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Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire

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Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire Empty Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire

Message  Admin Dim 22 Nov 2009 - 17:07

Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire 2009_11_22_proces_khmer_rouge

(De Phnom Penh) Après six mois d'audiences du premier procès des génocidaires cambodgiens, qui ont pris fin dans la frustration des parties civiles, les plaidoiries débutent le 23 novembre à Phnom Penh. Retour sur un procès controversé.
Vann Nath, 64 ans, est peintre, originaire de Battambang, il est surtout l'un des sept rescapés (ils sont trois encore vivants) du terrible centre de torture S21 à Phnom Penh, où 15 000 à 17 000 Cambodgiens, dont 2 000 enfants, ont été torturés et exécutés entre 1975 et 1979. Duch, l'accusé du procès, en était le directeur. Il y était surnommé « frère de l'Est » :

« Je suis tellement déçu. J'attendais ce procès depuis si longtemps ! Je voulais que le monde sache et que tous ceux qui sont morts obtiennent justice.

Duch est tellement hautain, méprisant, sa bouche demande pardon mais tout en lui dit le contraire. Il dissimule beaucoup de choses. Ce n'est pas l'attitude de quelqu'un qui veut se laver de ses fautes. »

C'était il y a trente ans. A présent, l'heure des comptes semble arriver, avec l'ouverture, le 17 février, des Chambres extraordinaires des tribunaux cambodgiens (CETC).

Depuis un an, les manuels scolaires évoquent enfin la période
Cette juridiction mixte -fruit d'un long bras de fer entre l'ONU et le gouvernement du premier ministre Hun Sen (un ancien cadre khmer rouge ayant fui le régime avant sa chute)- pour juger les leaders khmers rouges réunit des magistrats cambodgiens et occidentaux.

Sur le banc des accusés, Duch -Kaing Guek Eav de son vrai nom- est le premier responsable khmer rouge à être jugé pour « crimes contre l'humanité et violations graves des Conventions de Genève de 1949, ainsi que pour les crimes d'homicide et de torture relevant du droit national », selon l'acte d'accusation.

Ce procès, inédit sur le plan du droit international, devrait aussi permettre au Cambodge d'écrire enfin les pages sombres de son passé.

Depuis un an, les manuels scolaires comblent les pages jusque-là vides sur ces trois ans, huit mois et vingt jours, durant lesquels Pol Pot et ses hommes ont isolé le Cambodge pour réaliser leur idéal communiste. Un rêve devenu cauchemar et qui a coûté la vie à près de 2 millions de Khmers.

Duch est le seul cadre du régime de Pol Pot à plaider coupable
Duch, converti depuis 1996 au christianisme, est le seul cadre du régime de Pol Pot à reconnaître sa culpabilité. Les leaders encore vivants -Nuon Chea, Khieu Samphan, Ieng Sary et son épouse Ieng Thirit -qui doivent être jugés dans un second temps, nient tous leurs responsabilités.

Durant six mois, témoins, experts, victimes, mais aussi bourreaux -des anciens subordonnés de Duch- se sont succédé à la barre.

Malade et affaibli, Vann Nath n'a pas voulu se porter partie civile. Il a comparu en tant que témoin en juin dernier. Une journée entière, il a raconté sans fléchir les traitements et tortures subis par les prisonniers à S21.

Sa vie sauve, il la doit à ses talents de peintre. Arrêté en décembre 1977 pour des raisons qu'il n'a jamais sues, alors qu'il travaillait dans les rizières, il a été sauvagement torturé avant d'être transféré à S21.

Une année de cauchemar qu'il raconte dans son livre « A Cambodian Prison Portrait, One Year in the Khmer Rouge's S-21 ». Vann Nath est aussi le fil conducteur du fameux documentaire de Rithy Panh maintes fois primé, S21, la machine de mort khmère rouge. Il confronte ses anciens geôliers à leurs responsabilités.

Pendant le procès, son côté maître d'école exaspéré les victimes
Dans la salle du tribunal, une immense vitre blindée sépare l'auditoire (environ 500 places) des magistrats et de l'accusé. Durant les audiences, Duch, flanqué de deux policiers, est assis sur la droite derrière ses défenseurs. Posé devant lui, un paquet de paperasses, son propre dossier.

Au fait de chaque détail, il ne rate pas une occasion de rectifier, préciser, reformuler les déclarations des témoins, tout en posant une appréciation sur leur témoignage, allant jusqu'à en féliciter certains.

Ce côté maître d'école, ajouté à un ton tantôt obséquieux tantôt cassant, exaspère les parties civiles -94 personnes représentées par quatre groupes d'avocats.

Insupportable aussi le salut quotidien, mains jointes selon la tradition khmère, que l'accusé leur adresse chaque matin en arrivant dans la salle. Un cérémonial déplacé dont les parties civiles ont obtenu l'arrêt.

« Que fout-il là s'il ne sait plus rien ? »
Côté public, la colère gronde aussi parfois : citadins vieux ou jeunes, moines, étudiants, Occidentaux et de très nombreux paysans venus chaque jour de tout le pays, grâce aux cars affrétés par le tribunal.

Réputés pour leur franc-parler, les paysans cambodgiens ne manquent pas de faire leurs commentaires à voix haute. Duch fait-il la leçon, un grand-père, tout de blanc vêtu, lâche : « Il se croit toujours à Toul Sleng [autre nom du centre S21, ndlr] ! »

L'ancien chef des interrogateurs, Mam Nay, appelé à la barre, se trouve-il frappé d'une soudaine amnésie, une femme lançe : « Que fout-il là s'il ne sait plus rien ? »

Mais lorsque Him Houy, l'ex-chef des gardiens de S21, raconte par le menu l'acheminement des prisonniers vers les fosses communes de Choeung Ek (à 15 km de Phnom Penh) et leur exécution, ou que Prak Khân, ancien interrogateur, détaille les techniques de torture enseignées par Duch, le silence s'abat sur l'auditoire.

