Chroniques de Thaïlande
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Chroniques de Thaïlande
Le passé recréé
Un marché traditionnel de la province de Suphanburi connait un boom touristique, voit l’argent affluer et perd une partie de son âme.
Il y a une quinzaine d’années, il était très agréable de prendre un café traditionnel sur une des tables rondes de marbre de l’échoppe chinoise au bord du fleuve Ta Chin, dans le chef-lieu de district de Sam Chuk, dans la province centrale thaïlandaise de Suphanburi. Cette famille sino-thaïlandaise tient le café depuis plusieurs générations. L’un des oncles torréfie le café lui-même dans un grand fourneau placé sur un ponton flottant sur la Ta Chin. Du café, on pouvait voir un grand pont en bois qui enjambait le fleuve et une charmante grande bâtisse de plain-pied, aussi en bois, qui servait de siège au chef-lieu de district. L’air embaumait des odeurs mentholées de médecine traditionnelle et des vapeurs piquantes de piment rissolé. Il y a environ douze ans, un chef de district a décidé que le pont et la bâtisse de bois étaient désuets, les a fait détruire et a érigé à la place des ouvrages en béton et ciment, devant lesquels il a fait placer une statue en fonte du roi Rama V (règne 1868-1910).
Ces cinq dernières années, je suis retourné très rarement au café chinois. L’une des raisons est que là où l’on voyait autrefois quelques habitués, il y a maintenant une noria serrée de familles, grand-mères et enfants à la traîne, qui occupent l’ensemble des tables. C’est un peu avant cela que les autorités locales ont eu l’idée brillante de mener une campagne marketing sur le thème : le marché séculaire de Sam Chuk (talaat loi pi). La sauce a très vite pris. Le marché traditionnel en bois, jusqu’alors livré aux toiles d’araignées, a été nettoyé. Un musée glorifiant un chef de district chinois, venu des rangs du Kuo Min Tang, a été ouvert. L’Unesco a décerné au district un prix en 2008. Et des foules de touristes sont arrivées de Bangkok et des autres provinces. On y croise même régulièrement des Occidentaux.
Les autorités de Sam Chuk – c’est-à-dire les leaders du district et le comité des commerçants du marché – ont compris que le passé siamois, avec ses chanteurs surannés, sa quiétude pseudo-rurale et sa vaste gamme culinaire, pouvait séduire et rassurer les Thaïlandais des villes, en quête d’un divertissement nostalgique le temps d’un week-end. Et donc pouvait être commercialisé. Mais, une partie de ce passé ayant déjà été détruit car jugé dépassé et non rentable, il fallait le récréer ou du moins créer quelque chose qui puisse être vu par des gens venus de l’extérieur comme étant « le passé authentique de Sam Chuk ». Les ruelles, jusqu’alors couvertes de bitume, ont été pavées de beaux carreaux de carrelage. Une maquette de Sam Chuk a été installée au rez- de-chaussée du musée (on peut y voir l’ancien pont en bois). Un grand portail en bois, portant en thaï et en chinois l’inscription «marché séculaire de Sam Chuk», a été érigé à l’entrée du marché. C’est le lieu favori des visiteurs qui se font prendre en photo.
D’autres innovations plus douteuses sont apparues. Là où se trouvaient le magasin pour les pêcheurs, le marchand de vélos, la vieille échoppe du photographe où trônaient d’antiques appareil Kodak se sont installés des centaines d’étals tenus par des gens des alentours, lesquels vendent des jouets en plastique Made in China, des t-shirts « marché séculaire » et des recréations d’objets artisanaux en bois ou en fer forgé. Un nouveau « Sam Chuk ancien » est inventé pour répondre à la demande des touristes amenés par des flottes d’autocar.
Les bénéfices de cette explosion sont importants. Des milliers d’emplois sont créés. Les paysans qui trimaient dans leur rizière loin du marché ont investi dans ces étals de bibelots qui rapportent des profits hebdomadaires.
http://asie-info.fr/2012/08/19/chronique-thailande-passe-recree-58154.html
Un marché traditionnel de la province de Suphanburi connait un boom touristique, voit l’argent affluer et perd une partie de son âme.
Il y a une quinzaine d’années, il était très agréable de prendre un café traditionnel sur une des tables rondes de marbre de l’échoppe chinoise au bord du fleuve Ta Chin, dans le chef-lieu de district de Sam Chuk, dans la province centrale thaïlandaise de Suphanburi. Cette famille sino-thaïlandaise tient le café depuis plusieurs générations. L’un des oncles torréfie le café lui-même dans un grand fourneau placé sur un ponton flottant sur la Ta Chin. Du café, on pouvait voir un grand pont en bois qui enjambait le fleuve et une charmante grande bâtisse de plain-pied, aussi en bois, qui servait de siège au chef-lieu de district. L’air embaumait des odeurs mentholées de médecine traditionnelle et des vapeurs piquantes de piment rissolé. Il y a environ douze ans, un chef de district a décidé que le pont et la bâtisse de bois étaient désuets, les a fait détruire et a érigé à la place des ouvrages en béton et ciment, devant lesquels il a fait placer une statue en fonte du roi Rama V (règne 1868-1910).
Ces cinq dernières années, je suis retourné très rarement au café chinois. L’une des raisons est que là où l’on voyait autrefois quelques habitués, il y a maintenant une noria serrée de familles, grand-mères et enfants à la traîne, qui occupent l’ensemble des tables. C’est un peu avant cela que les autorités locales ont eu l’idée brillante de mener une campagne marketing sur le thème : le marché séculaire de Sam Chuk (talaat loi pi). La sauce a très vite pris. Le marché traditionnel en bois, jusqu’alors livré aux toiles d’araignées, a été nettoyé. Un musée glorifiant un chef de district chinois, venu des rangs du Kuo Min Tang, a été ouvert. L’Unesco a décerné au district un prix en 2008. Et des foules de touristes sont arrivées de Bangkok et des autres provinces. On y croise même régulièrement des Occidentaux.
Les autorités de Sam Chuk – c’est-à-dire les leaders du district et le comité des commerçants du marché – ont compris que le passé siamois, avec ses chanteurs surannés, sa quiétude pseudo-rurale et sa vaste gamme culinaire, pouvait séduire et rassurer les Thaïlandais des villes, en quête d’un divertissement nostalgique le temps d’un week-end. Et donc pouvait être commercialisé. Mais, une partie de ce passé ayant déjà été détruit car jugé dépassé et non rentable, il fallait le récréer ou du moins créer quelque chose qui puisse être vu par des gens venus de l’extérieur comme étant « le passé authentique de Sam Chuk ». Les ruelles, jusqu’alors couvertes de bitume, ont été pavées de beaux carreaux de carrelage. Une maquette de Sam Chuk a été installée au rez- de-chaussée du musée (on peut y voir l’ancien pont en bois). Un grand portail en bois, portant en thaï et en chinois l’inscription «marché séculaire de Sam Chuk», a été érigé à l’entrée du marché. C’est le lieu favori des visiteurs qui se font prendre en photo.
