention étaient beaucoup plus strictes que dans le passé. Sa ligne téléphonique fût coupée, son courrier intercepté et les bénévoles de la LND assurant sa sécurité autour de sa maison ont été interdits en décembre 2004.
Les diplomates n’étaient généralement pas autorisés à la rencontrer, bien qu’à certaines occasions, des envoyés des Nations unies et des représentants du gouvernement des États-Unis aient été autorisés à la rencontrer. Cependant, même le secrétaire général Ban Ki-moon n'a pas été autorisé s’entretenir avec elle lors de sa visite en Birmanie en 2009.
En mai 2009, quelques jours avant que sa période d'assignation à résidence n’arrive à échéance, Aung San Suu Kyi a été arrêtée et accusée d'enfreindre les conditions de son assignation à résidence qui lui interdisait de recevoir des visiteurs, après qu’un américain, John Yettaw, ait nagé à travers le lac qui mène à sa maison et ait refusé de quitter son domicile.
En août 2009 elle a été déclarée coupable et condamnée à trois ans d'emprisonnement. Dans le but apparent de calmer l'indignation internationale autour du procès d’Aung San Suu Kyi, sa peine a été réduite à 18 mois d’assignation à résidence. Ce qui signifiait qu’elle serait libérée six jours après que la date des élections prévues en Birmanie, garantissant ainsi une fois de plus qu’elle ne pourrait pas participer au processus politique.
2010: De nouveau libérée
Le 13 novembre 2010, au terme de sa peine et six jours après la tenue d’élections truquées, Aung San Suu Kyi a été libéré. Aucune condition spécifique n’a été évoquée quant à sa libération. Celle-ci est intervenue au terme de sa peine de 18 mois supplémentaire d’assignation à résidence, et n'est donc pas le résultat d’une conciliation diplomatique menée par les Nations unies, dans le cadre d'un processus de facilitation d’un dialogue.
Prix et soutien international
Aung San Suu Kyi a remporté de nombreux prix internationaux, dont le Prix Nobel de la Paix, le Prix Sakharov du Parlement européen. Elle a appelé les gens du monde entier à rejoindre la lutte pour la liberté en Birmanie, avec cette phrase célèbre : «Utilisez votre liberté pour promouvoir la nôtre. »
1990 : prix Rafto décerné par la Fondation Rafto pour les droits humains (Norvège)
1990 : Prix Sakharov pour la liberté de pensée (Parlement européen)
1991 : Prix Nobel de la paix (Norvège)
1991 : Prix des droits de l’homme (Etats-Unis)
1992 : Prix Marisa Bellisario (Italie)
1992 : Prix international Simòn Bolívar (UNESCO)
1993 : Prix Rose (Danemark)
1993 : Prix International des Droits de l’Homme Victor Jara (Etats-Unis)
1993 : Prix Jawaharlal Nehru pour l’entente internationale (Inde)
1995 : Prix Gandhi (Canada)
1995 : Prix pour la Liberté du comité international de secours (Etats-Unis)
1997 : Citoyenne d’honneur de la ville de Rome (Italie)
1997 : Prix internationale du groupe pour la paix et la justice de St Angela (Irlande)
1999 : Prix pour la Liberté, décerné par l’International Republican Institute (Etats-Unis)
2000 : Prix de Dublin pour la Liberté (Irlande)
2000 : Médaille présidentielle pour la liberté (Etats-Unis)
2003 : Prix de l’Esprit Libre Forum pour la Liberté, Etats-Unis)
2004 : citoyenne d’honneur de la ville de Paris
2005 : Prix Olof Palme
2007 : citoyenne d’honneur du Canada
2008 : Prix de la Fondation décerné in abstentia par le Forum de Crans Montana et remis par M. Jacques Barrot Vice-Président de la Commission Européenne et M. Federico Mayor Co-Président du Panel des Nations Unies pour l'Alliance des Civilisations
Ce que dit Aung San Suu Kyi :
Sur les prisonniers politiques:
«Ce que j'ai vécu n'est rien comparé à ce que les prisonniers politiques subissent dans les prisons et je tiens à attirer l'attention du monde entier sur leur sort. Nous devons tout faire pour assurer leur liberté. » [1]
« Je pense, notamment en ce qui concerne le libération de tous les prisonniers politiques, qu’il devrait y avoir un calendrier précis. » [2]
Sur les élections de 2010:
« Un processus électoral devrait pouvoir se tenir dans de bonnes conditions, des élections ni justes ni équitables ne peuvent pas mener à la démocratie[3]. »
Sur la Chine et l'Inde:
« Cela m’a beaucoup attristée. L’Inde et la Birmanie étaient de proches amies depuis l’époque où nous luttions pour l’indépendance. Je suis une grande admiratrice de Mahatmata Gandhi et de Jawaharlal Nehru et de tous les leaders du mouvement indien pour l’indépendance. J’aimerai croire que les aspirations et les espoirs que nous avons partagés dans le passé continueront à nous unir à l’avenir.» [4]
