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Une histoire birmane ordinaire

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Message  Admin Mar 27 Avr 2010 - 6:25

source http://michjuly.typepad.com/blog/

Une histoire birmane ordinaire 6a012822

Il y a quelques années, je décidais de partir en Birmanie, voyage que j’attendais depuis très longtemps avec impatience. Le pays s’ouvrait et offrait un peu plus que cette unique semaine de séjour qu’il avait longtemps autorisée aux visiteurs. Quatre semaines, c’est beaucoup et pas assez, mais c’était suffisant pour me faire une idée de ce pays dont certains disaient qu’il ne fallait pas y aller, car c’était enrichir la junte, tandis que d’autres, au contraire, encourageaient les visiteurs à se rendre compte par eux-mêmes. Personne n’était d’accord, tout comme pour la visite des villages-camps de Padaungs en Thaïlande, considérés comme des zoos par beaucoup, pourtant l’argent « taxé » aux touristes étrangers par les « rangers », est en partie redistribué aux familles du camp dont les femmes portent les anneaux. Et sans visiteurs, pas d’argent…

Je me rendais donc à Rangoon avec mon fils, depuis la Thaïlande, avec l’intention de louer une voiture avec chauffeur (pas d’autorisation de conduire soi-même), afin de circuler le plus facilement possible dans les zones autorisées par la junte. La voiture s’est vite révélée dater de l’époque coloniale, tandis que le chauffeur - Maw-Maw - jeune birman s’est révélé, lui, aussi discret que souriant et efficace étant donné les circonstances. Apres cinquante kilomètres sur la route de Pagan, on a commencé à crever, et le nombre de fois où l’on s’est fait remorquer, en charrette à cheval ou par d’autres moyens tout aussi folklo jusqu'aux villages les plus proches pour réparer… mes doigts de la main ne suffiraient pas à les comptabiliser. Voyage épique, plein d’imprévus et de rencontres fortuites.

Après trois semaines de pérégrinations, alors que nous nous apprêtions à rejoindre la capitale depuis le lac Inle, des soldats armés nous arrêtaient à quelques centaines de mètres de notre hôtel. Sûrement pas par hasard. J’avais commis l’imprudence de noter « photographe » sur la demande de visa, à la case « Occupation », et je trimbalais un matériel photographique impressionnant qui avait dû attirer l’attention. L’interrogatoire, dont le ton semblait très désagréable, s’engage entre les 4 ou 5 policiers armés et un Maw-Maw pétrifié. Dans mon sac, des dizaines de bobines de films dont certaines photos prises quelques heures plus tôt sur une route de traverse sur laquelle j’avais demandé à Maw-Maw de nous engager.

Ce gentil garçon - s’il comprenait l’essentiel de ce que nous lui demandions - avait pris le parti ne pas parler l’anglais. Ainsi la conversation n’avait pu, à aucun moment, glisser vers la politique, la critique de l’armée, la répression ou la misère. Nos échanges n’avaient été que pratiques, ce qui, en principe, aurait dû lui assurer une relative sécurité. Au cours de ce dernier arrêt avant de rejoindre Rangoon, j’avais repéré un groupe d’ouvriers (femmes et enfants en bas âge), travaillant sur la route à répandre, quasiment à mains nues, et sans autre protection qu’un foulard devant la bouche, du goudron aux fumées toxiques sur la chaussée. A ma demande, Maw-Maw s’est arrêté. Sans rechigner. A contre cœur ? Je ne le crois pas. J’ai eu, au contraire, l’impression qu’il avait accepté que nous soyons témoins d’autres choses que ces sublimes images d’Epinal que constituaient les temples de Pagan, les Bouddhas de Mandalay, et les pécheurs du lac Inle, pour lesquels l’agence officielle du gouvernement avait donné son autorisation.