D’autres innovations plus douteuses sont apparues. Là où se trouvaient le magasin pour les pêcheurs, le marchand de vélos, la vieille échoppe du photographe où trônaient d’antiques appareil Kodak se sont installés des centaines d’étals tenus par des gens des alentours, lesquels vendent des jouets en plastique Made in China, des t-shirts « marché séculaire » et des recréations d’objets artisanaux en bois ou en fer forgé. Un nouveau « Sam Chuk ancien » est inventé pour répondre à la demande des touristes amenés par des flottes d’autocar.
Les bénéfices de cette explosion sont importants. Des milliers d’emplois sont créés. Les paysans qui trimaient dans leur rizière loin du marché ont investi dans ces étals de bibelots qui rapportent des profits hebdomadaires.
http://asie-info.fr/2012/08/19/chronique-thailande-passe-recree-58154.html
Dernière édition par Admin le Mar 26 Fév 2013 - 18:59, édité 1 fois
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Chronique de Thaïlande : les ambiguïtés de l’occidentalisation
Sous un vernis d’occidentalisation, la Thaïlande reste fidèle à une éthique à la fois opportuniste et insaisissable.
Il y a une vingtaine d’années, à la question d’un journaliste étranger sur « qu’est-ce qu’être thaïlandais ? », une étudiante en licence de Sciences politiques de l’université Thammasat répondit : « c’est prendre des choses d’un peu partout et en faire un mélange qui donne, au bout du processus, quelque chose de Thaï ». Peut-être sans le savoir, cette étudiante marchait dans les pas d’un illustre prédécesseur, le prince Damrong Rajanuphab, demi-frère du roi Rama V, qui déclarait au début du XXème siècle : « Les Thaïs savent comment choisir. Quand ils voient quelque chose de bon dans la culture d’autres peuples, si cela n’est pas en conflit avec leurs propres intérêts, ils n’hésitent pas à l’emprunter et à l’adapter à leurs propres conditions ».
De nombreux exemples historiques illustrent ce pragmatisme : de la centralisation bureaucratique sous le roi Rama V (règne 1868-1910) aux techniques d’accumulation du capital après la seconde guerre mondiale que les régimes militaires thaïlandais ont adopté sans complexes quand d’autres pays de la région se barricadaient derrière des idéologies communistes ou neutralistes. Et la Thaïlande actuelle, comme le Siam d’autrefois, n’ont pas exclusivement puisé dans les idées, normes et pratiques de l’Occident. Georges Coedès a exposé comment les élites des pays d’Asie du sud-est ont adopté et adapté la culture politique hindouiste à une époque où celle-ci jouait le rôle de modèle dans cette partie de la planète. Le bouddhisme Theravada, un des piliers de la culture thaïlandaise, est, lui, venu par Ceylan. Bien plus tard, sous le roi Rama III (règne 1824-1851), le goût chinois s’est répandu à la cour du Siam au moment où le commerce des jonques reprenait vigueur et les produits de luxe chinois inondaient les marchés de Bangkok.
Les cultures de tous les pays résultent, bien évidemment, d’une combinaison d’influences venues d’ailleurs, mais rares sont les pays, comme la Thaïlande, qui semblent apparemment offrir si peu de résistances aux incursions. Les missionnaires chrétiens venus au Siam au XVIIème siècle s’étaient mêmes montés la tête : « Nous pensons pouvoir convertir facilement le roi d’Ayutthaya », assuraient-ils à leurs supérieurs à Paris et à Rome. Résultat : la proportion de chrétiens en Thaïlande est parmi les plus faibles d’Asie du sud-est. Mais il reste le meilleur de cette influence religieuse venue de l’Ouest : les écoles où continuent, des siècles après, d’être formée l’élite du pays. Prendre, mais ne pas se laisser dénaturer, c’est peut-être là la force de ce peuple dont certains historiens aiment à clamer le caractère unique.
Il est toutefois courant de lire, dans les vingt dernières années, des auteurs thaïlandais qui déplorent l’occidentalisation, laquelle aurait commencé à détruire une « culture thaïlandaise » empreinte d’harmonie, de respect de l’autre et d’équilibre avec la nature. Cette vision simpliste s’appuie sur des mythes entretenus par une version officielle de l’histoire véhiculée par le système scolaire. L’occidentalisation a commencé en partie de par la volonté des élites aristocratiques autour du roi Rama V, désireuses de projeter une image de « pays civilisé ». Et non pas forcément, comme il est souvent dit, parce que le Siam risquait d’être absorbé par les puissances coloniales, mais parce que les élites siamoises souhaitaient accroître leur prestige dans l’arène internationale en projetant une image de modernité et tenaient à se placer sur le même plan que les colonisateurs. Si besoin est, par imitation des Occidentaux en adoptant le « style victorien ». Lorsqu’il arriva à Java en 1896, le roi Rama V (ou Chulalongkorn) nota dans son carnet de voyage : « j’étais entouré par la foule. Mais ils s’écartèrent au fur et à mesure que j’avançais. C’est un avantage pour moi de porter un costume occidental parce que les locaux craignent les Européens ».
Max Constant
http://asie-info.fr/2012/11/04/chronique-thailande-occidentalisatino-512722.html
Il y a une vingtaine d’années, à la question d’un journaliste étranger sur « qu’est-ce qu’être thaïlandais ? », une étudiante en licence de Sciences politiques de l’université Thammasat répondit : « c’est prendre des choses d’un peu partout et en faire un mélange qui donne, au bout du processus, quelque chose de Thaï ». Peut-être sans le savoir, cette étudiante marchait dans les pas d’un illustre prédécesseur, le prince Damrong Rajanuphab, demi-frère du roi Rama V, qui déclarait au début du XXème siècle : « Les Thaïs savent comment choisir. Quand ils voient quelque chose de bon dans la culture d’autres peuples, si cela n’est pas en conflit avec leurs propres intérêts, ils n’hésitent pas à l’emprunter et à l’adapter à leurs propres conditions ».
De nombreux exemples historiques illustrent ce pragmatisme : de la centralisation bureaucratique sous le roi Rama V (règne 1868-1910) aux techniques d’accumulation du capital après la seconde guerre mondiale que les régimes militaires thaïlandais ont adopté sans complexes quand d’autres pays de la région se barricadaient derrière des idéologies communistes ou neutralistes. Et la Thaïlande actuelle, comme le Siam d’autrefois, n’ont pas exclusivement puisé dans les idées, normes et pratiques de l’Occident. Georges Coedès a exposé comment les élites des pays d’Asie du sud-est ont adopté et adapté la culture politique hindouiste à une époque où celle-ci jouait le rôle de modèle dans cette partie de la planète. Le bouddhisme Theravada, un des piliers de la culture thaïlandaise, est, lui, venu par Ceylan. Bien plus tard, sous le roi Rama III (règne 1824-1851), le goût chinois s’est répandu à la cour du Siam au moment où le commerce des jonques reprenait vigueur et les produits de luxe chinois inondaient les marchés de Bangkok.
Les cultures de tous les pays résultent, bien évidemment, d’une combinaison d’influences venues d’ailleurs, mais rares sont les pays, comme la Thaïlande, qui semblent apparemment offrir si peu de résistances aux incursions. Les missionnaires chrétiens venus au Siam au XVIIème siècle s’étaient mêmes montés la tête : « Nous pensons pouvoir convertir facilement le roi d’Ayutthaya », assuraient-ils à leurs supérieurs à Paris et à Rome. Résultat : la proportion de chrétiens en Thaïlande est parmi les plus faibles d’Asie du sud-est. Mais il reste le meilleur de cette influence religieuse venue de l’Ouest : les écoles où continuent, des siècles après, d’être formée l’élite du pays. Prendre, mais ne pas se laisser dénaturer, c’est peut-être là la force de ce peuple dont certains historiens aiment à clamer le caractère unique.