« Nous aimerions que l’Inde et la Chine nous donnent l’opportunité de leur expliquer notre point de vue. […] Nous aimerions être en contact avec eux, qu’ils écoutent notre version des faits, et leur faire comprendre que nous les considérons comme nos voisins et que nous voudrions être amis. Nous ne leur sommes pas hostiles même si nous œuvrons pour la démocratie en Birmanie.[5] »
« Je pense que le gouvernement chinois devrait faire ce qu’il peut pour aider à faire face à la situation tout en respectant le désir du people birman pour la paix car nous sommes voisins, à deux pas l’un de l’autre – s’il n’y a pas de paix ni d’entente dans un pays, il est inévitable que les pays voisins en ressentent aussi l’impact. J’ai entendu dire que certains réfugiés avaient fui vers la Chine lorsque les affrontements ont éclatés. Je suppose donc que des personnes aussi sages que les dirigeants chinois comprendront que l’instabilité dans un pays frontalier peut avoir un impact sur leur propre pays. » [6]
Sur les sanctions et l'économie:
« Si les gens peuvent me fournir des justifications concrètes à la levée des sanctions, je demanderai leur levée. Mais il faut qu’il y ait des justifications concrètes » [7]
« Les sanctions doivent demeurer en place. Les sanctions ne devraient
être levées que lorsque quelque chose aura changé ici. »[8]
« Ils disent que si nous développons le commerce, cela apportera la démocratie. Ils disent que ce dont nous avons besoin, c’est d’une classe moyenne, qui mènera vers la démocratie. Mais le FMI affirme que le désastre économique en Birmanie est dû à une mauvaise gestion et non pas aux sanctions. »[9]
«Je discute avec des hommes d'affaires et ils me disent que ce qui empêche les entreprises de se développer c’est que tout finit dans les poches des proches du régime. »[10]
Sur la corruption:
« Ils proposent des formations de « développement des compétences » aux fonctionnaires. Mais le problème avec les compétences des fonctionnaires, c’est qu'ils ne feront rien à moins qu’on ne leur verse un pot de vin »[11]
Sur la démocratie:
« J'ai toujours essayé d'expliquer que la démocratie n'est jamais un système parfait. Mais elle vous donne une chance de façonner votre propre destin. »[12]
« Si vous voulez la démocratie, vous devez être préparé à en accepter les responsabilités – vous ne pouvez pas simplement demander les droits qui émanent de la démocratie. Et sil’on parle d’un gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple, cela signifie que les gens doivent y participent activement. »[13]
Sur l’armée:
« Je ne veux pas voir l’armée s’effondrer. Je veux voir les militaires s’élever dignement vers le professionnalisme et un vrai patriotisme.» [14]
Sur la communauté internationale:
« Aujourd’hui, il me semble essentiel que le plus grand nombre de nations possibles, et l’Union européenne également, envoient un message ferme et unifié appelant à un processus inclusif en Birmanie. » [15]
Sur le dialogue:
« Je pense que le processus qui est en cours devrait inclure des étapes à franchir selon un calendrier précis. Certains objectifs devraient être atteints à un certain moment. Autrement, la libération des prisonniers politiques, comme je l’ai déjà dit, ne sera jamais effective et cela n’aboutirait à aucun résultat. »[16]
Sur la dissolution de la LND:
« Je conteste la décision des autorités selon laquelle elles peuvent dissoudre un parti juste comme ça, alors que cela est contraire à la loi. »[17]
Sur l’Union européenne:
« En ce qui concerne l’Union européenne et nos autres alliés, nous aimerions voir de leur part une approche plus coordonnée.»[18]
«Si les membres de l’Union européenne laissent le régime les diviser pour mieux régner, cela serait une honte pour l’organisation régionale.» [19]
Sur les réfugiés
« J’aimerais dire deux choses au sujet des réfugiés de guerre. Premièrement, la Chine doit traiter les réfugiés qui ont fui suite aux combats entre les forces armées Kachin et les troupes gouvernementales avec compassion et comprendre qu’ils ne voulaient pas quitter leurs foyers et leurs villages natals mais n’avaient pas d’autre choix. La seule chose que les réfugiés peuvent emporter lorsqu’ils fuient est la souffrance ; ils doivent donc être traités avec compassion et recevoir de l’aide autant que faire se peut. » [20]
« J’ai également un message pour les réfugiés: ne perdez pas espoir – nous continuerons à oeuvrer pour que ceux qui ont été contraints de fuir ce pays puissent revenir chez eux. Tout le monde comprend la situation des réfugiés et la souffrance qu’ils endurent. La population de Birmanie et celle du monde entier sait ce qu’il se passe et beaucoup souhaitent venir en aide aux réfugiés. Alors s’il vous plaît, ne perdez pas espoir et déployez votre courage.Soyez reconnaissants envers les personnes et les pays qui vous acceuillent et s’il vous plaît, gardez à l’esprit que nous essayons de bâtir une nation dans laquelle tous les groupes ethniques peuvent vivre libres et en sécurité. » [21]