Les parties civiles ont essuyé désillusion sur désillusion
Le corps figé en avant, les paysans aux visages émaciés se laissent pénétrer par chaque mot. Dans ces moments, comme lorsque les parents des victimes racontent la descente aux enfers de leurs aimés, les montres semblent s'arrêter pour laisser place au passé.

Pendant ces six mois d'audiences, tous les foyers et les bureaux du Cambodge ont gardé leurs écrans allumés, le procès étant retransmis à la TV nationale. Il devait être exemplaire en favorisant la réconciliation nationale. Car pour la première fois de l'histoire de la justice internationale, les parties civiles ont pu prendre la parole devant le Tribunal.

Malheureusement, la réalité s'avère moins idyllique. Les victimes ont essuyé désillusion après désillusion, pour atteindre un paroxysme fin août lorsque les avocats des parties civiles se sont vu refuser la possibilité de poser des questions sur la personnalité de Duch et de commenter sa peine.

Photo : devant un temple de Phnom Batheay où sont entassés les crânes de victimes du génocide khmer (C. Sokunthea/Reuters)
En partenariat avec Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire 20080313tdh

source Rue89.com
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Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire Empty Le procès de Douch interrompu

Message  Sam_Sallung Mer 25 Nov 2009 - 2:34

Les réquisitions ont été ajournées mardi en raison d'un problème
technique. La veille, les parties civiles avaient regretté qu'il tente
de minimiser son rôle dans la torture et l'exécution de 15.000
personnes entre 1975 et 1979.





Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire Coeur-
L'accusation
coupée dans son élan. Alors que le procureur international par intérim
parlait de Douch comme un «accusé qui n'était ni prisonnier, ni otage,
ni victime», un problème technique l'a interrompu brutalement. Une
panne de son qui a obligé le tribunal à reporter la fin des
réquisitions au lendemain. «C'était un idéaliste, un véritable
révolutionnaire, un croisé prêt à tout sacrifier à la cause», avait
auparavant lancé le parquet. Les procureurs cambodgiens et
internationaux se sont appliqués à démonter point par point les
arguments de Douch, qui s'est toujours présenté comme un simple
exécutant. «Rien d'autre qu'une longue peine d'emprisonnement ne
devrait être prononcé à son encontre» a ainsi estimé Chea Leang, la
co-procureure cambodgienne. Jeudi auront lieu la fin des réquisitoires
interrompus, ainsi que les plaidoires de la défense. Douch, 67
ans, de son vrai nom Kaing Guek Eav, est jugé depuis plusieurs mois par
un tribunal parrainé par les Nations unies notamment pour crimes de
guerre et crimes contre l'humanité, pour avoir dirigé d'une main de fer
le sinistre établissement, aussi connu sous le nom de S-21. Lors de son
procès, Douch a constamment affirmé avoir agi par peur d'être lui même
abattu et a nié le rôle politique que l'accusation lui prête au sein du
régime marxiste totalitaire. «Ce n'est pas Schindler qui est devant nous !»
Les familles des victimes de l'ex-tortionnaire Douch ont manifesté
lundi leur colère. Les avocats des victimes des Khmers rouges ont
accusé l'ancien chef de la sinistre prison de Tuol Sleng de mentir au
tribunal en minimisant son rôle dans la torture et l'exécution de
quelque 15.000 personnes entre 1975 et 1979. «La stratégie de défense
de l'accusé de nier toute implication personnelle dans la torture, les
meurtres et les arrestations est un échec», a estimé dans sa plaidoirie
Me Kong Pisey, avocat des parties civiles. Lors de cette
semaine décisive dans ce procès, les avocats des parties civiles ont
balayé les aveux réitérés avec constance par l'accusé, jugés
incomplets, mensongers et calculés. «Ce n'est pas Schindler qui est
devant vous, ce n'est pas un homme qui a tenté de limiter les
souffrances
», a ainsi assuré Me Karim Khan, en référence à l'industriel
allemand qui avait sauvé plus d'un millier de juifs durant
l'Holocauste. Douch «était au contraire dévoué à son travail», a-t-il
ajouté. Me Kong Pisey a rejeté les justifications de Duch selon
lesquelles il craignait d'être persécuté par ses supérieurs. «Son but
était de rester au pouvoir à une position importante avec des contacts
exclusifs et quotidiens avec les plus hauts responsables» du régime.
Beaucoup de Cambodgiens considèrent qu'en minimisant son rôle,
l'ex-tortionnaire cherche avant tout à éviter la peine maximale.
L'homme risque la prison à vie, la peine de mort n'étant plus appliquée
au Cambodge. Des débats retransmis à la télévision Le
verdict n'est pas attendu avant le 1er trimestre 2010. «C'est une
semaine très importante pour le peuple cambodgien et les victimes du
régime khmer rouge qui ont perdu leurs proches», avait estimé Reach
Sambath, le porte-parole du tribunal. Il y a vingt ans, l'utopie
marxiste des Khmers rouges avait causé la mort de deux millions de
personnes, un quart de la population cambodgienne. Vingt ans après les
faits, Douch (de son vrai nom Kaing Guek Eav) est le premier des cinq
cadres du régime aujourd'hui détenus à être jugé.
Mardi, le premier ministre Cambodgien Hu Sen a saisi l'occasion du
procès pour évoquer le soutien occidental au régime khmer rouge après
sa chute en 1979. «Il est temps maintenant qu'ils expriment leurs
regrets et, au moins, endossent une responsabilité morale. Sinon, il
n'est pas nécessaire de juger les Khmers rouges.»
» EN IMAGES - Du génocide au procès international

http://www.lefigaro.fr/international/2009/11/23/01003-20091123ARTFIG00592-semaine-decisive-dans-le-proces-de-douch-.php

Je me souviens aussi du tolle qu'a provoque l'envahissement du Cambodge par les vietnamiens qui ont ainsi mis fin a ce genocide.
La "Communaute Internationale" ferait souvent mieux de se taire.

