Des équipages d’esclaves sur les chalutiers thaïlandais
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Des équipages d’esclaves sur les chalutiers thaïlandais
Des patrons de pêche s’arrogent en toute impunité le droit de vie et de mort sur leur équipage. A leur insu, les consommateurs occidentaux sont complices du système.
Dans la plaine du Cambodge brûlée par le soleil, où la poussière pique les yeux et bouche les pores de la peau, se dresse une minuscule habitation bâtie sur des pilotis en ciment. Elle abrite trois générations d’esclaves en fuite. Le chef de famille, Sokha (un pseudonyme), est de retour depuis peu, après deux ans de captivité. La maison est dans le même état que lorsqu’il l’a quittée : vide, avec quelques oreillers sales en guise de meubles. Des rais de lumière filtrent à travers les fissures des murs. Le bien le plus précieux de la famille, une truie, se dandine en grognant sous le plancher surélevé. Jusqu’à son évasion, en décembre dernier, Sokha était la propriété d’un capitaine de chalutier de haute mer. Ce Cambodgien de 39 ans, son jeune fils et deux de ses neveux avaient chacun été achetés pour environ 650 dollars [520 euros] via des intermédiaires leur ayant promis un travail au noir dans une conserverie de poissons.La conserverie n’existait pas. Introduits clandestinement en Thaïlande, les quatre Cambodgiens ont été embarqués sur un bateau en bois qui a pris le large sur une mer de non-droit. L’oncle de Sokha était tombé dans le même piège cinq ans plus tôt. Il avait réussi à s’échapper et avait mis en garde sa famille. En vain. Sokha a persuadé son fils, alors âgé de 16 ans, que, cette fois, l’aventure tournerait différemment. Bien entendu, il se trompait. “Nous étions contraints de travailler à l’œil et sans arrêt pendant parfois deux ou trois jours d’affilée, malgré le mal de mer et les vomissements, se souvient-il. Nous obéissions au doigt et à l’œil au capitaine.” Un capitaine qui proférait des menaces de mort pour maintenir son emprise sur l’équipage et n’hésitait pas à sortir son pistolet K-54 datant de la guerre du Vietnam. Une nuit, il a tailladé le visage de l’un des esclaves sous les yeux de l’équipage. “Vingt heures par jour, nous étions forcés de pêcher et de trier ce que nous remontions : maquereaux, crabes, calmars, poursuit Sokha. Mais le poisson n’était pas pour nous.”
Un marché axé sur l’exportation
A qui était-il donc destiné ? La réponse devrait faire tomber des nues tous ceux qui observent de près l’industrie de la pêche en Thaïlande, secteur générant plusieurs milliards de dollars. “C’est un marché axé sur l’exportation. Et nous savons vers quels pays ces produits partent”, indique Lisa Rende Taylor, du Projet interagences des Nations unies sur le trafic d’êtres humains (Uniap). “Il suffit de faire le calcul.”
La Thaïlande est le deuxième fournisseur de produits de la mer des Etats-Unis, avec une part de marché de 16 % de ces importations. En 2011, selon la Direction américaine des pêches maritimes, la Thaïlande a exporté 375 000 tonnes de poissons et de fruits de mer aux Etats-Unis pour une valeur dépassant 2,5 milliards de dollars [1,6 milliard d’euros]. Seul le Japon en consomme davantage.
En cette ère de mondialisation, les Etats-Unis apparaissent de plus en plus sensibilisés aux mauvais traitements subis par les pauvres qui, à l’étranger, les approvisionnent en produits de consommation. Il suffit de voir le succès remporté par le commerce équitable, l’indignation suscitée par les “diamants de sang” [qui financent des guerres en Afrique] et, plus récemment, le tollé provoqué par les conditions de travail inhumaines qui règnent chez les sous-traitants chinois d’entreprises comme Apple.
Mais l’assemblage des iPad est une sinécure comparé à l’esclavage pratiqué sur les chalutiers thaïlandais. Là, les conditions de travail sont aussi dures et exténuantes que dans les plantations américaines au XIXe siècle. Les plus chanceux parviennent à s’évader au bout d’un an ou deux. Les autres sont revendus encore et encore. Quand ils ne sont pas assassinés.
Il est de plus en plus difficile de nier que les gros importateurs de produits de la mer thaïlandais – Japon, Etats-Unis, Chine et Union européenne – profitent, de fait, du travail forcé. Les témoignages d’anciens esclaves, d’associations de pêcheurs thaïlandaises, de fonctionnaires, d’exportateurs et de travailleurs sociaux recueillis par le Global Post au cours d’une enquête de trois mois ont levé le voile sur une chaîne logistique qui repose sur l’esclavage. La complexité du réseau de chalutiers, bateaux-mères et grossistes indépendants contribue à masquer l’origine du poisson pêché par les esclaves bien avant que celui-ci ne soit débarqué à terre. C’est ainsi que nombre de patrons d’usines thaïlandaises ignorent par qui a été pêché le poisson qu’ils transforment avant de l’exporter.
Le propos doit toutefois être nuancé. Les deux principaux produits de la mer exportés aux Etats-Unis – le thon et la crevette – ont des origines différentes. La majeure partie du thon “thaï” est en réalité importée et transformée avant d’être réexportée. Et, si l’industrie de la crevette est souvent accusée d’exploiter des immigrés démunis, les fermes aquacoles font au moins l’objet de contrôles impromptus.
On ne peut pas en dire autant des chalutiers hauturiers, où l’esclavage est le plus répandu. Les principales prises – légales ou non – des chalutiers thaïlandais sont la sardine, le maquereau, la seiche, le calmar, l’anchois et les poissons de rebut, qui sont transformés en nourriture pour animaux ou entrent dans la composition de la sauce de poisson. Les Américains consomment une énorme quantité de ces poissons. Selon les chiffres du gouvernement américain, 20 % du volume des importations américaines de maquereaux et de sardines proviennent de Thaïlande. La proportion atteint 33 % pour les boulettes, les pâtés et les croquettes préparés avec les poissons de rebut. Et la sauce de poisson thaïlandaise inonde 80 % du marché américain. Mais les représentants de l’industrie en Thaïlande admettent qu’il est généralement impossible de dire si tel poisson ou produit à base de poisson est le fruit du travail forcé ou pas.