[1] Interview, Der Spiegel 22nd November 2010. http://www.spiegel.de/international/world/0,1518,730390,00.html
[2] Interview with Voice of America 23rd December 2010: http://voaburmese.wordpress.com/2010/12/23/voas-interview-with-daw-aung-san-suu-kyi/
[3] “Rangoon Diary : Democracy First on Suu Kyi’s Agenda for Burma”, VOA, 14 novembre 2010
[4] « Aung San Suu Kyi in conversation », www.MacLeans.ca, 20 décembre 2010, http://www2.macleans.ca/2010/12/20/nobel-laureat-aung-san-suu-kyi/
[5] Suu Kyi calls on Europe and Germany to be more supportive, 15 décembre 2010, http://www.dw-world.de/dw/article/0,,6343472,00.html
[6] DVB (1 juillet 2011) Suu Kyi on China, war and peace
[7] Déclaration à la presse, PNUD-Rangoon, 14 novembre 2010
[8] Democratic Voice of Burma, 23rd March 2011: http://www.dvb.no/news/suu-kyi-says-sanctions-must-remain/14898
[9] The Guardian 16th April 2011. http://www.guardian.co.uk/world/2011/apr/16/interview-aung-san-suu-kyi-polly-toynbee
[10] The Guardian 16th April 2011. http://www.guardian.co.uk/world/2011/apr/16/interview-aung-san-suu-kyi-polly-toynbee
[11] The Guardian 16th April 2011. http://www.guardian.co.uk/world/2011/apr/16/interview-aung-san-suu-kyi-polly-toynbee
[12] The Guardian 16th April 2011. http://www.guardian.co.uk/world/2011/apr/16/interview-aung-san-suu-kyi-polly-toynbee
[13] CBC News 16th November 2010: http://www.cbc.ca/news/canada/story/2010/11/16/aung-san-suu-kyi.html
[14] Interview with BBC, reported in the Decan Herald, http://www.deccanherald.com/content/113148/aung-san-suu-kyi-calls.html
[15] Info Birmanie Stéphane Hessel, Aung San Suu Kyi, Résistances, pour une Birmanie libre
[16] Interview with Voice of America 23rd December 2010: http://voaburmese.wordpress.com/2010/12/23/voas-interview-with-daw-aung-san-suu-kyi/
[17] CBC News 16th November 2010: http://www.cbc.ca/news/canada/story/2010/11/16/aung-san-suu-kyi.html
[18] Interview with DPA, 24th November 2010: http://www.monstersandcritics.com/news/asiapacific/news/article_1601230.php/Aung-San-Suu-Kyi-calls-for-united-EU-stance-on-Myanmar
[19] Interview with DPA, 24th November 2010: http://www.monstersandcritics.com/news/asiapacific/news/article_1601230.php/Aung-San-Suu-Kyi-calls-for-united-EU-stance-on-Myanmar
[20] DVB (1 juillet 2011) Suu Kyi on China, war and peace
[21] DVB (1 juillet 2011) Suu Kyi on China, war and peace
Bibliographie
Aung San Suu Kyi, Se libérer de la peur, Édition des Femmes, 1991.
Aung San Suu Kyi, Nationalisme et littérature en Birmanie, Éditions Olizane, 1996.
Essais et biographies qui lui sont consacrés
Jean-Claude Buhrer et Claude B. Levenson, Aung San Suu Kyi, demain la Birmanie.
Thierry Falise, Aung San Suu Kyi, le jasmin ou la lune.
Alan Cléments, Aung San Suu Kyi - ma Birmanie
source http://www.info-birmanie.org/
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Re: Birmanie - un zest d'ouverture de facade
Bonjour,
Je suis l'auteur de l'article Birmanie : une ouverture à confirmer. Je vous remercie pour l'intérêt que vous portez au papier. Je veux simplement vous signaler qu'une erreur s'est glissée dans le texte. Elle a été corrigée sur mon site juste après publication, mais vous avez été très rapide à reproduire le texte sur votre forum! Cela mérite rectification: dans la légende de la photo "révolte des bonzes", il est indiqué que la répression a fait 140 000 morts, ce qui est FAUX. Nous ne connaissons pas le nombre de victime. C'est le passage du cyclone Nargis qui a fait 140 000 morts selon l'ONU, comme indiqué dans le texte. Je vous remercie de bien prendre note de cette modification. Quelques précisions ont également été apportées, le mieux est donc de se rendre directement sur mon site!
Bien cordialement,
Brice Lambert
http://actu-internationale.com/
Je suis l'auteur de l'article Birmanie : une ouverture à confirmer. Je vous remercie pour l'intérêt que vous portez au papier. Je veux simplement vous signaler qu'une erreur s'est glissée dans le texte. Elle a été corrigée sur mon site juste après publication, mais vous avez été très rapide à reproduire le texte sur votre forum! Cela mérite rectification: dans la légende de la photo "révolte des bonzes", il est indiqué que la répression a fait 140 000 morts, ce qui est FAUX. Nous ne connaissons pas le nombre de victime. C'est le passage du cyclone Nargis qui a fait 140 000 morts selon l'ONU, comme indiqué dans le texte. Je vous remercie de bien prendre note de cette modification. Quelques précisions ont également été apportées, le mieux est donc de se rendre directement sur mon site!