Des enfants de 6 ou 7 ans (d’apparence en tout cas), et des femmes très jeunes, travaillaient sous le regard et la baguette d’un contremaître. Le soleil de ce mois de mars était de plomb et le goudron fumaient ses vapeurs suffocantes. Je ne pouvais croire que ces enfants et ces femmes étaient volontaires. Leur peau, couverte de thanaka - protection dérisoire contre le soleil - grillait sous le double effet de la chaleur du ciel et du goudron à l’état visqueux. Leur faible sourire et ces regards tristes et soumis, que je n’oublierai jamais, disaient sans qu’il ait été besoin de mots, à quel point leur condition était pénible, Avait-il seulement connu autre chose que cette forme d’esclavage ? Etaient-ils Karen ? Avaient-ils été amenés là, de force ? Je ne sais…Je shootais, c’est tout ce que je pouvais faire.

Et là, à quelques centaines de mètres de notre hôtel, les militaires continuaient de mettre notre gentil Maw-Maw sur le gril. Enfin, après une heure d’incertitude glaçante, dans la touffeur de la voiture, les militaires nous faisaient enfin signe de dégager, d’un geste que je trouvais peu élégant.

Un peu plus tard, alors que nous quittions l’hôtel pour aller dîner, nous faisions ce triste constat : la voiture de Maw-Maw était toujours devant le poste de police. Aux alentours de minuit, pas de changement, et le lendemain matin, c’était un autre chauffeur et une autre voiture qui venaient nous chercher à l’hôtel. Contrariée, je me fais conduire jusqu'à l’agence pour exiger des explications. Le responsable haussait les épaules et lâchait : « Oh Maw-Maw est toujours au commissariat… », comme s’il s’agissait d’une routine ordinaire. Alors j’ai compris qu’il y avait un problème. Nous avons renvoyé le chauffeur, fait nos bagages à toute vitesse et filé vers l’aéroport en taxi. Malheureusement nous n’étions pas prévus sur le vol en partance pour Bangkok, mais sur celui décollant deux jours plus tard. Alors, liste d’attente, et attente. Insupportable….

Alors que l’espoir commençait à faiblir sur nos chances de quitter le pays, alors que je serrais précieusement appareil photo et pellicules litigieuses contre moi, l’employé de la « Thaïe Airways » nous faisait signe : « Vous décollez ». Je l’aurais embrassé !

Ce n’est qu’une fois dans l’avion, que mon fils et moi-même, avons commencé à respirer, Ce qui est arrivé à Maw-Maw, je ne le saurai jamais. Il faut croire qu’il n’a pas parlé, sinon la police nous aurait rattrapés et aurait probablement intercepté mes pellicules.
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Message  Admin Mar 27 Avr 2010 - 7:59

source http://zazaille.blogspot.com/2010/04/destination-myanmar.html

Une petite fille sage qui part en voyage

MONDAY, APRIL 26, 2010
Destination Myanmar
Myanmar, ancienne Birmanie, est une destination qui demande un peu de réflexion. Il y une perception des touristes dans ce pays qui peut varier. Est-ce une bonne chose ou est-ce encourager le gouvernement présent? Ça dépend de votre analyse de la situation et aussi des personnes de qui vous tenez votre information. Il est impossible d’obtenir tous les renseignements nécessaires et réels avec si peu de contact. Laissez moi vous donnez un très court historique du Myanmar. Je suis loin d’être une experte et il y a eu tellement d’évènements que ce sera vraiment un résumé des évènements passés pour tenter de vous donnez une bonne idée de ce qui se passe présentement.

L’Angleterre s’est approprié Mandalay en 1885 et ils ont pris le contrôle des exportations de teak , pierres précieuses, riz et de pétrole . Pendant leur règne, ils ont encouragé les Indiens et les Chinois à immigrer au Myanmar pour leur connaissances des affaires. Ils voulaient stimuler l’économie du pays! Ils ont si bien réussis que les gens du pays ne pouvaient pas les égaler.

