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Quand Zarganar dissident birman decouvre le monde libre

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Message  Admin Mar 20 Déc 2011 - 12:40

Il a conservé la tête froide à travers les années de prison, la torture et l’isolement. Mais Zarganar, le comédien le plus célèbre de Birmanie, n’était pas préparé à affronter la liberté telle qu’il l’a aperçue à Bangkok, pour son premier voyage à l’étranger.
« Quand j’ai vu l’avion, ça m’a fait un choc, quant j’ai vu l’aéroport, ça m’a fait un choc, quand j’ai vu un grand immeuble, un grand pont, une bonne route, ça m’a fait un choc », a-t-il témoigné devant les journalistes.
Mais c’est encore la jeunesse thaïlandaise, visage de la « liberté » et de la « confiance en soi » qui a réellement bouleversé le dissident, âgé de 50 ans.
« Les jeunes de mon pays s’inquiètent tous les jours (…). Leurs visages sont pleins d’anxiété », a-t-il relevé lors d’une intervention au Club des correspondants étrangers de la capitale thaïlandaise. »Nous sommes des pays voisins, mais très différents ».
C’est la première fois que Zarganar se rend à l’étranger. Celui qui s’est fait connaître pour son humour décapant, aussi ironique qu’assassin à l’égard de la junte, n’a été libéré de prison qu’en octobre dans le cadre d’une amnistie qui a profité à quelque 200 prisonniers politiques. »Maintenant je suis là. C’est un progrès ».
Sa libération a fait partie des multiples gestes du gouvernement issu des élections de novembre 2010. Le scrutin avait été qualifié de mascarade par l’Occident, mais la junte au pouvoir s’est depuis autodissoute et a cédé la place à un régime dit « civil », dirigé par l’ancien général Thein Sein.
Il y a trois semaines, une visite historique de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton est venue confirmer que Washington prenait la tendance au sérieux.
« C’est une période d’observation, donc nous ouvrons la fenêtre pour regarder le gouvernement, ce qu’ils font, ce qu’ils feront », résume le comédien, lunettes rondes sous un crâne rond et lisse.
Mais cette observation est telle qu’il milite déjà pour une levée des sanctions économiques, afin que l’aide occidentale puisse aider « notre peuple, pas notre armée ».
Maung Thura est né en 1961, un an avant que les militaires s’emparent du pouvoir. Etudiant dentaire, il joue avec plusieurs troupes avant de choisir le pseudonyme qui le rendra célèbre, et qui signifie « pince à épiler ».
En 1988, il rejoint la révolte étudiante qui fera trembler le régime du général Ne Win. Il est arrêté, torturé et envoyé plusieurs mois dans la sinistre prison d’Insein, à Rangoun.
Depuis, il fait trois autres séjours en prison. « Je suis habitué aux barreaux en acier », souligne-t-il en racontant la difficulté des premières années sans fenêtre, ni air frais, ni papier toilette.
En 2008, lorsque le cyclone Nargis tue 138.000 personnes et que la junte se renferme dans un réflexe xénophobe en refusant l’aide étrangère, il organise des opérations d’assistance aux sinistrés. Verdict: 59 ans de prison, commués par la suite en 35 ans.
Il est transféré à Myitkyina, dans l’extrême nord du pays, où il rencontre un « colonel déchu » qui l’avait torturé en 1988. Coups de pieds, décharges électriques. « Il a pleuré mais j’ai souri. Je lui ai serré la main. Je lui ai parlé tous les jours, je peux lui pardonner ».
Ce tortionnaire devenu ami est resté en prison. Comme des centaines d’autres prisonniers politiques dont la communauté internationale demande la libération et que Zarganar appelle à « soutenir moralement et financièrement ».
Mais pas question d’entrer en politique, avec la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, elle aussi longtemps détenue et qu’il appelle affectueusement « tantine ».
Zarganar veut retourner en Birmanie, participer au festival de cinéma « Art de la liberté », avec un court-métrage qui s’appellera « Bonjour Démocratie ». L’histoire du choc entre un militant politique opprimé et l’image saisissante d’une liberté enfin obtenue.

http://webasies.com/quand-zarganar-dissident-birman-decouvre-le-monde-libre
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