Sam_Sallung

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Message  Invité Mer 25 Nov 2009 - 3:52

Ben moi je ne suis pas sûr qu'arrêter le "génocide" (?) ait été parmi les objectifs des vietnamiens !

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Message  Sam_Sallung Mer 25 Nov 2009 - 4:07

Je n'ai pas ecrit que c'etait leur but mais que c'est leur , on va dire intrusion qui en a provoque l'arret.

Les vietnamiens ont dans leur histoire passee pris au Cambodge tout le delta du Mekong;
il faudrait faire quelques recherches pour savoir quand cela s'est passe; je suppose du temps ou les francais avaient l'Indochine.

Leur intention etait peut-etre de prendre le reste et ainsi de rayer le Cambodge de la carte du monde?

Sam_Sallung

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Message  Invité Mer 25 Nov 2009 - 5:02

Le delta du Mékhong a effectivement été "donné" au Vietnam par les français ...

D'après ce que j'ai lu, les viets ont attaqué "parce qu'ils pouvaient le faire"
(cf. Dick Cheney) un pays gouverné par une bande de dingues qui finissait
par devenir dangereuse (*) (escarmouches nombreuses aux frontières communes).

Le reste -comme on dit dans les petites histoires, n'est sans doute que conjecture

Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire Icon_scratch

(*) : les nationalismes ont ceci de "curieux" qu'ils sont mutuellement exclusifs.
En clair, lorsqu'on est nationaliste, on ne supporte pas que son voisin soit de
même !

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Message  Admin Mer 25 Nov 2009 - 10:19

En partenariat avec Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire 20080313tdh

Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire 2009_11_25_duch_proces.jpg
Deuxième et dernier volet de notre retour sur six mois du procès de Duch à Phnom Penh, alors que les procureurs viennent de réquérir 40 ans de prison contre l'ancien tortionnaire khmer rouge. Ils ont pointé « l'efficacité impitoyable » du dirigeant du camp S-21, où près de 16 000 personnes ont été torturées et tuées sous le régime khmer rouge.


(De Phnom Penh) Fin août, lorsque les avocats des parties civiles se sont vu refuser la possibilité de poser des questions sur la personnalité de Duch et de commenter sa peine, les familles ont boycotté la fin du procès.

Antonya Tioulong, Cambodgienne naturalisée française, responsable du service de documentation L'Express, venue au Cambodge représenter sa sœur Raingsi et son beau-frère, deux des 17 000 victimes broyées dans l'enfer de S21, raconte l'état d'esprit des familles :

« Il y a le soulagement d'avoir pu exprimer nos souffrances devant des magistrats nationaux et internationaux, d'avoir pu mettre des noms et des visages sur des chiffres. Les questions, les interrogations, tout cela, nous avons enfin pu les déposer officiellement. »

Emprisonnés quelques mois après la chute de Phnom Penh le 17 avril 1975, Raingsi et son mari ont été exécutés après des mois d'interrogatoire et de tortures. Leurs photos et leurs « aveux », des dizaines de pages où ils « avouaient » espionner pour la CIA, ont été retrouvés dans les montagnes d'archives de Toul Sleng. Sur le dossier de Raingsi cette indication : « Battue à mort. »

« A lui seul, Duch a tenu les rênes du procès »
Antonya Tioulong poursuit :

« Mais au-delà du soulagement, nous sommes douloureusement confrontés aux failles de ce procès : l'accusé a disposé d'un temps de parole considérable alors que les procureurs ou les avocats n'ont pas pu rebondir sur ses contre-sens. A lui seul, il a tenu les rênes du procès. Et le tribunal l'a laissé faire. Résultat : Duch a tenu la vedette. »

La Franco-Khmère de poursuivre :

« Ses réponses étaient mécaniques, lui-même était hermétique, cynique. Quand il citait des vers de Ronsard ou d'Alfred de Vigny au lieu de répondre aux questions, c'était hallucinant et insultant pour les victimes. Il est quand même accusé de crimes très graves ! »

Comme toutes les autres familles de victimes, Antonya Tioulong sort meurtrie de sa rencontre avec Duch :

« Je voulais des éclaircissements sur les circonstances de la mort de ma sœur et de mon beau-frère, il ne m'a pas répondu. »

Mais le jeu de Duch n'est pas seul en cause. Les témoins de l'accusation se sont souvent contredits. Les procureurs étaient mal préparés et leurs questions peu pertinentes. Quant aux avocats des parties civiles, ils ont eu toutes les peines à se coordonner.

Et cela sans compter les lacunes dans les traductions (les audiences, traduites du khmer à l'anglais, puis en français, perdaient en chemin des pans d'échanges, si bien que les francophones, magistrats compris, devaient se contenter de versions approximatives et parfois incomplètes). Le procès du siècle censé marquer un tournant dans la justice internationale a fait par moments bien piètre figure.