Il est toutefois courant de lire, dans les vingt dernières années, des auteurs thaïlandais qui déplorent l’occidentalisation, laquelle aurait commencé à détruire une « culture thaïlandaise » empreinte d’harmonie, de respect de l’autre et d’équilibre avec la nature. Cette vision simpliste s’appuie sur des mythes entretenus par une version officielle de l’histoire véhiculée par le système scolaire. L’occidentalisation a commencé en partie de par la volonté des élites aristocratiques autour du roi Rama V, désireuses de projeter une image de « pays civilisé ». Et non pas forcément, comme il est souvent dit, parce que le Siam risquait d’être absorbé par les puissances coloniales, mais parce que les élites siamoises souhaitaient accroître leur prestige dans l’arène internationale en projetant une image de modernité et tenaient à se placer sur le même plan que les colonisateurs. Si besoin est, par imitation des Occidentaux en adoptant le « style victorien ». Lorsqu’il arriva à Java en 1896, le roi Rama V (ou Chulalongkorn) nota dans son carnet de voyage : « j’étais entouré par la foule. Mais ils s’écartèrent au fur et à mesure que j’avançais. C’est un avantage pour moi de porter un costume occidental parce que les locaux craignent les Européens ».
Max Constant
http://asie-info.fr/2012/11/04/chronique-thailande-occidentalisatino-512722.html
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Dans l'ouest thaïlandais, le combat contre un paludisme ultra-résistant
SAI YOK (Thaïlande) - C'est un petit dispensaire de campagne, situé sur la frontière entre Thaïlande et Birmanie. Rudimentaire et isolé, mais essentiel pour la lutte contre une souche du paludime résistante aux médicaments.
Il en existe des centaines comme celui-là avec pour objectif de bloquer la progression vers le sous-continent indien et l'Afrique de ce parasite plus coriace que les autres, détecté en Asie du sud-est il y a huit ans.
Pendant plus de dix ans, l'artémisinine s'est révélée l'arme la plus efficace en Thaïlande. Elle demeure le traitement le plus utilisé dans le monde contre cette maladie transmise par les moustiques, qui contamine 216 millions de personnes et en tue 655.000 chaque année.
Mais une souche résistante est apparue à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, avant d'émerger plus récemment dans l'ouest thaïlandais, au Vietnam et en Birmanie.
Si la résistance s'étend, le nombre de cas va augmenter, prévient Fatoumata Nafo-Traore, directrice du partenariat Faire Reculer le Paludisme (Roll Back Malaria) qui coordonne la lutte contre un ennemi aussi invisible que dangereux.
Lors d'une réunion sur le sujet à Sydney la semaine dernière, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a demandé à l'Asie de trouver des financements pérennes contre le paludisme pour atteindre l'objectif d'une réduction de 75% d'ici 2015 du nombre de cas et de décès.
En attendant, le combat est quotidien sur le terrain.
Dans un sous-district de la province thaïlandaise de Kanchanaburi, sur les 190 individus qui ont contracté la maladie depuis un an, ils étaient 40 à lutter encore contre le parasite après un mois de traitement, soit le double de l'année précédente, selon Wittaya Saiphomsud, un responsable sanitaire local.
Auparavant, quand nous donnions des médicaments aux patients, ils guérissaient en trois jours. Aujourd'hui, ils font une rechute en moins d'un mois.
Les autorités vérifient désormais que les doses sont prises correctement et tentent de combattre le trafic de produits de contrebande de moindre qualité.
Comme de l'autre côté de la frontière, dans le village birman de Win Kan, où l'ONG chrétienne World Concern distribue des médicaments et organise le dépistage.
Ces dernières années, les villageois prenaient leurs médicaments sans prescription médicale donc le paludisme est devenu résistant au traitement, explique Than Nwet, un volontaire de l'ONG. Un tiers des gens achètent toujours leurs médicaments au magasin du coin.
Personne ne sait réellement avec certitude si cette souche résistante s'est propagée via des migrants ou si elle s'est développée indépendamment dans des zones séparées de plusieurs milliers de kilomètres.
La Thaïlande n'a déploré que 12 morts sur 30.000 cas en 2011, grâce notamment à des traitements de substitution moins rapides, mais efficaces malgré tout.
Mais en Birmanie, où un demi-siècle de régime militaire a laissé le système sanitaire s'effondrer complètement, le paludisme est endémique. Le gouvernement a fait état de 420.000 cas dont 788 morts en 2010, mais la réalité est certainement très au-delà.
Dans certaines zones, jusqu'à 15% des cas de paludisme sont résistants, selon Saw Lwin, directeur adjoint au ministère de la Santé de Birmanie.
Et l'histoire a montré que les maladies du sud-est asiatique se sont propagées vers l'ouest via la Birmanie, jusqu'en Afrique qui concentre aujourd'hui 90% des décès liés au paludisme.
Notre pays est la porte d'entrée de la propagation des parasites résistants aux médicaments vers l'ouest et vers l'Afrique, reconnaît Saw Lwin.
L'objectif est donc avant tout d'empêcher le scénario de se répéter. Les experts préviennent que si la résistance à l'artémisinine s'étend, des années d'efforts seront réduits à néant.
Des milliards de dollars d'investissements partiront probablement en fumée si l'Afrique est contaminée, confirme l'expert de l'OMS, Charles Delacollette.
http://www.romandie.com/news/n/_Dans_l_ouest_thailandais_le_combat_contre_un_paludisme_ultra_resistant96051120121354.asp?
Il en existe des centaines comme celui-là avec pour objectif de bloquer la progression vers le sous-continent indien et l'Afrique de ce parasite plus coriace que les autres, détecté en Asie du sud-est il y a huit ans.
Pendant plus de dix ans, l'artémisinine s'est révélée l'arme la plus efficace en Thaïlande. Elle demeure le traitement le plus utilisé dans le monde contre cette maladie transmise par les moustiques, qui contamine 216 millions de personnes et en tue 655.000 chaque année.
Mais une souche résistante est apparue à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, avant d'émerger plus récemment dans l'ouest thaïlandais, au Vietnam et en Birmanie.
Si la résistance s'étend, le nombre de cas va augmenter, prévient Fatoumata Nafo-Traore, directrice du partenariat Faire Reculer le Paludisme (Roll Back Malaria) qui coordonne la lutte contre un ennemi aussi invisible que dangereux.
Lors d'une réunion sur le sujet à Sydney la semaine dernière, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a demandé à l'Asie de trouver des financements pérennes contre le paludisme pour atteindre l'objectif d'une réduction de 75% d'ici 2015 du nombre de cas et de décès.
En attendant, le combat est quotidien sur le terrain.
Dans un sous-district de la province thaïlandaise de Kanchanaburi, sur les 190 individus qui ont contracté la maladie depuis un an, ils étaient 40 à lutter encore contre le parasite après un mois de traitement, soit le double de l'année précédente, selon Wittaya Saiphomsud, un responsable sanitaire local.