Le Myanmar devient finallement indépendent de l’Angleterre en 1948. Ils ont un leader politique qui promet avec ses discussions de démocracie mais il sera assassiné, certains diront par l’armée. C’était le début de leurs problèmes! Le pays comprend plusieurs groupes ethniques qui ne font pas confiance au gouvernement et plusieurs groupes de rebelles se forment et font la guerre. Les Chinois essaient d’envahir les régions le long des frontières. Le gouvernement reprendra un certain contrôle en milieu des années 50 mais l’économie du pays ne va pas bien. Les militaire en profite pour faire un coup d’état et ils prennent le contrôle du pays. Ils commencent à fermer leur frontière au monde extérieur et le visa touristique est de 24 heures. Au milieu des années 60, ils ont établis une liste de produits qui devaient être vendus que dans certains magasins. Un marché noir important pour des produits quotidiens a rapidement vu le jour mais plusieurs propriétaires de magasins ne faisaient plus assez de bonnes affaires pour survivre. Ces propriétaires étaient surtout des Indiens et des Chinois… Ils ont été mis en dehors du pays, ne pouvant pas apporter avec eux la totalité de leur argent!

La situation économique a continué à se détériorer et les gens se sont finalement rebellés à la fin des années 80. Des protestations ce sont déroulées à la suite desquelles, on compte au moins 3000 morts . Un nouveau parti politique voit le jour suite à l’arrivée d’une femme, Aung San Suu Kyi. Le gouvernement a la frousse et essait de faire diversion sur le peuple en construisant de nouvelles routes, en peignant de vieux buildings, en modifiant certains procédés électoraux et en différant les élections. Tout ça ne fonctionnera pas et Aung San Suu Kyi sera arrêter et confinée dans sa maison en 1989 avant les élections . Le parti politique représenté par Aung San Suu Kyi gagnera 392 des 485 sièges quand même mais autour de 100 de ces leaders seront arrêtés, exilés ou tués. Ces évènements auront comme effets d’attirer l’attention des médias et du monde entier.

Toute cette publicité permet à Aung San Suu Kyi d’être relâchée en 1995 et elle donnera quelques discours pour le support du parti politique démocratique. Elle se mêlera à quelques manifestations et en route pour rejoindre certains supporteurs en 2000, elle sera de nouveau confinée à sa maison, sera relâchée pour un court temps, et arrêtée de nouveau en 2003 pour une troisième fois. Elle est toujours dans sa maison et un bout de rue devant sa maison est gardée par l’armée pour empêcher des visiteurs. Avec tous ces évènements, les États –Unis décident d’interdire tous nouveaux investissements au Myanmar par des entreprises américaines. D’autres pays suivront. Les banques étrangères fermeront leurs portes au Myanmar. En1999, il y a eu des sanctions appliquées contre le Myanmar pour l’utilisation de travaux forcés pour la construction de certaines routes et édifices ainsi que parce qu’ils ont utilisé des civiles comme … détecteurs de mines.

En 2007, le prix du gaz a augmenté de 200% et les gens ont bien sûr protesté. Même les monks ont marché pour la protestation. L’armée a utilisé des armes à feu pour mettre de l’ordre et un des monks a été battu à mort. Une centaine d’autres monks sont arrêtés. L’association des Monks refusa de donner l’absolution aux officiels militaires après ces évènements. La population ne se sentait pas en sécurité! Un photographe Japonais se fait descendre par un soldat et le tout peut être visionné sur film. Deux jours plus tard, les protestations sont arrêtées et internet est blocké pour arrêter la diffusion de ces évènements.

En 2008, la première élection depuis 20 ans doit prendre place. Un cyclone passera par le Myanmar dans la même période et laissera 2 millions de gens sans abris et nourriture. L’aide extérieure au pays sera refusée! Ça prendra plus d’une semaine avant que toutes les personnes en besoin soient rejoints. Le gouvernement décida de laisser les élections à la même date, même après la destruction du pays par le cyclone. La majorité des personnes qui ont pu voter décidèrent qu’ils garderaient un gouvernement militaire.