Traçabilité limitée
Selon Arthon Piboonthanapatana, secrétaire général de l’Association thaïlandaise des aliments surgelés, les codes-barres permettent aux consommateurs américains “de remonter jusqu’aux usines de transformation”. Mais il n’appartient pas aux exportateurs de surveiller les groupes qui les approvisionnent. “Nous sommes seulement habilités à contrôler nos membres ; nous n’avons aucun pouvoir sur les autres intervenants, comme les bateaux ou les pêcheurs.”
Les importateurs américains s’estiment tout aussi impuissants à surveiller des bateaux thaïlandais qui évoluent dans des eaux si lointaines. “Les organismes occidentaux de régulation ont peu ou pas d’influence, ni d’autorité, sur les différents maillons de la chaîne”, fait observer Gavin Gibbons, porte-parole de l’Institut national de l’industrie de la pêche, principale organisation professionnelle du secteur aux Etats-Unis. L’Institut réagira sans tarder si des usines sont nommément mises en cause, assure-t-il. Mais, jusqu’ici, il n’a pas trouvé de moyens efficaces pour contrôler les conditions de travail sur les navires hauturiers qui capturent du poisson destiné aux Etats-Unis. “Nous avons entamé des discussions avec nos membres pour savoir jusqu’où un audit pouvait aller et s’il était possible d’en faire sur les quais, poursuit M. Gibbons. Les bateaux sont faits, par définition, pour être en mer”, et cela complique les tentatives de l’industrie en vue de s’autoréglementer.
En attendant, les pressions internationales sur l’industrie thaïlandaise de la pêche s’intensifient. Dans le classement du département d’Etat américain sur le trafic des êtres humains, la Thaïlande arrive à l’avant-dernier rang et elle pourrait être encore rétrogradée cet été. L’an dernier, au cours d’une visite qui a contrarié les autorités de Bangkok, un rapporteur des Nations unies a déclaré que le travail forcé était “notoirement courant” dans le secteur de la pêche thaïlandais et a même évoqué des complicités policières.
“Ce n’est pas comme surveiller des maisons de passe, des plantations ou des usines. […] Tout se déroule en mer”, souligne Lisa Rende Taylor, de l’Uniap. “C’est un univers où les capitaines sont rois. Certains d’entre eux sont là pour gagner le plus d’argent possible en exploitant ces pauvres types vingt-quatre heures sur vingt-quatre aussi cruellement qu’ils le veulent.”
http://www.courrierinternational.com/article/2012/06/21/des-equipages-d-esclaves-sur-les-chalutiers-thailandais
Libération
Epinglée par les Etats-Unis et les Nations unies, la Thaïlande chercherait-elle à redorer son image ? Le 13 juin, l’équivalent thaïlandais du FBI a perquisitionné à bord de deux chalutiers ancrés dans le port de Saem San, non loin de Bangkok, et secouru onze Birmans asservis depuis sept mois, raconte le
webzine birman The Irrawaddy. Chacun d’eux avait été acheté 8 000 bahts (200 euros environ) à des intermédiaires. “Ils ont ensuite été contraints de travailler sans être payés”, indique Sompong Sakaew, directeur de l’ONG Labor Rights Protection Network.
Dans la plaine du Cambodge brûlée par le soleil, où la poussière pique les yeux et bouche les pores de la peau, se dresse une minuscule habitation bâtie sur des pilotis en ciment. Elle abrite trois générations d’esclaves en fuite. Le chef de famille, Sokha (un pseudonyme), est de retour depuis peu, après deux ans de captivité. La maison est dans le même état que lorsqu’il l’a quittée : vide, avec quelques oreillers sales en guise de meubles. Des rais de lumière filtrent à travers les fissures des murs. Le bien le plus précieux de la famille, une truie, se dandine en grognant sous le plancher surélevé. Jusqu’à son évasion, en décembre dernier, Sokha était la propriété d’un capitaine de chalutier de haute mer. Ce Cambodgien de 39 ans, son jeune fils et deux de ses neveux avaient chacun été achetés pour environ 650 dollars [520 euros] via des intermédiaires leur ayant promis un travail au noir dans une conserverie de poissons.La conserverie n’existait pas. Introduits clandestinement en Thaïlande, les quatre Cambodgiens ont été embarqués sur un bateau en bois qui a pris le large sur une mer de non-droit. L’oncle de Sokha était tombé dans le même piège cinq ans plus tôt. Il avait réussi à s’échapper et avait mis en garde sa famille. En vain. Sokha a persuadé son fils, alors âgé de 16 ans, que, cette fois, l’aventure tournerait différemment. Bien entendu, il se trompait. “Nous étions contraints de travailler à l’œil et sans arrêt pendant parfois deux ou trois jours d’affilée, malgré le mal de mer et les vomissements, se souvient-il. Nous obéissions au doigt et à l’œil au capitaine.” Un capitaine qui proférait des menaces de mort pour maintenir son emprise sur l’équipage et n’hésitait pas à sortir son pistolet K-54 datant de la guerre du Vietnam. Une nuit, il a tailladé le visage de l’un des esclaves sous les yeux de l’équipage. “Vingt heures par jour, nous étions forcés de pêcher et de trier ce que nous remontions : maquereaux, crabes, calmars, poursuit Sokha. Mais le poisson n’était pas pour nous.”
Un marché axé sur l’exportation
A qui était-il donc destiné ? La réponse devrait faire tomber des nues tous ceux qui observent de près l’industrie de la pêche en Thaïlande, secteur générant plusieurs milliards de dollars. “C’est un marché axé sur l’exportation. Et nous savons vers quels pays ces produits partent”, indique Lisa Rende Taylor, du Projet interagences des Nations unies sur le trafic d’êtres humains (Uniap). “Il suffit de faire le calcul.”
La Thaïlande est le deuxième fournisseur de produits de la mer des Etats-Unis, avec une part de marché de 16 % de ces importations. En 2011, selon la Direction américaine des pêches maritimes, la Thaïlande a exporté 375 000 tonnes de poissons et de fruits de mer aux Etats-Unis pour une valeur dépassant 2,5 milliards de dollars [1,6 milliard d’euros]. Seul le Japon en consomme davantage.
En cette ère de mondialisation, les Etats-Unis apparaissent de plus en plus sensibilisés aux mauvais traitements subis par les pauvres qui, à l’étranger, les approvisionnent en produits de consommation. Il suffit de voir le succès remporté par le commerce équitable, l’indignation suscitée par les “diamants de sang” [qui financent des guerres en Afrique] et, plus récemment, le tollé provoqué par les conditions de travail inhumaines qui règnent chez les sous-traitants chinois d’entreprises comme Apple.