Auparavant, quand nous donnions des médicaments aux patients, ils guérissaient en trois jours. Aujourd'hui, ils font une rechute en moins d'un mois.
Les autorités vérifient désormais que les doses sont prises correctement et tentent de combattre le trafic de produits de contrebande de moindre qualité.
Comme de l'autre côté de la frontière, dans le village birman de Win Kan, où l'ONG chrétienne World Concern distribue des médicaments et organise le dépistage.
Ces dernières années, les villageois prenaient leurs médicaments sans prescription médicale donc le paludisme est devenu résistant au traitement, explique Than Nwet, un volontaire de l'ONG. Un tiers des gens achètent toujours leurs médicaments au magasin du coin.
Personne ne sait réellement avec certitude si cette souche résistante s'est propagée via des migrants ou si elle s'est développée indépendamment dans des zones séparées de plusieurs milliers de kilomètres.
La Thaïlande n'a déploré que 12 morts sur 30.000 cas en 2011, grâce notamment à des traitements de substitution moins rapides, mais efficaces malgré tout.
Mais en Birmanie, où un demi-siècle de régime militaire a laissé le système sanitaire s'effondrer complètement, le paludisme est endémique. Le gouvernement a fait état de 420.000 cas dont 788 morts en 2010, mais la réalité est certainement très au-delà.
Dans certaines zones, jusqu'à 15% des cas de paludisme sont résistants, selon Saw Lwin, directeur adjoint au ministère de la Santé de Birmanie.
Et l'histoire a montré que les maladies du sud-est asiatique se sont propagées vers l'ouest via la Birmanie, jusqu'en Afrique qui concentre aujourd'hui 90% des décès liés au paludisme.
Notre pays est la porte d'entrée de la propagation des parasites résistants aux médicaments vers l'ouest et vers l'Afrique, reconnaît Saw Lwin.
L'objectif est donc avant tout d'empêcher le scénario de se répéter. Les experts préviennent que si la résistance à l'artémisinine s'étend, des années d'efforts seront réduits à néant.
Des milliards de dollars d'investissements partiront probablement en fumée si l'Afrique est contaminée, confirme l'expert de l'OMS, Charles Delacollette.
http://www.romandie.com/news/n/_Dans_l_ouest_thailandais_le_combat_contre_un_paludisme_ultra_resistant96051120121354.asp?
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Chronique de Thaïlande : le confort de la distance
L’existence d’une certaine insularité de l’univers thaïlandais déroute les étrangers et parfois les Thaïlandais eux-mêmes.
Evoquer la teneur des relations entre Thaïlandais et étrangers est toujours délicat car, outre le danger d’une généralisation outrancière, l’observateur occidental ne peut qu’écrire selon la position d’où il observe ; son analyse est forcément teintée. Cette observation ne vaut donc que pour ce qu’elle est : une perception parmi de nombreuses autres possibles. Nombre d’Occidentaux résidant depuis des années en Thaïlande diront qu’ils ont peu ou pas d’amis thaïlandais véritables, qu’il est très difficile d’aller au-delà de rapports courtois mais sans profondeur. L’image évoquée est celle d’un demi-globe de verre à l’intérieur duquel s’agite le monde thaï. Au prix de certains efforts, on peut s’en approcher jusqu’à se coller le nez contre la paroi translucide et scruter l’intérieur. Mais on ne peut jamais le pénétrer. Rien n’est plus risible qu’un Occidental qui pense y «être parvenu», «être devenu comme eux». Après un certain temps d’illusion, des Thaïlandais le lui feront gentiment sentir.
J’ai souvent entendu les farang évoquer ce sujet, mais jamais les Thaïlandais en parler d’eux-mêmes ou même rebondir une fois lancé sur le thème. Le jeu de relations se déroulant à l’intérieur est harmonieux, cohérent avec ses propres règles. Rares sont ceux qui les remettent en cause. L’importance des figures paternelles ou paternalistes y est grande, d’où le sentiment qu’il pourrait y avoir une stratégie d’infantilisation venue d’en haut pour un meilleur contrôle politique et social. Toutefois, déplacé dans un contexte non thaïlandais, mis en perspective dans le cadre d’une comparaison avec le monde extérieur, ce jeu inter-relationnel révèle soudainement son décalage avec le « monde réel » et peut même alors paraître absurde.
Il semble y avoir une conscience parmi les Thaïlandais de ce phénomène et donc la mise en place de stratégies pour y remédier préventivement. En Thaïlande, de nombreux Thaïlandais, une fois dépassées les premières civilités, placeront une distance entre eux et leurs hôtes – une distance qui est un mécanisme de protection. Quand on croise des groupes de Thaïlandais voyageant à l’étranger, il est parfois frappant de constater leur désintérêt pour établir des contacts avec les autochtones, ou même avec les autres groupes d’Asiatiques qu’ils pourraient croiser : cette attitude est très différente de celle des Philippins, toujours conviviaux et enclins à converser, ou des Indonésiens. Beaucoup de Thaïlandais semblent transporter autour d’eux leur «bulle de protection».
Inversement, il est réconfortant de voir que de nombreux Thaïlandais qui ont fait le choix de s’établir à l’étranger ou d’y résider un certain temps pour raison d’études, de mariage ou professionnelle, brisent souvent ce cocon d’insularité, s’ouvrent et révèlent un éclectisme, une curiosité vis-à-vis du monde extérieur rafraîchissante. Parfois même, ces Thaïlandais réinterpréteront leur milieu d’origine et lâcheront : «En Thaïlande, les gens se toisent, manquent de simplicité». L’importance de la pose, de la distance sociale et du jeu des apparences sont autant de facteurs qui contribuent à façonner l’univers thaïlandais avec ses particularités. Et, il ne se passera pas beaucoup de temps pour que ces Thaïlandais un peu transformés par leur expérience à l’étranger se verront reprocher leur relations de tam khon farang, c’est-à-dire leur «imitation des étrangers».
Max Constant
http://asie-info.fr/2012/11/11/chronique-de-thailande-le-confort-de-la-distance-513142.html
Evoquer la teneur des relations entre Thaïlandais et étrangers est toujours délicat car, outre le danger d’une généralisation outrancière, l’observateur occidental ne peut qu’écrire selon la position d’où il observe ; son analyse est forcément teintée. Cette observation ne vaut donc que pour ce qu’elle est : une perception parmi de nombreuses autres possibles. Nombre d’Occidentaux résidant depuis des années en Thaïlande diront qu’ils ont peu ou pas d’amis thaïlandais véritables, qu’il est très difficile d’aller au-delà de rapports courtois mais sans profondeur. L’image évoquée est celle d’un demi-globe de verre à l’intérieur duquel s’agite le monde thaï. Au prix de certains efforts, on peut s’en approcher jusqu’à se coller le nez contre la paroi translucide et scruter l’intérieur. Mais on ne peut jamais le pénétrer. Rien n’est plus risible qu’un Occidental qui pense y «être parvenu», «être devenu comme eux». Après un certain temps d’illusion, des Thaïlandais le lui feront gentiment sentir.