500 000 pièces à conviction
« Les procureurs et les avocats des parties civiles ont sous-estimé Douch », s'insurge Rithy Panh. Le réalisateur cambodgien, rescapé des camps de Pol Pot, a suivi assidûment les audiences. Il a notamment assisté aux comparutions cet été de Him Houy et Prak Khân, protagonistes de son documentaire S-21, la machine de mort khmère rouge.

Alors que le réalisateur a réussi à travers son film à obtenir de ces anciens membres de S-21 des témoignages capitaux et cohérents pour la compréhension du passé, les procureurs n'ont manifestement pas su en tirer profit.

Rithy Panh, l'un des architectes de la mémoire du génocide, est convaincu de la nécessité d'un procès pour tourner la page. Mais selon lui, la méconnaissance de l'histoire du pays par les magistrats internationaux pose un problème de fond.

« L'accusation a voulu fuir le terrain historique et idéologique, ce qui est une erreur grave. Ce n'est pas en demandant 20 fois comment les prisonniers étaient enchaînés ou en montrant 20 fois les mêmes photos aériennes de S21 qu'on allait avancer.

Pourquoi n'ont-ils pas exploité les archives de S21 ? Il y a là plus de 500 000 pièces à conviction, des carnets annotés de la main de Duch sur les aveux des détenus ou les techniques d'interrogatoire, des photos de morts sous la torture. Seule la défense a pensé à utiliser ces documents ! »

Le cinéaste déplore aussi la légèreté avec laquelle l'accusation a préparé ses témoins :

« On juge des faits qui datent de plus de 30 ans. La mémoire est mouvante, elle a ses failles, il faut y chercher la vérité. Les procureurs ne semblent pas l'avoir compris, alors que Duch s'y est préparé. »

Un procès inutile ? Non, soutient Richard Rechtman. Ce psychiatre et anthropologue traite depuis vingt ans les traumatismes des Cambodgiens réfugiés en France.

« Même si la frustration est grande, ce procès est essentiel pour les parents des disparus. Les Khmers rouges, dans leur volonté génocidaire, ont voulu effacer toute trace des morts. Pour y résister, les survivants n'ont pas eu d'autre choix que de porter leurs disparus avec eux.

Le prix à payer est exorbitant, car cela signifie qu'il n'y a plus de frontières entre le monde des vivants et des morts. Mais en déposant devant des juges, des magistrats, des experts internationaux, les familles ne sont plus les seuls dépositaires de ce fardeau. D'autres personnes prennent le relais et font exister leurs morts. »

source http://www.rue89.com/2009/11/25/au-proces-de-duch-22-le-temps-des-desillusions-126913
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Message  Sam_Sallung Jeu 26 Nov 2009 - 0:35

L'ex-Khmer rouge Douch exprime ses "remords douloureux"




par Ek Madra

PHNOM
PENH (Reuters) - Douch, qui dirigeait le centre de torture S-21 sous le
régime khmer rouge, a exprimé mercredi ses "remords extrêmement
douloureux" pour la mort de plus de 14.000 personnes dans cet ancien
lycée de Phnom Penh.

De
son vrai nom Kaing Guek Eav, il est le premier cadre de haut rang du
régime de Pol Pot au pouvoir de 1975 à 1979 jugé pour crimes contre
l'humanité par le tribunal mixte cambodgien et onusien.

Devant
ses juges, il s'est dit entièrement responsable des meurtres mais a
ajouté qu'il avait servi une "organisation criminelle".

"J'ai
découvert que j'avais fini par servir une organisation criminelle qui a
détruit son propre peuple d'une manière monstrueuse. Je n'ai pas pu
m'en éloigner", a dit cet ancien professeur de mathématiques
aujourd'hui âgé de 67 ans.

"J'étais, a-t-il ajouté, comme un rouage de la machine qu'on ne peut pas retirer."

"Mon
voeu éternel est de présenter des excuses les plus respectueuses et les
plus humbles pour ces décès", a-t-il dit à la barre de la salle
d'audience, où plus de 600 personnes avaient pris place pour l'écouter.

"Je
suis psychologiquement comptable devant la population cambodgienne tout
entière des âmes de ceux qui ont péri", a poursuivi Douch. "Puis-je
vous implorer de m'autoriser à partager avec vous mon immense et tenace
affliction et d'exprimer des remords extrêmement douloureux."

VERDICT EN MARS 2010

Douch
est accusé de "crimes contre l'humanité, asservissement, torture, abus
sexuels et autres actes inhumains" commis dans le camp S-21, un ancien
lycée reconverti en centre d'interrogatoire et de torture où périrent
14.000 "ennemis" des Khmers rouges. Seuls sept détenus ont survécu.

L'accusé
a ajouté qu'il était alors convaincu de combattre pour libérer le
Cambodge de l'impérialisme des Etats-Unis. Il nie aussi avoir tué ou
torturé lui-même des détenus et a répété à de multiples reprises qu'il
ne faisait qu'obéir aux ordres de peur de perdre sa vie.

Un
argument que Karim Khan, qui représente des parties civiles, rejette.
L'avocat a demandé cette semaine aux cinq juges qui devront décider du
sort de Douch de ne pas retenir cette thèse. L'accusé, a-t-il dit,
était "idéologiquement dans le même état d'esprit" que les dirigeants
du régime khmer rouge.

Douch,
dont le procès a débuté en février, est passible de la réclusion à
perpétuité. La peine capitale n'existe pas au Cambodge.

Jeudi, un procureur a réclamé au moins 40 ans de prison.