Mais l’assemblage des iPad est une sinécure comparé à l’esclavage pratiqué sur les chalutiers thaïlandais. Là, les conditions de travail sont aussi dures et exténuantes que dans les plantations américaines au XIXe siècle. Les plus chanceux parviennent à s’évader au bout d’un an ou deux. Les autres sont revendus encore et encore. Quand ils ne sont pas assassinés.
Il est de plus en plus difficile de nier que les gros importateurs de produits de la mer thaïlandais – Japon, Etats-Unis, Chine et Union européenne – profitent, de fait, du travail forcé. Les témoignages d’anciens esclaves, d’associations de pêcheurs thaïlandaises, de fonctionnaires, d’exportateurs et de travailleurs sociaux recueillis par le Global Post au cours d’une enquête de trois mois ont levé le voile sur une chaîne logistique qui repose sur l’esclavage. La complexité du réseau de chalutiers, bateaux-mères et grossistes indépendants contribue à masquer l’origine du poisson pêché par les esclaves bien avant que celui-ci ne soit débarqué à terre. C’est ainsi que nombre de patrons d’usines thaïlandaises ignorent par qui a été pêché le poisson qu’ils transforment avant de l’exporter.
Le propos doit toutefois être nuancé. Les deux principaux produits de la mer exportés aux Etats-Unis – le thon et la crevette – ont des origines différentes. La majeure partie du thon “thaï” est en réalité importée et transformée avant d’être réexportée. Et, si l’industrie de la crevette est souvent accusée d’exploiter des immigrés démunis, les fermes aquacoles font au moins l’objet de contrôles impromptus.
On ne peut pas en dire autant des chalutiers hauturiers, où l’esclavage est le plus répandu. Les principales prises – légales ou non – des chalutiers thaïlandais sont la sardine, le maquereau, la seiche, le calmar, l’anchois et les poissons de rebut, qui sont transformés en nourriture pour animaux ou entrent dans la composition de la sauce de poisson. Les Américains consomment une énorme quantité de ces poissons. Selon les chiffres du gouvernement américain, 20 % du volume des importations américaines de maquereaux et de sardines proviennent de Thaïlande. La proportion atteint 33 % pour les boulettes, les pâtés et les croquettes préparés avec les poissons de rebut. Et la sauce de poisson thaïlandaise inonde 80 % du marché américain. Mais les représentants de l’industrie en Thaïlande admettent qu’il est généralement impossible de dire si tel poisson ou produit à base de poisson est le fruit du travail forcé ou pas.
Traçabilité limitée
Selon Arthon Piboonthanapatana, secrétaire général de l’Association thaïlandaise des aliments surgelés, les codes-barres permettent aux consommateurs américains “de remonter jusqu’aux usines de transformation”. Mais il n’appartient pas aux exportateurs de surveiller les groupes qui les approvisionnent. “Nous sommes seulement habilités à contrôler nos membres ; nous n’avons aucun pouvoir sur les autres intervenants, comme les bateaux ou les pêcheurs.”
Les importateurs américains s’estiment tout aussi impuissants à surveiller des bateaux thaïlandais qui évoluent dans des eaux si lointaines. “Les organismes occidentaux de régulation ont peu ou pas d’influence, ni d’autorité, sur les différents maillons de la chaîne”, fait observer Gavin Gibbons, porte-parole de l’Institut national de l’industrie de la pêche, principale organisation professionnelle du secteur aux Etats-Unis. L’Institut réagira sans tarder si des usines sont nommément mises en cause, assure-t-il. Mais, jusqu’ici, il n’a pas trouvé de moyens efficaces pour contrôler les conditions de travail sur les navires hauturiers qui capturent du poisson destiné aux Etats-Unis. “Nous avons entamé des discussions avec nos membres pour savoir jusqu’où un audit pouvait aller et s’il était possible d’en faire sur les quais, poursuit M. Gibbons. Les bateaux sont faits, par définition, pour être en mer”, et cela complique les tentatives de l’industrie en vue de s’autoréglementer.
En attendant, les pressions internationales sur l’industrie thaïlandaise de la pêche s’intensifient. Dans le classement du département d’Etat américain sur le trafic des êtres humains, la Thaïlande arrive à l’avant-dernier rang et elle pourrait être encore rétrogradée cet été. L’an dernier, au cours d’une visite qui a contrarié les autorités de Bangkok, un rapporteur des Nations unies a déclaré que le travail forcé était “notoirement courant” dans le secteur de la pêche thaïlandais et a même évoqué des complicités policières.
“Ce n’est pas comme surveiller des maisons de passe, des plantations ou des usines. […] Tout se déroule en mer”, souligne Lisa Rende Taylor, de l’Uniap. “C’est un univers où les capitaines sont rois. Certains d’entre eux sont là pour gagner le plus d’argent possible en exploitant ces pauvres types vingt-quatre heures sur vingt-quatre aussi cruellement qu’ils le veulent.”
http://www.courrierinternational.com/article/2012/06/21/des-equipages-d-esclaves-sur-les-chalutiers-thailandais
Libération
Epinglée par les Etats-Unis et les Nations unies, la Thaïlande chercherait-elle à redorer son image ? Le 13 juin, l’équivalent thaïlandais du FBI a perquisitionné à bord de deux chalutiers ancrés dans le port de Saem San, non loin de Bangkok, et secouru onze Birmans asservis depuis sept mois, raconte le
webzine birman The Irrawaddy. Chacun d’eux avait été acheté 8 000 bahts (200 euros environ) à des intermédiaires. “Ils ont ensuite été contraints de travailler sans être payés”, indique Sompong Sakaew, directeur de l’ONG Labor Rights Protection Network.
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Date d'inscription : 31/05/2009
Cambodge - Aucun recours pour les migrants victimes du travail forcé
PHNOM PENH, 2 juillet 2012 (IRIN) - La nuit, Nara* était rarement autorisé à dormir plus de quelques heures avant d’être contraint de reprendre son quotidien épuisant. Les corvées consistaient à lancer les filets, trier les prises et réparer les filets endommagés, tout cela sous la surveillance d’un capitaine toujours prêt à administrer une correction à toute recrue jugée négligente.
Au Cambodge, Nara avait payé des trafiquants de personnes lui ayant promis un emploi dans une usine en Thaïlande, mais ils l’ont piégé et il s’est retrouvé esclave sur un bateau de pêche en haute mer.