Bien cordialement,
Brice Lambert
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Dégel en Birmanie
La leader de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi, libérée l'année dernière après sept ans passés en résidence surveillée, a pu récemment voyager à l'intérieur du pays. Elle est ici acclamée lors d'une visite dans la capitale, Rangoon, le 22 octobre dernier.
PHOTO: KHIN MAUNG WIN, AP
La Birmanie vit un dégel politique relatif. La leader de l'opposition, Aung San Suu Kyi, libérée l'an dernier après sept ans de résidence surveillée, a pu récemment voyager à l'intérieur du pays et recevoir des émissaires. À la mi-octobre, 200 prisonniers politiques ont été libérés. Et le gouvernement birman a récemment annoncé la suspension des travaux sur un barrage hydroélectrique controversé, financé par la Chine.
«Je crois que les deux côtés en sont venus à la conclusion qu'il fallait sortir de l'impasse», explique Erik Kuhonta, politologue spécialiste de la région à l'Université McGill. «Le président est un ancien militaire, mais il s'est entouré de civils qui veulent développer le pays et diversifier les alliances internationales. L'un de mes étudiants l'a constaté sur place récemment. Et Suu Kyi est plus circonspecte dans ses déclarations que lorsqu'elle a été libérée en 1995 et en 2002. Elle n'appelle plus à la démocratie immédiatement. Elle n'appelle pas à la levée des sanctions contre son pays, mais propose que leur efficacité soit évaluée.»
Après 30 ans de dictature militaire, la Birmanie a tenu en 1990 des élections que le parti de Mme Suu Kyi a remportées haut la main. Les militaires n'en ont pas reconnu les résultats et l'ont emprisonnée pour l'essentiel des deux dernières décennies. Elle a reçu le prix Nobel de la paix en 1991. La Constitution a été modifiée pour assurer la mainmise de l'armée sur le pays et l'an dernier, des élections ont eu lieu avec des observateurs nord-coréens.
«Je crois que les élections de l'an dernier, même si elles n'étaient pas justes, ont permis à l'opposition de laisser tomber leur exigence que les résultats de 1990 soient reconnus avant toute négociation avec les généraux, dit M. Kuhonta. Le président a rencontré Suu Kyi, ce qui est très impressionnant vu la haine qu'elle inspirait aux généraux jusqu'à récemment. Je crois que le dégel pourrait bien continuer, contrairement à d'autres fausses promesses du dernier quart de siècle. À moins qu'une révolte populaire ne donne aux militaires opposés à la réconciliation une excuse pour tasser les réformistes.»
La suspension des travaux sur le barrage hydroélectrique, dont l'électricité devait alimenter le sud-ouest de la Chine, est un indice important que les choses changent, selon M. Kuhonta. «Je crois que les généraux sont inquiets de constater l'arrogance grandissante de la Chine, par exemple dans les disputes frontalières maritimes avec le Viêtnam et les Philippines», ajoute Michael Green, un politologue de l'Université Georgetown à Washington qui a fait partie du Conseil national de sécurité de George W. Bush et suit de près le dossier. «Les Birmans sont les descendants des Mongols et sont particulièrement nerveux face aux Hans chinois.»
L'autre inconnue est la réaction des multiples groupes ethniques, qui composent la moitié de la population, selon M. Green. «Pour le moment, l'armée semble avoir vaincu ou coopté les rebelles des différents groupes ethniques. Mais c'est une poudrière.»
source http://www.cyberpresse.ca/international/asie-oceanie/201111/02/01-4463627-degel-en-birmanie-200-prisonniers-politiques-liberes.php
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le parti de Suu Kyi de retour ?
Un amendement à la loi birmane sur les partis politiques est entrée en vigueur, selon les médias d'Etat, ouvrant la voie à un retour officiel du parti dissous de l'opposante Aung San Suu Kyi sur la scène politique.
La loi sur l'enregistrement des partis politiques stipulait jusqu'à présent que les partis devaient "préserver la Constitution" de 2008, alors qu'ils ne devront plus désormais que la "respecter et s'y conformer", a indiqué aujourd'hui le journal Myanmar Ahlin. Une nuance qui permettrait les critiques de cette Constitution.
Le texte adopté par le Parlement et signé par le président Thein Sein retire également la clause qui empêchait les personnes emprisonnées d'être membre d'un parti. La Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Suu Kyi, qui compte de nombreux membres encore emprisonnés et qui n'a pas accepté la Constitution de 2008, avait été dissoute en mai 2010 avoir annoncé son boycottage des élections de novembre 2010.
Le parti avait refusé de se prêter aux nouvelles règles électorales de la junte en les interprétant comme destinées à exclure sa figure de proue et secrétaire générale, qui était alors en résidence surveillée. La nouvelle loi pourrait ainsi permettre le nouvel enregistrement de la LND, alors que des élections partielles sont attendues prochainement. Le parti a salué cet amendement. "Nous discuterons de quoi faire et comment nous continuons lundi", a précisé son porte-parole Nyan Win à l'AFP.