J’ai souvent entendu les farang évoquer ce sujet, mais jamais les Thaïlandais en parler d’eux-mêmes ou même rebondir une fois lancé sur le thème. Le jeu de relations se déroulant à l’intérieur est harmonieux, cohérent avec ses propres règles. Rares sont ceux qui les remettent en cause. L’importance des figures paternelles ou paternalistes y est grande, d’où le sentiment qu’il pourrait y avoir une stratégie d’infantilisation venue d’en haut pour un meilleur contrôle politique et social. Toutefois, déplacé dans un contexte non thaïlandais, mis en perspective dans le cadre d’une comparaison avec le monde extérieur, ce jeu inter-relationnel révèle soudainement son décalage avec le « monde réel » et peut même alors paraître absurde.
Il semble y avoir une conscience parmi les Thaïlandais de ce phénomène et donc la mise en place de stratégies pour y remédier préventivement. En Thaïlande, de nombreux Thaïlandais, une fois dépassées les premières civilités, placeront une distance entre eux et leurs hôtes – une distance qui est un mécanisme de protection. Quand on croise des groupes de Thaïlandais voyageant à l’étranger, il est parfois frappant de constater leur désintérêt pour établir des contacts avec les autochtones, ou même avec les autres groupes d’Asiatiques qu’ils pourraient croiser : cette attitude est très différente de celle des Philippins, toujours conviviaux et enclins à converser, ou des Indonésiens. Beaucoup de Thaïlandais semblent transporter autour d’eux leur «bulle de protection».
Inversement, il est réconfortant de voir que de nombreux Thaïlandais qui ont fait le choix de s’établir à l’étranger ou d’y résider un certain temps pour raison d’études, de mariage ou professionnelle, brisent souvent ce cocon d’insularité, s’ouvrent et révèlent un éclectisme, une curiosité vis-à-vis du monde extérieur rafraîchissante. Parfois même, ces Thaïlandais réinterpréteront leur milieu d’origine et lâcheront : «En Thaïlande, les gens se toisent, manquent de simplicité». L’importance de la pose, de la distance sociale et du jeu des apparences sont autant de facteurs qui contribuent à façonner l’univers thaïlandais avec ses particularités. Et, il ne se passera pas beaucoup de temps pour que ces Thaïlandais un peu transformés par leur expérience à l’étranger se verront reprocher leur relations de tam khon farang, c’est-à-dire leur «imitation des étrangers».
Max Constant
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Chronique de Thaïlande : où est l’Asie qui grouille ?
L’Agence touristique nationale promeut une Thaïlande aussi enchanteresse que virtuelle au détriment des entrailles du royaume.
J’ai récemment participé à l’organisation du tournage d’un programme de télévision française en Thaïlande portant sur les aspects culturels du royaume. Ce programme adopte une tonalité positive pour mettre en valeur des aspects insolites, étonnants ou amusants d’un pays que l’on sillonne dans des trains. Des autorisations officielles de tournage avaient été requises et une accompagnatrice ainsi qu’un guide-interprète de l’Agence thaïlandaise du tourisme (TAT) nous ont surveillés d’un oeil diligent pendant les deux semaines de tournage. L’expérience fut éprouvante, à la fois pour nous, les journalistes français, ainsi que pour nos anges-gardien. Au gré du tournage, deux expressions revenaient sans cesse dans leur bouche : “c’est interdit” et “ce n’est pas approprié”.
Filmer une statue du Bouddha dans le quartier chinois, c’est interdit. De même que de filmer un portrait du roi Bhumibol dans une gare. Tourner une séquence sur un bonze thaï qui entraîne des enfants des rues à la boxe thaïlandaise pour leur donner plus d’espoir en l’avenir n’est pas approprié. Et filmer un médium investi d’un esprit dans son antre de sorcier-tatoueur est strictement interdit. Que peut-on faire alors ? Filmer les projets sociaux du roi et des princesses est vivement conseillé. De même que les divers festivals qui ponctuent le calendrier thaïlandais : loi krathong, notamment, dont les innocentes corbeilles de feuilles de bananiers échappent à la sourcilleuse censure du TAT. Ce qui n’est pas le cas du nouvel an thaï ou songkhran, dont les agressions à coup de seau d’eau et – horreur suprême ! – les jeunes filles en tenue ultra-serrée ont provoqué le bannissement.
Ces officiels et beaucoup des fonctionnaires travaillant dans les ministères estiment de leur mission de présenter au monde une image de la “belle Thaïlande” où des femmes soumises et chastes confectionnent des guirlandes de fleurs au bord d’étangs parsemés de fleurs de lotus et où les hommes, guerriers valeureux d’antan, assurent la paix et la sécurité. La Thaïlande réelle, celle des sorciers-tatoueurs et des bonzes excentriques mi-médium mi-maître de cérémonies, celle des billards enfumés et des rizières en voie d’urbanisation n’est pas jugée valorisante. Et on peut le comprendre. Chaque pays essaie de promouvoir les facettes qu’il juge les plus attractives, encore que j’ai rarement vu le ministère du tourisme français mener campagne pour chanter les louages des pavés de Paris.
Ce qui frappe dans le cas thaïlandais est que la “belle Thaïlande” promue par le TAT est une Thaïlande qui n’existe pas et n’a jamais existé. Elle a germé dans les esprits bureaucratiques des préposés à la beauté nationale, puis a été ajustée et polie dans les officines d’organismes tels que le Bureau national de la commission culturelle et le Bureau de l’identité nationale. C’est une Thaïlande virtuelle, entre plages paradisiaques et temples immaculés, mais qui, une fois conçue, est bien utile dans le cadre d’une propagande commerciale et idéologique : “ce n’est pas approprié” signifie “ce n’est pas en conformité avec le modèle élaboré”.
Au final, faut-il s’en plaindre ? La vaste majorité des touristes sera parfaitement contente de passer d’un décor à l’autre sans chercher à regarder derrière le carton-pâte, guidée par les bons conseils de TAT repris par les agences de voyage. Le tourisme est un business et le client est roi. Seuls des originaux, éternels insatisfaits, continueront à rechercher ce qu’un ami parisien qualifie “d’Asie qui grouille”.
Max Constant
http://asie-info.fr/2012/12/02/chronique-thailande-asie-qui-pue-514160.html
J’ai récemment participé à l’organisation du tournage d’un programme de télévision française en Thaïlande portant sur les aspects culturels du royaume. Ce programme adopte une tonalité positive pour mettre en valeur des aspects insolites, étonnants ou amusants d’un pays que l’on sillonne dans des trains. Des autorisations officielles de tournage avaient été requises et une accompagnatrice ainsi qu’un guide-interprète de l’Agence thaïlandaise du tourisme (TAT) nous ont surveillés d’un oeil diligent pendant les deux semaines de tournage. L’expérience fut éprouvante, à la fois pour nous, les journalistes français, ainsi que pour nos anges-gardien. Au gré du tournage, deux expressions revenaient sans cesse dans leur bouche : “c’est interdit” et “ce n’est pas approprié”.