« J’ai travaillé sur le bateau pendant trois ans mais je n’ai jamais été payé », a dit Nara. Comme d’autres victimes de la traite interrogées par IRIN, il a souhaité garder l’anonymat.
Nara avait tout juste 20 ans lorsqu’un trafiquant l’a abordé en 2008 pour lui proposer un emploi dans une usine en Thaïlande pour un salaire mensuel de 200 dollars, soit environ trois fois ce qu’il pouvait gagner pour un travail similaire au Cambodge.
Lorsqu’il a réalisé la supercherie, il était déjà dans un pays étranger, soumis au bon vouloir de patrons violents. Il s’est vite retrouvé embarqué de force sur un bateau en partance pour les eaux malaisiennes et accostant une fois par mois sur des îles désertes.
La pauvreté et des opportunités d’emploi limitées font de ces Cambodgiens désespérés des proies faciles pour des intermédiaires qui fournissent une main-d’œuvre servile à la gigantesque industrie de la pêche en Thaïlande.
Absence de recours
D’après les observateurs, l’absence de véritable recours pour les victimes alimente ce cycle d’exploitation. La corruption des fonctionnaires, les vides juridiques et la faible protection des droits font qu’il est impossible pour les travailleurs migrants de porter plainte contre leurs oppresseurs, ou même de demander réparation.
Nara a fini par s’enfuir lorsque le bateau est rentré au port puis, grâce à l’aide d’une organisation non gouvernementale (ONG) qui lutte contre le trafic d’êtres humains, il a finalement été rapatrié au Cambodge. À son retour, la police est venue le voir une seule fois pour l’interroger brièvement sur son calvaire.
Les défenseurs des droits de l’homme qui suivent le trafic de Cambodgiens envoyés en Thaïlande pour travailler dans l’industrie de la pêche, affirment que, malgré l’ampleur des abus, aucune plainte n’a abouti, à leur connaissance.
« Selon le droit pénal et le droit du travail thaïlandais, une personne victime de la traite devrait pouvoir traduire le coupable en justice, et recevoir une compensation financière », affirme Lisa Rende Taylor, conseillère technique en chef du Projet inter-organisations des Nations Unies sur la traite des êtres humains (UNIAP).
Les victimes craignent les représailles ou sont peu disposées à témoigner car elles sont alors hébergées, tout au long des procédures légales à venir, dans des foyers tenus par le gouvernement, ce qui peut les empêcher de travailler ou d’être auprès de leurs familles le temps que la procédure suive son cours, a-t-elle dit.
Prise au piège sur la terre ferme
Kunthea, une autre victime cambodgienne qui a souhaité garder l’anonymat, se trouve dans une situation similaire. À 18 ans, Kunthea s’est inscrite dans une agence de recrutement à Phnom Penh, la capitale, attirée par une offre d’employée domestique en Malaisie. L’agence promettait de surveiller les conditions de travail de ses adhérents.
En Malaisie, elle n’avait droit qu’à un seul repas par jour, était battue à coups de ceinture lorsque ses employeurs n’étaient pas satisfaits de son travail, et n’était jamais payée. Un an plus tard, elle a surmonté la peur de se retrouver seule dans un pays inconnu dont elle ne parlait pas la langue et où elle n’avait ni famille, ni amis, et s’est échappée de la maison de ses employeurs.
« Lorsque j’ai postulé pour ce travail, l’agence m’a affirmé qu’une équipe viendrait nous rendre visite », indique Kuntha. « Ils ont dit qu’ils seraient responsables de nous ». Elle a plusieurs fois essayé d’obtenir une rétribution auprès de l’agence de recrutement de Phnom Penh, en vain.
Face à ces abus, les femmes comme Kunthea sont particulièrement vulnérables et n’ont pas les moyens d’obtenir la condamnation d’employeurs abusifs. En effet, le travail domestique n’est pas reconnu comme une catégorie de travail officielle par le droit du travail, ni au Cambodge, ni en Malaisie.
Les victimes doivent donc se tourner vers les lois qui combattent le trafic d’êtres humains mais ces dernières ne couvrent pas forcément ce type d’abus. Le code pénal, quant à lui, requiert un niveau de maltraitance plus grave pour être appliqué et est souvent mal adapté à la défense des droits des travailleurs.
« Le droit pénal ne prévoit aucune réparation pour une série d’abus liés au travail, comme la retenue de salaire, le non paiement des heures supplémentaires et le non respect d’autres normes de travail décentes comme le congé de maternité et la protection des personnes handicapées », a dit Max Tunon, haut responsable à l’Organisation Internationale du Travail qui exhorte les pays de la région à permettre aux travailleurs migrants de s’affilier aux syndicats locaux afin qu’ils jouissent d’une certaine protection.
« Il faudrait que les migrants bénéficient des accords issus des conventions collectives et soient en mesure de négocier leurs conditions de travail ainsi que les termes de leur contrat », explique M. Tunon. En tant que membres de syndicats de travailleurs, les migrants bénéficieraient également d’« inspections syndicales sur leur lieu de travail susceptibles d’améliorer leurs conditions en matière de sécurité et de santé».
Mathieu Pellerin, consultant à Licadho, une ONG cambodgienne de défense des droits de l’homme, affirme que l’absence de réglementation commence au Cambodge avec le non respect des droits de l’homme élémentaires au sein-même des agences de recrutement, dans les centres de formation qui préparent au départ à l’étranger.
« L’État [cambodgien] a prouvé qu’il n’était pas prêt à agir comme un véritable régulateur », a-t-il dit. « Ces actes criminels restent impunis – les procès-verbaux des tribunaux parlent d’eux-mêmes ».
En 2009, selon l’UNIAP, environ 20 000 Cambodgiens expulsés de Thaïlande étaient des victimes du travail forcé – un chiffre qui tend à s’accroître étant donnée la pénurie croissante de main-d’œuvre en Thaïlande dans les secteurs recrutant à un faible niveau de qualification.
*le nom a été changé
http://www.irinnews.org/fr/Report/95777/CAMBODGE-Aucun-recours-pour-les-migrants-victimes-du-travail-forc%C3%A9
Au Cambodge, Nara avait payé des trafiquants de personnes lui ayant promis un emploi dans une usine en Thaïlande, mais ils l’ont piégé et il s’est retrouvé esclave sur un bateau de pêche en haute mer.