La lauréate du prix Nobel de la paix, libérée de sept année de résidence surveillée une semaine après les élections de l'an dernier, avait indiqué en septembre que son parti discuterait de la possibilité de se réenregistrer en fonction des développements politiques. Le nouveau gouvernement birman, qui a entamé le dialogue avec Mme Suu Kyi, s'était dit prêt à travailler avec la LND si elle s'enregistrait officiellement.
En mars, la junte s'est autodissoute et a transmis son pouvoir à un gouvernement dit "civil", même s'il est encore complètement sous influence militaire. Ce nouveau régime a multiplié ces derniers mois les gestes d'ouverture. Il a notamment suspendu un projet de barrage controversé en disant vouloir "respecter la volonté du peuple" et a libéré mi-octobre environ 200 des quelque 2.000 prisonniers politiques.
afp
Maltraitance sur des prisonniers politiques malgré quelques signes d'ouverture
En Birmanie, les signes d'ouverture se multiplient depuis la mise en place d'un gouvernement civil il y a un an. Mais il reste encore beaucoup à faire: ce vendredi 4 novembre, Amnesty international souligne le triste sort de quinze prisonniers politiques en grève de la faim depuis dix jours. Car pour les punir de ce mouvement, on leur interdit de boire.
Amnesty international s'inquiète de la santé d'une quinzaine de détenus birmans ayant entamé une grève de la faim, le 26 octobre 2011, au sein de la prison d'Insein à Rangoon. Ces prisonniers politiques veulent exprimer leur colère contre l'injustice qui, selon eux, leur est faite: ils se voient en effet régulièrement privés des réductions de peine que l'on accorde aux détenus de droit commun.
Aujourd'hui, en guise de punition, les autorités de la prison empêchent ces prisonniers de boire. Dans son communiqué, Amnesty International estime que « priver les détenus d'eau potable » risque d'engager la « responsabilité des autorités pour leur mort rapide par déshydratation ». L'organisation note par ailleurs que huit de ces grévistes sont enfermés dans des cellules privées d'ouverture extérieure, sans lit ni matelas, ni aération digne de ce nom.
L'ONU et les Etats-Unis ont pourtant salué les récents signes d'évolution du nouveau
régime civil birman, au pouvoir depuis mars 2011. Celui-ci, lors d'une importante amnistie, a libéré de nombreux prisonniers politiques en octobre dernier.
http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20111105-birmanie-maltraitance-prisonniers-politiques-malgre-quelques-signes-ouvertur
Un amendement à la loi birmane sur les partis politiques est entrée en vigueur, selon les médias d'Etat, ouvrant la voie à un retour officiel du parti dissous de l'opposante Aung San Suu Kyi sur la scène politique.
La loi sur l'enregistrement des partis politiques stipulait jusqu'à présent que les partis devaient "préserver la Constitution" de 2008, alors qu'ils ne devront plus désormais que la "respecter et s'y conformer", a indiqué aujourd'hui le journal Myanmar Ahlin. Une nuance qui permettrait les critiques de cette Constitution.
Le texte adopté par le Parlement et signé par le président Thein Sein retire également la clause qui empêchait les personnes emprisonnées d'être membre d'un parti. La Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Suu Kyi, qui compte de nombreux membres encore emprisonnés et qui n'a pas accepté la Constitution de 2008, avait été dissoute en mai 2010 avoir annoncé son boycottage des élections de novembre 2010.
Le parti avait refusé de se prêter aux nouvelles règles électorales de la junte en les interprétant comme destinées à exclure sa figure de proue et secrétaire générale, qui était alors en résidence surveillée. La nouvelle loi pourrait ainsi permettre le nouvel enregistrement de la LND, alors que des élections partielles sont attendues prochainement. Le parti a salué cet amendement. "Nous discuterons de quoi faire et comment nous continuons lundi", a précisé son porte-parole Nyan Win à l'AFP.
La lauréate du prix Nobel de la paix, libérée de sept année de résidence surveillée une semaine après les élections de l'an dernier, avait indiqué en septembre que son parti discuterait de la possibilité de se réenregistrer en fonction des développements politiques. Le nouveau gouvernement birman, qui a entamé le dialogue avec Mme Suu Kyi, s'était dit prêt à travailler avec la LND si elle s'enregistrait officiellement.
En mars, la junte s'est autodissoute et a transmis son pouvoir à un gouvernement dit "civil", même s'il est encore complètement sous influence militaire. Ce nouveau régime a multiplié ces derniers mois les gestes d'ouverture. Il a notamment suspendu un projet de barrage controversé en disant vouloir "respecter la volonté du peuple" et a libéré mi-octobre environ 200 des quelque 2.000 prisonniers politiques.
afp
Maltraitance sur des prisonniers politiques malgré quelques signes d'ouverture
En Birmanie, les signes d'ouverture se multiplient depuis la mise en place d'un gouvernement civil il y a un an. Mais il reste encore beaucoup à faire: ce vendredi 4 novembre, Amnesty international souligne le triste sort de quinze prisonniers politiques en grève de la faim depuis dix jours. Car pour les punir de ce mouvement, on leur interdit de boire.