Filmer une statue du Bouddha dans le quartier chinois, c’est interdit. De même que de filmer un portrait du roi Bhumibol dans une gare. Tourner une séquence sur un bonze thaï qui entraîne des enfants des rues à la boxe thaïlandaise pour leur donner plus d’espoir en l’avenir n’est pas approprié. Et filmer un médium investi d’un esprit dans son antre de sorcier-tatoueur est strictement interdit. Que peut-on faire alors ? Filmer les projets sociaux du roi et des princesses est vivement conseillé. De même que les divers festivals qui ponctuent le calendrier thaïlandais : loi krathong, notamment, dont les innocentes corbeilles de feuilles de bananiers échappent à la sourcilleuse censure du TAT. Ce qui n’est pas le cas du nouvel an thaï ou songkhran, dont les agressions à coup de seau d’eau et – horreur suprême ! – les jeunes filles en tenue ultra-serrée ont provoqué le bannissement.
Ces officiels et beaucoup des fonctionnaires travaillant dans les ministères estiment de leur mission de présenter au monde une image de la “belle Thaïlande” où des femmes soumises et chastes confectionnent des guirlandes de fleurs au bord d’étangs parsemés de fleurs de lotus et où les hommes, guerriers valeureux d’antan, assurent la paix et la sécurité. La Thaïlande réelle, celle des sorciers-tatoueurs et des bonzes excentriques mi-médium mi-maître de cérémonies, celle des billards enfumés et des rizières en voie d’urbanisation n’est pas jugée valorisante. Et on peut le comprendre. Chaque pays essaie de promouvoir les facettes qu’il juge les plus attractives, encore que j’ai rarement vu le ministère du tourisme français mener campagne pour chanter les louages des pavés de Paris.
Ce qui frappe dans le cas thaïlandais est que la “belle Thaïlande” promue par le TAT est une Thaïlande qui n’existe pas et n’a jamais existé. Elle a germé dans les esprits bureaucratiques des préposés à la beauté nationale, puis a été ajustée et polie dans les officines d’organismes tels que le Bureau national de la commission culturelle et le Bureau de l’identité nationale. C’est une Thaïlande virtuelle, entre plages paradisiaques et temples immaculés, mais qui, une fois conçue, est bien utile dans le cadre d’une propagande commerciale et idéologique : “ce n’est pas approprié” signifie “ce n’est pas en conformité avec le modèle élaboré”.
Au final, faut-il s’en plaindre ? La vaste majorité des touristes sera parfaitement contente de passer d’un décor à l’autre sans chercher à regarder derrière le carton-pâte, guidée par les bons conseils de TAT repris par les agences de voyage. Le tourisme est un business et le client est roi. Seuls des originaux, éternels insatisfaits, continueront à rechercher ce qu’un ami parisien qualifie “d’Asie qui grouille”.
Max Constant
http://asie-info.fr/2012/12/02/chronique-thailande-asie-qui-pue-514160.html
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Les paysans veulent des sous, pas des têtes
La crise que traverse le royaume est le produit d’une évolution économique de la paysannerie, selon une nouvelle et passionnante étude.
L’opposition entre Chemises jaunes et Chemises rouges en Thaïlande est souvent caractérisée dans les médias comme étant un conflit opposant les “élites urbaines” aux “paysans pauvres des provinces”. Ces derniers, menacés dans leur survie quotidienne, se seraient révoltés contres les abus et les privilèges des riches. En 2010, comme l’avait titré le quotidien Bangkok Post, ces “hordes rurales” seraient descendues sur Bangkok pour mettre à bas le pouvoir des amart (i.e. des privilégiés). Chacun se rend compte que, bien sûr, la réalité est plus complexe.
Le livre Thailand’s Political Peasants, publié par le politologue australien Andrew Walker (1), est la première étude destinée à un large public qui permet de cerner précisément les éléments en jeu. Ce livre à caractère universitaire n’est pas d’une lecture facile. Il est truffé d’expressions telles que “ontologie du pouvoir” ou “contraintes idéologiques sur la mobilisation paysanne”. Mais si l’on fait l’effort de digérer ce jargon, l’ouvrage apporte un éclairage approfondi et pertinent sur les mécanismes qui agitent la société thaïlandaise ces dernières décennies.
L’auteur, qui centre son étude sur le cas du village de Ban Tiam dans la province de Chiang Mai, balaie quelques mythes tenaces. Comme, par exemple, celui selon lequel la paysannerie thaïlandaise est en voie de disparition ou qu’elle est majoritairement miséreuse. S’appuyant sur un flot de statistiques et de graphiques, Andrew Walker, qui a cofondé le site New Mandala, montre que le niveau de revenus des paysans thaïlandais a fortement augmenté depuis la fin des années 1970, et ce dans toutes les régions du royaume. “Avec un revenu moyen équivalent à deux ou trois fois le seuil de pauvreté, la paysannerie thaïlandaise n’est certainement pas aisée, mais le ménage rural moyen dispose maintenant d’une sécurité concernant sa subsistance”, écrit-il. Cette augmentation des revenus des paysans s’est faite grâce à une diversification des types de cultures – non plus seulement du riz, mais des cultures d’exportations comme par exemple les ananas ou des végétaux entrant dans la composition de boissons – ainsi que par l’ajout de revenus non agricoles, tels que le petit commerce ou le travail saisonnier comme taxi.
L’industrie et le secteur des services, localisés dans les zones urbaines, se sont développés parallèlement à cette montée des revenus des familles rurales, mais à un rythme beaucoup plus rapide. Il en a résulté une baisse de la part de l’agriculture dans l’économie nationale : 12 % du PIB en 2008 contre 36 % au début des années 1960. Et comme cela se produit souvent dans les pays qui évoluent d’un statut de pays à bas revenus vers un statut de pays à revenus intermédiaires, la conversion des paysans en acteurs économiques dans les secteurs industriel et des services n’a pas suivi : 42 % de la main-d’œuvre thaïlandaise était encore employée dans l’agriculture en 2008 contre 83 % au début des années 1960.
Il s’ensuit, selon la démonstration d’Andrew Walker, une perte de productivité dans le secteur agricole par rapport aux autres secteurs de l’économie. “Les rendements des rizières thaïlandaises sont parmi les plus bas du monde”, écrit-il, en précisant que “les rendements rizicoles dans le Laos sous-développé ont dépassé les rendements thaïlandais au milieu des années 1980 et se situent actuellement 15 % au dessus”. L’inégalité sociale et de revenus est la conséquence inévitable de cette très faible productivité agricole, ce dont les gouvernements thaïlandais ont commencé à prendre conscience au cours des années 1980, cessant dès lors de “taxer les agriculteurs”, pour au contraire les subventionner. Ce schéma n’est pas spécifique à la Thaïlande, mais le royaume se distingue par l’extrême disparité entre les familles rurales et les résidents des zones urbaines.
L’investissement de l’Etat dans les zones rurales sous forme de construction d’infrastructures et de soutien à la santé, à l’éducation et aux prix agricoles, a largement contribué à relever le niveau de revenus des paysans, mais aussi celui de leurs attentes. “Le résultat final est que l’Etat thaïlandais a aidé à maintenir une large population rurale qui, malgré une amélioration significative du niveau de vie, est insuffisamment productive pour satisfaire pleinement les aspirations que la croissance économique a éveillées”, écrit l’universitaire. Les efforts gouvernementaux pour réduire l’écart ville-campagne n’a pas suffi à transformer socialement la paysannerie. Et celle-ci, l’appétit aiguisé, consciente des privilèges des habitants des villes, réclame davantage. Thaksin Shinawatra, Premier ministre de 2001 à 2006, n’a pas créé cet état de fait : celui-ci est l’aboutissement d’une évolution sur plusieurs décennies. Mais il a su le reconnaître et en tirer son avantage.