« J’ai travaillé sur le bateau pendant trois ans mais je n’ai jamais été payé », a dit Nara. Comme d’autres victimes de la traite interrogées par IRIN, il a souhaité garder l’anonymat.
Nara avait tout juste 20 ans lorsqu’un trafiquant l’a abordé en 2008 pour lui proposer un emploi dans une usine en Thaïlande pour un salaire mensuel de 200 dollars, soit environ trois fois ce qu’il pouvait gagner pour un travail similaire au Cambodge.
Lorsqu’il a réalisé la supercherie, il était déjà dans un pays étranger, soumis au bon vouloir de patrons violents. Il s’est vite retrouvé embarqué de force sur un bateau en partance pour les eaux malaisiennes et accostant une fois par mois sur des îles désertes.
La pauvreté et des opportunités d’emploi limitées font de ces Cambodgiens désespérés des proies faciles pour des intermédiaires qui fournissent une main-d’œuvre servile à la gigantesque industrie de la pêche en Thaïlande.
Absence de recours
D’après les observateurs, l’absence de véritable recours pour les victimes alimente ce cycle d’exploitation. La corruption des fonctionnaires, les vides juridiques et la faible protection des droits font qu’il est impossible pour les travailleurs migrants de porter plainte contre leurs oppresseurs, ou même de demander réparation.
Nara a fini par s’enfuir lorsque le bateau est rentré au port puis, grâce à l’aide d’une organisation non gouvernementale (ONG) qui lutte contre le trafic d’êtres humains, il a finalement été rapatrié au Cambodge. À son retour, la police est venue le voir une seule fois pour l’interroger brièvement sur son calvaire.
Les défenseurs des droits de l’homme qui suivent le trafic de Cambodgiens envoyés en Thaïlande pour travailler dans l’industrie de la pêche, affirment que, malgré l’ampleur des abus, aucune plainte n’a abouti, à leur connaissance.
« Selon le droit pénal et le droit du travail thaïlandais, une personne victime de la traite devrait pouvoir traduire le coupable en justice, et recevoir une compensation financière », affirme Lisa Rende Taylor, conseillère technique en chef du Projet inter-organisations des Nations Unies sur la traite des êtres humains (UNIAP).
Les victimes craignent les représailles ou sont peu disposées à témoigner car elles sont alors hébergées, tout au long des procédures légales à venir, dans des foyers tenus par le gouvernement, ce qui peut les empêcher de travailler ou d’être auprès de leurs familles le temps que la procédure suive son cours, a-t-elle dit.
Prise au piège sur la terre ferme
Kunthea, une autre victime cambodgienne qui a souhaité garder l’anonymat, se trouve dans une situation similaire. À 18 ans, Kunthea s’est inscrite dans une agence de recrutement à Phnom Penh, la capitale, attirée par une offre d’employée domestique en Malaisie. L’agence promettait de surveiller les conditions de travail de ses adhérents.
En Malaisie, elle n’avait droit qu’à un seul repas par jour, était battue à coups de ceinture lorsque ses employeurs n’étaient pas satisfaits de son travail, et n’était jamais payée. Un an plus tard, elle a surmonté la peur de se retrouver seule dans un pays inconnu dont elle ne parlait pas la langue et où elle n’avait ni famille, ni amis, et s’est échappée de la maison de ses employeurs.
« Lorsque j’ai postulé pour ce travail, l’agence m’a affirmé qu’une équipe viendrait nous rendre visite », indique Kuntha. « Ils ont dit qu’ils seraient responsables de nous ». Elle a plusieurs fois essayé d’obtenir une rétribution auprès de l’agence de recrutement de Phnom Penh, en vain.
Face à ces abus, les femmes comme Kunthea sont particulièrement vulnérables et n’ont pas les moyens d’obtenir la condamnation d’employeurs abusifs. En effet, le travail domestique n’est pas reconnu comme une catégorie de travail officielle par le droit du travail, ni au Cambodge, ni en Malaisie.
Les victimes doivent donc se tourner vers les lois qui combattent le trafic d’êtres humains mais ces dernières ne couvrent pas forcément ce type d’abus. Le code pénal, quant à lui, requiert un niveau de maltraitance plus grave pour être appliqué et est souvent mal adapté à la défense des droits des travailleurs.
« Le droit pénal ne prévoit aucune réparation pour une série d’abus liés au travail, comme la retenue de salaire, le non paiement des heures supplémentaires et le non respect d’autres normes de travail décentes comme le congé de maternité et la protection des personnes handicapées », a dit Max Tunon, haut responsable à l’Organisation Internationale du Travail qui exhorte les pays de la région à permettre aux travailleurs migrants de s’affilier aux syndicats locaux afin qu’ils jouissent d’une certaine protection.
« Il faudrait que les migrants bénéficient des accords issus des conventions collectives et soient en mesure de négocier leurs conditions de travail ainsi que les termes de leur contrat », explique M. Tunon. En tant que membres de syndicats de travailleurs, les migrants bénéficieraient également d’« inspections syndicales sur leur lieu de travail susceptibles d’améliorer leurs conditions en matière de sécurité et de santé».
Mathieu Pellerin, consultant à Licadho, une ONG cambodgienne de défense des droits de l’homme, affirme que l’absence de réglementation commence au Cambodge avec le non respect des droits de l’homme élémentaires au sein-même des agences de recrutement, dans les centres de formation qui préparent au départ à l’étranger.
« L’État [cambodgien] a prouvé qu’il n’était pas prêt à agir comme un véritable régulateur », a-t-il dit. « Ces actes criminels restent impunis – les procès-verbaux des tribunaux parlent d’eux-mêmes ».
En 2009, selon l’UNIAP, environ 20 000 Cambodgiens expulsés de Thaïlande étaient des victimes du travail forcé – un chiffre qui tend à s’accroître étant donnée la pénurie croissante de main-d’œuvre en Thaïlande dans les secteurs recrutant à un faible niveau de qualification.
*le nom a été changé
http://www.irinnews.org/fr/Report/95777/CAMBODGE-Aucun-recours-pour-les-migrants-victimes-du-travail-forc%C3%A9
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Re: Des équipages d’esclaves sur les chalutiers thaïlandais
C’est en Thaïlande, dans l’un des Etats pourtant, les plus développés de la région, que se sont développés des réseaux mafieux sur des bateaux de pêche, profitant de la vulnérabilité des immigrés birmans, souvent clandestins. Malgré les lois thaïlandaises censées protéger les ouvriers étrangers, ces réseaux gèrent l’industrie des ouvriers de pêche, sans droit, sous la torture, exploitant par de l’esclavage moderne, des immigrés qui ne savent où ils vont.