Amnesty international s'inquiète de la santé d'une quinzaine de détenus birmans ayant entamé une grève de la faim, le 26 octobre 2011, au sein de la prison d'Insein à Rangoon. Ces prisonniers politiques veulent exprimer leur colère contre l'injustice qui, selon eux, leur est faite: ils se voient en effet régulièrement privés des réductions de peine que l'on accorde aux détenus de droit commun.
Aujourd'hui, en guise de punition, les autorités de la prison empêchent ces prisonniers de boire. Dans son communiqué, Amnesty International estime que « priver les détenus d'eau potable » risque d'engager la « responsabilité des autorités pour leur mort rapide par déshydratation ». L'organisation note par ailleurs que huit de ces grévistes sont enfermés dans des cellules privées d'ouverture extérieure, sans lit ni matelas, ni aération digne de ce nom.
L'ONU et les Etats-Unis ont pourtant salué les récents signes d'évolution du nouveau
régime civil birman, au pouvoir depuis mars 2011. Celui-ci, lors d'une importante amnistie, a libéré de nombreux prisonniers politiques en octobre dernier.
http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20111105-birmanie-maltraitance-prisonniers-politiques-malgre-quelques-signes-ouvertur
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Le régime birman relâche la pression sur l’opposition
Libérée il y a un an, la dissidente Aung San Suu Kyi dialogue avec le pouvoir.
L’icône de la démocratie en Birmanie, Aung San Suu Kyi, au centre à son arrivée à l’inauguration d’une bibliothèque à Rangoun. AFP
Les deux cents prisonniers d’opinion amnistiés il y a un mois jouissent d’une marge de manœuvre étonnante.
C’est un grand jour pour le moine birman U Kovida. Sa communauté organise une cérémonie religieuse pour fêter son retour au monastère de Dagon, un quartier nord de Rangoun. U Kovida a passé plus de quatre ans derrière les barreaux pour des raisons politiques. Il a bénéficié de l’amnistie du 12 octobre dernier alors qu’il devait être normalement libéré seize jours plus tard. « Les autorités ont choisi de relâcher, pour la plupart, des détenus en fin de peine », sourit-il.
Au deuxième étage du sanctuaire, des fidèles et des anciens prisonniers de conscience déposent dans le bol du moine libéré quelques offrandes. Des portraits de la dissidente Aung San Suu Kyi ornent les murs de la salle de prière. Les visiteurs s’agenouillent devant le moine. Puis ils psalmodient des chants en pali (1).
En septembre 2007, U Kovida ne supportait plus la souffrance économique de ses concitoyens, confrontés à une hausse brutale des prix. Il a osé manifester sa compassion dans la rue, aux côtés de dizaines de milliers d’autres moines. Leur soulèvement a été écrasé par les soldats. Ils ont mitraillé les cortèges.
« Un officier militaire m’a donné l’ordre de sortir du grenier où j’étais caché, se rappelle U Kovida. Il avait bu. Il a pointé son fusil vers moi. Je suis descendu et il m’a mis un coup-de-poing au visage. »
« MONTRER NOTRE COMPASSION DE MANIÈRE PACIFIQUE »
En prison, ses interrogateurs lui ont retiré sa robe safran. Les gardiens lui manquaient de respect quand ils ne le battaient pas. « Je n’ai pas renoncé à mon vœu, explique U Kovida, rentré dans les ordres il y a trente-sept ans. En prison, j’étais donc bonze même si je portais le longyi (la jupe traditionnelle birmane). Je considérais d’ailleurs mon longyi comme une robe. Je le retroussais un peu comme on retrousse la robe. »
U Kovida se défend de faire de la politique. Mais il n’hésitera pas à manifester une nouvelle fois si le gouvernement opprime le peuple. « Nous aurions alors le devoir de prier pour un avenir meilleur et de montrer notre compassion de manière pacifique. Il ne s’agit pas de faire la révolution. Alors, pourquoi aurais-je peur ? », questionne-t-il.
Pour le moment, le gouvernement birman choisit la voie de l’apaisement. En novembre 2010, les militaires au pouvoir depuis 1962 ont rendu l’uniforme pour se présenter en tant que civils aux premières élections organisées depuis plus de vingt ans. Le scrutin a été entaché de nombreuses irrégularités. Largement élus, ils ont formé un nouveau gouvernement et nommé U Thein Sein, réputé modéré, au poste de président.
Rapidement, U Thein Sein a pris plusieurs décisions populaires : libération de 10 % des prisonniers de conscience, suspension d’un projet de barrage très controversé destiné à fournir de l’électricité à la Chine, révision des lois électorales pour permettre au parti d’Aung San Suu Kyi de concourir aux élections partielles de décembre.