Il y a quelques raisons pour ne pas venir par ici. Ils ont utilisé les travaux forcés pour la construction de sites destinés aux touristes principalement. Ils ont relocalisé des milliers de familles pour construire des hôtels et nettoyer les rues. Ces familles étaient surtout des familles les plus pauvres. Il y a un prix pour certains des sites à visiter qui va directement dans les poches du gouvernement. La route à suivre pour les touristes est pas mal déterminée d’avance. Il est très facile de voyer dans une direction et pas du tout dans l’autre par exemple. Les touristes qui n’ont pas beaucoup de temps vont préférer suivre cette route. Il y a certaines autobus qui ne prennent pas de touristes. Plusieurs régions du pays sont restraintes et le gouvernement demande d’avoir un permit. Des régions sont tout simplement non accessibles aux touristes. Il y a des militaire en poste sur cetaines routes pour vous empêcher de passer. Les raisons derrières ces restrictions sont nombreuses. Au sud, il y a encore des groupes rebelles qui se battent. Au nord, c’est le paradis des pierres précieuses comme les rubis. Les gens creusent le sol de leur propriété et ils sont en droit de vous vendre ces pierres pour vraiment pas cher. Le gouvernement ne veut donc pas que les tourists ai accès à peu de frais aux rubis quand il peut avoir une bonne partie des profits! Il y a même des rumeurs à propos d’espions qui se promèneraient pour vérifier nos déplacements et nous poser des questions si on s’arrête dans des plus petits villages…

Il y a par contre beaucoup plus deraisons pour y venir d’après moi. Quand je regarde dans les rues, j’ai l’impression que la plupart des gens sont vraiment contents que nous soyons là. Ils nous arrêtent pour nous serrer la main et nous remercie. Ils veulent que nous aimions leur pays, ils en sont fiers! S’ils aprlaient un peu plus anglais ou moi un peu plus birmien, les échanges seraient intéressants et leur permettraient d’acquérir plus d’informations provenant de l’extérieur. Cependant, nous nous devons d’être conscients des sujets abordés avec les gens ici. Ils pourraient se retrouver dans l’eau chaude s’ils parlent contre le gouvernement où si on leur procure des sources extérieures qui peuvent jetter une lumière négative sur le pays et ses dirigants. Nous essayons d’éviter tous les hôtels qui sont dirigés par le gouvernement et donc essayons de contribuer à l’économie locale. Nous utilisons des services privés pour nos transports comme les pick-up et les bus à la place du train. On essait de manger dans des endroits différents dans une même ville pour enrichir le plus de monde possible. Et bien sûr, les régions que nous visistons sont absolument magnifiques!

Est-ce que mon voyage est affecté par ce type de gouvernemnt dictateur? Je dois dire premièrement que le visa était facile à obtenir. Nous avons fait la demande le 1er mars à Kathmandu et il était prêt le lendemain. Ils n’ont même pas demandé un itinéraire et on était embarqué pour un tour du Myanmar. Le visa est de 28 jours pour 20$ US avec une possibilité non-officielle de rester plus longtemps à 3$/jour.

Le boycott par plusieurs pays est le problème le plus important pour moi. Imagine être dans un pays pour 28 jours sans un guichet automatique et sans savoir combien ça te coûtera. Nous avions à obtenir de l’argent avant d’arriver dans le pays et si ton argent disparaît, tu dois quitter le pays pour en avoir plus. Je suis pas mal nerveuse de voyager avec toute cet argent sur moi en même temps surtout sachant que je suis cuite s’il arrive quelque chose. J’écrirai un blog à propos de l’argent, ça en vaut la peine.

Le guide est nécessaire pour voyager dans ce pays. Il y a une nombre limit. d’hôtels qui acceptent les touristes et les prix des billets de bus sont utiles pour limiter les abus. Certaines villes n’ont pas d’hôtels pour touristes alors tu dois continuer ton chemin dans ce cas là! Les hôtels sont donc un peu plus dispendieux puisqu’ils ont le monopole.