L’industrie de la pêche en Thaïlande rapporte des milliards d’euros et s’exporte dans le monde. Les clandestins Birmans, Laotiens ou Cambodgiens sont achetés par des patrons de pêche et forcés à travailler sur des chalutiers thaïlandais. C’est une zone de non droit qui les attend. Dans un reportage exclusif pour France 24, Cyril Payen entre au cœur de ce trafic humain, de cet esclavage moderne. Comme à Dubaï, au Qatar, dans les Emirats arabes unis, lorsque les conditions sont trop dures, empêcher l’ouvrier de repartir, c’est du travail forcé, de l’esclavage moderne.
Cyril Payen est entré au cœur d’une des usines qui fournit les plus gros supermarchés en surgelés. Il explique également que le gouvernement commence à s’intéresser de plus près à cette question d’esclavage moderne au cœur de la Thaïlande. 3 millions de travailleurs immigrés vivent en Thaïlande, dont 80% de Birmans. Parmi eux, seuls 1/3 sont légaux, les autres sont des proies idéales pour les réseaux mafieux. Comment les grands groupes de consommation contrôlent-ils que leur produit n’a pas été à l’origine pêché par des ouvriers exploités? Il est impossible, explique Cyril Payen, de connaître précisément l’origine du poisson. Mais les ouvriers continuent d’arriver du Cambodge, de Birmanie, du Laos et la Thaïlande continue d’avoir un besoin de main d’œuvre. Il lui faut à présent mieux contrôler ces réseaux d’esclavage moderne.
Vidéo - Reportage de Cyril Payen ----> http://www.france24.com/fr/20120719-profession-pecheur-esclave-thailande-cambodge-laos
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Démantèlement d’un marché aux esclaves en Thaïlande
Les autorités ont découvert le 10 janvier 400 Birmans retenus depuis trois sur une plantation d’hévéas. Ils devaient être vendus à des patrons de pêche.
Le trafic est connu de longue date. Des sans-papiers, originaires de Birmanie, du Laos ou du Cambodge, sont conduits en Thaïlande ou en Malaisie par des passeurs qui leur font miroiter un emploi grassement payé. Puis ils sont vendus, comme du simple bétail, à des exploitations agricoles, à des entrepreneurs en bâtiment, à des patrons de pêche ou à des usines. Ils deviennent serviables et corvéables à merci en attendant de rembourser une soi-disant dette. Parfois, leurs «employeurs» ne prennent même pas la peine de leur verser un quelconque salaire et préfèrent les dénoncer aux autorités qui les condamnent pour situation irrégulière sur le territoire ou les cèdent à nouveau à des patrons esclavagistes. D’autres, sur les chalutiers en particulier, sont tout bonnement éliminés.
Parmi ces victimes, les Rohingyas, minorité musulmane de Birmanie, apparaissent comme les plus vulnérables. Ils ne disposent en effet d’aucun papier d’identité, le pouvoir birman ne leur reconnaissant pas la citoyenneté. Depuis des années, ils fuient leur pays en rêvant à un ailleurs moins pénible. Ces derniers mois, cet exode a pris une ampleur inconnue jusque-là, en raison des violences qui ont embrasé l’Etat Rakhine d’où ils sont originaires.
Les 397 Rohingyas, dont 66 enfants, découverts dans un hangar d’une plantation d’hévéa dans la province Songkhla, dans le sud de la Thaïlande, ont raconté qu’ils faisaient partie d’un groupe de 2.000 personnes conduites là à bord de camions, selon le Bangkok Post. Eux patientaient depuis trois mois pour être à leur tour envoyés en Malaisie. Mais probablement qu’ils n’imaginaient pas ce qui les attendait là-bas, à savoir être vendus pour 60.000 à 70.000 bahts (1.500 à 1.750 euros) à des patrons de pêche. La plantation d’hévéas appartient à Prasit Lemlae, maire-adjoint de la municipalité de Padang Besar. Une enquête policière doit être ouverte pour déterminer si l’édile est impliqué dans ce trafic. Quant aux Rohingyas, ils risquent tout simplement d’être renvoyés en Birmanie.
http://asie-info.fr/2013/01/11/demantelement-dun-marche-aux-esclaves-en-thailande-516283.html
Le trafic est connu de longue date. Des sans-papiers, originaires de Birmanie, du Laos ou du Cambodge, sont conduits en Thaïlande ou en Malaisie par des passeurs qui leur font miroiter un emploi grassement payé. Puis ils sont vendus, comme du simple bétail, à des exploitations agricoles, à des entrepreneurs en bâtiment, à des patrons de pêche ou à des usines. Ils deviennent serviables et corvéables à merci en attendant de rembourser une soi-disant dette. Parfois, leurs «employeurs» ne prennent même pas la peine de leur verser un quelconque salaire et préfèrent les dénoncer aux autorités qui les condamnent pour situation irrégulière sur le territoire ou les cèdent à nouveau à des patrons esclavagistes. D’autres, sur les chalutiers en particulier, sont tout bonnement éliminés.
Parmi ces victimes, les Rohingyas, minorité musulmane de Birmanie, apparaissent comme les plus vulnérables. Ils ne disposent en effet d’aucun papier d’identité, le pouvoir birman ne leur reconnaissant pas la citoyenneté. Depuis des années, ils fuient leur pays en rêvant à un ailleurs moins pénible. Ces derniers mois, cet exode a pris une ampleur inconnue jusque-là, en raison des violences qui ont embrasé l’Etat Rakhine d’où ils sont originaires.