FORMATIONS EN INFORMATIQUE ET DROITS CIVIQUES
Le moine U Kovida a du mal à reconnaître ces avancées. « Si le gouvernement était bon, il aurait déjà relâché tous les prisonniers politiques », argumente-t-il. Or, environ mille huit cents prisonniers de conscience croupissent encore dans les geôles.
Beaucoup d’activistes libérés le 12 octobre ne sont pas surveillés de près par la police. Ils veulent profiter de ce climat serein pour agir sur la scène politique. Et les idées ne manquent pas. Certains font circuler des pétitions pour réclamer la libération inconditionnelle de leurs camarades condamnés à de lourdes peines. D’autres témoignent publiquement de leur vie derrière les barreaux. D’autres encore organisent des formations en informatique et droits civiques pour se remettre à niveau après avoir été coupés de la société pendant de longues années.
Ces démarches sont-elles risquées ? « Le président essaie de libéraliser un peu le pays. C’est donc le bon moment pour mener ces actions politiques », note Zaw Ye Win, tout juste libéré après douze années de détention.
Car le climat politique a bel et bien changé. « Je pense que les autorités ont compris que moi et mes camarades n’avions rien fait de mal. C’est pour cela qu’elles nous ont relâchés, explique U Ko Ko Gyi, lui aussi sorti de prison il y a un mois. Le président Thein Sein est une personne dont nous avons besoin pour le changement et le progrès. »
LES BIRMANS CONSTATENT D’EUX-MÊMES LES RÉFORMES
Ces paroles laudatives sont nouvelles. Il y a encore quelques mois, la dissidence ne se privait pas de fustiger les dirigeants du pays. Aujourd’hui, l’équipe au pouvoir inspire au minimum un attentisme prudent.
Les Birmans constatent d’eux-mêmes les réformes. « Auparavant, vous ne pouviez rien faire de politique en public, se souvient le chanteur de hip-hop Zayar Thaw, prisonnier de conscience libéré en mai. Le fait de montrer une réaction politique pouvait conduire à l’arrestation. Maintenant, nous pouvons nous exprimer un petit peu. » Mais cette liberté est précaire. Début août, le pouvoir a interdit à Zayar Thaw de monter sur scène, sans explication.
Quoi qu’il en soit, le climat de peur si caractéristique en Birmanie commence à s’estomper. Pourquoi le pouvoir opère-t-il ce virage ? « Les anciens militaires ont compris qu’ils ne peuvent pas indéfiniment diriger le pays par la force », explique Myat Thu, un cadre du soulèvement démocratique de 1988.
Ils octroient donc quelques libertés tout en ménageant l’opposition afin de limiter les risques de révolte populaire. « Les anciens militaires au pouvoir veulent que le peuple oublie les violences qu’ils ont commises dans le passé, poursuit Myat Thu. Ils cherchent à gagner le soutien populaire. C’est pour cela qu’ils dialoguent avec Aung San Suu Kyi. »
« La Dame » s’entretient régulièrement avec le ministre birman du travail. Elle jouit d’un capital de confiance inestimable au sein de la population birmane. Le gouvernement espère en bénéficier un peu en la fréquentant. Une stratégie astucieuse pour adoucir son image.
(1) Langue autrefois parlée en Inde et qui est toujours utilisée comme langue liturgique dans le bouddhisme theravada.
Rémy Favre, à Rangoun
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Le-regime-birman-relache-la-pression-sur-l-opposition-_EG_-2011-11-09-734169
L’icône de la démocratie en Birmanie, Aung San Suu Kyi, au centre à son arrivée à l’inauguration d’une bibliothèque à Rangoun. AFP
Les deux cents prisonniers d’opinion amnistiés il y a un mois jouissent d’une marge de manœuvre étonnante.
C’est un grand jour pour le moine birman U Kovida. Sa communauté organise une cérémonie religieuse pour fêter son retour au monastère de Dagon, un quartier nord de Rangoun. U Kovida a passé plus de quatre ans derrière les barreaux pour des raisons politiques. Il a bénéficié de l’amnistie du 12 octobre dernier alors qu’il devait être normalement libéré seize jours plus tard. « Les autorités ont choisi de relâcher, pour la plupart, des détenus en fin de peine », sourit-il.
Au deuxième étage du sanctuaire, des fidèles et des anciens prisonniers de conscience déposent dans le bol du moine libéré quelques offrandes. Des portraits de la dissidente Aung San Suu Kyi ornent les murs de la salle de prière. Les visiteurs s’agenouillent devant le moine. Puis ils psalmodient des chants en pali (1).
En septembre 2007, U Kovida ne supportait plus la souffrance économique de ses concitoyens, confrontés à une hausse brutale des prix. Il a osé manifester sa compassion dans la rue, aux côtés de dizaines de milliers d’autres moines. Leur soulèvement a été écrasé par les soldats. Ils ont mitraillé les cortèges.
