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Indonésie - Aller au travail, c'est mortel !

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Indonésie - Aller au travail, c'est mortel ! Empty Indonésie - Aller au travail, c'est mortel !

Message  Admin Mar 7 Fév 2012 - 6:56

Chaque jour, faute de moyens de transport suffisants, des habitants qui vivent loin de Jakarta risquent leur vie en s'agrippant au toit de trains bondés afin de rejoindre la capitale où ils travaillent.

Ansori Bejo, 45 ans, raconte son expérience de "surfeur" sur les toits des trains de la ligne économique qui relie Bogor à Jakarta [une cinquantaine de kilomètres] avec des centaines d’autres passagers : "Entre 6 et 8 heures du matin, c’est l’heure de pointe. Les trains ne passent pas tout le temps, si bien qu’ils sont pleins à craquer. On n'a pas d’autre choix que de grimper sur le toit pour ne pas être en retard au travail." Surfer sur les toits des trains n’est pas de tout repos. Il faut éviter les mouvements brusques et savoir s’allonger rapidement à plat ventre quand le train passe au-dessous d’une ligne à haute tension. Il arrive souvent qu’un "collègue" tombe du toit parce qu’il a perdu l’équilibre, ou qu’il soit électrocuté. Tous ces surfeurs sont des pères de famille partant au travail. Un mouvement de solidarité est né entre ces voyageurs du ciel. Au début, ils se cotisaient pour payer la nourriture et les frais d’éducation des enfants dont les pères étaient morts en "surfant". Au fil du temps, ils ont fondé l’Association Futuhatulaitam à Bojong-Gede, une banlieue de Bogor. Aujourd’hui, l’association compte mille membres, dont 70 % d’usagers du train.

"Nous ne nous contentons pas de récolter de l’argent pour soutenir les orphelins. Nous avons aussi arrêté de voyager sur le toit des trains", explique Ansori, président de l’association, et qui, depuis cinq ans, s’est résolu à monter tant bien que mal dans les voitures bondées.

Ansori reconnaît que ces trains aident vraiment les usagers. Surtout ceux qui ont juste de quoi vivre. Le tarif de Bogor à Jakarta est de 2 000 roupies [18 centimes d'euro] tandis qu’en bus le trajet coûte 10 000 roupies [90 centimes]. Par ailleurs, le bus est nettement moins rapide que le train. Nombre de passagers qui ont rejoint l’Association Futuhatulaitam travaillent comme vendeurs ou gardiens dans des magasins et ils ne gagnent que le salaire minimum fixé par la province comprenant une allocation repas de 25 000 roupies par jour. S’ils prennent un train non économique [un train de type première classe], l’aller-retour coûte 14 000 roupies [1,26 euro]. Sans compter le minibus pour se rendre de leur maison à la gare et de la gare jusqu'à leur lieu de travail. Toute l’allocation repas est ainsi dépensée dans les transports.

Le chef de la sécurité des chemins de fer indonésien, Daop I Akhmad Sujadi, énumère toutes les mesures prises par ses services pour empêcher les passagers de grimper sur le toit des wagons. Les employés de la compagnie nationale ont projeté de l’eau ou de la peinture sur les toits, ils ont fixé des filets en fibre de verre, fait descendre de force les "surfeurs", multiplié les messages préventifs dans les gares sur la ligne Bogor-Jakarta. Ils ont même installé, à certains points, des perches qui fouettent les passagers clandestins, et mis des chiens sur les toits. Rien n’y a fait.

A la fin du mois de janvier, la compagnie a décidé d'employer les grands moyens. Elle projette la mise en place d'obstacles dangereux, voire mortels : le long de la ligne Cikampek-Jakarta, à l’approche de certains ponts, d’énormes boules de béton de plus de 20 kilos ont été suspendues à des chaînes. Les associations indonésiennes des droits de l’homme jugent ces mesures criminelles et estiment qu'elles pénalisent les plus pauvres, une fois de plus. La compagnie ferroviaire a alors essayé la méthode participative en organisant récemment une rencontre avec les dix-neuf communautés de surfeurs. La réunion s’est terminée sur une déclaration selon laquelle les communautés s’engageaient à ne plus voyager sur les toits.

Les mesures coercitives ou participatives envers les surfeurs des toits ne résoudront pas le problème, estime le secrétaire général de l’Association des usagers des trains, Anthony Ladjar. "Il faudrait que les usagers les plus pauvres soient subventionnés pour qu’ils puissent emprunter les trains non économiques. Cela coûterait moins cher à la compagnie que de financer le nombre des employés qui s’éreintent à installer des obstacles aussi onéreux qu'inefficaces, ajoute Anthony. Et moins coûteux que de payer l’assurance lorsqu’un passager tombe du toit." "Il faudrait impérativement élargir le réseau ferroviaire urbain, s'exaspère Kompas. Nos élus feraient mieux de débloquer des crédits pour nettoyer définitivement les toits des trains de leurs surfeurs plutôt que de s’acheter un fauteuil de représentant du peuple à plusieurs milliards de roupies."

Repère transport

"Il faudrait impérativement étendre le réseau ferroviaire urbain, s'exaspère Kompas. Nos élus feraient mieux de débloquer des crédits pour nettoyer définitivement les toits des trains de leurs surfeurs plutôt que de s'acheter un fauteuil de représentant du peuple à plusieurs milliards de roupies." Le grand Jakarta, qui compte plus de 10 millions d'habitants, n'a toujours pas de métro. Un accord a enfin été signé avec l'Agence japonaise internationale de coopération (JICA), qui va financer la construction de la première liaison du sud de la capitale au centre-ville. La mise en service est prévue pour la fin de l'année 2016. Le projet est annoncé avec un coût de 144 milliards de yens [1,4 milliard d'euros], dont 120 milliards sous forme de prêt de la

JICA, le reste étant pris en charge à 42 % par le gouvernement central et à 58 % par la municipalité de Jakarta. Même si le gouvernement indonésien a enfin entrepris de doubler la ligne qui relie Jakarta à la deuxième ville du pays, Surabaya, la plupart des projets d'expansion du réseau ferroviaire dans l'archipel ne sont pas destinés aux passagers mais à l'industrie. Ils concernent principalement les îles de Sumatra et Kalimantan, où plusieurs compagnies privées – indonésiennes, indiennes et des Emirats – financent la construction d'une ligne pour acheminer le charbon et l'huile de palme vers les ports.

http://www.courrierinternational.com/article/2012/02/06/aller-au-travail-c-est-mortel
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