Les 397 Rohingyas, dont 66 enfants, découverts dans un hangar d’une plantation d’hévéa dans la province Songkhla, dans le sud de la Thaïlande, ont raconté qu’ils faisaient partie d’un groupe de 2.000 personnes conduites là à bord de camions, selon le Bangkok Post. Eux patientaient depuis trois mois pour être à leur tour envoyés en Malaisie. Mais probablement qu’ils n’imaginaient pas ce qui les attendait là-bas, à savoir être vendus pour 60.000 à 70.000 bahts (1.500 à 1.750 euros) à des patrons de pêche. La plantation d’hévéas appartient à Prasit Lemlae, maire-adjoint de la municipalité de Padang Besar. Une enquête policière doit être ouverte pour déterminer si l’édile est impliqué dans ce trafic. Quant aux Rohingyas, ils risquent tout simplement d’être renvoyés en Birmanie.
http://asie-info.fr/2013/01/11/demantelement-dun-marche-aux-esclaves-en-thailande-516283.html
Dernière édition par Admin le Mer 25 Sep 2013 - 11:43, édité 1 fois
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Thaïlande : abus contre les travailleurs birmans de l’agro-alimentaire
Des usines de boîtes de thon ou de jus de fruits destinés au marché européen sont soupçonnées de graves violations du droit du travail.
Recours au travail des enfants, bas salaires, harcèlement, discrimination, violence physique : trois usines, de thon en boîte ou de concentré d’ananas, dont les produits sont destinés aux marchés européen et américain, sont pointées du doigt en Thaïlande pour graves violations du droit du travail.
Installée dans la province de Prachuap Kiri Khan, à 230 kilomètres au sud-ouest de Bangkok, Natural Fruit Company (NFC) emploierait 700 travailleurs birmans dont 200 non enregistrés. Certains seraient âgés de 14 ans seulement. Selon l’ONG finlandaise Finnwatch, les passeports de ces ouvriers étrangers auraient été confisqués pour les empêcher de changer d’employeur et les forcer à accepter des salaires inférieurs au minimum légal. NFC fournit le groupe hollandais Refresco dont les boissons sont notamment distribuées par Aldi, Lidl ou Carrefour.
« Il est inhabituel pour une compagnie qui produit directement pour les marchés internationaux et a des clients renommés, d’être impliquée dans des violations des droits fondamentaux aussi manifestes », explique au quotidien The Nation Henri Purje de Finnwatch. Natural Fruit Company n’a pas tardé à réagir par la voix de son porte-parole, le colonel de police Nakul Kolhnich: « Nous rejetons toutes ces allégations », affirme celui-ci avant de regretter que Finnwatch n’ait pas rencontré les responsables de l’entreprise.
La même ONG accuse également deux usines de thon en boîte, Unicord et Thai Union Manufacturing, d’abuser de leurs employés birmans avec des salaires au jour le jour et non au mois, des permis de travail confisqués et aucune compensation offerte en cas de maladie ou d’accident. La moitié des travailleurs migrants aurait été victime de harcèlement, de discriminations de la part des chefs de service ou de violence physique. Thai Union fournit notamment des marques comme John West, Petit Navire et Hyacinthe Parmentier.
http://asie-info.fr/2013/01/29/thailande-abus-contre-les-travailleurs-birmans-de-lagro-alimentaire-2-516556.html
Recours au travail des enfants, bas salaires, harcèlement, discrimination, violence physique : trois usines, de thon en boîte ou de concentré d’ananas, dont les produits sont destinés aux marchés européen et américain, sont pointées du doigt en Thaïlande pour graves violations du droit du travail.
Installée dans la province de Prachuap Kiri Khan, à 230 kilomètres au sud-ouest de Bangkok, Natural Fruit Company (NFC) emploierait 700 travailleurs birmans dont 200 non enregistrés. Certains seraient âgés de 14 ans seulement. Selon l’ONG finlandaise Finnwatch, les passeports de ces ouvriers étrangers auraient été confisqués pour les empêcher de changer d’employeur et les forcer à accepter des salaires inférieurs au minimum légal. NFC fournit le groupe hollandais Refresco dont les boissons sont notamment distribuées par Aldi, Lidl ou Carrefour.
« Il est inhabituel pour une compagnie qui produit directement pour les marchés internationaux et a des clients renommés, d’être impliquée dans des violations des droits fondamentaux aussi manifestes », explique au quotidien The Nation Henri Purje de Finnwatch. Natural Fruit Company n’a pas tardé à réagir par la voix de son porte-parole, le colonel de police Nakul Kolhnich: « Nous rejetons toutes ces allégations », affirme celui-ci avant de regretter que Finnwatch n’ait pas rencontré les responsables de l’entreprise.
La même ONG accuse également deux usines de thon en boîte, Unicord et Thai Union Manufacturing, d’abuser de leurs employés birmans avec des salaires au jour le jour et non au mois, des permis de travail confisqués et aucune compensation offerte en cas de maladie ou d’accident. La moitié des travailleurs migrants aurait été victime de harcèlement, de discriminations de la part des chefs de service ou de violence physique. Thai Union fournit notamment des marques comme John West, Petit Navire et Hyacinthe Parmentier.
http://asie-info.fr/2013/01/29/thailande-abus-contre-les-travailleurs-birmans-de-lagro-alimentaire-2-516556.html
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Sold to the Sea: Human Trafficking in Thailand’s Fishing Industry
Sold to the Sea: Human Trafficking in Thailand’s Fishing Industry
Client: Environmental Justice Foundation
Role: Camera operator/editor/joint scriptwriter
Voiceover: Leah Marks
Thailand’s seafood exports are the third most valuable in the world, supplying markets in the US, Europe and Asia but far from the attention of consumers vulnerable migrants in search of a better future are being trafficked, exploited, abused and even murdered aboard Thai fishing vessels. EJF’s investigation exposed the brutal trade in modern-day slaves.
Lark Rise Pictures worked with the EJF team on this investigation into human trafficking over three trips to Thailand during the past year.
Watch this short film to find out more and download the report:
http://ejfoundation.org/soldtotheseafilm
Filming, photography and video editing for film and report by Eleanor Church at Lark Rise Pictures.
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Travail forcé de pêcheurs en Thaïlande : l'OIT voit rouge
L'Organisation internationale du travail (OIT) a dénoncé les "graves abus" sur les bateaux de pêche en Thaïlande, où les immigrés illégaux sont à la merci des violences et du travail forcé.
L'Organisation internationale du travail (OIT) a dénoncé lundi 2 septembre à Bangkok les "graves abus" sur les bateaux de pêche en Thaïlande, où les immigrés illégaux cambodgiens et birmans sont à la merci des violences et du travail forcé.
Au total, selon cette étude de l'OIT rendue publique lundi dans la capitale thaïlandaise, 17% des près de 600 employés du secteur interrogés (parmi lesquels de nombreux Cambodgiens et Birmans en situation irrégulière) ont dit avoir été forcés à travailler.