L’accès internet a été un problème. Le gouvernement limite cet accès. La plupart des cafés internet ont installé un programme qui permet de contourner l’interdiction de certains sites les plus utilisés par les touristes. Il y a cependant beaucoup de sites qui restent bloqués et vous devez passer par un site internet qui donne à votre ordinateur une adrresse IP en dehors du pays. Ça rend le processus très long et les chances de se rendre sur la page demandée sont d’à peu près 50%. Si ça ne fonctionne pas,. tu continues d’essayer and peut-être…Ça m’a pris 2 heures pour vérifier mes messages et uploader 3 blogs la dernière fois. On ne parlera pas des photos…La majorité des downloads sont bloquées dans la plupart des cafés.

Pendant le festival de l’Eau, 3 bombes (ou grenades selon certaines rumeurs) ont explosé à Yangon tuant 9 personnes. Je ne suis pas sûre s’il y a un lien mais 2 jours plus tard, l’accès internet a été a nouveau coupé. L’histoire officielle qui nous a été donné était qu’un sousmarin avait détruit le cable dans le fond de la mer!! Je n’ai pas pris le temps de vérifier tout ça jusqu’à maintenant mais si la plupart des personnes ici croient cette histoire, le gouvernement a plus d’influence que je le pensais. De toute manière, c’était surtout pour vous faire réaliser que la recherche d’information sur internet n’est pas facile et que ce qui est planifié pour une session de 30 minutes, devient un 2 heures dans une salle enfumée.

Il y a beaucoup plus de bonnes choses ici que de mauvaises. L’expérience jusqu’à maintenant a été extraordinaire et je recommanderais cette destination à tous. Les paysages sont beaux et les gens valent la peine de s’arrêter. Même en tant que fille, je voyagerais dans ce pays sans peur. Je sais que j’ai dit tout ça pour tous les pays visités jusqu’à maintenant mais vraiment les gens ici sont les plus fins!
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Message  Admin Mar 27 Avr 2010 - 19:16



Les écrivains voyageurs devraient recevoir des médailles, des billets d'avion gratuits, des logements de fonction pour incitation au tourisme par voie littéraire. Pour avoir écrit le flamboyant Birmane (éditions Plon), Christophe Ono-dit-Biot obtiendrait la jouissance exclusive d'une résidence à l'année à Rangoon sur une île paradisiaque au large des côtes birmanes.

On l'imaginerait volontiers en photographe fiévreux, en écrivain savourant une retraite paisible loin du tumulte parisien ou en aventurier hâbleur, peau patinée par le soleil, barbe de trois jours et regard enténébré, naviguant dans les eaux troubles de la Venise d'Extrême-Orient à la recherche du diamant rose. Hélas, la Birmanie est une dictature et après une telle charge littéraire, la junte militaire au pouvoir lui réserverait bien une suite, oui, mais avec vue sur l'enfer.

Car si Birmane est un roman initiatique, récit d'un voyageur amoureux d'une terre aux reflets chatoyants, qui nous entraîne au cœur d'une Birmanie magnifiée, il est aussi un texte engagé, au souffle lyrique, ni pamphlet politique, ni règlement de comptes, mais une critique acide d'un régime autocratique qui contrôle, soumet, enferme, tue, joue avec les peurs. Pour son quatrième roman, évitant tous les pièges du roman politique phraseur, Christophe Ono-dit-Biot jongle avec les codes littéraires, brouillant les pistes, renouant avec la tradition du livre d'aventure, du récit de voyage, de la grande épopée où chaque chapitre est porté par un souffle lyrique.

Mais à travers l'histoire de ce jeune journaliste français parti pour réaliser l'interview du siècle et rattrapé par la sensualité suave d'un pays et d'une troublante et énigmatique femme médecin, c'est une vision croisée de l'Asie et de l'Occident que l'auteur nous offre ici. Vision angélique, enchanteresse des Occidentaux soucieux d'exotisme, avides d'opium, de pierres aux éclats moirés et de filles aux allures virginales : » Vous voulez de l'aventure parce que vous vous ennuyez à mourir dans votre conformisme quotidien » , dit l'un des protagonistes de ce roman au charme vénéneux.