L'accusation
estime que l'accusé disposait d'une large autonomie dans ses fonctions
de directeur du centre S-21 et qu'il n'a rien fait pour freiner ses
gardiens.

Au
cours des 72 jours de témoignages, les juges ont entendu le récit de
ces tortures, coups portés par des tuyaux métalliques, électrocution,
viols avec violence, sous-alimentation.

Le verdict est attendu en mars 2010.

Au
total, on estime à 1,7 million le nombre de Cambodgiens exécutés,
décédés sous la torture ou morts de faim, de maladie ou d'épuisement
sous le gouvernement khmer rouge dirigé par Pol Pot, au pouvoir entre
1975 et 1979.

Quatre
autres ex-responsables du régime sont actuellement en détention, dans
l'attente de leur jugement: le "frère numéro deux" du régime de Pol
Pot, Nuon Chea, l'ancien président Khieu Samphan, l'ancien ministre des
Affaires étrangères Ien Sary et l'épouse de celui-ci.

Pol
Pot, le "frère numéro un" du régime, est mort en 1998 près de la
frontière thaïlandaise, sans jamais avoir eu à répondre du génocide
dont il a été le cerveau.

Version française Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André




©️ 2009 Thomson Reuters





http://www.laprovence.com/article/monde/lex-khmer-rouge-douch-exprime-ses-remords-douloureux

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Message  Admin Jeu 26 Nov 2009 - 8:54

Procès Douch: la défense s'indigne
AFP 26/11/2009

Me François Roux, l'avocat de Douch, patron de la prison de Tuol Sleng sous le régime khmer rouge, a estimé aujourd'hui que les procureurs avaient "raté leur rendez-vous avec l'Histoire" en réclamant 40 ans de prison contre son client, sans entendre ses aveux.

L'avocat s'est insurgé contre un réquisitoire qui, selon lui, ne tient nul compte de la coopération de l'accusé avec la justice, des preuves qu'il a apportées pour nourrir la procédure et ses aveux répétés à l'audience et lors de l'instruction.

"Le bureau des procureurs (...) a raté son rendez-vous avec l'Histoire", a plaidé Me Roux. "Quel gâchis", a-t-il poursuivi, en évoquant "un accusé qui depuis le 1er jour a dit +je suis coupable de l'ensemble des crimes". "Sans Douch, ce procès n'aurait pas pu se tenir".

Une peine de 40 ans de réclusion a été requise hier à l'encontre de Douch, 67 ans, de son vrai nom Kaing Guek Eav, jugé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour avoir dirigé la prison, aussi connue sous le nom de S-21.
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Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire Empty Re: Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire

Message  Sam_Sallung Jeu 26 Nov 2009 - 10:57

Je ne comprends pas tres bien ce que veut ou voulait maitre Francois Roux.
Si la peine de mort etait encore en application au Cambodge,Douch aurait ete condamne a mort;
il ne risquait donc qu'une condamnation a perpetuite;
40 ans, ce n'est pas perpette et sachant que d'anciens khmers rouges sont actuellement au pouvoir au Cambodge, on peut craindre le pire en pensant a une remise de peine pour mauvaise sante ou toute autre raison.
Il faudrait qu'il soit oblige de purger sa peine dans un autre pays que le Cambodge.

Sam_Sallung

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Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire Empty Re: Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire

Message  Admin Jeu 26 Nov 2009 - 16:11

Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire RTR27AE2

Cambodge: le procès des Khmers Rouges a-t-il déjà eu lieu?
Une peine de 40 ans de prison a été requise contre Douch, patron de la prison de Tuol Sleng, l'usine à torture du régime khmer rouge de Pol Pot, dans laquelle 15.000 personnes ont été torturées et exécutées entre 1975 et 1979.

Une peine de 40 ans de prison a été requise mercredi 25 novembre par l'accusation à l'encontre de Douch, patron de la prison de Tuol Sleng, l'usine à torture du régime khmer rouge de Pol Pot, dans laquelle 15.000 personnes ont été torturées et exécutées entre 1975 et 1979. Nous republions cette analyse de Christian Delage initialement parue lors des audiences préliminaires du procès du génocide khmer rouge à Phnom-Penh.

C'est mardi que s'ouvre, à Phnom Penh, l'audience préliminaire du premier procès des anciens responsables Khmers rouges qui vont être jugés par les Chambres extraordinaires au sein des Tribunaux Cambodgiens (CETC). Il aura fallu plus de dix ans pour que justice commence à être rendue aux victimes du régime du «Kampuchéa démocratique», soit 1,5 million de personnes décédées des suites de déportations, de marches et de travaux forcés, et de sous-nutrition intentionnelle et 200.000 exécutées de façon sommaire.


Le prévenu, Kaing Guek Eav, alias «Douch», 66 ans, est le moins âgé des cinq anciens Khmers rouges actuellement en attente d'être jugés. Il est accusé de «crimes contre l'humanité» et de «crimes de guerre». Les quatre autres sont Khieu Sampan, alors chef de l'Etat du «Kampuchéa démocratique», Nuon Chea, «frère numéro deux», Ieng Sary, «frère numéro trois» et son épouse, Ieng Thirith, ministre des Affaires sociales. Douch était le responsable du centre d'interrogatoire sous torture de Tuol Sleng (S 21) à Phnom Penh, où, sur les 14.000 personnes emprisonnées, une douzaine seulement ont survécu. Il est notamment défendu par l'avocat français François Roux.