Ils ont fait état de menaces de pénalités financières, de contraintes physiques ou encore de menaces de signalement aux autorités en charge de l'immigration en Thaïlande, troisième plus grand exportateur de poissons au monde.
De plus, 10% ont assuré avoir été battus à bord tandis que plus de 25% témoignaient de journées de travail sans fin, avec des astreintes 24 heures sur 24.
"Cette étude fait état de graves abus dans le secteur. La vaste majorité des travailleurs sont en situation irrégulière et donc plus vulnérables", a commenté Max Tunon, responsable de l'OIT, lors de la présentation à la presse de ce rapport.
Des milliers de Birmans et de Cambodgiens travaillent sur les riches bateaux de pêche thaïlandais. A bord se côtoient ouvriers en règle et esclaves des temps modernes selon plusieurs rapports, qui dénoncent une industrie qui s'appuie sur le travail forcé.
A bord, les hommes travaillent 20 heures par jour, sept jours sur sept. Certains bateaux-mères se déplacent pour faire le plein des navires, en fuel et en personnel. Certains sont ainsi piégés des mois, voire des années, jusqu'au large de la Somalie, selon l'Office international des migrations (OIM).
En 2010, la pêche thaïlandaise a réalisé un chiffre d'affaires de 16,95 milliards de bahts (565 millions de dollars).
Bangkok a été inscrite sur une liste dressée par le département d'Etat américain des pays à surveiller en matière de trafic d'être humains.
source http://www.challenges.fr/economie/20130902.CHA3570/travail-force-de-pecheurs-en-thailande-l-oit-voit-rouge.html
L'Organisation internationale du travail (OIT) a dénoncé lundi 2 septembre à Bangkok les "graves abus" sur les bateaux de pêche en Thaïlande, où les immigrés illégaux cambodgiens et birmans sont à la merci des violences et du travail forcé.
Au total, selon cette étude de l'OIT rendue publique lundi dans la capitale thaïlandaise, 17% des près de 600 employés du secteur interrogés (parmi lesquels de nombreux Cambodgiens et Birmans en situation irrégulière) ont dit avoir été forcés à travailler.
Ils ont fait état de menaces de pénalités financières, de contraintes physiques ou encore de menaces de signalement aux autorités en charge de l'immigration en Thaïlande, troisième plus grand exportateur de poissons au monde.
De plus, 10% ont assuré avoir été battus à bord tandis que plus de 25% témoignaient de journées de travail sans fin, avec des astreintes 24 heures sur 24.
"Cette étude fait état de graves abus dans le secteur. La vaste majorité des travailleurs sont en situation irrégulière et donc plus vulnérables", a commenté Max Tunon, responsable de l'OIT, lors de la présentation à la presse de ce rapport.
Des milliers de Birmans et de Cambodgiens travaillent sur les riches bateaux de pêche thaïlandais. A bord se côtoient ouvriers en règle et esclaves des temps modernes selon plusieurs rapports, qui dénoncent une industrie qui s'appuie sur le travail forcé.
A bord, les hommes travaillent 20 heures par jour, sept jours sur sept. Certains bateaux-mères se déplacent pour faire le plein des navires, en fuel et en personnel. Certains sont ainsi piégés des mois, voire des années, jusqu'au large de la Somalie, selon l'Office international des migrations (OIM).
En 2010, la pêche thaïlandaise a réalisé un chiffre d'affaires de 16,95 milliards de bahts (565 millions de dollars).
Bangkok a été inscrite sur une liste dressée par le département d'Etat américain des pays à surveiller en matière de trafic d'être humains.
source http://www.challenges.fr/economie/20130902.CHA3570/travail-force-de-pecheurs-en-thailande-l-oit-voit-rouge.html
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Thaïlande: les immigrés, main-d’oeuvre vitale de l’industrie de la pêche
Des immigrés birmans trient du poisson dans le port thaïlandais de Pattani le 20 septembre 2013 (Photo Christophe Archambault. AFP)
Occupée à trier des sardines toutes fraîches dans un port du sud de la Thaïlande, Shi-Jai fait partie des milliers d’immigrés, dont des femmes et des enfants, qui permettent à l’immense industrie de la pêche du royaume de fonctionner.
Chaque jour, une armée de travailleurs venus notamment de Birmanie ou du Cambodge, légaux ou illégaux, s’activent sur des chalutiers rouillés ou aident à décharger les poissons dans les ports du pays.
Shi-Jai, qui vient de l’Etat Mon, en Birmanie, gagne environ 7 euros par jour dans le port de Pattani, dans l’extrême sud du royaume en proie à une insurrection séparatiste menée par des militants musulmans, qui a fait plus de 5.700 morts depuis 2004.
«Ce n’est pas beaucoup, mais c’est plus que ce que je peux gagner chez moi», commente-t-elle, pendant qu’un homme à l’air sévère surveille des femmes, et quelques enfants, en train de trier la pêche du matin.
La Thaïlande est le troisième exportateur mondial de poissons en valeur, avec environ 7 milliards de dollars par an.
Mais le pays est également dans le collimateur de la communauté internationale en raison d’accusations évoquant des pêcheurs immigrés parfois transformés en quasi-esclaves.
L’Organisation internationale du travail (OIT) a dénoncé début septembre de «graves abus» sur les bateaux de pêche, décrivant des immigrés illégaux à la merci de violences et du travail forcé.
Selon cette étude de l’OIT, 17% des quelque 600 employés du secteur interrogés (parmi lesquels de nombreux Cambodgiens et Birmans en situation irrégulière) ont dit avoir été forcés à travailler, sous la menace de pénalités financières, de violence, ou de dénonciation aux autorités.
Et 10% des personnes interrogées ont assuré avoir été battues à bord tandis que plus de 25% témoignaient de journées de travail sans fin, avec des astreintes jusqu’à 24 heures sur 24.
Les Etats-Unis, un des marchés majeurs pour les produits de la mer thaïlandais, ont inscrit le royaume sur la liste des pays à surveiller en matière de trafic d’êtres humains.
Mais de nombreux travailleurs immigrés s’inquiètent plus des difficultés à gagner leur vie dans leur pays.
«Nous n’avons pas pu trouver de travail au Cambodge, alors nous sommes venus ici», raconte Makka, pêcheur de 21 ans dont le visage buriné lui donne quelques années de plus.
«Certains ont des permis de travail, d’autres pas (...). Mais nous avons tous besoin de travail», insiste-t-il.
AFP
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