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La cavale de l'ogre de Birmanie

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Message  Admin Jeu 8 Sep 2011 - 6:34

La cavale de l'ogre de Birmanie Rohingya_Kritsanavarin


Notre reporter suit depuis cinq ans l’errance d’Habib, musulman de Birmanie, apatride, chassé de Thaïlande et de Malaisie, aujourd’hui dans un centre de rétention australien.


TEXTE SOPHIE ANSEL * ET PHOTOGRAPHIE SUTHEP KRITSANAVARIN
Sources et documents de ce grand reportage dans Asies+
Juin 2011. Habib grimpe sur le toit du centre de rétention de Darwin (nord de l’Australie). Il vit sa 530e journée de captivité. Il entame une grève de la faim. « Nous sommes en bonne santé, nourris, bien traités physiquement mais nous souffrons de torture mentale : être perçus avec méfiance comme des dangers potentiels pour la sécurité de l’Australie ; attendre impuissants que des éléments de notre passé d’apatrides en cavale surgissent de nulle part pour prouver que nous ne le sommes pas. Nous n’avons aucun autre droit ici que celui d’attendre que l’on décide de notre identité. » Habib est un Rohingya : un mot à peine murmuré en Birmanie. Un mot interdit. Leur communauté n’existe pas. Là-bas, on les surnomme les Kalas, des « Noirs » étrangers, des hommes qui ne peuvent être birmans car ils sont « vilains comme des ogres » (selon la formule du général Ye Myint Aung, consul de Birmanie à Hongkong).
Majoritairement musulmans, les Rohingyas sont l’une des plus importantes populations apatrides au monde, le groupe humain le plus pauvre de l’un des pays les plus pauvres de la planète, le seul de Birmanie qui subit des restrictions au mariage et aux déplacements en dehors de ses villages ainsi qu’à la construction de bâtiments religieux. Une loi votée par la junte militaire en 1982 prive Habib et les siens de leur citoyenneté. Elle les rend migrants illégaux sur leurs propres terres. Depuis des décennies se sont succédés viols collectifs, exécutions arbitraires, tortures, utilisation des Rohingyas pour détecter des mines antipersonnel au péril de leur vie, lynchages publics, travaux forcés, lourdes taxations sur de maigres revenus, destructions de mosquées.
Cette violence extrême entraîne des exodes massifs de Rohingyas vers trois pays musulmans: le Bangladesh, l’Arabie saoudite et la Malaisie. La famille d’Habib paye la tragédie de son peuple au prix fort dans les prisons de toute l’Asie : « Mon père est décédé suite à une énième détention par la junte birmane. Mes deux soeurs ont été arrêtées pour voyage illégal dans la capitale Rangoon. Mon frère a fui vers la Chine, il a été incarcéré. Il ne reste que ma mère en Birmanie et je suis le seul qui pourrais encore l’aider. Je tiens le choc parce que je suis célibataire. Beaucoup d’hommes venus de Malaisie ont perdu leurs femmes et leurs enfants dans notre voyage interminable. La survie est difficile pour une femme clandestine seule avec ses enfants. Tout peut arriver. »
Janvier 2010, l’espérance de Noël
Deux heures du matin à Paris. Le téléphone retentit. « C’est Habib ! Je suis en Australie. Sur l’île de Noël. Nous sommes arrivés sains et saufs. » L’oreille collée au combiné, les yeux encore fermés, je peine à distinguer le rêve de la réalité. Du fin fond de l’Australie, son rêve à lui, Habib, résonne jusqu’au plus profond de mes nuits parisiennes : le rêve d’une île perdue dans l’océan Indien, et à plus de 2 600 kilomètres au large de Perth, à 360 kilomètres des côtes indonésiennes. Une île où miroite un espoir de liberté pour les apatrides rohingyas.
« Mais d’où m’appelles-tu ? Avec qui estu et qui t’a recueilli ? »
— Nous sommes onze Rohingyas dans le centre de rétention de l’île de Noël. En comparaison avec les prisons malaisiennes et thaïlandaises, c’est presque un hôtel. Nous sommes traités avec respect, nourris trois fois par jour. Nous disposons de matelas, de draps propres, d’Internet, d’une bibliothèque, de jeux, de douches chaudes et de vêtements. Il y a même une cour pour faire de l’exercice. »



La suite des Royaumes de l’eau et du feu, La cavale de « l’Ogre » de Birmanie est à lire dans Asies N°2 / Septembre-Novembre 2011

* Journaliste et écrivain, elle se consacre à des voyages au long cours mêlant l’intime à l’enquête. Elle a vécu six ans en Asie du Sud-Est après les États-Unis, le Canada et l’Australie. Elle est l’auteur avec Navy Soth des Larmes interdites (Plon, 2011), témoignage d’une rescapée du génocide khmer rouge.

source http://webasies.com/la_cavale_de_ogre_de_birmanie/

A lire sur le forum http://www.asie-forum-voyage.com/t942-birmanie-bangladesh-repression-inouie-contre-les-rohingyas?highlight=Rohingyas
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