Y a-t-il un espoir cinématographique en Birmanie ?
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Y a-t-il un espoir cinématographique en Birmanie ?
La Birmanie a beau subir un régime politique militaire répressif, son industrie cinématographique est bien vivace. On se demande néanmoins qui des Généraux ou des Réalisateurs est la pire plaie du pays. Oubliez donc vos références : le cinéma birman est en soi un gag original, une galaxie originelle, une gageure culturelle. Au programme : épanchement de synovie cérébrale et fracture de l’œil droit.
Afin d’en comprendre toute la profondeur, voici les commandements du tournage birman :
1. Les films se tourneront SANS chef opérateur, SANS lumières, SANS étalonnage, SANS preneur de son, SANS mixage, SANS scripte, SANS raccords, SANS montage, SANS jeu d’acteur et SANS scénario.
2. Les objectifs des caméras birmanes ne seront JAMAIS nettoyés, la bague de mise au point ne sera JAMAIS employée, la fonction exposition ne sera JAMAIS découverte, l’usage de la bulle de trépied ne sera JAMAIS envisagé, la balance des blancs demeurera A JAMAIS un mythe birman.
Ainsi en va-t-il de Hot shot 2, récent hit du box office national qui tient ses engagements. L’histoire ? Gag, gageure et galaxie lointaine bis. Deux gosses de riche font mumuse avec une caméra en carton et draguent de la birmane à lourd handicap intellectuel. Leur mère – avisée – souhaite les envoyer au Japon pour parfaire leur éducation. Las ! Ils ratent leur avion et finissent dans un Beach Resort Hotel sur les côtes birmanes (Label Le cyclone Nargis n’a pas eu lieu). Et là, ils perdent leur caméra en carton. Mais qui a donc volé la caméra en carton ???
Afin d’en comprendre toute la profondeur, voici les commandements de la fiche personnages du cinéma birman :
1. Le gosse de riche birman sera laid (la version jeune du chef de gare birman nourri au riz frit aux abats qui ne sort de sa chaise qu’une fois par jour, le soir), mal coiffé (bonjour, j’ai confondu mon pot de nouilles sautées et mon pot de gel effet mouillé), d’un inconséquence vestimentaire grave (chemise à pois rose, jean à rayures violettes, chaussettes rouges et or, baskets blanches, casquette verte « I love NY » et Ray Ban made in Philippines, qui dit mieux ?), ontologiquement stupide (détail intéressant : pendant tout le film et à chacune de leurs tentatives, le cache de l’objectif de leur caméra reste fermé) et syndicalement peu expressif (après calcul, les acteurs proposent deux expressions : la bouche ouverte d’incompréhension et les yeux écarquillés. Ah, autant pour moi, c’est du 2 en 1).
2. La bimbo birmane sera paraphrastiquement vulgaire (maquillée comme une voiture d’importation volée) jouera vraiment mais vraiment très mal (palme de la veline locale et du sourire niais), pleurera beaucoup et fort et sans raisons. Elle portera aussi de fausses incisives blanches, un pantalon en cuir taille 32 et chaussures à talons compensés modèle 93, mais heureusement, parlera peu ou par onomatopée.
3. La mère aigrie birmane – avisée – sera assortie à son salon en toutes circonstances (Plan 1 : saran tournesol – canapé tournesol, Plan 2 : saran vert – canapé vert, Plan 3 : saran rose – canapé rose, etc.) Elle changera ainsi régulièrement de canapé duquel elle guettera le retour de ses nouilles de gosses. Et de leur répéter la même leçon de morale en champ contre-champ systématique. A contre-temps. A intervalle de 20 minutes. En boucle. Et ce jusqu’à la fin du film.
4. Le vieux birman sous formol sera suffisamment souple pour vitupérer tel un de Funès sous exta. Il aura la jambe leste et le rap inné. Il se distinguera également par sa grande bouche, sa dent rare et son haleine de bétel. (NDA : l’auteur suggère la création d’un poste « dentiste » sur les tournages).
On déplorera toutefois l’absence d’animaux héros (l’éléphant caustique ? la poule naine volage ? la joviale mygale tricolore ?) qui auraient trouvé un rôle à leur mesure.
Les films birmans sont des poèmes, de ceux qu’on lit aux toilettes après consommation excessive de riz frit aux abats. Ils laissent en bouche comme un goût de curry rance et de lait avarié. On en garde un souvenir ému, mouillé des larmes qui auront coulé pendant toute la séance par compassion pour un peuple qu’on enferme dans la médiocrité culturelle pour lui éviter de s’émanciper et de réfléchir par lui-même.
Cela étant, il y a un potentiel de création incroyable en Birmanie. Des documentaires de qualité voient le jour dans l’intimité et la discrétion d’écoles de cinéma privées, des cinéastes expérimentaux réalisent des projets audacieux sans un Kyat mais avec une force sans pareille. Gageons que de vrais et beaux films sortiront de leur confidentialité d’ici quelques années.