Critique aux accents houellebecquiens de ces touristes occidentaux, lunettes noires sur le nez et dollars américains plein les poches. » Ici, si tu n'as pas un attrait réellement sincère pour la beauté du pays, la façon dont les gens vivent… Si tu n'es pas vraiment –comment dire ça ? – mortifié par l'injustice politique qui sévit, tu finis par te prendre au jeu. La dictature, quand t'es occidental […], tu ne la vois pas, tu l'oublies, tu prends ce qui t'est offert. Le cul exotique, la peau couleur d'ivoire et la fleur de jasmin qui va avec. »

De sa plume acerbe, Christophe Ono-dit-Biot dévoile les contradictions d'un pays miné par la corruption et la violence et n'épargne personne, pas même les bouddhistes qui se soumettent ou la jet-set birmane qui se déchaîne à l'abri des bombes. » Tout le monde crève de peur, personne n'ose rien dire. » Mais c'est aussi la vision d'un Occident dévoyé, vilipendé, accablé de tous les maux que l'on sent poindre : » Les salauds ! Ils manquent de médecins, mais détestent tellement les Occidentaux qu'ils préfèrent laisser mourir leur peuple ! » C'est vif, percutant. Sitôt le livre refermé, le lecteur n'a qu'une issue : l'offrir et réserver un vol pour le » pays le plus sensuel de l'Asie » .

» J'aime les endroits étranges, les pays dont on ne parle pas » , lâche d'une voix feutrée le jeune et nouveau directeur des pages culturelles du Point. Dans son bureau jonché de livres, Christophe Ono-dit-Biot parle avec enthousiasme de sa passion pour la Birmanie qu'il a découverte à l'occasion d'un reportage. Longtemps grand reporter et critique littéraire, cet agrégé de lettres est connu pour ses romans dont le dernier, « Génération spontanée », peinture au vitriol de la société du spectacle, a obtenu le prix littéraire de la Vocation. Mais ces deux dernières années, il a surtout été au cœur du cyclone politique, chargé de couvrir la campagne électorale pour Le Point.

En Octobre 2004, il suit Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget, à Washington, au FMI, pendant quatre jours : » J'ai vu les prémisses, une vraie machine humaine dont on sent qu'un grain de sable pourrait l'enrayer. »

En septembre 2005, il est aux côtés de François Bayrou, carnet de notes à la main –visiblement subjugué : » C'est une vraie personnalité, à rebours de son apparence. C'est le sabreur fou qui part seul, très courageux, jusqu'à la folie. » Il évoque Le Pen, » tout le temps dans l'autodérision. Une espèce d'anar de droite, comédien ringard aussi bon devant une salle pleine qu'une salle vide. » Un prochain personnage de roman ? Ses influences, il faut plutôt les chercher du côté des Anglo-Saxons : » J'aime le mélange de fiction et de réalité politique. » Kessel (on s'en doutait), Pérez-Reverte, Graham Green, Le Carré, Giles Foden sont ses auteurs de référence. Et bien sûr, Une Histoire birmane de George Orwell… » Ce livre, il avoue l'avoir longtemps porté en lui : » J'ai effectué de nombreux voyages et j'ai mis quatre ans à l'écrire. » Certains lui prédisent déjà l'Interallié. Il balaye cette idée d'un revers de la main. Ses projets immédiats : un voyage en Birmanie. Préparez vos valises !

Source http://www.rue89.com/2007/08/20/christophe-ono-dit-biot-une-histoire-birmane
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Message  Admin Mer 28 Avr 2010 - 7:15