« Un officier militaire m’a donné l’ordre de sortir du grenier où j’étais caché, se rappelle U Kovida. Il avait bu. Il a pointé son fusil vers moi. Je suis descendu et il m’a mis un coup-de-poing au visage. »
« MONTRER NOTRE COMPASSION DE MANIÈRE PACIFIQUE »
En prison, ses interrogateurs lui ont retiré sa robe safran. Les gardiens lui manquaient de respect quand ils ne le battaient pas. « Je n’ai pas renoncé à mon vœu, explique U Kovida, rentré dans les ordres il y a trente-sept ans. En prison, j’étais donc bonze même si je portais le longyi (la jupe traditionnelle birmane). Je considérais d’ailleurs mon longyi comme une robe. Je le retroussais un peu comme on retrousse la robe. »
U Kovida se défend de faire de la politique. Mais il n’hésitera pas à manifester une nouvelle fois si le gouvernement opprime le peuple. « Nous aurions alors le devoir de prier pour un avenir meilleur et de montrer notre compassion de manière pacifique. Il ne s’agit pas de faire la révolution. Alors, pourquoi aurais-je peur ? », questionne-t-il.
Pour le moment, le gouvernement birman choisit la voie de l’apaisement. En novembre 2010, les militaires au pouvoir depuis 1962 ont rendu l’uniforme pour se présenter en tant que civils aux premières élections organisées depuis plus de vingt ans. Le scrutin a été entaché de nombreuses irrégularités. Largement élus, ils ont formé un nouveau gouvernement et nommé U Thein Sein, réputé modéré, au poste de président.
Rapidement, U Thein Sein a pris plusieurs décisions populaires : libération de 10 % des prisonniers de conscience, suspension d’un projet de barrage très controversé destiné à fournir de l’électricité à la Chine, révision des lois électorales pour permettre au parti d’Aung San Suu Kyi de concourir aux élections partielles de décembre.
FORMATIONS EN INFORMATIQUE ET DROITS CIVIQUES
Le moine U Kovida a du mal à reconnaître ces avancées. « Si le gouvernement était bon, il aurait déjà relâché tous les prisonniers politiques », argumente-t-il. Or, environ mille huit cents prisonniers de conscience croupissent encore dans les geôles.
Beaucoup d’activistes libérés le 12 octobre ne sont pas surveillés de près par la police. Ils veulent profiter de ce climat serein pour agir sur la scène politique. Et les idées ne manquent pas. Certains font circuler des pétitions pour réclamer la libération inconditionnelle de leurs camarades condamnés à de lourdes peines. D’autres témoignent publiquement de leur vie derrière les barreaux. D’autres encore organisent des formations en informatique et droits civiques pour se remettre à niveau après avoir été coupés de la société pendant de longues années.
Ces démarches sont-elles risquées ? « Le président essaie de libéraliser un peu le pays. C’est donc le bon moment pour mener ces actions politiques », note Zaw Ye Win, tout juste libéré après douze années de détention.
Car le climat politique a bel et bien changé. « Je pense que les autorités ont compris que moi et mes camarades n’avions rien fait de mal. C’est pour cela qu’elles nous ont relâchés, explique U Ko Ko Gyi, lui aussi sorti de prison il y a un mois. Le président Thein Sein est une personne dont nous avons besoin pour le changement et le progrès. »
LES BIRMANS CONSTATENT D’EUX-MÊMES LES RÉFORMES
Ces paroles laudatives sont nouvelles. Il y a encore quelques mois, la dissidence ne se privait pas de fustiger les dirigeants du pays. Aujourd’hui, l’équipe au pouvoir inspire au minimum un attentisme prudent.
Les Birmans constatent d’eux-mêmes les réformes. « Auparavant, vous ne pouviez rien faire de politique en public, se souvient le chanteur de hip-hop Zayar Thaw, prisonnier de conscience libéré en mai. Le fait de montrer une réaction politique pouvait conduire à l’arrestation. Maintenant, nous pouvons nous exprimer un petit peu. » Mais cette liberté est précaire. Début août, le pouvoir a interdit à Zayar Thaw de monter sur scène, sans explication.
Quoi qu’il en soit, le climat de peur si caractéristique en Birmanie commence à s’estomper. Pourquoi le pouvoir opère-t-il ce virage ? « Les anciens militaires ont compris qu’ils ne peuvent pas indéfiniment diriger le pays par la force », explique Myat Thu, un cadre du soulèvement démocratique de 1988.
Ils octroient donc quelques libertés tout en ménageant l’opposition afin de limiter les risques de révolte populaire. « Les anciens militaires au pouvoir veulent que le peuple oublie les violences qu’ils ont commises dans le passé, poursuit Myat Thu. Ils cherchent à gagner le soutien populaire. C’est pour cela qu’ils dialoguent avec Aung San Suu Kyi. »
« La Dame » s’entretient régulièrement avec le ministre birman du travail. Elle jouit d’un capital de confiance inestimable au sein de la population birmane. Le gouvernement espère en bénéficier un peu en la fréquentant. Une stratégie astucieuse pour adoucir son image.
(1) Langue autrefois parlée en Inde et qui est toujours utilisée comme langue liturgique dans le bouddhisme theravada.
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