Pris de court par l'arrivée des Vietnamiens au Cambodge, début 1979, Douch n'eut alors pas le temps de détruire les archives, qui comprenaient par milliers des documents scripturaires, des photographies d'identité et des négatifs qui n'avaient pas été développés et, par centaines, des blocs-notes de cadres du régime et des piles de publications gouvernementales. Les Vietnamiens rassemblèrent immédiatement ces documents pour révéler publiquement les crimes commis par les Khmers rouges. Du haut de leur position d'envahisseurs/libérateurs, ils bâtirent de manière expéditive un procès pour «génocide» et jugèrent, en leur absence, Pol Pot et le ministre des affaires étrangères Ieng Sary. Il s'avéra néanmoins difficile de démontrer l'existence d'un lien direct entre ces dirigeants et les ordres de torture et d'exécution des prisonniers de S 21.

C'est précisément cette responsabilité dont l'imputation devrait pouvoir être attribuée à Douch lors du procès qui s'ouvre. Pol Pot étant mort en 1998, et dans l'attente de l'ouverture prochaine du procès de Ieng Sary, c'est autour de S 21, à la fois comme bureau central des services de sécurité du Kampuchéa et comme lieu de torture et d'exécution, que va se nouer le jugement de Douch, ce qui impliquera forcément une remontée en généralité sur l'histoire des Khmers rouges.

Des millions de documents et un film, S 21

Or, cette histoire a été documentée, écrite ou filmée avant que les CETC ne la constituent en dossier dans le cadre de l'instruction préalable. Ce travail a d'abord été initié par une équipe d'historiens réunis par Ben Kiernan au sein de l'université de Yale, aux Etats-Unis. Leur programme de recherche sur le génocide cambodgien a abouti, en 1995, à la création d'une association indépendante, basée à Phnom Penh, le Centre de Documentation du Cambodge (DC Cam). Depuis lors, le Centre a collecté plus d'un million de documents sur tous supports sur l'histoire des Khmers Rouges, y compris la plupart des archives de S 21 qui, après avoir été numérisées par l'université de Cornell, lui ont été confiées par le gouvernement cambodgien. Les documentalistes du DC Cam ont alors sillonné la campagne cambodgienne pour enregistrer les témoignages des survivants et expliquer les enjeux des procès à venir. Enfin, c'est un cinéaste, lui-même rescapé du régime des Khmers rouges, Rithy Panh, qui a consacré la majeure partie de son œuvre cinématographique à l'histoire contemporaine de son pays

En réalisant, en 2003, «S 21, la machine de mort Khmère rouge», Rithy Panh a ramené à Tuol Sleng victimes et criminels. Au lieu de les interviewer individuellement, il a confronté leurs paroles et a mis les anciens gardiens en situation de répéter les gestes de terreur qu'ils exerçaient alors au quotidien. Le seul qu'il n'a pu faire revenir est évidemment Douch lui-même, puisque celui-ci est emprisonné depuis 1999. Cette initiative ne pouvait provenir que de l'instance judiciaire et c'est ce qui advint en février 2008 quand, par un communiqué volontiers laconique, les CETC ont annoncé qu'ils organisaient une «reconstitution» à Choeung Ek et à Tuol Sleng. Cet acte a été présenté comme étant «classique» et comme faisant «partie de l'enquête judiciaire, laquelle est confidentielle». Ces jours-là, les lieux, ainsi que leur voisinage, ont été fermés au public, y compris à la presse, et un important dispositif de sécurité a été mis en place.

Douch a été alors conduit à travers les mêmes salles que celles filmées sept ans plus tôt par Rithy Panh. Il y était en compagnie de magistrats, mais aussi de survivants, venus lui demander de quoi ils avaient été coupables. «A la fin de la reconstitution, rapporte Francis Deron dans «Le Monde», un témoin a résumé : "Debout à l'entrée, il a joint ses mains en signe de prière, s'est excusé auprès de ses victimes, affirmant avoir obéi aveuglément aux ordres de ses supérieurs lui intimant de tuer son propre peuple." [...] Mardi, le tortionnaire avait pleuré devant les ossements rassemblés d'une quinzaine de milliers de victimes des Khmers rouges, sur le terrain des "champs de la mort".»

Un procès conditionné par des quêtes documentaires, historiques et mémorielles

Cependant, c'est grâce à DC Cam que le Tribunal disposera, si les juges en décident ainsi, d'une preuve visuelle des crimes commis à S 21. En effet, le Viêt-Nam a récemment transmis des images animées à DC Cam, qui, à leur demande, les ont confiées aux co-procureurs des CETC. Ces films montrent des cadavres de prisonniers, certains d'entre eux décapités, ainsi que différents types de cellules, des instruments de torture, des fers. L'un des sujets montre un soldat vietnamien tenant dans ses bras un enfant affaibli et le portant en dehors de la prison.

Ce premier procès est donc fortement conditionné par les quêtes documentaires, historiques et mémorielles engagées depuis des années, comme ce fut le cas pour les procès français (Barbie, Touvier, Papon), mais peu ou pas pour ceux instruits par le TPIY ou le Tribunal d'Arusha. Ce qu'il est en mesure de déterminer, et qui est au fondement même de toute opération de justice, c'est une temporalité particulière, celle dans laquelle les débats vont être construits pour assurer la meilleure adéquation entre le travail des juges et la réception publique des débats.

A cet égard, le statut du Tribunal est particulièrement intéressant : il est mixte. Ce n'est pas une nouveauté, sauf à considérer l'échelle du crime commis et la nature des enjeux de politique extérieure et intérieure qui engagent l'avenir de la société cambodgienne. En effet, le faible empressement du gouvernement cambodgien à voir s'ouvrir les procès des Khmers rouges et sa volonté d'en minorer les éventuels effets politiques — singulièrement en termes de démocratie et de transparence — a conduit au statut mi-national mi-international du Tribunal. Cette préservation d'une part de la souveraineté de son pays n'a pas empêché le Premier ministre d'accepter que ce soit des Etats étrangers qui financent majoritairement sa propre contribution, celle des Nations Unies, par définition internationale, provenant souvent des mêmes donateurs.