Entre le concert des vertueux gardiens du politiquement correct - voyager en Birmanie, c'est faire le jeu du régime militaire - et les cartes postales touristiques - pagodes ruisselantes d'or et visages masqués de blanc - qui se soucie réellement de la Birmanie? Au-delà des clichés et des simplifications abusives, les éditions Olizane, basées en Suisse, se sont attachées à faire découvrir des aspects peu connus de ce pays dont la fascination ne date pas d'hier. Il y a quelques années, «Voyage en Birmanie» de Michael Symes, relation d'une ambassade anglaise en 1795, constituait un récit passionnant, remarquablement documenté, sur l'histoire du «royaume d'Ava». Récemment publié, «A mots couverts» d'Emma Larkin propose une approche à la fois historique et contemporaine, extrêmement originale, du royaume de l'éléphant blanc. Le titre anglais semble, au premier abord, surprenant: «Secret histories, Finding George Orwell in a Burmese teashop» ou comment trouver George Orwell dans un salon de thé birman!
L'auteur est née et a grandi en Asie. Journaliste, elle a étudié la langue et l'histoire birmanes et vit aujourd'hui en Asie du sud-est. Son livre se présente comme un récit de voyage, écrit à la première personne, sur les traces de George Orwell. Tout se passe entre les librairies et les salons de thé de Rangoun, et à travers tout un périple qui la mène de Mandalay à Miyaungmya ou Twante. Au fil de rencontres, de conversations, de confidences, elle suit le fil ténu qui court entre certaines œuvres d'Orwell - comme «Une histoire birmane» - et la trajectoire de l'écrivain qui fut, durant cinq ans, policier au service de l'empire britannique. Avec ses inévitables ambiguïtés: l'écrivain épris de justice était-il dans la vie un colonialiste brutal?

On est d'abord surpris de voir à quel point les intellectuels birmans ont été marqués par Orwell, au point de voir dans «La ferme des animaux» une métaphore de la situation birmane actuelle. Certains même l'appelant «le prophète» et soutenant que «1984» n'aurait jamais vu le jour sans ce séjour de l'écrivain en Birmanie.

Il faut attendre la page 170 du livre pour apprendre que l'auteur de «1984» avait des racines familiales en Birmanie. Son arrière-grand-père, un Français de Bordeaux, G.E. Limouzin, avait créé à Moulmein, dans une région riche en bois de teck, sur la mer d'Andaman, une compagnie spécialisée dans la construction de navires en bois. La mère d'Orwell était sa petite-fille. En 1927, Orwell vint ici diriger le quartier général de la police, un an seulement après la mort de sa grand-mère. Dans cette ville abandonnée par les familles anglaises, déclinante depuis les années 1960, Emma Larkin a retrouvé des familles anglo-birmanes où l'on parle encore de «l'oncle Eric» (son véritable nom était Eric Arthur Blair). Et cherché parmi les pierres tombales d'un cimetière déplacé une plaque au nom de Limouzin.

Au-delà de l'enquête sur un aspect méconnu de la vie et de l'œuvre d'un écrivain, ce qui rend ce livre fascinant, c'est tout ce qu'on peut lire en filigrane: ces dizaines de rencontres de libraires, étudiants, artistes ou commerçants, tous aux prises avec un régime dont ils décrivent avec une effroyable simplicité les exactions et les abus vécus au quotidien. La lumineuse présence d'une opposante courageuse, gracieux ange tutélaire, les aspirations spirituelles, essentielles, et la puissance obscure, absurde, de la junte au pouvoir. Chez ceux qu'elle écoute parler devant une tasse de thé (boisson dont Orwell connaissait bien le pouvoir) Emma Larkin croit reconnaître dans leurs confidences, leur courage, leurs peurs, leurs émotions, celles que vivent les personnages de «1984».

Parfois, elle en vient à partager leur panique et leur paranoïa trop souvent fondées. Au cœur des instants de chaleureuse complicité dans les salons de thé - ces espaces de parole - elle sent planer l'obscure menace. Au-delà même des racines birmanes d'Orwell et de ses particularités, on se dit que ses descriptions ne seraient, sans doute, guère différentes, dans tout autre pays totalitaire.

Marjorie Alessandrini

«A mots couverts, En Birmanie sur les traces de George Orwell», par Emma Larkin, traduit de l'anglais par Colette Merigot (Editions Olizane)

«Voyage en Birmanie» de Michael Symes, traduit de l'anglais par J. Castéra, a été publié en 2002 chez le même éditeur.

source http://bibliobs.nouvelobs.com/blog/impressionsdasie/un-en-birmanie
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