Max Constant
(1) Thailand’s Political Peasants. Power in the Modern Rural Economy, par Andrew Walker, University of Wisconsin Press, Madison, 2012
http://asie-info.fr/2012/12/09/chronique-de-thailande-les-paysans-veulent-des-sous-pas-des-tetes-514515.html
L’opposition entre Chemises jaunes et Chemises rouges en Thaïlande est souvent caractérisée dans les médias comme étant un conflit opposant les “élites urbaines” aux “paysans pauvres des provinces”. Ces derniers, menacés dans leur survie quotidienne, se seraient révoltés contres les abus et les privilèges des riches. En 2010, comme l’avait titré le quotidien Bangkok Post, ces “hordes rurales” seraient descendues sur Bangkok pour mettre à bas le pouvoir des amart (i.e. des privilégiés). Chacun se rend compte que, bien sûr, la réalité est plus complexe.
Le livre Thailand’s Political Peasants, publié par le politologue australien Andrew Walker (1), est la première étude destinée à un large public qui permet de cerner précisément les éléments en jeu. Ce livre à caractère universitaire n’est pas d’une lecture facile. Il est truffé d’expressions telles que “ontologie du pouvoir” ou “contraintes idéologiques sur la mobilisation paysanne”. Mais si l’on fait l’effort de digérer ce jargon, l’ouvrage apporte un éclairage approfondi et pertinent sur les mécanismes qui agitent la société thaïlandaise ces dernières décennies.
L’auteur, qui centre son étude sur le cas du village de Ban Tiam dans la province de Chiang Mai, balaie quelques mythes tenaces. Comme, par exemple, celui selon lequel la paysannerie thaïlandaise est en voie de disparition ou qu’elle est majoritairement miséreuse. S’appuyant sur un flot de statistiques et de graphiques, Andrew Walker, qui a cofondé le site New Mandala, montre que le niveau de revenus des paysans thaïlandais a fortement augmenté depuis la fin des années 1970, et ce dans toutes les régions du royaume. “Avec un revenu moyen équivalent à deux ou trois fois le seuil de pauvreté, la paysannerie thaïlandaise n’est certainement pas aisée, mais le ménage rural moyen dispose maintenant d’une sécurité concernant sa subsistance”, écrit-il. Cette augmentation des revenus des paysans s’est faite grâce à une diversification des types de cultures – non plus seulement du riz, mais des cultures d’exportations comme par exemple les ananas ou des végétaux entrant dans la composition de boissons – ainsi que par l’ajout de revenus non agricoles, tels que le petit commerce ou le travail saisonnier comme taxi.
L’industrie et le secteur des services, localisés dans les zones urbaines, se sont développés parallèlement à cette montée des revenus des familles rurales, mais à un rythme beaucoup plus rapide. Il en a résulté une baisse de la part de l’agriculture dans l’économie nationale : 12 % du PIB en 2008 contre 36 % au début des années 1960. Et comme cela se produit souvent dans les pays qui évoluent d’un statut de pays à bas revenus vers un statut de pays à revenus intermédiaires, la conversion des paysans en acteurs économiques dans les secteurs industriel et des services n’a pas suivi : 42 % de la main-d’œuvre thaïlandaise était encore employée dans l’agriculture en 2008 contre 83 % au début des années 1960.
Il s’ensuit, selon la démonstration d’Andrew Walker, une perte de productivité dans le secteur agricole par rapport aux autres secteurs de l’économie. “Les rendements des rizières thaïlandaises sont parmi les plus bas du monde”, écrit-il, en précisant que “les rendements rizicoles dans le Laos sous-développé ont dépassé les rendements thaïlandais au milieu des années 1980 et se situent actuellement 15 % au dessus”. L’inégalité sociale et de revenus est la conséquence inévitable de cette très faible productivité agricole, ce dont les gouvernements thaïlandais ont commencé à prendre conscience au cours des années 1980, cessant dès lors de “taxer les agriculteurs”, pour au contraire les subventionner. Ce schéma n’est pas spécifique à la Thaïlande, mais le royaume se distingue par l’extrême disparité entre les familles rurales et les résidents des zones urbaines.
L’investissement de l’Etat dans les zones rurales sous forme de construction d’infrastructures et de soutien à la santé, à l’éducation et aux prix agricoles, a largement contribué à relever le niveau de revenus des paysans, mais aussi celui de leurs attentes. “Le résultat final est que l’Etat thaïlandais a aidé à maintenir une large population rurale qui, malgré une amélioration significative du niveau de vie, est insuffisamment productive pour satisfaire pleinement les aspirations que la croissance économique a éveillées”, écrit l’universitaire. Les efforts gouvernementaux pour réduire l’écart ville-campagne n’a pas suffi à transformer socialement la paysannerie. Et celle-ci, l’appétit aiguisé, consciente des privilèges des habitants des villes, réclame davantage. Thaksin Shinawatra, Premier ministre de 2001 à 2006, n’a pas créé cet état de fait : celui-ci est l’aboutissement d’une évolution sur plusieurs décennies. Mais il a su le reconnaître et en tirer son avantage.
Max Constant
(1) Thailand’s Political Peasants. Power in the Modern Rural Economy, par Andrew Walker, University of Wisconsin Press, Madison, 2012
http://asie-info.fr/2012/12/09/chronique-de-thailande-les-paysans-veulent-des-sous-pas-des-tetes-514515.html
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Chronique de Thaïlande : jeux de langue
La progression de l’anglais dans le royaume tend à marginaliser le thaï dans certains espaces publics.
Un certain milieu urbain en Thaïlande aime à saupoudrer ses propos en thaï de vocables anglais comme d’autres assaisonnent de poivre noir leur salade à la papaye. Cela donne d’étranges versets, tels que : « Dichan mai khoei happy taorai » (je ne suis pas très contente) ou « Chan ruseuk heut » (je me sens blessé). Cet emploi de mots étrangers est en soi peu justifié, sauf peut-être pour des raisons de « distinction sociale », car des équivalents exacts existent dans la langue thaïe, laquelle peut s’enorgueillir aussi d’avoir ses propres mots pour des expressions devenues anglicisées dans la grande majorité des langues du monde, comme « office » (samnakngnan), « bicycle » (sakayan) ou « telephone » (torasap). Le thaï a aussi conservé sa propre écriture, souvent le refuge de l’identité culturelle d’un pays, telle que conçue au XIIIème siècle, contrairement par exemple au Vietnam dont la langue a été romanisée au XVIIème siècle ou aux Indonésiens qui ont adopté la graphie occidentale, dérivée de l’alphabet néerlandais, au début du XXème.