Fait remarquable, ce sont les deux pays jugés à Nuremberg et à Tokyo après 1945 qui sont les plus gros contributeurs — le Japon a déjà versé 40 millions de dollars au Tribunal, par transfert indirect à l'ONU et, rien que pour 2008, près de 3 millions de dollars directement à la partie cambodgienne, selon The Japan Times.

Un procès équitable et ouvert

Dans ce qui s'apparente quand même à une volonté de contrôler les CETC, en négociant avec l'ONU le partage des responsabilités judiciaires avec ses propres magistrats, le gouvernement cambodgien a néanmoins ouvert une boîte de Pandore : le Tribunal se tient dans la capitale, à mi-chemin entre le centre ville et l'aéroport. Il n'y aura donc pas de justice «hors sol», selon l'expression d'Antoine Garapon, mais, au contraire, grâce à la publicité des débats, garantie par la présence de la presse internationale, un procès équitable dans une enceinte ouverte à l'accueil de plus de 500 personnes dans la grande salle.

Si l'appareil technique des débats est inspiré de l'exemple des cours de La Haye (retour de l'image de l'audience et présentation de tous les éléments du dossier sur des écrans individuels placés devant l'ensemble des participants au procès), la présence d'un public numériquement important marque une différence sensible. Or, dans une population passée d'environ 5,6 millions en 1979 à plus de 14 millions aujourd'hui et majoritairement composée de jeunes de moins de 18 ans, la question de la persistance ou de la réactivation d'une mémoire vive des crimes commis de 1975 à 1979, d'un côté, et de la connaissance ou de l'enseignement de l'histoire des Khmers rouges, de l'autre, n'est pas simple. Sur les 14,3 millions d'habitants que compte le Cambodge, 85% vivent en milieu rural. Le pays est l'un des plus pauvres et les moins développés de la région. En 2004, 35% de la population vivaient en dessous du seuil de pauvreté, une situation aggravée par un passage brutal à l'économie de marché.

Tribunal moderne, scénographique classique

Si l'étude des crimes des Khmers rouges n'a pas été particulièrement encouragée à l'école, la mort régulière d'enfants, qui sont parmi les victimes les plus exposées à l'explosion des mines qui tapissent encore le sol cambodgien, sont un cruel rappel quotidien de la situation géopolitique du Cambodge durant les années 1970.

Le Tribunal, moderne par sa structure, a maintenu dans l'aménagement de sa scénographie la disposition classique des places occupées en général par les acteurs du procès. Douch, comme les témoins représentant les parties civiles, seront de dos, et, pour certains, masqués complètement à la vue des spectateurs pour protéger leur anonymat. En disposant, sous le prétexte d'assurer la sécurité de l'accusé, un mur de verre séparant matériellement la scène de la salle du Tribunal, le contact entre les protagonistes du procès et le public a été volontairement contenu pour être moins direct, anticipant d'éventuels mouvement de colère ou d'émotion des survivants présents.

L'exemple de Nuremberg et celui, plus récent, du TPIY, ont néanmoins convaincu les juges de l'intérêt du filmage des audiences. A Nuremberg, c'est le Tribunal allié qui, le premier, avait façonné les contours de la mémoire collective, en orientant pour un temps, ne serait-ce que par la mise à disposition de ses archives, l'écriture savante de l'histoire. Si le procureur Jackson avait interpellé la conscience universelle dans son discours d'ouverture, et si les audiences filmées du procès avaient pu nourrir les actualités cinématographiques mondiales, force est de constater que la population allemande avait été peu concernée par les débats.

A Phnom Penh, justice sera donc rendue au contact de la population. Cela suppose néanmoins de trouver des moyens appropriés à la diffusion, mais aussi à la compréhension des audiences. Ainsi, la médiation audiovisuelle sera déterminante: elle permet de rendre vivant, par un filmage approprié, ce qui, très souvent, est long et ennuyeux (quelle que soit la gravité des faits évoqués), d'ajouter des commentaires explicatifs ici ou là, de traduire en khmer les paroles échangées en français ou en anglais. Bref, de faire œuvre pédagogique.

Dans le huis clos du tribunal, proche en même temps que distant des «champs de la mort» de la campagne cambodgienne, la présence des caméras ne soumettra pas les débats à une quelconque exigence «médiatique» de transparence. Elle permettra d'élargir le cadre spatial et temporel du récit judiciaire, qu'il reviendra aux juges et aux procureurs de rendre audible pour le plus grand nombre, tout en ayant décidé, en amont, des chefs d'accusation qui leur auront semblé représentatifs de l'histoire incriminée et, en aval, des peines requises et des réparations qu'elles exigent.

source Slate.fr
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Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire Empty Re: Cambodge, au procès de Duch : un espoir pour la mémoire

Message  Sam_Sallung Ven 27 Nov 2009 - 1:18

L'avocat de l'ex-Khmer rouge Douch plaide l'impossible choix



« Tuer ou être tué. » L'avocat de Douch, ancien chef du centre de
torture S-21, à Phnom Penh, a tenté jeudi de défendre son client,
premier cadre du régime khmer rouge à comparaître en justice, en
plaidant l'impossible choix auquel il était réduit.