Le vent souffle où il veut.
Anne M.
Source http://cinethinktank.com/2011/01/27/y-a-t-il-un-espoir-cinematographique-en-birmanie/
Afin d’en comprendre toute la profondeur, voici les commandements du tournage birman :
1. Les films se tourneront SANS chef opérateur, SANS lumières, SANS étalonnage, SANS preneur de son, SANS mixage, SANS scripte, SANS raccords, SANS montage, SANS jeu d’acteur et SANS scénario.
2. Les objectifs des caméras birmanes ne seront JAMAIS nettoyés, la bague de mise au point ne sera JAMAIS employée, la fonction exposition ne sera JAMAIS découverte, l’usage de la bulle de trépied ne sera JAMAIS envisagé, la balance des blancs demeurera A JAMAIS un mythe birman.
Ainsi en va-t-il de Hot shot 2, récent hit du box office national qui tient ses engagements. L’histoire ? Gag, gageure et galaxie lointaine bis. Deux gosses de riche font mumuse avec une caméra en carton et draguent de la birmane à lourd handicap intellectuel. Leur mère – avisée – souhaite les envoyer au Japon pour parfaire leur éducation. Las ! Ils ratent leur avion et finissent dans un Beach Resort Hotel sur les côtes birmanes (Label Le cyclone Nargis n’a pas eu lieu). Et là, ils perdent leur caméra en carton. Mais qui a donc volé la caméra en carton ???
Afin d’en comprendre toute la profondeur, voici les commandements de la fiche personnages du cinéma birman :
1. Le gosse de riche birman sera laid (la version jeune du chef de gare birman nourri au riz frit aux abats qui ne sort de sa chaise qu’une fois par jour, le soir), mal coiffé (bonjour, j’ai confondu mon pot de nouilles sautées et mon pot de gel effet mouillé), d’un inconséquence vestimentaire grave (chemise à pois rose, jean à rayures violettes, chaussettes rouges et or, baskets blanches, casquette verte « I love NY » et Ray Ban made in Philippines, qui dit mieux ?), ontologiquement stupide (détail intéressant : pendant tout le film et à chacune de leurs tentatives, le cache de l’objectif de leur caméra reste fermé) et syndicalement peu expressif (après calcul, les acteurs proposent deux expressions : la bouche ouverte d’incompréhension et les yeux écarquillés. Ah, autant pour moi, c’est du 2 en 1).
2. La bimbo birmane sera paraphrastiquement vulgaire (maquillée comme une voiture d’importation volée) jouera vraiment mais vraiment très mal (palme de la veline locale et du sourire niais), pleurera beaucoup et fort et sans raisons. Elle portera aussi de fausses incisives blanches, un pantalon en cuir taille 32 et chaussures à talons compensés modèle 93, mais heureusement, parlera peu ou par onomatopée.
3. La mère aigrie birmane – avisée – sera assortie à son salon en toutes circonstances (Plan 1 : saran tournesol – canapé tournesol, Plan 2 : saran vert – canapé vert, Plan 3 : saran rose – canapé rose, etc.) Elle changera ainsi régulièrement de canapé duquel elle guettera le retour de ses nouilles de gosses. Et de leur répéter la même leçon de morale en champ contre-champ systématique. A contre-temps. A intervalle de 20 minutes. En boucle. Et ce jusqu’à la fin du film.
4. Le vieux birman sous formol sera suffisamment souple pour vitupérer tel un de Funès sous exta. Il aura la jambe leste et le rap inné. Il se distinguera également par sa grande bouche, sa dent rare et son haleine de bétel. (NDA : l’auteur suggère la création d’un poste « dentiste » sur les tournages).
On déplorera toutefois l’absence d’animaux héros (l’éléphant caustique ? la poule naine volage ? la joviale mygale tricolore ?) qui auraient trouvé un rôle à leur mesure.
Les films birmans sont des poèmes, de ceux qu’on lit aux toilettes après consommation excessive de riz frit aux abats. Ils laissent en bouche comme un goût de curry rance et de lait avarié. On en garde un souvenir ému, mouillé des larmes qui auront coulé pendant toute la séance par compassion pour un peuple qu’on enferme dans la médiocrité culturelle pour lui éviter de s’émanciper et de réfléchir par lui-même.
Cela étant, il y a un potentiel de création incroyable en Birmanie. Des documentaires de qualité voient le jour dans l’intimité et la discrétion d’écoles de cinéma privées, des cinéastes expérimentaux réalisent des projets audacieux sans un Kyat mais avec une force sans pareille. Gageons que de vrais et beaux films sortiront de leur confidentialité d’ici quelques années.
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Source http://cinethinktank.com/2011/01/27/y-a-t-il-un-espoir-cinematographique-en-birmanie/
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