Mais ce qui devrait constituer un titre de fierté semble parfois être caché honteusement. De nombreux menus dans les restaurants de Bangkok ne sont écrits qu’en anglais, comme si le service aux étrangers de passage devait oblitérer la culture locale. Les délicieux chiffres de la langue thaïe, aux formes si évocatrices, ne se retrouvent plus guère que sur quelques horloges des magasins d’antiquités et dans les rapports officiels. Et, parfois, après avoir fait quelques mois d’efforts pour apprendre le Thaï, tel étranger est bien déçu quand une réceptionniste d’hôtel réplique à ses efforts pour s’enquérir en langue locale du prix des chambres : « Please, could you speak in english ? ». Imaginons la scène dans un café parisien, où le garçon en gilet serait sans doute plus enclin à une réponse comme « Désolé monsieur, je ne parle pas anglais ».
Il faut, bien sûr, se garder de tout purisme. Le français a allégrement sauté dans le train des anglicismes. La domination culturelle de l’anglais – langue flexible, langue du commerce et de la propagande commerciale (marketing) – est un phénomène mondial. La langue thaïe elle-même n’est pas née de la cuisse de Ramkhamhaeng. Le stock initial de mots thaïs dérivés du chinois s’est enrichi et modifié au contact des Mons et des Khmers. Il a absorbé des mots du sanskrit et du pali, passant d’un état de langue monosyllabique à celui d’une langue où certains mots comptent cinq syllabes ou plus (sans parler du rajasap, le langage royal avec ses mots interminables dérivés du sanskrit). Et il est, d’une certaine manière, rafraichissant de voir que l’écriture de communication des jeunes Thaïlandais sur Facebook et Twitter reste le thaï avec sa légion de consonnes et sa cohorte de voyelles – « ces petites vicieuses » comme le disait Gilles Delouche, ancien professeur à l’Inalco.
Les milieux de la publicité en Thaïlande ont dévalé avec enthousiasme la pente de la dévalorisation linguistique, avides de donner une image internationale aux savonnettes, crèmes de beauté et pâtes dentifrice. Aucune de ces agences n’a adopté un nom thaï et 90 % de leurs produits ont reçu des appellations anglaises. La même tendance, mais moins prononcée, est observée dans l’octroi des surnoms aux enfants : « Ball », « Golf », « Bird » ou « Boss » sont des favoris. L’évolution est naturelle dans un pays aussi ouvert aux influences extérieures que la Thaïlande, mais elle comporte des dangers cachés, car on pense toujours dans une langue et la transformation d’une langue entraine une modification du processus de pensée. Et en écoutant les rengaines du jour, on se demande bien où a disparu la poésie des chansons de Suraphol Sombatcharoen ou même de celles du groupe Caravan.
Max Constant
http://asie-info.fr/2013/02/10/chronique-thailande-jeux-de-langue-2-516741.html
Un certain milieu urbain en Thaïlande aime à saupoudrer ses propos en thaï de vocables anglais comme d’autres assaisonnent de poivre noir leur salade à la papaye. Cela donne d’étranges versets, tels que : « Dichan mai khoei happy taorai » (je ne suis pas très contente) ou « Chan ruseuk heut » (je me sens blessé). Cet emploi de mots étrangers est en soi peu justifié, sauf peut-être pour des raisons de « distinction sociale », car des équivalents exacts existent dans la langue thaïe, laquelle peut s’enorgueillir aussi d’avoir ses propres mots pour des expressions devenues anglicisées dans la grande majorité des langues du monde, comme « office » (samnakngnan), « bicycle » (sakayan) ou « telephone » (torasap). Le thaï a aussi conservé sa propre écriture, souvent le refuge de l’identité culturelle d’un pays, telle que conçue au XIIIème siècle, contrairement par exemple au Vietnam dont la langue a été romanisée au XVIIème siècle ou aux Indonésiens qui ont adopté la graphie occidentale, dérivée de l’alphabet néerlandais, au début du XXème.
Mais ce qui devrait constituer un titre de fierté semble parfois être caché honteusement. De nombreux menus dans les restaurants de Bangkok ne sont écrits qu’en anglais, comme si le service aux étrangers de passage devait oblitérer la culture locale. Les délicieux chiffres de la langue thaïe, aux formes si évocatrices, ne se retrouvent plus guère que sur quelques horloges des magasins d’antiquités et dans les rapports officiels. Et, parfois, après avoir fait quelques mois d’efforts pour apprendre le Thaï, tel étranger est bien déçu quand une réceptionniste d’hôtel réplique à ses efforts pour s’enquérir en langue locale du prix des chambres : « Please, could you speak in english ? ». Imaginons la scène dans un café parisien, où le garçon en gilet serait sans doute plus enclin à une réponse comme « Désolé monsieur, je ne parle pas anglais ».
Il faut, bien sûr, se garder de tout purisme. Le français a allégrement sauté dans le train des anglicismes. La domination culturelle de l’anglais – langue flexible, langue du commerce et de la propagande commerciale (marketing) – est un phénomène mondial. La langue thaïe elle-même n’est pas née de la cuisse de Ramkhamhaeng. Le stock initial de mots thaïs dérivés du chinois s’est enrichi et modifié au contact des Mons et des Khmers. Il a absorbé des mots du sanskrit et du pali, passant d’un état de langue monosyllabique à celui d’une langue où certains mots comptent cinq syllabes ou plus (sans parler du rajasap, le langage royal avec ses mots interminables dérivés du sanskrit). Et il est, d’une certaine manière, rafraichissant de voir que l’écriture de communication des jeunes Thaïlandais sur Facebook et Twitter reste le thaï avec sa légion de consonnes et sa cohorte de voyelles – « ces petites vicieuses » comme le disait Gilles Delouche, ancien professeur à l’Inalco.
Les milieux de la publicité en Thaïlande ont dévalé avec enthousiasme la pente de la dévalorisation linguistique, avides de donner une image internationale aux savonnettes, crèmes de beauté et pâtes dentifrice. Aucune de ces agences n’a adopté un nom thaï et 90 % de leurs produits ont reçu des appellations anglaises. La même tendance, mais moins prononcée, est observée dans l’octroi des surnoms aux enfants : « Ball », « Golf », « Bird » ou « Boss » sont des favoris. L’évolution est naturelle dans un pays aussi ouvert aux influences extérieures que la Thaïlande, mais elle comporte des dangers cachés, car on pense toujours dans une langue et la transformation d’une langue entraine une modification du processus de pensée. Et en écoutant les rengaines du jour, on se demande bien où a disparu la poésie des chansons de Suraphol Sombatcharoen ou même de celles du groupe Caravan.
Max Constant
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Re: Chroniques de Thaïlande
Si l'avenir s'assombrit en Europe, il n'en va pas de même en Asie : portrait de quelques expatriés, qui ont trouvé le bonheur en même temps que la prospérité économique.
Pour nombre d'Européens, l'horizon s'assombrit. Au même moment, en Asie, l'avenir, l'aventure et la croissance financière semblent au rendez-vous pour les audacieux. Aujourd'hui, plus de 15 000 Français sont officiellement installés en Thaïlande. En fait, ils seraient plus du double, un chiffre en augmentation constante. Certains sont arrivés il y a dix ou quinze ans. Ils ont ouvert des bars, des restaurants ou des agences immobilières. Et souvent il y ont trouvé le bonheur, ont intégré les coutumes et appris la langue locale. Ils travaillent dur dans un pays qui ne connaît pas le chômage. Portraits croisés de quelques expatriés heureux sur fond d'essor économique.
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