« L'accusé était totalement entre les mains
du parti. Et dans les faits, il devait se comporter comme une machine,
une machine obéissante », a dit François Roux aux cinq juges du
tribunal et aux 600 personnes massées dans la salle d'audience, dont de
nombreux rescapés du génocide de 1975-1979.« Il s'est retrouvé
lui-même dans une situation où il devait choisir entre tuer ou être tué
», a poursuivi l'avocat français dans sa plaidoirie.Alors que les procureurs ont requis mercredi 40 ans de prison contre Kaing Guek Eav, alias Douch, Me
Roux a demandé aux juges de faire preuve de clémence à l'égard de son
client qui, a-t-il dit, a totalement coopéré avec la justice.« Ce procès n'aurait pas pu se dérouler si Douch, à l'instar d'autres, avait décidé de garder le silence », a-t-il dit.Douch,
aujourd'hui âgé de 67 ans, est accusé de « crimes contre l'humanité,
asservissement, torture, abus sexuels et autres actes inhumains »
commis dans le camp S-21, un ancien lycée de Phnom Penh reconverti en
centre d'interrogatoire et de torture où périrent 14 000 « ennemis »
des Khmers rouges. Seuls sept détenus ont survécu.« Nous ne souhaitons pas que notre client serve de bouc émissaire », a ajouté Roux.« C'ÉTAIT UN IDÉALISTE, UN RÉVOLUTIONNAIRE »
Le procès, qui s'est ouvert en février, s'achèvera vendredi par une
ultime déclaration de Douch. Mercredi, il a exprimé ses « remords
extrêmement douloureux » et s'est présenté comme « un rouage d'une
machine » dont il n'a pu s'écarter. « Mon vœu éternel est de présenter
des excuses les plus respectueuses et les plus humbles pour ces décès. »L'accusation
estime elle que l'accusé disposait d'une large autonomie dans ses
fonctions de directeur du centre S-21 et qu'il n'a rien fait pour
freiner ses gardiens. Les procureurs ont demandé en conséquence au
tribunal de rejeter la thèse avancée par la défense.« L'accusé
n'était ni un prisonnier, ni un otage, ni une victime. C'était un
idéaliste, un révolutionnaire, un croisé prêt à torturer et à tuer pour
le bien de la révolution », a lancé cette semaine le procureur William
Smith.Douch est passible de la réclusion à perpétuité. La peine capitale n'existe pas au Cambodge. Le verdict est attendu pour le mois de mars.Au
total, on estime que 1,7 million de Cambodgiens ont été exécutés,
torturés à mort ou morts de faim, de maladie et d'épuisement sous le
gouvernement khmer rouge dirigé par Pol Pot.Quatre autres
ex-responsables du régime sont actuellement en détention, dans
l'attente de leur jugement : Nuon Chea, le « frère numéro deux » du
régime, l'ancien Président Khieu Samphan, l'ancien ministre des
Affaires étrangères Ien Sary et l'épouse de celui-ci. Pol Pot, le «
frère numéro un » du régime, est mort en 1998 près de la frontière
thaïlandaise.Version française Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André

http://fr.news.yahoo.com/4/20091126/twl-cambodge-khmers-justice-bd5ae06.html


L'impossible choix!
Mon Q, je suis impoli mais ca le vaut

Il avait le choix, effectivement cornelien.
par contre a-t-il laisse le choix a ses victimes?

Sam_Sallung

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Message  Sam_Sallung Sam 28 Nov 2009 - 2:40

Douch, tortionnaire khmer rouge, demande l'acquittement



Douch, le patron de la prison de Tuol Sleng,
dans laquelle environ quinze mille personnes ont été torturées sous le
régime des Khmers rouges, au Cambodge, a demandé son acquittement au
tribunal, vendredi 27 novembre, après avoir plaidé coupable pendant
toute la procédure.


Douch – de son vrai nom Kaing Guek
Eav –, 67 ans, a pris la parole une dernière fois en reconnaissant les
crimes, mais en estimant qu'il n'était pas un haut responsable du
régime de Pol Pot. "Je voudrais que la chambre me libère", a-t-il déclaré. Interrogé par le président du tribunal, Nil Nonn, l'avocat cambodgien Kar Savuth a confirmé que son client réclamait bien l'acquittement.
Sa volte-face rend largement caduque la plaidoirie de François Roux,
son avocat français, qui s'était déjà désolidarisé de son confrère
cambodgien et avait demandé aux juges de tenir compte des aveux et des
remords de Douch pour alléger sa peine. "C'est une mauvaise surprise totale", a admis Me François Roux. Mais c'est surtout la compétence de la juridiction de Phnom Penh qui a été mise en doute, a-t-il ajouté, signe selon lui qu"il y a, au Cambodge, un certain nombre de gens qui ne souhaitent pas ce tribunal" et que Douch est pris dans des "enjeux qui le dépassent".
Quatre autres cadres du régime marxiste totalitaire, plus politiques
ceux-là, attendent en prison d'être jugés, sans doute pas avant 2011.
Tous nient farouchement. "Le fait qu'il demande l'acquittement renforce notre sensation que ses remords étaient partiels", a estimé pour sa part le procureur international par intérim William Smith. Le verdict est attendu début 2010.




"il y a, au Cambodge, un certain nombre de gens qui ne souhaitent pas ce tribunal"


Ca, on s'en doutait et on pourrait meme dire qu'on le savait depuis longtemps,
Hun Sen le premier ministre en tete.


Dernière édition par Sam_Sallung le Sam 28 Nov 2009 - 2:41, édité 1 fois (Raison : faute de frappe)

Sam_Sallung

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